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Congrès mondial des Ouïghours

Le Congrès mondial des Ouïghours (World Uyghur Congress, WUC) (ouïghour: دۇنيا ئۇيغۇر قۇرۇلتىيى, ULY: Dunya Uyghur Qurultiyi, chinois: 世界維吾爾代表大會) est une organisation internationale de Ouïghours en exil déclarant « représenter l'intérêt collectif du peuple ouïghour »[1] à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la région autonome du Xinjiang de la Chine.

Congrès mondial des Ouïghours
Histoire
Fondation
Organisation
Président
Dolkun Isa (depuis )
Idéologie
Site web

Le congrès fut formé à la mi-avril 2004 lors d'une rencontre à Munich, en Allemagne, rassemblant divers groupes d'Ouïghours exilés, dont l'Association américaine des Ouïghours (Uyghur American Association, UAA) et le congrès national du Turkestan oriental (East Turkestan National Congress, ETNC)[2]. Rebiya Kadeer en fut la présidente de 2006 à 2017. Cette femme d'affaires et militante politique vit en exil aux États-Unis depuis 2005 après avoir passé six ans en prison en Chine pour avoir « révélé des secrets d'État »[3]. L'association déclare demander non pas l'indépendance mais la démocratie et le droit à l’autodétermination pour les Ouïghours[4].

Le gouvernement chinois a désigné le Congrès mondial des Ouïghours et les groupes qui lui sont proches, comme organisation terroriste, qui a tenté de couvrir ses motifs illégaux de vouloir diviser la Chine par une structure légitime[5].

Formation

Le Congrès mondial des Ouïghours est une organisation rassemblant diverses associations, qui furent des groupes de faible envergure de nationalistes ouïghours, dont l'Association américaine des Ouïghours, fondée en [5] et le Congrès national du Turkestan oriental[6]. Le , ces groupes se sont unifiés autour de Erkin Alptekin qui devint le premier président du groupe unifié. Il occupa ce poste jusqu'en 2006, quand Rebiya Kadeer fut élue lors de la seconde assemblée générale du 24 au [7] - [8]. Depuis sa fondation, le groupe a organisé 3 assemblées - en 2004, 2006 et 2009. En tant que représentant des Ouïghours, il est membre de l'Organisation des nations et des peuples non représentés. Le Congrès a son siège à Munich en Allemagne, où il existe une importante communauté ouïghoure[9]. Il n'y a aucun lien connu entre le Congrès mondial des Ouïghours et le Parti islamique du Turkestan[10].

Objectifs

D'après le Congrès mondial des Ouïghours, son principal objectif est de « promouvoir le droit du peuple ouïghour à déterminer le futur politique du Turkestan oriental en ayant recours à des moyens pacifiques et non violents ». Ce mouvement affirme son intention de travailler avec des gouvernements au niveau mondial et de former une « opposition pacifique » à la politique du gouvernement au Xinjiang[2], dont le traitement infligé aux Ouïghours risquerait de transformer cette région en une bombe à retardement[11] - [12]. Le premier président du Congrès, Erkin Alptekin, décrit les Chinois de nationalité Han sous les traits de « colonisateurs, qui veulent siniser le Xinjiang en nous remplaçant par des gens de leur nationalité et en assimilant ceux d'entre nous, qui resteront, et en détruisant notre culture »[13] Le Congrès affirme aussi que la Chine exagère la menace terroriste pour justifier les répressions dans la région[14].

Le Congrès, tout comme l'association américaine des Ouïghours, dont le siège est à Washington, ont recours aux médias de masse et à des sites internet pour informer la communauté internationale des violations des droits humains dans la région autonome du Xinjiang. Cela a été décrit comme étant du « cyber-séparatisme » (du séparatisme virtuel), qui est soutenu en partie par de riches Ouïghours du Moyen-Orient[15]. Plusieurs journaux au Kazakhstan et au Kirghizistan réimpriment des articles de sites internet en ouïghour et en russe[16].

En 2018, Dolkun Isa, nouveau président du Congrès mondial des Ouïghours depuis 2017, demande la fermeture des camps de rééducation du Xinjiang ; « Ce à quoi nous assistons aujourd'hui au Turkestan oriental est plus qu'une simple répression, c'est une campagne délibérée d'assimilation ciblant l'identité ouïghoure »[17].

Dirigeants

Comme le Congrès est formé de plusieurs groupes de Ouïghours au niveau international, ses dirigeants sont répartis dans plusieurs pays.

Position Nom Pays
Présidente Rebiya Kadeer Drapeau des États-Unis États-Unis
Président d'honneur Riza Bekin Drapeau de la Turquie Turquie
Conseiller en chef Erkin Alptekin Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Vice-président Seyit Tumturk
Khahriman Hojamberdiyev
Omer Kanat
Asgar Can
Semet Abla
Drapeau de la Turquie Turquie
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de la Norvège Norvège
Secrétaire général Dolkun Isa Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Vice-secrétaire générale Erkin Emet
Abdureshit Turdiyev
Tuyghun Abduweli
Drapeau de la Turquie Turquie
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Drapeau du Canada Canada
Porte-parole Dilshat Reshit
Alim Seytoff
Drapeau de la Suède Suède
Drapeau des États-Unis États-Unis

Le Congrès maintient également des représentants en Australie, Belgique, Danemark, France, Kirghizistan, Japon, Suède et au Royaume-Uni[8]. La présidente Kadeer a rencontré en juin 2007 le président des États-Unis alors en fonction, George W. Bush[18] ainsi que des membres du Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth (le ministère chargé des affaires étrangères au Royaume-Uni) en octobre de la même année[19].

Financements

L'organisation est soutenue en partie par le National Endowment for Democracy, ou NED, qui contribue à hauteur de quelques centaines de milliers de dollars par an (295 000 $ en 2015) « pour[, selon ses termes,] améliorer la connaissance et la visibilité des problématiques des droits de l'Homme des Ouïghours » dans le Xinjiang[20]. Le National Endowment for Democracy est une organisation à but non lucratif des États-Unis fondée en 1983, afin de promouvoir la démocratie en assurant le financement d'ONG par des fonds qui proviennent en majeure partie du Congrès des États-Unis.

Point de vue du gouvernement chinois

Accusant l'organisation de nourrir des ressentiments et de provoquer des révoltes dans la région du Xinjiang, le gouvernement a placé le Congrès mondial des Ouïghours sur sa liste d'organisations terroristes en [9]. Ceci a valu à la Présidente du Congrès d'être considérée comme une « terroriste », qui « conspire avec des séparatistes et des extrémistes religieux, afin d'organiser des attaques terroristes ». Kadeer rejette ces accusations, déclarant, que « toute personne qui n'est pas satisfaite de la dure loi du gouvernement chinois est un séparatiste ». Lors des révoltes à Urumqi en juillet 2009, le gouvernement a affirmé avoir intercepté des appels de groupes du Turkestan d'outre-mer et à l'intérieur du pays. Le gouvernement affirme également que Kadeer aurait des relations étroites avec le Dalaï Lama (qui lui-même est accusé d'avoir incité à des révoltes en 2008 au Tibet) et que Kadeer aurait dit qu'« il faudrait que quelque chose de comparable se produise au Xinjiang »[21] - [22]. » Le journal du gouvernement, Le Quotidien du Peuple, a attaqué le Congrès mondial des Ouïghours affirmant qu'il était financé par le National Endowment for Democracy, lequel est appuyé par le Congrès Américain[23].

Notes et références

  1. (en) Alingod, Chris. « Ethnic Clashes In China Continue As White House Calls For Restraint »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ). AHN. July 7, 2009 : « a group created in 2004 to "represent the collective interest of the Uyghur people." »
  2. (en) Newly founded World Uyghur Congress calls for peaceful solution in East Turkestan, Organisation des nations et des peuples non représentés, 22 avril 2004.
  3. (en) Sophie Beach, Chinese Dissident Here Describes Attacks by Beijing’s Secret Agents, China Digital Times, April 3, 2009.
  4. (en) J. Todd Reed, Diana Raschkep, The Etim: China's Islamic Militants and the Global Terrorist Threat, p. 33-34
  5. Shen (2007), p. 101.
  6. (en) Chien-peng Chung, (2006), Confronting Terrorism and Other Evils in China: All Quiet on the Western Front?, China and Eurasia Forum Quartely, 4 (2), pp. 75-87.
  7. (en) Keung, Nicholas. Fighting for the rights of Uyghurs. Toronto Star. December 8, 2006
  8. (en) Introducing the World Uyghur Congress. World Uyghur Congress.
  9. (en) Mackerras, Colin. 'Pivot of Asia' sees China-Pakistan maneuvers. Asia Times Online. August 13, 2004.
  10. (en) China says international extremists backing terrorism in Xinjiang. Channel NewsAsia. January 9, 2007.
  11. (en) Gunaratna, Rohan & Pereire, Kenneth George. (2006). An Al-Qaeda Associate Group Operating in China?, China and Eurasia Forum Quarterly, 4 (2), pp. 55-61.
  12. (en) Exiled Uighur muslims accuse China of oppression & exploitation in Xinjiang, Radio Television Hong Kong, October 1, 2005.
  13. (en) Clarke, Michael. (2008), China's “War on Terror” in Xinjiang: Human Security and the Causes of Violent Uighur Separatism, Terrorism and Political Violence, 20 (2), pp. 271-301.
  14. (en) Foster, Peter; Spencer, Richard, Beijing Olympics: Security stepped up after terror attack kills 16 Chinese policemen, The Daily Telegraph, 4 août 2008.
  15. Atakabi & Mehendale (2005), p. 164.
  16. Atakabi & Mehendale (2005), p. 165.
  17. Nouveaux appels à la fermeture des "camps de rééducation" du Xinjiang Challenges, 19 septembre 2018
  18. (en) President Bush praises Rebiya Kadeer as a human rights defender. Uyghur American Association, 5 juin 2007.
  19. Miliband (2007), p. 136.
  20. « China (Xinjiang/East Turkistan) 2015 – NATIONAL ENDOWMENT FOR DEMOCRACY », sur www.ned.org (consulté le ) : « To raise awareness and to enhance the prominence of Uyghur human rights issues. »
  21. (en) Anti-terror expert: World Uyghur Congress behind Xinjiang violence, Xinhua, July 7, 2009.
  22. (en) Mu Xuequan, Police have evidence of World Uyghur Congress masterminding Xinjiang riot, Xinhua, July 7, 2009.
  23. (en) Al Guo, « US groups accused of backing separatists », South China Morning Post, , A3

Bibliographie

  • (en) Atakabi, Touraj; Mehendale, Sanjyot. (2005). Central Asia and the Caucasus: transnationalism and diaspora. Routledge. (ISBN 978-0-415-33260-6).
  • (en) Miliband, David. (2008). Human Rights: Annual Report 2007. The Stationery Office. (ISBN 978-0-10-173402-8).
  • (en) Shen, Simon. (2007). China and antiterrorism. Nova Publishers. (ISBN 978-1-60021-344-1).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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