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Corde de sport

Une corde de sport est une corde destinée à être utilisée comme élément d'un système d'assurage lors de la pratique d'un sport. Chaque sport demande certaines caractéristiques, et donc des cordes spécifiques, mais à l'intérieur de chaque discipline, le sportif devra choisir sa corde selon son utilisation la plus fréquente. Une bonne connaissance du matériel est un élément primordial pour la prévention des accidents.

Différents types de cordes.

Historique

Corde en fibres végétales des mines de cuivre de Chillata, Sorata, Laracaja, La Paz, Bolivie.

Les cordes naturelles utilisées jadis en montagne avaient de nombreux inconvénients face aux cordes actuelles en fibres synthétiques. Elles perdaient beaucoup de leur résistance en conditions humides, et vieillissaient plus vite sous l'action des moisissures. En outre, elles présentaient le principal défaut de casser net sous l'effet d'un choc violent. Les rayons solaires les faisaient aussi se dégrader plus rapidement. Diverses fibres végétales ont été utilisées : principalement le chanvre[1], mais aussi le coton, le sisal et la fibre de coco. Les cordes en fibres naturelles ne sont plus utilisées aujourd'hui en montagne par les occidentaux.

Les cordes en fibres naturelles n'étaient constituées que de fibres tressées. Actuellement, les cordes de sport sont constituées d'une gaine tissée (fibres entrecroisées) et d'une âme en fibres tressées. Les deux parties ne sont pas toujours constituées de la même matière. Les cordes uniquement tressées ne sont pas utilisées en sports de montagne.

Matériaux

  • Le polyamide (nylon) est la fibre la plus utilisée, du fait de sa grande résistance et de sa bonne élasticité. Néanmoins, d'autres types de fibres peuvent être utilisés pour des avantages spécifiques.
  • Le polypropylène a une faible densité, ce qui permet de faire des cordes flottantes. Sensible à l'abrasion et à la chaleur, il doit être impérativement utilisé avec une gaine en Nylon. C'est une matière moins résistante que le Nylon, mais son faible coût permet de faire des cordes de grands diamètres.
  • Le polyester et le polyéthylène sont parfois utilisés, notamment pour des questions de coût.
  • Le Kevlar et le Dyneema, fibres très résistantes au frottement, sont utilisées uniquement pour des usages statiques, comme les sangles des dégaines ou pour confectionner des amarrages. N'ayant aucune élasticité, un choc qui tendrait soudainement une cordelette faite à partir de ces fibres est susceptible de rompre la cordelette. La température de fusion très basse de la fibre Dyneema interdit toute utilisation où une cordelette dyneema pourrait glisser sur une autre corde ou sur elle-même.

Élasticité

Sur le plan de l'élasticité, les cordes se divisent en deux grands groupes : les cordes dynamiques et les cordes statiques. Depuis peu, on trouve également des cordes semi-statiques habituellement utilisées dans le cadre d'applications industrielles.

Cordes dynamiques

Les cordes dynamiques sont essentiellement utilisées en escalade et en alpinisme. On les nomme dynamiques car elles possèdent une certaine capacité d'allongement, située entre 8 et 10 % (jusqu'à 20 % lors d'une chute). La conservation de cette élasticité, qui permet d'amortir les chocs, est une des principales caractéristiques de ces cordes.

Sur une voie d'escalade, un grimpeur progresse en étant relié en permanence par une corde qui passe dans un point d'ancrage situé en dessous de lui. En cas de chute, il est retenu par la corde. Si celle-ci n'a aucune capacité d'allongement, il court le risque d'être :

  • désarticulé par le choc que ses membres et surtout sa colonne vertébrale auront subi au moment de la tension de la corde,
  • précipité dans le vide, suite à l'arrachement, sous le choc, des points d'ancrage placés dans le rocher.

Pour définir ce type d'utilisation, le facteur de chute est utilisé. C'est le rapport entre la longueur de la chute (hors allongement de la corde) et la longueur de corde sur laquelle sera amortie cette chute. Le temps de la chute n'y intervient pas. Ce facteur varie de 0 à 2 sur une voie d'escalade ; il peut être beaucoup plus important en via ferrata notamment.

  • 0 correspond à une chute en moulinette, la corde étant accrochée au-dessus du grimpeur,
  • 1 correspond à une chute de la longueur de corde qui sépare le grimpeur de son assureur. Par exemple si le grimpeur chute à 5 mètres au-dessus du relais après avoir posé un premier point d'ancrage à 2,5 m; il chutera de m pour m de corde.
  • 2 correspond à une chute du double de la longueur de corde qui sépare le grimpeur de son assureur. Par exemple si le grimpeur chute à m au-dessus du relais sans avoir posé de point; il chutera de 10 m pour m de corde. Le choc à amortir sera donc bien plus important pour les m de corde que pour les 10 m de l'exemple précédent.

Pour correspondre aux normes européennes de sécurité, une corde dynamique doit être capable (vérification par des tests lors de l'homologation) de résister et d'amortir correctement au moins 5 chutes de facteur 2. Les fabricants annoncent cependant un plus grand nombre de chocs supportés, allant de 7 à 12.

Toujours dans le cadre des normes européennes, il existe une mesure visant à imposer un confort minimal lors du choc. Celle-ci s'appelle force maximale d'interception (généralement notée FMI). Elle correspond à la force maximale (décélération) exercée sur le corps retenu dans sa chute, entre le début du freinage et l'arrêt du mouvement. Elle est habituellement exprimée en décaNewton (noté daN). Cette valeur est limitée à 800 daN pour les cordes à double et à 1200 daN pour les cordes à simple.

Lors de l'utilisation en moulinette, les cordes perdent rapidement leur élasticité, car le grimpeur est souvent en tension sur la corde. Cela n'arrive pas avec un grimpeur qui grimpe en tête, car sa corde est généralement en dessous de lui. Une corde est choisie selon la pratique : les cordes adaptées à l'utilisation en moulinette amortissent moins les chocs, mais ont une durée de vie plus longue, et les cordes qui absorbent le mieux les chocs perdent rapidement leur capacité d'allongement si elles sont régulièrement utilisées en moulinette.

Cordes semi-statiques

Les cordes semi-statiques, dites « statiques », sont essentiellement utilisées en canyonisme et en spéléologie. Leur élasticité se situe en dessous de 4 %, elles ne peuvent donc pas être utilisées en escalade. Leurs principales caractéristiques techniques sont :

  • la charge de rupture, qui correspond à la force sous laquelle la corde se casse. Cette force s'exprime habituellement en daN et varie entre 1 800 daN et 2 900 daN. C'est la solidité brute de la corde, mais qui n'est pas plus importante que
  • le nombre de chutes de facteur 1. C'est le nombre de chutes de facteur 1 d'une masse de 100 kg entraînant la rupture de la corde. Il doit être au moins égal à 2, mais il est souvent situé entre 5 et 15. Il dépend en partie de
    • l'allongement, que l'on mesure en passant de 50 kg à 150 kg de poids soutenu. Il varie entre 3 et 5 %, et conditionne
    • la force de choc, qui correspond à la FMI utilisée pour les cordes dynamiques, mais avec un facteur de chute de 0,3. Cette valeur varie autour de 500 daN.

Certaines cordes offrant un allongement maximal pour des cordes statiques (environ 5 %), appelées cordes « semi-statiques », sont strictement réservées à cet usage. Elles sont étudiées pour offrir à l'utilisateur davantage de confort et une meilleure résistance face aux frottements. Elles sont cependant difficiles à utiliser dans les rappels longs ou acrobatiques car elles rendent la gestion de la descente plus aléatoire.

Utilisation à simple, à double

L'utilisation est dite à simple lorsque l'utilisateur est assuré par un seul brin de corde, et à double lorsqu'il est assuré par deux brins indépendants. La norme EN-902/UIAA-101 définit les spécifications des cordes d'escalade dynamiques[2] selon l'utilisation prévue. Le type de corde est rappelé sur l'étiquette de la corde, s'il y en a une, par un « 1 » ou « ½ » inscrit dans un cercle.

En escalade et alpinisme

  • Les cordes à simple : le grimpeur monte relié à un seul brin de corde. Ce type de corde est le plus utilisé en escalade sportive.
  • Les cordes à double : le grimpeur monte relié à deux brins de corde, d'un diamètre inférieur à celui d'une corde à simple. Ce système est utilisé surtout en grande voie, en alpinisme et en escalade artificielle, et son intérêt principal est de permettre de descendre en rappel quand la descente à pied n'est pas possible. Le grimpeur peut ne clipper à chaque dégaine qu'un brin sur deux, ce qui limite le tirage et permet d'être assuré en permanence sur l'un ou sur l'autre des deux brins de corde. En cas de chute, un seul brin travaille : il est plus élastique qu'un brin de corde à simple, ce qui réduit la tension exercée sur les points d'ancrage. Cet effet est recherché en terrain d'aventure et en escalade glaciaire. Elles sont également utilisées pour la progression à trois dit « en flèche » (le leader de la cordée au centre de la corde, les deux seconds à chaque extrémité).
  • Les cordes jumelées : comme avec les cordes à double, le leader s'encorde sur les deux brins mais il a l'obligation de toujours clipper les deux brins. Les cordes jumelées sont souvent plus légères que les cordes à double, mais ces dernières ont tendance à leur être préférées en raison de leur plus grande souplesse d'utilisation.

En canyonisme

  • Le canyoniste descend sur un seul brin de corde, généralement réglé au raz de l'eau. Ce type de descente est à privilégier, afin de pouvoir pratiquer le canyonisme dans les règles de sécurité, notamment en facilitant la mise en place d'équipements de descente débrayables (permettant de dégager une équipier coincé sur la corde sous l'eau). La descente à double, utilisée historiquement, est à proscrire car elle rend très compliquée l'intervention sur corde afin de secourir un équipier[3].

En spéléologie

  • Les cordes sont toujours utilisées en simple. Ce sont des cordes semi-statiques, sauf dans certains cas très particuliers ou pour la fabrication des longes. Leur diamètre se situe entre 8,5 et 10,5 mm. Des cordes d'un diamètre de mm ne peuvent pas être homologuées relativement aux normes européennes et sont donc considérées comme des cordelettes au sens de ces normes[Note 1].

Caractéristiques diverses

Flottabilité

Des cordes spécifiques au canyonisme ont une âme en polypropylène afin de flotter à la surface de l'eau. Ce polymère ayant un point de fusion assez bas (180 °C environ), elles doivent impérativement être utilisées mouillées et « à double » (pour les modèles actuellement sur le marché). L'échauffement dû au descendeur pourrait en effet entraîner un affaiblissement de la corde, voire sa rupture, dans une utilisation à sec.

Imperméabilité

Certaines cordes ont un « traitement dry » visant à imperméabiliser la corde. Ce traitement limite l'absorption d'eau par la corde ; il augmente aussi le glissement et la résistance à l'abrasion. Le traitement dry est préconisé en alpinisme, pour la pratique sur neige et l'escalade glaciaire.

Vieillissement et usure

Une corde possède encore les caractéristiques nécessaires à son utilisation normale avec un vieillissement de dix ans en parfaites conditions de stockage et sans utilisation. Cette durée constitue un « âge maximal » pour une corde, chaque utilisation réduit cette possibilité de conservation de caractéristiques. Ainsi, une corde utilisée occasionnellement ne devra pas être utilisée pendant plus de six ans. Avec une utilisation normale, une corde doit être régulièrement vérifiée, afin de détecter des éventuelles zones d'usure, où la gaine laisserait apparaître l'âme, ou bien des zones de moindre résistance à la courbure, qui pourraient laisser supposer une détérioration de l'âme (par exemple due à un écrasement lors d'une chute de pierre).

Une corde doit être réformée pour toute mise en contact avec des produits corrosifs (acide, base, solvants), et à plus fortes raisons s'il s'agit d'une substance dont on ne connaît pas les propriétés.

En alpinisme, la corde doit être protégée des crampons dont les pointes peuvent la détériorer durant la progression si elle n'est pas tendue (progression à corde tendue).

Cordelettes

Une cordelette est une corde statique ou semi-statique de diamètre inférieur ou égal à mm. Ces cordelettes peuvent être utilisées pour confectionner des systèmes de sécurité, des amarrages, des pédales, des nœuds auto-bloquants. Il en existe de tous diamètres, entre 2 et mm, et de diverses composition. Des cordelettes (au sens des normes européennes en vigueur) semi-statiques de mm sont utilisées en spéléologie mais leur résistance et leur tolérance aux frottements inférieures aux cordes de plus gros diamètre imposent de les utiliser de manière rigoureuse en respectant strictement les règles de pose.

Références

  1. Jean-Yves Bigot, Fédération française de spéléologie, « Les cordes artisanales en chanvre », Spelunca., Paris, Fédération française de spéléologie, no 109, , p. 30-32 (ISSN 0249-0544, lire en ligne).
  2. Les caractéristiques des cordes semi-statiques sont elles régies par les normes EN-1891 ou NFPA-1983. Les cordelettes, statiques, répondent à la norme EN-564/UIAA-102 ; leur résistance réglementaire augmente proportionnellement au carré du diamètre.
  3. Fédération Française de Spéléologie, Manuel technique de canyonisme, (ISBN 9782900894323, lire en ligne), section 5.7: Les méthodes historiques et leurs dangers (page 221)

Notes

  1. Les cordes de spéléologie de diamètre 8 mm répondent à la norme EN 564 L et sont réservées aux très bons techniciens de l'équipement.

Voir aussi

Articles connexes

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