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Complications de l'anesthésie

Les complications de l'anesthĂ©sie se divisent en deux groupes : les complications mineures (ou incidents), frĂ©quentes et le plus souvent sans consĂ©quences et les complications majeures (ou accidents), plus rares. Ces dernières ont diminuĂ© en France d'un facteur 10 depuis les dĂ©crets de 1994 relatifs Ă  la sĂ©curitĂ©. La mortalitĂ© totalement liĂ©e Ă  l'anesthĂ©sie est estimĂ©e Ă  un dĂ©cès pour 140 000 actes, sur environ dix millions d'actes d'anesthĂ©sie par an en France. Le concept de rĂ©cupĂ©ration rapide après chirurgie introduit par le Pr Kehlet permet de son cĂ´tĂ© de rĂ©duire les complications pĂ©riopĂ©ratoires, y compris celles liĂ©es Ă  l'anesthĂ©sie.

Complications respiratoires

Il s’agit des complications les plus fréquentes et de la première cause de mortalité. Une ventilation inadéquate en est la cause dans 1/3 des cas, le plus souvent à l'induction, plus rarement en per ou postopératoire.

Le problème peut venir de l’anesthésie, de la chirurgie ou du patient. La conséquence étant dans tous les cas l’hypoxie.

L’âge avancé, l’insuffisance respiratoire chronique, l’obésité, le syndrome d’apnée du sommeil, le reflux gastro-œsophagien (RGO) et l’estomac plein sont des facteurs de gravité. Les causes d’hypoxie les plus fréquentes sont :

  • La dĂ©pression respiratoire+++, souvent d’origine mĂ©dicamenteuse (curarisation rĂ©siduelle, morphiniques, hypnotiques dans une moindre mesure).
  • L’inhalation, lorsque l’estomac est plein en l'absence de jeĂ»ne prĂ©opĂ©ratoire (2h pour les liquides clairs, 4 Ă  6h pour le reste), en cas de RGO, de grossesse, ou sur certains terrains favorisants (gastroparĂ©sie du diabĂ©tique+++).

Les autres causes d’hypoxie sont multiples :

Ces complications sont résolutives spontanément ou sous traitement bien conduit mais potentiellement létales si elles ne sont pas dépistées à temps.

Les complications respiratoires sont les plus fréquentes. Elles sont très souvent liées aux agents de l'anesthésie qui provoquent apnée et hypoventilation. Elles peuvent être dues à l'impossibilité d'intuber ou de ventiler. Elles sont aggravées par les antécédents du patient et le type de chirurgie. Elles sont minimisées par une bonne évaluation préopératoire.

Complications cardiovasculaires

Elles sont peu fréquentes (1 à 2 %), mais mettent en jeu le pronostic vital. Les complications les plus fréquentes sont l’ischémie myocardique et l’infarctus du myocarde (IDM), l’insuffisance cardiaque et les troubles du rythme. L’hypotension artérielle (hypoTA) voire le collapsus peropératoire en est le plus souvent la cause.

  • L’hypoTA modĂ©rĂ©e est frĂ©quente, notamment Ă  l’induction anesthĂ©sique. Les causes d’hypotension artĂ©rielle sont multiples :
  • Troubles du rythme et de la conduction :
  • Autres complications :
    • Hypertension artĂ©rielle (HTA) : hypercapnie, anesthĂ©sie superficielle, arrĂŞt de TTT d'HTA.
    • Ĺ’dème aigu du poumon : surcharge volĂ©mique, dĂ©compensation d’une insuffisance ventriculaire gauche.
    • ArrĂŞt cardiocirculatoire : le plus souvent d’origine hypoxique.
    • Les complications cardiaques sont rares mais potentiellement lĂ©tales ; elles sont beaucoup plus frĂ©quentes en cas d'infarctus rĂ©cent.
    • L'hypotension est frĂ©quente, liĂ©e aux agents anesthĂ©siques et Ă  l'hypovolĂ©mie. Elle doit ĂŞtre rapidement contrĂ´lĂ©e.
    • L'ischĂ©mie myocardique est difficile Ă  dĂ©pister, elle doit ĂŞtre prĂ©venue en optimisant l'apport et le transport en oxygène.

Complications neurologiques

Il s'agit principalement d'accidents vasculaires cérébraux, il est le plus souvent bien difficile de les imputer directement et uniquement à l'anesthésie bien conduite. Les atteintes du névraxe se limitent presque aux compressions rachidiennes par hématome extra-dural après abord rachidien en présence d'anomalies de l'hémostase. Il est en revanche beaucoup plus fréquent d'être confronté à des lésions neurologiques périphériques par mauvais positionnement postural durant l'anesthésie. Sont alors concernés les nerfs les plus superficiels (ulnaire, fibulaire commun), le plexus brachial et les racines lombosacrées.

Complications allergiques

Elles sont celles que redoutent le plus les patients. Elles sont rares (1/13 000). L'allergie aux curares est la plus frĂ©quente (300 cas annuels en France), suivie par les hypnotiques et morphiniques, puis le latex et les antibiotiques. Un premier contact sensibilisant n'est pas obligatoire. Les facteurs de risque sont : un antĂ©cĂ©dent d'accident anesthĂ©sique, une allergie au latex, l'atopie, certaines allergies alimentaires. Ces patients doivent ĂŞtre explorĂ©s.

Complications spécifiques de l’anesthésie locoregionale

  • LĂ©sions plexiques ou tronculaires directes, responsables de dĂ©ficits moteurs ou sensitifs, de paresthĂ©sies (par l'aiguille de ponction ou injection intra-neurale d'anesthĂ©sique).
  • CĂ©phalĂ©es après anesthĂ©sie mĂ©dullaire avec effraction de la dure-mère.
  • Collapsus par hypovolĂ©mie relative secondaire Ă  un bloc sympathique toujours prĂ©sent lors d'anesthĂ©sies rachidiennes (anesthĂ©sies mĂ©dullaires surtout).
  • Crise d’épilepsie, troubles de la conduction cardiaque, arrĂŞt cardiaque en cas de surdosage en anesthĂ©siques locaux ou d'injection intravasculaire directe.

Complications liées à la posture

Elles doivent être prévenues par une installation soigneuse avant de commencer la chirurgie, il s'agit d'une responsabilité partagée par l'anesthésiste et le chirurgien.

  • DĂ©cubitus latĂ©ral : compression de la veine cave infĂ©rieure, modification des rapports ventilation/perfusion au niveau des poumons, lĂ©sions du plexus brachial.
  • DĂ©cubitus ventral : compression abdominale limitant la ventilation, compression cardiaque, hyper-extension de la tĂŞte et bas-dĂ©bit vertĂ©bral.
  • Position de Trendelenburg : atĂ©lectasies pulmonaires, risque de rĂ©gurgitation et d'Ĺ“dème cĂ©rĂ©bral.
  • Position gynĂ©cologique : compression du fibulaire commun, collapsus lors de la remise Ă  plat.
  • Position demi-assise : risque majeur d'embolie gazeuse, collapsus, compression du sciatique, Ă©longation du plexus brachial.

Autres complications

  • Hyperthermie maligne : c’est une complication rare dĂ©clenchĂ©e par les agents anesthĂ©siques halogĂ©nĂ©s inhalĂ©s (AAH) et l'iodure de suxamĂ©thonium (CĂ©locurine), chez des sujets gĂ©nĂ©tiquement prĂ©disposĂ©s. Elle requiert une prise en charge rapide et prĂ©cise pour essayer de contrĂ´ler la tempĂ©rature centrale, avec un support pharmacologique indispensable : le dantrolène (Dantrium).
  • HĂ©patites : aux AAH, devenues exceptionnelles avec les nouvelles molĂ©cules.
  • Frissons : par hypothermie post-op. Celle-ci doit ĂŞtre corrigĂ©e avant le rĂ©veil, elle est prĂ©judiciables pour les patients coronariens et insuffisants respiratoires.
  • Hypothermie : retard de rĂ©veil, troubles du rythme cardiaque, troubles de l’hĂ©mostase primaire.
  • NausĂ©es et vomissements : jusqu’à 30 % des patients. Facteurs de risque : terrain (âges extrĂŞmes de la vie, sexe fĂ©minin, statut non fumeur, anxiĂ©tĂ©, mal des transports), type de chirurgie (ORL et gynĂ©cologique ++), type d’anesthĂ©sie (effets antiĂ©mĂ©tiques du propofol, action Ă©mĂ©tisante des halogĂ©nĂ©s…), analgĂ©sie morphinique, hypoxie, hypovolĂ©mie.

Au total, la survenue de complications est prévisible dans la plupart des cas. La prévention dépend essentiellement de la vigilance constante de l'anesthésiste.

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