Daniel Sickles
Daniel Edgar Sickles, né à New-York le et mort le dans cette même ville, est un général de l’Union Army pendant la guerre de Sécession, un politicien et un diplomate[1].
Représentant des États-Unis 10e district congressionnel de New York (en) | |
---|---|
- | |
Sheriff du comté de New York | |
- | |
Membre de l’assemblée de l’État de New York | |
Membre du Sénat de l'État de New York | |
Ambassadeur des États-Unis en Espagne | |
Ambassadeur |
Naissance | |
---|---|
Décès |
(Ă 94 ans) Manhattan |
SĂ©pulture | |
Nom dans la langue maternelle |
Daniel E. Sickles |
Nom de naissance |
Daniel Edgar Sickles |
Nationalité | |
Activités | |
Conjoint |
Teresa Bagioli Sickles (en) |
Parti politique | |
---|---|
Armes | |
Grade militaire | |
Conflit | |
Distinction |
Comme politicien, Sickles est compromis dans bon nombre de scandales. Comme officier supérieur, il est connu pour avoir été un political general des plus notables à l’époque, et pour avoir pris lors de la bataille de Gettysburg (au cours de laquelle il perdit une jambe) une initiative tactique plus que hasardeuse qui a entrainé la destruction du IIIe corps d'armée qu'il commandait.
Pendant la reconstruction après la guerre de Sécession Sickles est gouverneur de secteurs militaires, puis est nommé ambassadeur en Espagne.
Élu ensuite au Congrès, il fait voter des mesures de préservation du site de la bataille de Gettysburg et s'occupe activement de l'aménagement du Gettysburg National Military Park et du Gettysburg National Cemetery.
DĂ©buts
Ascension politique
Sickles, né à New York[2] est le fils d’un homme de loi-politicien[3]. Il est un adolescent rétif à l'éducation classique, qui fait des fugues et aime fréquenter les "femmes de mauvaise vie"[4]. Il apprend le métier d’imprimeur, mais suit aussi des cours de droit et devient avocat. Il devient membre de la New York Assembly[5] en 1843[3], et s’inscrit au barreau de New York en 1846. Il travaille ensuite pour le cabinet d'avocats de Benjamin F. Butler, une figure du parti démocrate, qui était en 1848 le 12e United States attorney general (ministre de la justice)[6].
En 1852, à 33 ans, il épouse, malgré l’opposition des familles, la jeune Teresa Bagioli, 15 ans, fille d'un couple d'amis[7].
En 1853, soutenu par Tammany Hall (il fait partie du conseil d'administration de cette entreprise de lobbying appartenant au parti démocrate), il est nommé corporation counsel[8] de New York mais il démissionne rapidement : le Président Pierce le nomme secrétaire de la légation américaine (les États-Unis n'avaient pas alors d'ambassade en Grande-Bretagne) auprès de James Buchanan, ministre-représentant des États-Unis à Londres. Il se signale en Angleterre par une conduite ouvertement scandaleuse : il présente sa maîtresse à la reine Victoria, et lors du banquet d'Independance Day refuse de porter un toast à la reine[4].
Sickles revient en Amérique en 1855, et en 1856 se fait élire Sénateur de l’état de New York. Puis, de 1857 à 1861, il est representative (député) aux 35e et 36e Congrès, sous l’étiquette parti démocrate. Il se signale alors par son activité dans l'opération immobilière aboutissant à la création de Central Park[9].
Meurtre de Philip Barton Key II
Sickles ne craignait pas de susciter le scandale : il avait reçu un blâme de la New York State Assembly pour avoir fait visiter les locaux de l'assemblée à Fanny White, une prostituée notoire. Il avait d'ailleurs emmené la dame avec lui en Angleterre (sa propre femme, enceinte, était restée en Amérique, pour y accoucher de leur fille Laura) et l'avait même présentée à la reine Victoria du Royaume-Uni sous le nom d’un de ses adversaires politiques[3]…
En 1859, à Washington D.C., Sickles est cependant bouleversé quand il reçoit une lettre anonyme qui lui révèle que sa femme le trompe[10] - [11], et qui plus est avec son ami Philip Barton Key II, le district attorney (procureur général) du District de Columbia[12] - [13]. Hors de lui, Sickles va au Congrès, montre la lettre anonyme à ses collègues députés, sanglote en public... Il est chez lui, justement en train d'obtenir des aveux complets de sa femme, et il voit passer sur le trottoir Key, qui agite son mouchoir vers la fenêtre. Sickles empoigne ses pistolets, se jette dans la rue, et, dans le Lafayette Park, en face de la Maison-Blanche[14], confronte son rival (qui n'était pas armé), et le tue de plusieurs coups de feu[15].
Sickles se constitue ensuite prisonnier, et est incarcéré[16]. Ses amis (députés, sénateurs, membres de la haute société…) viennent en grand nombre lui rendre visite en prison[17]. Le Président Buchanan ne vient pas le voir, mais lui envoie un mot de sa main. Les journaux font leur une de l’événement, et certains présentent même Sickles comme un défenseur de la morale[18], qui a défendu la vertu des honnêtes épouses de Washington contre les attentats d'un prédateur sexuel, Philip Key.
Sickles prend pour avocats de la défense des politiciens connus : Edwin M. Stanton, (qui deviendra plus tard Secretary of War, Ministre de la Guerre), et le Chief Counsel James T. Brady qui était, comme Sickles, un familier de Tammany Hall, un des sièges de la corruption politico-affairiste new-yorkaise.
Ils décident de plaider la folie passagère (ce fut à cette occasion que cette excuse fut invoquée aux États-Unis pour la 1re fois)[19]. Sickles, bien que prétendument dans un état second au moment du meurtre de Key, n'avait pas négligé d'obtenir une confession écrite de sa femme, avec description détaillée des lieux (domicile conjugal des Sickles y compris), modalités, variantes et circonstances accessoires de l'adultère. Ce document, non recevable en droit, paraît in extenso dans les journaux, qui prennent alors fait et cause pour Sickles. Le Harper's et le Frank Leslie's Weekly, deux magazines à la dévotion du président James Buchanan publient des gravures montrant Sickles en prières, les yeux au ciel, dans sa cellule. Les éditorialistes du New York Times et du New York Herald, organes à la solde du Parti Démocrate affirment qu’un député emprisonné pour meurtre n’est nullement obligé de démissionner, surtout après un crime passionnel[20].
À l’issue d’un procès retentissant, Sickle est acquitté. Mais le public est surpris et choqué d'apprendre dans les jours qui suivent que Sickles a pardonné publiquement à Teresa et s'est réconcilié avec elle. Sickles quitte ensuite le devant de la scène ; il n'a pas démissionné du Congrès, mais ne se représente pas pour un nouveau mandat.
Guerre de SĂ©cession
Avant la bataille de Gettysburg
Dès la déclaration de guerre contre le Sud (), Sickles devient un War Democrat, propose ses services au président Lincoln (leurs épouses respectives étaient amies, et il connaissait le président, tout en étant d'un parti politique en principe opposé à celui de Lincoln) et commence activement à lever des volontaires à New York. Il met sur pied 4 régiments, est nommé colonel de l’un d'eux (le 70e Volontaires de New York), puis devient brigadier-general des volontaires. Le Congrès refuse d’entériner cette nomination (mars 1862), mais, grâce aux relations qu’il fait agir, Sickles retrouve son grade en mai 1862, à temps pour participer à la campagne de la Péninsule[3] dirigée par George B. McClellan. Il n’a cependant pas pu participer à la bataille de Williamsburg, où sa « Brigade Excelsior » s’est distinguée.
Pendant la bataille de Seven Pines et lors de la retraite qui suit (la bataille de Sept Jours), Sickles, malgré son inexpérience totale en matière militaire, commande fort bien sa Brigade Excelsior.
Il ne participe pas à la désastreuse seconde bataille de Bull Run[10] : il a obtenu d'être envoyé à New York pour y lever des volontaires. Pendant la bataille d'Antietam, le IIIe Corps d’armée dont Sickles commande une brigade est loin du champ de bataille : il est stationné sur le cours inférieur du Potomac et protège Washington D.C.[21].
Sickles est nommé major general le 29 novembre 1862, juste avant la Bataille de Fredericksburg. Pendant la bataille, sa division est placée en réserve et la Brigade Excelsior, qui perdra beaucoup d’hommes, est menée à l’assaut par le colonel George B. Hall[22].
Quand Joseph Hooker, le supérieur et l’ami de Sickles, est nommé à la tête de l’armée du Potomac le 26 janvier 1863 (après la terrible défaite que fut pour le Nord la bataille de Fredericksburg, suivie par la Mud March), Sickles forme avec Hooker et son chef d’état-major Daniel Butterfield un trio qui attire la réprobation des hauts gradés : au Q.G. de Falmouth on reçoit fréquemment des dames de petite vertu, l’alcool coule à flots et les intrigues politiciennes vont bon train. Le capitaine de cavalerie Charles Francis Adams, Jr., issu d'une famille patricienne du Massachusetts, écrit même dans une de ses lettres que le QG de Falmouth est "a bar and a brothel"[23]...
En février 1863, Hooker nomme Sickles à la tête du IIIe Corps d’armée, ce qui soulève des protestations parmi les officiers d’active : Sickles est le seul commandant de corps d’armée qui ne soit pas issu de West Point.
Lors de la bataille de Chancellorsville, le 2 mai 1863, Sickles lance énergiquement ses troupes sur des ennemis qui, pense-t-il, sont en train de se retirer. En fait, c’est Stonewall Jackson qui, surpris alors qu’il contourne l’armée unioniste, doit arrêter sa manœuvre enveloppante. Sickles refuse ensuite d’obéir à Hooker qui veut lui faire quitter Hazel Grove, une bonne position de défense. En somme, sans Sickles, la défaite de Chancellorsville aurait été encore plus désastreuse pour l’Union[24].
La popularité de Sickles était grande auprès des troupiers nordistes. Avec ses amis Joseph Hooker et Daniel Butterfield, il s'était occupé de remonter le moral des soldats, de créer pour eux de meilleures conditions de vie : permissions, amélioration de l'hygiène, de la nourriture et des cantonnements, soins médicaux, etc.
Une preuve de la popularité de Sickles : David B. Birney, successeur de Philip Kearny à la tête de la Ire Division du IIIe Corps d'Armée commandé par Sickles, avait décidé de décerner la Kearny Cross[25] à des soldats et officiers méritants. Le 26 mai 1863, la cérémonie commence par un discours de Sickles sur le front de la Ire division. Les soldats accueillent le maj. gen. Sickles par des cris d'enthousiasme : "en principe, ce devait être un 3 fois 3 hourras, mais ce fut un 9 fois 9 hourras..."[26].
A Gettysburg
Sickles connut au 2e jour de la bataille la fin de sa carrière militaire, après un éclatant acte de désobéissance aux ordres précis de son général en chef[27].
Le 2 juillet 1863, le maj. gen. George G. Meade, nommé (depuis 3 jours seulement) commandant en chef de l’armée du Potomac en remplacement de Hooker, a ordonné au IIIe Corps de s’ancrer en position défensive sur la crête de Cemetery Ridge, entre (au nord) le IIe Corps (brigade de John C. Caldwell) - et (au sud) la colline de Little Round Top.
Sickles, voyant en face de lui l'éminence du Peach Orchard (le Verger aux Pêchers) qui le domine légèrement, et se souvenant peut-être des tirs d’artillerie sudistes qu’il avait dû subir dans une configuration analogue lors de la bataille de Chancellorsville, demande à Meade s'il peut avancer vers la route d'Emmitsburg. Meade refuse, mais Sickles décide de désobéir aux ordres[28] et il fait avancer ses troupes de presque 1 mile par rapport à Cemetery Ridge. Il pensait ainsi mieux se positionner, mais en fait il créait un saillant en angle aigu dans la ligne de défense unioniste, un point faible où le front nordiste était étiré (et donc aminci) et pouvait être attaqué et canonné de 2 côtés. De plus il laissait sans protection le flanc gauche du IIe Corps.
Meade vint en personne morigéner Sickles, mais il était trop tard pour faire reculer le IIIe corps : les Sudistes attaquaient.
L’assaut des Confédérés (et en particulier des divisions de John Bell Hood et de celle du maj. gen. Lafayette McLaws, qui faisait partie du Ier corps d’armée du lieutenant general James Longstreet) écrasa le IIIe Corps unioniste. Au crépuscule, David B. Birney, un des adjoints de Sickles, voyant tant de ses soldats morts, soupira : "Je voudrais être mort moi aussi" (I wish I were already dead).
Une controverse s’est développée entre différents historiens quant à l’effet qu’a eu sur le résultat de la bataille de Gettysburg la création de ce saillant par Sickles.
Pour Edwin B. Coddington, Sickles "est responsable d’avoir pratiquement causé un désastre au centre de la ligne nordiste"[29]. Et pour Stephen W. Sears, "le 2 juillet, Dan Sickles, en désobéissant aux ordres explicites de Meade, a mis en danger non seulement son IIIe Corps, mais aussi tout le plan défensif de l’armée"[30].
Par contre, John Keegan a émis récemment une opinion différente sur la manœuvre de Sickles : pour lui, l’offensive confédérée, qui devait enfoncer la ligne nordiste, s’est épuisée sur le saillant[31]. James M. McPherson est du même avis : il écrit que "la manœuvre stupide de Sickles a très probablement eu un résultat inattendu : elle a frustré les espoirs de Lee"[32]. Quant à Sickles lui-même, il a soutenu par la suite que lui-même et ses hommes avaient encaissé les premiers le coup de boutoir sudiste, que leur sacrifice avait cassé l’offensive confédérée, et qu’il était donc le principal artisan de la victoire nordiste à Gettysburg…
Son opinion était d’autant plus difficilement réfutable qu’il avait été gravement blessé au plus fort de l’assaut : un boulet ennemi lui avait fracassé la jambe droite alors que, à cheval, il dirigeait la résistance de ses hommes; il avait calmé sa monture, était descendu de cheval, et avait été emporté sur une civière, cigare aux dents et lançant des plaisanteries et des encouragements à ses soldats.
Sickles fut rapidement amputé à l'infirmerie, et, transporté immédiatement à Washington avec un convoi de blessés par la Northern Central Railway; il apporta personnellement (qui plus est le 4 juillet, jour de la fête nationale Independance Day) la nouvelle de la grande victoire de Gettysburg. Trois jours plus tard, il remontait à cheval et s’occupait à diffuser largement sa version des évènements et à faire valoir son fait d’armes.
Sickles fit don des débris de sa jambe droite au Army Medical Museum qui venait d’ouvrir à Washington, et par la suite rendit visite à sa relique chaque 2 juillet.
Après Gettysburg, Sickles ne fut pas traduit en cour martiale pour désobéissance grave : c’était un héros blessé au champ d’honneur, qui affirmait avoir remporté la victoire en se sacrifiant avec ses troupes pour protéger Cemetery Ridge et Cemetery Hill. De plus il était connu pour ne pas se laisser attaquer sans riposter (il était surnommé "Devil Dan", "Daniel le Diable"), et il avait de puissants et nombreux appuis politiques. Il passa même à l’attaque, écrivit dans la presse de nombreux articles contre George G. Meade, et témoigna avec son ami Daniel Butterfield devant le Joint Committee on the Conduct of the War ("Commission d’enquête du Congrès sur les anomalies pendant la conduite de la guerre"). Pour ces deux officiers supérieurs, tous deux blessés à Gettysburg, Meade avait manqué d’audace et frustré l’Union d’une victoire complète et décisive. D’ailleurs, ils en avaient pour preuve la « Pipe Creek circular » conçue par Meade avant la bataille : selon eux elle apportait la preuve que le général en chef de l’armée du Potomac avait bien l’intention de se retirer rapidement devant les Confédérés…
Carrière dans l'après-guerre
Sickles devint un familier de la Maison-Blanche et rendit divers services au président Abraham Lincoln, tout comme à Mme Lincoln. Ainsi, quand début 1862 le texte de l'adresse du président au Congrès est publiée in extenso dans le New York Herald avant d'avoir été prononcée, et qu'une commission d'enquête du Congrès recherche l'origine de la fuite, c'est Sickles qui "découvre le coupable" : le jardinier de la Maison Blanche vient affirmer devant la commission qu'il a fortuitement lu le discours laissé sur le bureau du président, l'a mémorisé, et l'a répété mot pour mot au journaliste[33]... Et en mai 1864 Lincoln envoya Sickles à Nashville (le président avait nommé en 1862 Andrew Johnson gouverneur militaire du Tennessee occupé, et Johnson y combattait énergiquement la "rébellion"). Sickles nia par la suite être allé à Nashville pour y négocier avec Johnson, mais ce dernier fut choisi peu après comme candidat à la vice-présidence[34].
Le 20 décembre 1863, Sickles fait partie, avec tous les notables civils et militaires de Washington D.C., du cortège qui mène le brave John Buford à sa dernière demeure.
Sickles resta sous les drapeaux jusqu'à la fin de la guerre et se rebella contre la décision de Grant, qui, au motif de son amputation de la jambe, lui interdit de reprendre le service armé[35]. Même les prières de Sickles (et de ses amis) à Abraham Lincoln ne purent le maintenir en service actif.
En 1865, comme la guerre venait de finir, Sickles fut envoyé en mission secrète en Colombie : il devait obtenir confirmation de la clause d'un traité américano-colombien de 1846 autorisant le passage de troupes US à travers l'isthme de Panama.
De 1865 à 1867, pendant la période de reconstruction après la guerre de Sécession, Sickles commanda les régions militaires dénommées "de Caroline du Sud", "des Carolines", "du Sud", et le "2cd District Militaire". En 1866 il fut nommé colonel du 42e US Infantry (ou Veteran Reserve Corps").
En 1867, Sickles fut nommé officiellement officier supérieur de l'US Army : d'abord brigadier-general pour son action à Fredericksburg, puis major-general pour son initiative de Gettysburg. En 1869 Sickles est mis à la retraite avec le rang de major-general.
Sickles est ensuite (de 1869 à 1874) ministre-représentant (faisant fonction d'ambassadeur) des États-Unis à Madrid. Sa réputation d'homme à femmes ne faiblit pas en Espagne : on lui attribue une intrigue avec l'ex-reine Isabelle II, et, comme sa femme Teresa est morte en 1867, il épouse en 1871 Carmina Creagh, qui lui donnera 2 enfants, mais le quittera rapidement. La personnalité et l'activité de Sickles lui valent alors le surnom de « the Yankee king of Spain » (« le Yankee roi d'Espagne »). Par ailleurs, quand survient à Cuba (alors possession espagnole) l'Affaire Virginius, Sickles, plus va-t-en-guerre que jamais, ne craint pas de préconiser l'intervention armée, et la gestion de la crise doit lui être retirée par le secrétaire d'État Hamilton Fish[36].
Sickles, après avoir quitté son poste de diplomate et vécu environ 5 ans en France, revient à New York, et brigue des postes. Il est président du New York State Board of Civil Service Commissioners de 1888 à 1889, sheriff du comté de New York en 1890, et de nouveau representative (député) au Congrès de 1893 à 1895 (il avait alors 76 ans...).
Défenseur et promoteur du mémorial de Gettysburg
Sickles fut membre actif de l'association des vétérans Grand Army of the Republic (GAR), qui aidait et défendait les anciens combattants[37].
Sickles fut aussi, à partir de 1886 et pendant 26 ans chairman (président) de la New York Monuments Commission. Il s'était consacré à la création du Gettysburg National Military Park et du Gettysburg National Cemetery[38], tant à la promulgation du cadre législatif (Sickles Bill, 1895) qu'à l'achat des terrains nécessaires, et à la construction des monuments. Il avait aussi en charge la création des cartes (la Sickles Map resta en usage jusqu'en 1974) et de la plaquette résumant la bataille de Gettysburg (il ne manqua pas de s'y attribuer un rôle décisif, et de rabaisser celui de Meade).
En 1892, Sickles, qui faisait aussi partie du conseil d'administration d'une puissante association de vétérans de la guerre de Sécession (le GAR, Grand Army of the Republic) et du GMBA (Gettysburg Battlefield Memorial Association), s'opposa de tout son pouvoir à un promoteur qui avait commencé à faire sauter les rochers et abattre les arbres de Devil's Den (le Repaire du Diable), un haut-lieu de la bataille de Gettysburg.
Sickles protégea le site de la bataille, modela le parc de Gettysburg, et y implanta, selon les concepts architectoniques de l'époque, 89 monuments ainsi que des statues, stèles, etc. en mémoire des combattants new-yorkais. Il fit aussi installer, pour séparer le National Cemetery et le Evergreen Cemetery, les grilles du Lafayette Park de Washington devant lesquelles il avait abattu Philip Key en 1859...
Mais sur le monument élevé au Peach Orchard à la mémoire de l'Exelsior Brigade de New York, un aigle se trouve à l'emplacement prévu pour le buste de Sickles : le vieux briscard avait dû démissionner de ses fonctions, soupçonné en 1912 d'avoir détourné $ 72 000[39].
Cependant, en 1913, lors des cérémonies de commémoration du 50e anniversaire de Gettysburg, l'ancien combattant Sickles dans son fauteuil à roues fut le point de mire du public et il embrassa ses vieux adversaires du Sud[40]...
Medal of Honor
Sickles reçut la Medal of Honor, la récompense suprême des braves, le 30 octobre 1897, 34 ans[41] après avoir été blessé à Gettysburg.
Selon la citation, il avait "déployé une bravoure éclatante sur le champ de bataille, repoussant vigoureusement l'avancée ennemie, et continuant à encourager ses troupes alors même qu'il avait été sévèrement blessé"[42] - [43] - [44].
Funérailles nationales
Pendant les dernières semaines de sa vie, alors que, harcelé par ses créanciers, il avait été frappé par une attaque cérébrale, Sickles se réconcilia avec sa femme et ses enfants, dont il était séparé depuis des décennies.
Lors de la veillée funèbre, 15 membres du Philip Kearny Post (poste qui comptait 500 membres en 1865, et 50 en 1914) de l'association Grand Army of the Republic vinrent avec leur chef de section, le général Edward Hetherton, se recueillir autour de la bière, déposer des fleurs et écouter des discours[45].
Les funérailles de Sickles eurent lieu le 8 mai 1914 à New York, 5 jours après sa mort. Un affût de canon, entouré d'une garde d'honneur et de survivants de la guerre de Sécession, porta le cercueil couvert de la bannière étoilée de la 9e Rue à la 5e Avenue. Le service religieux se déroula à la cathédrale Saint-Patrick de New York, à Manhattan.
La sépulture de Sickles se trouve au cimetière d'Arlington[42] - [46], de même que le caveau de son ami Daniel Butterfield.
Dans le New York Times du 4 mai 1914, on pouvait lire : "Combattant, homme de loi, politicien et diplomate : sa vie a été bien remplie. Dans ses dernières années, il jetait un œil sur ces décennies passées, pendant lesquelles luttes et compétitions acharnées abondèrent davantage que le triomphe"[47].
Dans les médias
Sickles est un personnage clé des 2 premiers tomes (Gettysburg et Grant Comes East) de la trilogie écrite sur la guerre de Sécession par Newt Gingrich and William R. Forstchen.
Loin du consensus établi au début du XXe siècle, des livres récents tendent à montrer Sickles comme un politicien corrompu et un usurpateur.
Ainsi, en 2002, parait, par Thomas Keneally, American Scoundrel: The Life of the Notorious Civil War General Dan Sickles ("Une canaille américaine : la vie de Dan Sickles, fameux général de la guerre de sécession"), et en 2009 un livre de James A. Hessler, Sickles at Gettysburg: The Controversial Civil War General Who Committed Murder, Abandoned Little Round Top, and Declared Himself the Hero of Gettysburg ("Sickles à Gettysburg : le controversé général de la Guerre de Sécession qui était un meurtrier, a abandonné Little Round Top, et s'est auto-proclamé le héros de Gettysburg").
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Daniel Sickles » (voir la liste des auteurs).
- "and a sycophant" ("et un sycophante) ajoute le site http://www.mrlincolnandnewyork.org/inside.asp?ID=78&subjectID=3
- en 1819, d'une famille d'origine hollandaise (Van Sickles). Selon l’article de WP en, Sickles lui-même aurait fait courir le bruit qu’il était né en 1825, afin d’atténuer la grande différence d’âge entre sa femme et lui…
- Beckman, p. 1784.
- selon https://books.google.fr/books?id=TMwNCOAXTHUC&pg=PA36&dq=&redir_esc=y#v=onepage&q&f
- chambre basse de l'assemblée de New York (voir l'article de WP en « New York State Assembly »)
- voir les articles de Wp en « Benjamin Franklin Butler » et « United States Attorney General »)
- voir l'article de WP en "Teresa Bagioli"
- juriste (en principe très expérimenté) chargé à la fois de l'application de la loi (pour les contraventions essentiellement) et de la défense des intérêts d'une municipalité (voir l'article de WP en "Corporation counsel")
- selon l'article de WP en sur Central Park : "Pendant la construction, Olmsted (l'architecte) eut Ă se battre constamment contre les membres de la commission d'urbanisme, pour la plupart issus de la machine politique DĂ©mocrate " ("During the construction of the park, Olmsted fought constant battles with the park commissioners, many of whom were appointees of the city's Democratic machine")
- Tagg, p. 62.
- (en) « Assassination of Philip Barton Key, by Daniel E. Sickles of New York », Hartford Daily Courant,‎ (lire en ligne, consulté le ) :
« "Depuis plus d'un an la rumeur courait au sujet des relations entretenues par Mr Key et Mme Sickles : on les voyait ensemble à l'opéra, dans des réceptions, à la promenade. Mr Sickles ne voulait pas accorder d'importance à tout cela, jusqu'au jour où il a reçu un billet anonyme..." »
- Keneally, p. 66.
- Philip Barton Key II, fils du compositeur de l'hymne national américain "the Star Spangled Banner"
- voir pour la topographie Parc du Président
- cette version des faits est tirée de l'article de WP en "Philip Barton Key II", et du site *http://www.arlingtoncemetery.net/dsickles.htm. Elle rendrait plausible la "démence passagère" de Sickles invoquée lors du procès par les avocats de Sickles
- La capitale fédérale Washington D.C., en particulier juste avant le début de la guerre de Sécession, était (déjà ) connue pour sa dépravation et l'insécurité de ses rues. Et pour avoir une idée des mœurs des députés eux-mêmes et de l'ébullition des esprits, voir, en 1856, le matraquage de Charles Sumner par Preston Brooks en plein Sénat...
- Assumption.edu.
- Harpers Magazine, March 12, 1859 editorializing about the murder and trial: No sympathy needed.
- DOI 10.1002/9780470061589.fsa272
- Assumption.edu: "Both Harper's Weekly and Leslie's ran images of Sickles in prison. Harper's was the more bathetic. It showed a haggard sufferer, hands clasped as if in prayer, staring upwards. Light illumines his face and the wall immediately behind, but the rest of the cell is in shadows. Its title was 'Hon. Daniel E. Sickles in prison at Washington,' but it might well have been captioned 'More Sinned Against Than Sinning.' In a later issue, the magazine editorialized against what it described as a publicity campaign to create sympathy for the Congressman.... The New York Times, the city's other major Democratic daily and the New York Herald's chief rival for the ear of the Buchanan administration, editorialized that the homicide in no way unfitted the Congressman for office." The source gives many more such cites.
- Si Sickles est alors posté en retrait, c'est peut-être parce qu'il s'est opposé aux généraux en chef John Pope et George B. McClellan, qui étaient, eux, officiers d'active issus de West Point, et dotés d'un ego tout aussi surdimensionné que celui de Sickles...
- Voir l'article de WP en "Excelsior Brigade".
- "un bar et un bordel" : cité p. 333-34 dans Foote, Shelby. The Civil War: A Narrative. Vol. 2, Fredericksburg to Meridian. New York: Random House, 1958. (ISBN 0-394-49517-9). Sur la vie dissolue de Hooker et de ses amis, voir l'article de WP en "Joseph Hooker".
- sur le site * http://www.arlingtoncemetery.net/dsickles.htm un avis opposé est développé : "l'avancée des 2/3 du corps (de Sickles) au-devant des sudistes qu'on pensait en retraite laissa à sa droite le XIe corps d'Oliver O. Howard sans aucune protection et contribua donc largement à la débâcle qui suivit" (The subsequent advance of 2/3 of the Corps to pursue the "retreating" Rebels left Oliver O. Howard's XI Corps on its right completely isolated and contributed largely to the ensuing debacle.)
- voir le chapitre "DĂ©corations" de l'article Philip Kearny
- voir le site http://members.tripod.com/rob_4th_maine/kearny.html, qui donne un Ă©chantillon du style oratoire de Sickles, bien fait pour galvaniser les troupes...
- William G. Robertson, The Peach Orchard revisited in The 2cd Day at Gettysburg, edited by Gary W. Callagher.
- selon l'article de WP en "Cemetary Ridge"
- Coddington, p. 411.
- Sears, p. 507.
- Keegan, p. 195.
- McPherson, p. 657.
- anecdote rapportée sur le site http://www.mrlincolnandnewyork.org/inside.asp?ID=78&subjectID=3
- selon Hans Trefousse, "Andrew Johnson", p. 178, cité dans http://www.mrlincolnandnewyork.org/inside.asp?ID=78&subjectID=3
- les exemples d'officiers amputés et ayant repris leur commandement ne manquent pourtant pas, tant du côté nordiste que du côté sudiste : Richard S. Ewell était amputé au genou - le texan John Bell Hood était amputé d'une jambe, et invalide d'un bras - Philip Kearny était manchot, etc. Il est possible que Grant, qui ne supportait pas les political generals se soit ainsi débarrassé de Sickles, et de plus, en l'envoyant en Colombie
- Richard H. Bradford, The Virginius Affair(1980)
- la GAR eut jusqu'à 400 000 membres répartis en posts, et connut son apogée au moment des commémorations de 1890. Voir l'article de WP en "Grand Army of the Republic (GAR)"
- le paragraphe suivant est traduit des extraits de "Dan Sickles, The Battlefield Preservationist" par James Hessler, visible sur le site *http://www.civilwar.org/education/history/on-the-homefront/battlefield-preservation/dan-sickles-the-battlefield.html)
- (en) « Seeks To Wipe Out Sickles Commission. Fine Arts Federation Would Have a State Art Board Named to Take Its Place », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
- selon le site http://www.arlingtoncemetery.net/dsickles.htm
- Joshua Lawrence Chamberlain, qui déploya une bravoure incontestable à Gettysburg et dont la réputation était sans tache, ne reçut la Medal of Honor que 30 ans plus tard, en 1893…
- Eicher, p. 488.
- (en) « "Civil War Medal of Honor citations" (S-Z): Sickles, Daniel E. », AmericanCivilWar.com (consulté le )
- (en) « "Medal of Honor website" (M-Z): Sickles, Daniel E. », United States Army Center of Military History (consulté le )
- Cf. le New York Times du 8 mai 1914 in *http://www.arlingtoncemetery.net/dsickles.htm
- (en) « Crowds Bare Heads At Sickles Funeral. Military Cortege Marches Up Fifth Avenue to Services in St. Patrick's Cathedral. », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
- "Fighter, lawyer, politician, and diplomat, his life was a crowded one, and in his closing years he looked back through a vista of decades in which strife and trouble were mixed in greater proportion than triumph" voir extrait du New York Times du 4 mai 1914 sur le site *http://www.arlingtoncemetery.net/dsickles.htm
Bibliographie
- Beckman, W. Robert. "Daniel Edgar Sickles." In Encyclopedia of the American Civil War: A Political, Social, and Military History, edited by David S. Heidler and Jeanne T. Heidler. New York: W. W. Norton & Company, 2000. (ISBN 0-393-04758-X).
- Bradford, Richard H. The Virginius Affair. Boulder: Colorado Associated University Press, 1980. (ISBN 0-87081-080-4).
- Brandt, Nat. The Congressman Who Got Away With Murder. Syracuse, NY: University of Syracuse Press, 1991. (ISBN 0-8156-0251-0).
- Coddington, Edwin B. The Gettysburg Campaign; a study in command. New York: Scribner's, 1968. (ISBN 0-684-84569-5).
- Eicher, John H., and David J. Eicher. Civil War High Commands. Stanford, CA: Stanford University Press, 2001. (ISBN 0-8047-3641-3).
- Hessler, James A. Sickles at Gettysburg: The Controversial Civil War General Who Committed Murder, Abandoned Little Round Top, and Declared Himself the Hero of Gettysburg. New York: Savas Beatie, 2009. (ISBN 978-1-932714-64-7).
- Keegan, John. The American Civil War: A Military History. New York: Alfred A. Knopf, 2009. (ISBN 978-0-307-26343-8).
- Keneally, Thomas. American Scoundrel: The Life of the Notorious Civil War General Dan Sickles. New York: Nan A. Talese/Doubleday, 2002. (ISBN 0-385-50139-0).
- McPherson, James M. Battle Cry of Freedom: The Civil War Era (Oxford History of the United States). New York: Oxford University Press, 1988. (ISBN 0-19-503863-0).
- Roberts, Sam;, « Sex, Politics and Murder on the Potomac », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ) Review of The Congressman Who Got Away With Murder, By Nat Brandt.
- Sears, Stephen W. Gettysburg. Boston: Houghton Mifflin, 2003. (ISBN 0-395-86761-4).
- Tagg, Larry. The Generals of Gettysburg, Campbell, CA: Savas Publishing, 1998. (ISBN 1-882810-30-9).
- Warner, Ezra J. Generals in Blue: Lives of the Union Commanders. Baton Rouge: Louisiana State University Press, 1964. (ISBN 0-8071-0822-7).
- (en) « Daniel Sickles », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [Sickles (en) Lire en ligne sur Wikisource].
Liens externes
- (en) « Daniel Sickles », sur Biographical Directory of the United States Congress Retrieved on 2008-09-30
- (en) « Sickles articles at Arlington National Cemetery site » (consulté le )
- (en) « Mr. Lincoln and New York: Daniel Sickles » (consulté le )
- (en) « Rootsweb Genealogy data used for dates of births/deaths » (consulté le )
- (en) « Photograph of Daniel Edgar Sickles from the Maine Memory Network » (consulté le )
- http://ehistory.osu.edu/uscw/features/people/bio.cfm?PID=66
- http://www.civilwarhome.com/sicklesbio.htm
- http://www.arlingtoncemetery.net/dsickles.htm