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Coup d'État de 1980 en Turquie

Un coup d'État militaire se produit en Turquie le . Les Forces armées turques, dirigées par leur chef d'État-major Kenan Evren, s'emparent du pouvoir et mettent en place un régime politique autoritaire.

Coup d'État du 12 septembre 1980 en Turquie
Informations générales
Date
Lieu Turquie
Casus belli Blocage politique
Massacre de MaraĹź
Issue Succès du coup d'État
Mise en place d'un régime militaire qui perdure jusqu'en
Belligérants
Drapeau de la Turquie Gouvernement turcArmée turque

Ce troisième putsch organisĂ© en 20 ans prend place dans un contexte Ă©conomique difficile, une ambiance sĂ©curitaire dĂ©gradĂ©e et une situation politique instable, symbolisĂ©e par l'incapacitĂ© du Parlement Ă  Ă©lire un nouveau prĂ©sident de la RĂ©publique en remplacement de Fahri KorutĂĽrk, dont le mandat a pris fin cinq mois plus tĂ´t.

Les autorités militaires organisent une importante répression et font adopter une nouvelle Constitution, avant d'autoriser de nouveau une certaine vie démocratique à partir de . Le général Evren est investi en chef de l'État pour un mandat de sept ans.

Contexte avant le coup d'État

Ce coup d’État fait suite à un contexte économique et sociopolitique très lourd.

Contexte Ă©conomique

La Turquie connaît depuis le début des années 1970 de graves difficultés économiques. L'armée avait poussé le Premier ministre Demirel à la démission le 12 mars 1971 face à l'incapacité du gouvernement à gérer le ralentissement économique que connaissait le pays. Les militaires prennent alors des mesures d'urgence qui renforcent la grande bourgeoisie industrielle et commerciale, mais au détriment de la petite bourgeoisie de province et surtout des classes populaires. D’importants crédits publics sont octroyés aux grandes entreprises et aux grands groupes commerciaux et financiers, détenus par les grands bourgeois. La loi martiale instaurée par le gouvernement militaire interdit les grèves, gèle les salaires et surtout fait dissoudre les organisations syndicales opposées à ces mesures d’austérité. Aucune mesure n'est cependant prise vis-à-vis de la petite bourgeoisie (qui subit la concurrence des grands groupes et la hausse de la fiscalité) et de la population (pas de réforme agraire ou d'aides sociales aux plus démunis)[1].

En dépit de ces mesures et du retrait de l'armée de la vie politique un an plus tard, la situation du pays ne s'améliore pas.

Au début de l'année 1980, la Turquie connait une situation économique très grave.

Les grands groupes industriels (soutenus massivement lors du coup d'état de 1971) sont très dépendants des échanges commerciaux avec l'Europe et les États-Unis. Mais la crise économique que connaît l'Occident depuis le choc pétrolier de 1974 provoque un ralentissement considérable des exportations turques. Le déficit extérieur se dégrade avec le creusement de la balance commerciale et celle des paiements.

Les grands groupes industriels ne peuvent compenser les pertes à l'export avec la demande intérieure turque de par le manque de développement à l'intérieur du pays (peu de petites entreprises ou d'artisanat) et la faiblesse de la classe moyenne. Obligés de licencier en masse, la population active au chômage dépasse les 20 %. Le recours fréquent à la dévaluation de la monnaie (la 4e en 9 ans) provoque une hyperinflation qui ruine la population et les épargnants avec des taux de 100 % en 1980, année pendant laquelle le taux de croissance devient négatif. Il devient de plus en plus difficile pour la Turquie d’emprunter sur les marchés financiers extérieurs et les alliés occidentaux de la Turquie tardent à accorder une assistance financière car ils exigent l’adoption des mesures d’austérité préconisées par le FMI. Enfin le déficit du secteur public est tel qu'il absorbe 11 % de la richesse nationale[2].

Contexte politique

La Turquie connaît entre 1970 et 1980 onze gouvernements différents. Ceci peut être imputé au système proportionnel et un paysage politique très fragmenté couplé à une polarisation idéologique accrue entre les partis et où donc il n'est pas envisageable pour les deux partis majeurs (Parti de la Justice à droite et Parti républicain du Peuple à gauche) de former des grandes coalitions ou du moins coopérer.

Depuis 1950, avec l'arrivée du Parti démocrate au pouvoir, une alliance s'est tissée entre la classe bourgeoise et la classe des grands propriétaires terriens pour diriger le pays. Le Parti de la justice (successeur du PD dissous) poursuit cette alliance. À partir de 1965, la situation économique s’aggrave avec l'accroissement des inégalités sociales et l'hégémonie politique de la grande bourgeoisie. Cette situation brise l’alliance entre la grande bourgeoise des villes (occidentale, tournée sur l'extérieur), la petite bourgeoisie de province (religieuse et tournée sur intérieur du pays) et les grands propriétaires terriens (féodales et agriculteurs, défendant l’islam). Cette rupture d'alliance est caractérisée par l’arrivée d'un parti de droite islamiste (Parti de l'ordre national, puis Parti du salut national) dans la vie politique. Ce parti accapare des votes dans la population rurale de par son discours religieux et anti-bourgeois. Le résultat étant que le PJ se divise en son sein et qu'il perd sa majorité au parlement[3].

Le coup d'État de l'armée en 1971 et la dissolution du parti islamiste ne permet pas une stabilisation de la vie politique qui se divise encore davantage entre classes sociales dominantes et dominées. Le Parti du salut national se recrée et sa présence empêche le PJ de pouvoir disposer de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Celui-ci ne peut plus gouverner seul et se retrouve obliger de nouer des alliances précaires avec de petits partis de droite nationalistes, voire islamistes[4].

Parallèlement, le parti de gauche kémaliste CHP a lui-aussi d'importantes difficultés à gouverner le pays. Depuis sa création en 1923 par Atatürk, celui-ci n'a jamais été soutenu par les courants islamistes (très influents au sein de la population rurale turque) qui le considère comme irréligieux et ennemi de l'islam. L'apparition de partis socialistes (le Parti ouvrier turc), voire marxistes (le Parti des travailleurs du Kurdistan), sur la scène politique empêche le CHP de réaliser une union de la gauche turque et donc de pouvoir gouverner seul. Celui-ci, comme le PJ, doit nouer des alliances précaires et instables avec de petits partis au parlement, ce qui interdit les grandes réformes vitales pour le pays.

Le 7 avril 1980, le mandat du président Fahri Korutürk, élu en 1973, prend fin. S'ensuit une crise politique causées par la vacance du pouvoir et l'impossibilité pour le Parlement de lui élire un successeur.

Contexte sécuritaire

La situation politique bloquée et la crise économique s'ajoutent à une crise sécuritaire larvée. La Turquie est au bord de la guerre civile : les confrontations entre les groupes d’étudiants d’extrême-gauche et d’extrême-droite se multiplient et deviennent de plus en plus violentes. Les syndicats se renforcent considérablement et les grèves sont de plus en plus nombreuses (à titre indicatif : 22 en 1973, 227 en 1980). Des groupes clandestins de gauche et de droite qui avaient précipité le coup d’État en 1971 ré-émergent et commencent à commettre des actes de violences, du sabotage, des assauts armés, du pillage et des meurtres.

Depuis l’avènement du multipartisme en 1946, tous les partis politiques de droite comme de gauche utilisent l'islam à différents niveaux pour attirer les voix de l'électorat paysan (80 % de la population). Les partis de droite sont « privilégiés » dès le début dans cette utilisation de la religion musulmane, de par leur opposition au laïcisme intransigeant datant d’Atatürk. Mais le coup d'État de 1960 (exécution du Premier ministre Menderes, très apprécié de l’électorat croyant), les difficultés économiques et l'utilisation de l'islam par certains religieux et politiciens contre la frange jugée ennemie de la religion de la population (kémalistes, socialistes, laïcs, extrême gauche…) provoquant la montée d'un fanatisme religieux puissant et violent en Turquie. Ce fanatisme auquel répondent des actions de l'extrême gauche (idéologie socialiste et kurde) provoque de nombreux attentats et massacres dans le pays[5].

En 1978, dans un village appelé Fis, non loin de la ville de Diyarbakir, Abdullah Öcalan tient un premier congrès qui constitue l'acte de fondation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Il organise des réunions et organise des actions de propagande en faveur du lancement d'une lutte prolongée en faveur de l'indépendance du Kurdistan. La nouvelle organisation s'implante rapidement dans les régions à majorité kurde du pays[6].

La Turquie, Ă  la fin des annĂ©es 1970, est le théâtre de plusieurs massacres de population. Le 19 dĂ©cembre 1978, le Parti d'action nationaliste, parti nationaliste turc, commet un massacre de plusieurs milliers de Turcs de confession alĂ©vie dans la rĂ©gion de MaraĹź dans le Sud du pays. Ce massacre dure plusieurs jours et est discrètement soutenu par certains Ă©lĂ©ments des services secrets turcs et certains responsables politiques (comme le prĂ©fet du dĂ©partement). Les militaires, prĂ©venus tardivement, parviennent Ă  rĂ©tablir l'ordre Ă  partir du 26 dĂ©cembre. Au moins 5 000 personnes auront Ă©tĂ© tuĂ©es Ă  la fin du massacre (voir l'article Massacre de MaraĹź)[7].

Face à ce chaos et à ces actes terroristes, la police turque manque cruellement d'équipements anti-émeutes et d’effectifs entraînés. Elle subit elle aussi l'influence des courants islamistes et marxistes et ne parvient pas à gérer la situation de manière efficace. Les procédures judiciaires sont de plus extrêmement longues et une impunité se développe parmi les différents protagonistes de la lutte armée qui ensanglante le pays[8].

Coup d'État

Face à la dégradation de la situation économique et politique, l’état-major des armées, dirigé par le général Kenan Evren depuis 1978, prend prétexte d’une manifestation islamiste à Konya le 6 septembre 1980, au cours de laquelle des slogans anti-laïques sont clamés, pour perpétrer le coup d’État dans la nuit du 11 au 12 septembre 1980. Ce coup d’État a été en réalité préparé depuis plusieurs mois, sans doute en collaboration avec les services secrets américains. Les militaires l’annoncent le matin même à la radio via un communiqué et une intervention télévisée du général Evren, tandis que les troupes et les blindés occupent les rues des grandes villes et que l’état de siège est proclamé sur l’ensemble du territoire[9].

Tous ces éléments pris ensemble démontrent que l’autorité de l’État est sur le déclin puisqu'il se révèle incapable de maintenir l'ordre public (terrorisme et mouvements sociaux violents) et de lutter efficacement contre la crise économique.

La haute hiĂ©rarchie militaire percevant l’évolution du pays comme « explosive Â» dĂ©cide d’extirper la subversion du corps social et de mettre fin Ă  cette guerre civile dĂ©vastatrice par tous les moyens. Les tensions sociales qui traversent le pays traversent aussi l'armĂ©e turque. Nombre de militaires manifestent ouvertement leur sympathie, voir leur soutien Ă  certaines factions islamistes ou marxistes, obligeant l'armĂ©e Ă  recourir Ă  de nombreuses purges visant Ă  les exclure. Les affrontements sanglants que connaĂ®t le pays, le plus important Ă©tant le massacre de MaraĹź (voir plus haut) achèvent de convaincre l'armĂ©e Ă  prendre le pouvoir. Le coup d’État est planifiĂ© de longue date puisque, le 27 janvier 1980, une lettre d’avertissement est envoyĂ©e au gouvernement pour le prĂ©venir que si la situation ne rentrait pas rapidement dans l’ordre, les militaires seraient obligĂ©s d’agir.

Le 12 septembre 1980, l’armĂ©e s’empare directement du pouvoir et dĂ©met de ses fonctions l'ensemble des responsables gouvernementaux. Une administration militaire est mise en place, en remplacement de l'administration civile, que les militaires jugent inefficace et « infiltrĂ©e » par les courants anarchistes et marxistes. Elle assure la direction du pays jusqu'en 1983, date oĂą l'armĂ©e se retire de la vie publique et autorise de nouvelles Ă©lections lĂ©gislatives. Le gouvernement est dĂ©chu, l’AssemblĂ©e nationale dissoute et tous les partis politiques interdits. La constitution est abrogĂ©e, les dirigeants militaires estimant que le libĂ©ralisme excessif de la constitution de 1961 avait dĂ©pouillĂ© l'État turc de ses moyens de maintenir l'ordre rĂ©publicain et laĂŻc d’AtatĂĽrk[1].

Une nouvelle constitution est alors rédigée par les militaires et entre en vigueur en 1982, approuvée par référendum.

Mesures Ă©conomiques

La situation économique que connaît la Turquie, avec une forte inflation, un déficit public très élevé et un taux de chômage important, est dramatique. Les autorités militaires entament une réorientation radicale de la politique économique de l'État avec un désengagement graduel et une libéralisation de l'économie. Le gouvernement militaire lance une réforme fiscale avec une simplification de la fiscalité directe (fusion de plusieurs taxes, réduction du nombre de tranches des impôts, extensions des exonérations) et une majoration des impôts indirects avec la création de la TVA. Ces mesures, couplées à un gel des dépenses publiques (pas de revalorisation des salaires des fonctionnaires et coupes dans les subventions industrielles) ramènent le déficit public à 6 % du PIB. Les emprunts de l'État à la Banque centrale sont limités et l'octroi de crédits par les banques publiques sont plafonnés pour limiter l'émission de masse monétaire qui alimente l’inflation. Parallèlement, une baisse des droits de douane et une libéralisation du contrôle étatique sur les prix est entreprise, avec des déductions fiscales sur les investissements étrangers et privés, pour attirer les capitaux des investisseurs étrangers. Les Entreprises économiques d'État les moins rentables sont privatisées pour augmenter leur rentabilité et pour accroître les recettes non fiscales de l'État. Les dépenses publiques effectuées à l'investissement sont fortement réduites et réorientées vers le développement de l’agriculture, du tourisme et des infrastructures sociales. Enfin, les autorités militaires dévaluent la livre turque de 60 % pour faciliter les exportations turques[10].

Ces mesures permettent de diviser par deux le déficit du budget et de réduire l'inflation de 100 à 40 %. Mais le chômage reste malgré tout à des niveaux préoccupants (autour de 15 %) et la politique fiscale et monétaire du gouvernement aboutit à un appauvrissement de la classe moyenne turque. Malgré ces mesures, la libéralisation de l'économie a pour conséquences une augmentation des importations et une aggravation de la balance des paiements.

Mesures politiques

Estimant les autorités politiques civiles incompétentes et « infiltrées » par des éléments subversifs et anarchistes, l'armée entame une importante purge des administrations publiques de l'État et de la société civile.

Plusieurs lois d'exception sont votĂ©es, comme la loi no  1402 de 1982 sur l'Ă©tat de siège et la loi 2547 sur la subversion des idĂ©ologies de « gauche »[11]. Ces textes autorisent le gouvernement Ă  dĂ©mettre de ses fonctions tout fonctionnaire ou tout agent travaillant pour l'État soupçonnĂ© de propager des idĂ©ologies subversives ou marxistes. Ainsi, plusieurs centaines d'universitaires, d'enseignants, de juges et de policiers perdent leur emplois, de par leur participation Ă  des organisations jugĂ©es subversives par les militaires.

La loi du 4 novembre 1980, votée par le régime militaire entame une importante réforme de l'enseignement. Les cours de religion deviennent obligatoires aux collèges et lycées (dans le but de reconstruire une cohésion nationale mise à mal, selon les militaires par un laïcisme excessif qui a dépouillé les Turcs de leur identité[12]). Les changements les plus profonds ciblent l'université. L'armée crée le Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK), organisme chargée du contrôle des fonctionnaires de l'université, de la recherche et de l’enseignement dispensé à l'université. L'enseignement du kémalisme et du nationalisme turc est renforcé au contraire d'autres cours comme les sciences sociales ou philosophiques, accusées d'encourager la subversion. L’objectif pour les militaires étant de créer une génération d’étudiants fidèles à l'héritage d’Atatürk et à la nation turque. Les réformes entreprises sur l'enseignement doivent garantir la pérennité de l'idéologie kémaliste dans la population turque. Enfin, la laïcité est réaffirmée dans l'espace public (dans les écoles et universités notamment) et chez les fonctionnaires où le port de tenues religieuses (voile notamment) est proscrit[13].

L'armĂ©e entame un intense processus de dissolution des partis politiques au pouvoir (Parti rĂ©publicain du Peuple, Parti de la justice, Parti du salut national, Parti nationaliste…), de la plupart des 30 000 associations que compte le pays, ainsi que les grands mĂ©dias (Cumhuriyet, Milliyet, HĂĽrriyet…). Les militaires estiment responsables ces organisations qui n'ont pas pu empĂŞcher le pays de sombrer dans la guerre civile et craignant par-dessus tout la fondation de foyers de rĂ©sistance mettant en cause leur lĂ©gitimitĂ©.

La Constitution de 1961 est abrogĂ©e immĂ©diatement après la prise du pouvoir par la junte. Les travaux sur une nouvelle constitution moins libĂ©rale sont alors engagĂ©s par les juristes militaires afin de prĂ©venir les graves manquements de l'État survenus lors des dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes. Cette nouvelle constitution est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum en 1982 avec 81 % des voix.

  • Le rĂ´le de l'armĂ©e dans la vie politique turque est rĂ©affirmĂ©e, via le Conseil de sĂ©curitĂ© nationale (organe de l'armĂ©e). ChargĂ© Ă  l'origine de conseiller les autoritĂ©s politiques sur les questions sĂ©curitaires, il reçoit de nouvelles attributions. Il devient un organe de contrĂ´le politique sur les mesures que prennent le gouvernement et le parlement vis-Ă -vis des principes d’AtatĂĽrk. Il peut, le cas Ă©chĂ©ant, forcer le gouvernement Ă  se dĂ©mettre par le vote d'une motion de censure (ce qu'il fera en 1997).
  • Le seuil Ă©lectoral est relevĂ© Ă  10 % pour limiter l’émiettement politique du parlement, et donc l'ingouvernabilitĂ© du pays (difficultĂ© de constituer des coalitions stables).
  • Le SĂ©nat est supprimĂ©, les militaires estimant amplement suffisant l’existence d'une unique chambre parlementaire : la Grande AssemblĂ©e nationale turque.
  • Les libertĂ©s publiques sont sĂ©vèrement contrĂ´lĂ©es et limitĂ©es pour garantir la laĂŻcitĂ© de l'État et l'unitĂ© de la nation turque.
  • L'État turc est renforcĂ© par l'instauration de tribunaux de sĂ»retĂ© et l'extension des prĂ©rogatives des juridictions militaires qui sont habilitĂ©es Ă  juger les atteintes aux principes fondateurs d’AtatĂĽrk[14].

Enfin, les militaires considèrent que l'occidentalisation du pays menĂ©e depuis AtatĂĽrk avait en quelque sorte brisĂ© l'identitĂ© nationale du peuple turc qui ne se reconnait plus dans les valeurs de son pays (trop Ă©loignĂ© de la religion musulmane). L'armĂ©e lance alors la synthèse turco-islamique visant Ă  rĂ©instaurer un lien entre le nationalisme laĂŻc d’AtatĂĽrk et l’islam qui reste la religion ultra-majoritaire (98 % de la population Ă©tant musulmane) du pays et ainsi apaiser les tensions qui traversent la sociĂ©tĂ©[15].

Mesures sécuritaires

La junte militaire se fait un devoir de réprimer toute révolte. L'armée turque se déploie dans tout le pays afin de mettre fin à toute tentative d'insurrection. Des lois d'exception sont votées. La police nationale turque, jugée inefficace et peu fiable, est placée sous contrôle militaire directe et purgée de ces éléments jugés « douteux ». Des pouvoirs de police sont confiées à l'armée et à la gendarmerie turque qui bénéficient de l'impunité pour maintenir l'ordre et réprimer toute révolte. Des tribunaux d'exception sont créées pour juger tout infraction portant atteinte à la sûreté de l'État. Les juridictions militaire sont habilitées à juger les civils coupables de violences contre les militaires où les institutions militaires. Le recours à la torture et l’emprisonnement sans jugement deviennent la norme. Toutes les associations et partis politiques existants sont dissous par l'armée et la plupart de journaux turcs se voient interdire de paraître. Enfin, la liberté d'expression, de manifestation et d’association est sévèrement limitée et encadrée par la junte au pouvoir.

Une nouvelle constitution est rédigée, remplaçant celle de 1961 pour réaffirmer les principes fondateurs de la République turque (laïcité de la société, unité de l'État). La nouvelle constitution, adoptée par référendum en 1982, octroi d'importants pouvoirs à l'armée afin que celle-ci puisse continuer d'exercer un contrôle sur la voie publique et politique du pays pour limiter les dérives marxistes et islamistes. Elle contribue à façonner une société plus hiérarchisée et mieux disciplinée, nécessaire pour apaiser les tensions.

La liste ci-dessous fait le bilan de trois ans de rĂ©gime militaire[16] sur la population civile :

  • 650 000 gardes Ă  vues ;
  • 250 000 inculpations ;
  • 1 500 condamnations Ă  mort dont 50 exĂ©cutĂ©es ;
  • 1 683 000 personnes fichĂ©es ;
  • 30 000 personnes exilĂ©es de force ;
  • 24 000 fondations et associations suspendues, tous les partis politiques dissous, la plupart des grands journaux frappĂ©s par la censure (139 tonnes de journaux dĂ©truits) ;
  • 4 000 enseignants, 1 100 universitaires, 50 juges et 9 400 fonctionnaires mis Ă  la retraite forcĂ©e ;
  • 10 000 policiers dĂ©mis de leur fonctions.

Ce bilan semble dĂ©montrer, mis Ă  part les mĂ©thodes sans scrupules employĂ©es, qu'au-delĂ  de la lutte contre l'anarchie, la junte essayait en mĂŞme temps de transformer le pays et l'État dans le but de crĂ©er une sociĂ©tĂ© plus disciplinĂ©e et hiĂ©rarchisĂ©e : cela passait par des rĂ©glementations plus contraignantes sur l'habillement des fonctionnaires, la refonte profonde de l'enseignement et surtout par l'adoption de la Constitution turque de 1982[1].

Motivations

C’est par un communiquĂ© du gĂ©nĂ©ral Kenan Evren, diffusĂ© Ă  la radio et la tĂ©lĂ©vision, que la Turquie prend connaissance de la nouvelle intervention militaire :

— Kenan Evren

À la fin du communiqué, le chef d’état-major demande également aux membres des forces armées de respecter la hiérarchie militaire, de se comporter comme des patriotes disciplinés et de lutter activement contre l’anarchie, les menées séparatistes, la terreur mais aussi contre les idéaux communistes et fascistes pour défendre les principes d’Atatürk.

La brève justification devant le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Conseil de l’Europe le 12 septembre 1980 prĂ©cise que les motifs du coup d’État sont : Â« les graves menaces pesant sur la paix intĂ©rieure, la paralysie totale du rĂ©gime dĂ©mocratique, la situation qui mettait en danger les droits et les libertĂ©s fondamentaux dans le pays Â».

Les motivations du général Evren et de l'Armée ne sont pas antagonistes aux justifications mais des éléments peuvent venir s’ajouter à son discours comme facteur explicatif.

Tout d'abord, le haut commandement craignait que, s’il restait passif dans la situation de 1980, les querelles politiques puissent se propager aussi au sein de l'Armée et effriter le dernier bastion de la République. Il y avait ensuite la crainte de répéter les erreurs du premier coup d'État et de voir des officiers de grade inférieur se rebeller et exécuter le coup à la place du haut commandement comme ce fut le cas en 1960.

Certains auteurs ajoutent l'intérêt personnel parmi les motivations car le général Evren se fit élire Président de la République, sous la nouvelle constitution de 1982, mais il ne semble pas que les intérêts personnels au sens strict du terme aient pu jouer un rôle prépondérant dans ses motivations. Ce serait en tout cas une grosse exagération que de penser qu’il ait organisé ce coup d’État seulement pour réaliser ses ambitions.

La motivation principale serait donc un manque de confiance dans l’habileté du régime démocratique à contenir le terrorisme. Il fallait un État fort pour faire face à ces problèmes et le manque d’argent couplé à la forte politisation de tout le système a rendu inaptes les forces de sécurité et la bureaucratie civile à travailler de manière adéquate. Ajoutons à cela une multitude de gouvernements instables et deux partis qui même face à une telle guerre civile n’ont pas été capables de coopérer. Tout cela a motivé le coup d’État.

Le dernier Ă©lĂ©ment nĂ©cessaire au coup d’État Ă©tait que son action apparaisse lĂ©gitime au plus large pan possible de la sociĂ©tĂ©. Pour cette raison, les auteurs ont attendu le moment oĂą cela semblait inĂ©vitable Ă  leurs yeux. Ils souhaitaient que le peuple puisse accepter voire accueillir avec faveur le coup d’État. Le fait que le peuple perçoive l’armĂ©e (et qu'elle-mĂŞme se perçoive ainsi) comme le dernier gardien de l’État a aidĂ© dans cette recherche de lĂ©gitimitĂ©. Ils Ă©taient aussi Ă  l’écoute d’autres acteurs : ainsi la presse, les hommes d’affaires, les syndicats et mĂŞme certains États Ă©trangers ont soutenu directement ou indirectement le coup d'État ou Ă  la limite n’ont pas contestĂ© la lĂ©gitimitĂ© de l’intervention.

RĂ©actions internationales

Les rĂ©actions Ă  chaud des États occidentaux, en gĂ©nĂ©ral, Ă  l’exception de quelques pays, vont toutes dans le mĂŞme sens : ils ne condamnent pas le coup d’État, se dĂ©clarent prĂ©occupĂ©s par la situation en Turquie mais Ă©galement qu’ils font confiance dans les autoritĂ©s militaires sur leurs promesses de rĂ©tablir la dĂ©mocratie. Les Ă‰tats-Unis sont de loin le pays le plus complaisant envers la Turquie et le sont jusqu’à la fin.

Les pays européens s’alignent sur la prise de position américaine mais par la suite, les tensions diplomatiques se font nombreuses, dues notamment au fait que les parlements nationaux et le Parlement européen faisaient pression sur les exécutifs respectifs pour qu’ils adoptent une position plus ferme.

Les États-Unis d'Amérique

Via le porte-parole du dĂ©partement d'État des États-Unis, John Trattner, les États-Unis ont dĂ©clarĂ© qu’il n’y aurait pas d’arrĂŞt de l’aide militaire et financière fournie Ă  la Turquie et qu’ils croyaient la junte militaire dans sa promesse de rĂ©tablir la dĂ©mocratie. Ils ont ajoutĂ© entre autres que l’entreprise d’assainissement et de stabilisation Ă©tait devenue nĂ©cessaire en Turquie.

Pour comprendre cette prise de position, il faut replacer le coup d’État dans son contexte international et gĂ©opolitique : la Turquie en 1980 est de la plus haute importance pour les États-Unis et l’OTAN Ă  cause de la place gĂ©ographique stratĂ©gique qu’elle maintient, surtout après les Ă©vĂ©nements de 1979 : la rĂ©volution iranienne et l’invasion soviĂ©tique en Afghanistan. La Turquie partage en effet des frontières avec l’Iran, l’Irak, la Syrie, l’URSS et la Bulgarie. Elle a une situation privilĂ©giĂ©e sur la mer Noire et se trouve Ă  proximitĂ© du golfe Persique.

Avec la fin de la DĂ©tente due Ă  l’intervention de l’URSS en Afghanistan et la perte de leur alliĂ© en Iran oĂą les Ă‰tats-Unis avaient des bases militaires, la Turquie est la pièce maĂ®tresse dans la stratĂ©gie atlantique et amĂ©ricaine : les AmĂ©ricains y ont stockĂ© des centaines de tĂŞtes nuclĂ©aires, c'est l'endroit d’oĂą l’OTAN surveille toute activitĂ© d’armes ou de missiles en URSS mais elle est de plus appelĂ©e la « Grande oreille Â» de l’alliance atlantique de par ses installations d’écoutes. L’importance de la relation amĂ©ricano-turque s’était dĂ©jĂ  faite pressentir avec la signature du « Defence and Economic Cooperation Agreement Â» (DECA) signĂ© en mars 1980 entre la Turquie et les États-Unis. De plus, la Turquie est le troisième, après IsraĂ«l et l’Égypte, plus grand bĂ©nĂ©ficiaire de l’assistance militaire amĂ©ricaine.

Soutenir la Turquie va donc dans le sens de la logique bipolaire de la guerre froide, dans la continuitĂ© de la doctrine Truman qui soutient militairement et financièrement tout État s’opposant aux pressions soviĂ©tiques mais cela va aussi dans le sens de la doctrine Carter proclamĂ©e en janvier 1980 qui prĂ©cise que les Ă‰tats-Unis useraient de la force militaire pour dĂ©fendre ses intĂ©rĂŞts nationaux dans le golfe Persique. Avoir un alliĂ© Ă  proximitĂ© de cette rĂ©gion est de toute Ă©vidence un atout.

République fédérale d’Allemagne

Le chancelier Helmut Schmidt dĂ©clare que la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale continuera son aide Ă  la Turquie car son peuple en a besoin mais est en droit d’attendre un rĂ©tablissement rapide de la situation.

France

Un porte-parole du Quai d’Orsay dĂ©clare le lundi 13 septembre que la France prend note des garanties donnĂ©es par le rĂ©gime Ă  propos du retour Ă  la dĂ©mocratie et ajoute qu'elle souhaitait un rĂ©tablissement rapide de la dĂ©mocratie conformĂ©ment Ă  son appartenance au Conseil de l’Europe et Ă  l’alliance atlantique ainsi qu’à son association Ă  la CommunautĂ© europĂ©enne.

Suède et Danemark

Ces pays ont Ă©tĂ© les plus critiques de tous les pays occidentaux car ils sont fermement opposĂ©s Ă  toute atteinte Ă  la dĂ©mocratie. Le Danemark dĂ©clare mĂŞme que les livraisons d’armes Ă  destination de la Turquie seraient suspendues immĂ©diatement.

URSS

Dans ses dĂ©clarations officielles, l’URSS Ă©vite toute critique et encourage mĂŞme un approfondissement de la coopĂ©ration Ă©conomique entre les deux pays. Mais une « autre voix Â» communiste est bien plus critique envers le rĂ©gime turc Ă  travers une station radio de l’Allemagne de l’Est, « Bizim radio Â», que le Parti communiste turc en exil utilise comme moyen de propagande.

OTAN

Un envoyĂ© spĂ©cial, M. Van der Stoel, de l’AssemblĂ©e Nord Atlantique est envoyĂ© durant le courant du mois d’octobre en Turquie afin d'Ă©valuer la situation. Aucune dĂ©claration du SecrĂ©tariat de l’OTAN n’est faite juste après le coup d'État.

Les organes européens

Ces quatre instances europĂ©ennes (dont les trois premières font partie de la CommunautĂ© europĂ©enne) ont des avis divergents. Pour ĂŞtre plus prĂ©cis, les deux premiers organismes font des dĂ©clarations plus complaisantes envers la Turquie car ils ont plus de pouvoir en politique extĂ©rieure ; c’est notamment le cas pour la dĂ©claration commune des ministres des Affaires Ă©trangères. En ce qui concerne la Commission europĂ©enne, cela est plus dĂ» aux relations commerciales et au processus d’intĂ©gration de la Turquie au sein de la CE. Les deux AssemblĂ©es europĂ©ennes se montrent beaucoup plus critiques envers la Turquie et brandissent la menace de l’exclusion de la Turquie (Conseil de l’Europe) et l’arrĂŞt du processus d’intĂ©gration (Parlement europĂ©en).

La Commission européenne

La Commission europĂ©enne dĂ©clare le 12 septembre 1980 qu’elle suit avec la plus grande prĂ©occupation l’évolution de la situation et exprime le ferme espoir que les droits de l’homme soient respectĂ©s et les institutions dĂ©mocratiques rapidement restaurĂ©es.

Les ministres des Affaires étrangères des Neuf

Dans le cadre d’une rĂ©union concernant la coopĂ©ration politique en date du 15 septembre 1980, ils font une dĂ©claration commune concernant la situation en Turquie dans laquelle ils dĂ©clarent avoir pris connaissance avec prĂ©occupation de l’évolution de la situation dans ce pays et qu’ils prennent note des assurances donnĂ©es par les autoritĂ©s militaires. En rĂ©ponse Ă  la rĂ©solution du Parlement europĂ©en datĂ©e du 18 septembre, ils ajoutent qu’ils n’interrompent pas le programme d’aide financière et de coopĂ©ration Ă©conomique avec la Turquie compte tenu des assurances donnĂ©es par l’autoritĂ© turque sur le rĂ©tablissement des institutions dĂ©mocratiques et le respect des droits de l’homme.

Le Parlement européen

Ă€ l’issue d’un dĂ©bat sur les Ă©vènements en Turquie, le Parlement europĂ©en vote le 18 septembre une rĂ©solution dans laquelle elle se dit prĂ©occupĂ©e par l’avènement d’un pouvoir militaire et demande une sĂ©rie d’engagements de la part du gouvernement turc sur le respect et le rĂ©tablissement des droits de l’homme et des institutions dĂ©mocratiques en ajoutant que la situation la place en contradiction avec sa demande d’intĂ©gration Ă  la CEE et sa place au sein du Conseil de l’Europe et enfin en en appelant aux ministres des Affaires Ă©trangères des Neuf pour remettre des rapports sur la situation de la Turquie aux commissions compĂ©tentes du Parlement et aussi Ă  ce qu’ils en dĂ©battent en bonne et due forme.

Le Conseil de l’Europe

L’AssemblĂ©e parlementaire du Conseil de l’Europe adopte le 1er octobre 1980 la Recommandation 904 dans laquelle elle se dit prĂ©occupĂ©e par l’intervention militaire en Turquie et de ses consĂ©quences sur les droits de l’homme et la dĂ©mocratie. Elle rappelle entre autres l’incompatibilitĂ© du rĂ©gime non dĂ©mocratique de la Turquie avec son maintien au sein du Conseil et en appelle au gouvernement turc pour qu’il respecte la convention europĂ©enne des droits de l’homme, qu’il libère les hommes politiques et rĂ©tablisse la dĂ©mocratie. Et enfin elle en appelle au ComitĂ© des ministres pour surveiller l’évolution de la situation et lui rappelle que le ComitĂ© est tenu d’agir si la Turquie ne rĂ©tablit pas les institutions dĂ©mocratiques, en d’autres termes qu’elle sera obligĂ©e de l’exclure du Conseil de l’Europe.

Retour au régime civil

Le succès de la répression et l'apparent apaisement de la société amène l'armée à autoriser de nouvelles élections législatives le 6 novembre 1983[17].

3 partis sont autorisĂ©s Ă  se prĂ©senter par les militaires :

  • le Parti de la mère patrie, parti de centre droit, libĂ©ral et conservateur, hĂ©ritier du Parti de la justice et du Parti dĂ©mocrate, tous deux dissous lors des prĂ©cĂ©dents coups d'État ;
  • le Parti populaire, parti de gauche, hĂ©ritier du parti kĂ©maliste CHP ;
  • le Parti national-dĂ©mocrate, hĂ©ritier des mouvements nationalistes turcs, impliquĂ©s dans de nombreux massacres de population dans les annĂ©es 1970. Il est l'ancĂŞtre du MHP, parti nationaliste turc.

Le Parti de la mère patrie, favorable Ă  l'assouplissement de la laĂŻcitĂ© turque, remporte largement les Ă©lections lĂ©gislatives, en dĂ©pit des attentes de l'armĂ©e (qui aurait prĂ©fĂ©rĂ© la victoire du parti kĂ©maliste)[18].

Dans les annĂ©es qui suivent, le retour Ă  l'islam s'accentue et la synthèse turco-islamique initiĂ©e par les militaires se retourne en fait contre eux avec la montĂ©e en puissance des partis islamistes et la remise en cause de plus en plus forte du rĂ©gime laĂŻc turc. L'important pouvoir de contrĂ´le que l'armĂ©e s'est octroyĂ© en 1980 est progressivement assouplie par les gouvernements civils successifs. La victoire en 2002 de Recep Tayyip ErdoÄźan et de l'AKP (parti islamo-conservateur) consacre en quelque sorte l'Ă©chec des kĂ©malistes Ă  asseoir durablement le rĂ©gime laĂŻc, qui, en dĂ©pit de sa force, n'a jamais Ă©tĂ© complètement soutenu par la population turque.

Procès

En avril 2012, commence le procès des deux généraux putschistes survivants, Tahsin Şahinkaya, qui commandait alors l’armée de l’air, et Kenan Evren, alors chef d’état-major et homme orchestre du putsch, investi ultérieurement pour 7 ans président de la République par le « référendum-plébiscite ayant ratifié la Constitution en 1982 »[19].

Références

  1. « Analyse des coups d'État en Turquie - Club du Millénaire », (consulté le )
  2. « Études économiques de l'OCDE : Turquie 1980 | OECD READ edition », sur OECD iLibrary (consulté le ).
  3. L'islam dans la vie politique turque, , 364 p. (lire en ligne).
  4. Mehmet Ali Agaogullari, L'islam dans la vie politique de la Turquie, , 364 p. (lire en ligne), p. 243-268.
  5. « L'islam dans la vie politique turque », Publication de la faculté des sciences politiques de l'université d'Ankara no 517,‎ (lire en ligne).
  6. Hamit Bozarslan, La question kurde : États et minorités au Moyen-Orient, Paris, Presses de Sciences po, , 383 p. (ISBN 2-7246-0717-1), p. 165-171.
  7. « N’oubliez pas le massacre des Kurdes de Maraş », (consulté le ).
  8. « N’oubliez pas le massacre des Kurdes de Maraş », (consulté le ).
  9. Paul Cormier, « La gauche en Turquie : une histoire fragmentée », Note franco-turque n°11,‎ , p. 1-24
  10. « Études économiques de l'OCDE : Turquie 1981 | OECD READ edition », sur OECD iLibrary (consulté le ).
  11. Murat Yilmaz, « Le YÖK et le Politique : un rapport paralysant la réforme de l'enseignement supérieur en Turquie », Confluences Méditerranée,‎ , p. 153–168 (ISSN 1148-2664, lire en ligne, consulté le ).
  12. Faruk Bilici, « L'État turc à la recherche de la cohésion nationale par l'éducation religieuse », Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien,‎ , p. 129–159 (ISSN 0764-9878, lire en ligne, consulté le ).
  13. Élise Massicard, « L'organisation des rapports entre État et religion en Turquie », CNRS,‎ (lire en ligne).
  14. « Turquie, Constitution du 7 novembre 1982 », sur http://mjp.univ-perp.fr/, .
  15. Tancrède Josseran, La nouvelle puissance turque, l'adieu à Mustapha kemal, .
  16. « 12 septembre 1980 : coup d'État militaire en Turquie », sur www.gauchemip.org (consulté le ).
  17. « Les années de plomb et de sang en Turquie sous Kenan Evren, vues par un ancien militant de la gauche révolutionnaire » (consulté le ).
  18. Parlamentswahl in der Türkei 1983, page Wikipédia en allemand.
  19. Jean Marcou, « La Turquie juge les putschistes de 1980 », sur Observatoire de la vie politique turque, (consulté le ).
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