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Compagnie maritime belge

La Compagnie maritime belge (CMB), ou anciennement Compagnie belge maritime du Congo (CBMC), est un groupe établi à Anvers opérant principalement dans l'industrie et le transport maritime.

Compagnie maritime belge
Histoire
Fondation
Prédécesseurs
Lloyd Royal Belge (d), Armement Deppe S.A. (d)
Cadre
Type
Domaine d'activité
Transports par eau
Siège
Pays
Organisation
Site web

Histoire

Compagnie belge maritime du Congo

Affiche Anvers Congo
Le Villeboat Thysville (1922-1948)

Le 24 janvier 1895, la Compagnie belge maritime du Congo fut créée à l'instigation du roi Léopold II, en vue de fournir une liaison maritime régulière entre le port d'Anvers et la colonie belge du Congo. À l'origine, le capital de la société était en majorité détenu par les Anglais.

Le premier navire sous pavillon belge à quitter Anvers fut le Léopoldville 1. Les contrats successifs passés entre la CBMC et l'État indépendant du Congo exigèrent des vitesses de rotation plus rapides ce qui amena la compagnie à remplacer régulièrement ses navires par des unités neuves plus rapides et plus grandes. Dans la période qui précède 1911, la durée moyenne de service d'un navire n'était que de 3 ans et 10 mois. En août 1914, la flotte de la CMBC présentait un tonnage global de 22 456 tonnes brutes.

Pendant la Première guerre mondiale, la diminution du tonnage britannique, français et portugais vers le Congo belge du fait de la guerre sous-marine, combinée à l'essor des exportations congolaises, provoqua une accumulation des stocks dans les ports congolais. De plus, il fallut assurer une liaison avec les États-Unis pour approvisionner la colonie. La compagnie, non seulement perdit l'Élisabethville 1 torpillé, mais ne put acquérir de navires supplémentaires.

À la fin des hostilités, la construction et l'acquisition de nouveaux navires put reprendre pour faire face à l'accroissement du tonnage à transporter entre la colonie et la métropole.

Compagnie maritime belge

Le Villeboat Baudouinville (1957-1961) de la CMB en route vers les Canaries et Matadi
Couleurs des cargos de la CMB dans les années 1970 (Memling 1973).

Le 20 février 1930, la CMBC absorba le numéro un de la marine marchande belge, le Lloyd Royale Belge, et prit le nom de Compagnie maritime belge. La CMB devint ainsi le leader incontesté des armements belges avec près de 50 % du tonnage belge. Cette fusion amena aussi une extension de ses liaisons vers l'Amérique du Nord et du Sud et vers l'Extrême-Orient.

Mais avec la crise de 1929, la compagnie dut désarmer des navires, jusqu'à 28 % de son tonnage début 1933[1]. À la fin 1933, l'État belge accorda des prêts aux armements belges pour remettre en service des unités désarmées et pour encourager la construction de nouveaux navires. À partir de 1937, la conjoncture économique s'améliora et la CMB en profita pour rajeunir sa flotte en revendant 24 anciens vapeurs.

Pendant la Drôle de guerre, la compagnie eut 2 cargos qui sautèrent sur une mine.

Pendant la seconde guerre mondiale, la CMB perdit 20 navires par saisie des Allemands dans les ports français, par bombardement et par torpillage. Mais elle put acquérir 4 Liberty ships aux États-Unis. Au total, la compagnie perdit trois quarts de son tonnage. Ses pertes en hommes d'équipage furent de 271 blancs et 23 noirs[2].

Après la guerre, la CMB acquit très vite de nouveaux navires de type Liberty ship, Victory ship ou cargo Empire, en propriété ou en affrètement. Elle passa aussi commande de 3 nouveaux paquebots mixtes pour la ligne congolaise. En 1951, la flotte de la compagnie comprenait 5 paquebots et 24 cargos. La même année, la CMB décida le remplacement progressif d'anciens cargos par de nouveaux de la classe Lu (Lubumbashi, Lubilash, Lusambo, ...) destinés aux lignes vers l'Amérique du Nord et du Sud. De 1957 à 1962, la compagnie mit en service 13 cargos de la classe Mo (Moanda, Moero, Mokambo, ...) destinés aux lignes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Est. Fin 1958, la flotte rajeunie comportait 33 navires pour un port en lourd de 352 084 tonnes.

En juillet 1960, la mutinerie de la Force publique au Congo provoqua le départ définitif d'une importante partie de la population européenne de ce pays. La même année, la Sabena mit en service ses premiers quadriréacteurs Boeing 707 vers l'Afrique. Ces deux facteurs amenèrent une chute très sensible du nombre de passagers voyageant sur les paquebots de la CMB. En conséquence, en janvier 1961, la compagnie mit en vente 3 de ses 5 Ville-boats. En 1973, la compagnie vendit son dernier paquebot.

À la fin des années 70, la CMB commença à vendre ses cargos pour les remplacer par des navires spécialisés : vraquier, porte-conteneurs, pétrolier, transporteur de GPL réfrigéré.

Elle s'est ensuite progressivement élargie en absorbant les armateurs belges Armement Deppe (1960), puis Bocimar (1982) et Hessenatie (1988), spécialisée dans la logistique et l'entreposage au port d'Anvers.

Originellement dans le giron de la Société générale de Belgique, le groupe passa sous contrôle du holding Almabo en 1991 et, depuis 2007, il dépend du holding Saverco.

Flotte

Paquebots et Ville-boats[3]

NomJauge bruteConstructeurMise en serviceArrêtRemarques
Albertville 13953Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 18961898vendu à l'African Steam Ship Cy.
Albertville 23805idem 18981904vendu
Albertville 34792Alex Stephen & Sons Ltd, Glasgow 19061911vendu à l'African Steam Ship Cy.
Albertville 47884John Cockerill, Hoboken 19131923mis à la disposition de la Croix Rouge pour servir de navire-hôpital en 1914. Il reprit ses voyages vers le Congo au départ de la Grande-Bretagne de 1915 à 1918. Vendu au Portugal. A été démoli en 1950.
Albertville 510629Ateliers et Chantiers de la Loire19281940réquisitionné par la France à Bordeaux en mai 1940. Il fut bombardé et coulé au Havre le .
Albertville 610530 John Cockerill, Hoboken 19481973vendu pour la casse.
Anversville 13897Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 18991906vendu
Anversville 27694Alex Stephen & Sons Ltd, Glasgow 19121938basé à Hull en Grande-Bretagne de 1915 à 1918. En 1938 il fut vendu pour démolition.
Baudouinville 113761 John Cockerill, Hoboken19391944réquisitionné par la France à Bordeaux en 1940, puis capturé par les Allemands et immobilisé à Nantes où il fut sabordé et incendié le 10 août 1944. Il fut remorqué à Anvers pour y être mis à la casse.
Baudouinville 210312 idem 19501957renommé Thysville (2) à la suite du lancement du Baudouinville 3 en 1957.
Baudouinville 313876 Cockerill Ougrée, Hoboken 19571961vendu à P&O (MS Cathay). Revendu en 1976 à la Nab Yang Shipping Company (MS Kengshin) et ultérieurement à la China Ocean Shipping Company (MS Shangai). Envoyé à la casse en 1996.
Bruxellesville 13900 18981901
Bruxellesville 24075Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 19061908ex Zunguru, affrété par la CMB pour remplacer le Léopoldville 3 immobilisé par une avarie.
Bruxellesville 35771Alex Stephen & Sons Ltd, Glasgow 19091911vendu
Charlesville10978John Cockerill, Hoboken19511967vendu à une compagnie maritime est-allemande qui l'utilisa pour des transports vers Cuba et le Mexique. En 1977 le navire fut désarmé à Rostock et utilisé comme école professionnelle puis comme auberge de jeunesse. Sombré en mer en mai 2013 lors de son remorquage vers un port de casse.
Coomassie2902Naval Cons. & A, Barrow-in-Furness 18901896premier navire de la compagnie. Reçu en 1895 de l'African Steam Ship Cy. en échange d'actions de la compagnie belge, il fut revendu en 1896 à l'African Steam Ship Cy.
Élisabethville 17017Alex Stephen & Sons Ltd, Glasgow 19111917torpillé par le sous-marin allemand UC-71 le 6 septembre 1917[4] - [5] en face de Belle-Ile-en-Mer. 14 personnes périrent.
Élisabethville 28178 John Cockerill, Hoboken 19221947arrivé en Angleterre le 5 décembre 1940, il participa au transport des troupes à dater du 16 décembre. Vendu.
Élisabethville 310530 idem 19491968vendu pour démolition après un incendie.
Jadotville13724 SA des Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire 19561961nommé en hommage à Jean Jadot, Gouverneur auprès de la Société générale de Belgique. Vendu à P&O (MS Chitral). Revendu pour la casse en 1975.
Léopoldville 13363Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 18951897vendu à l'African Steam Ship Cy.
Léopoldville 23963idem 18971901vendu à l'African Steam Ship Cy.
Léopoldville 34376idem 19041909remplacé par le Bruxellesville 2 entre 1906 et 1909. Vendu à l'African Steam Ship Cy.
Léopoldville 46327Harland & Wolff Ltd, Belfast 19091914vendu à l'African Steam Ship Cy.
Léopoldville 511172John Cockerill, Hoboken 19291944utilisé pour la liaison vers le Congo et pour des croisières. Il fut mis au service de la Grande-Bretagne en 1940 et transformé en transporteur de troupes. Il fut torpillé par le Unterseeboot 486, le vers 18 h en vue de Cherbourg. 765 G.I. et 5 hommes d'équipage périrent.
Léopoldville 610530 idem 19481967transféré à la Compagnie Maritime Congolaise (CMC) sous l'appellation P.E. Lumuba. Envoyé à la casse en 1973.
Mar del Plata7380 John Cockerill, Hoboken 193819581940 réquisitionné par l'Allemagne, 1945 restitué à la CMB, 1958 vendu à l'Allemagne de l'Est (MS Heinrich Heine), 1968 revendu à Loyna Cia. Navigation S.A., Famagusta, Chypres (Cleo II). Envoyé à la casse en 1973.
Philippeville4091Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 19011906 vendu à l'African Steam Shipt Cy.
Stanleyville 14051idem 19001902fit naufrage le 23 mai 1902 sur les rochers de la Côte de l'Or alors qu'il se rendait au Congo.
Stanleyville 26612 J. Brown & Co, Clydebank 19261932d'abord cargo, puis transformé en paquebot. Vendu.
Thysville 18176 John Cockerill, Hoboken 19221948vendu
Thysville 210312 idem 19571961 ex Baudouinville (2) Vendu à Vestey Group et affecté successivement à la Booth Line Cy (RMS Anselm), puis en 1963 à la Blue Star Line (MV Iberia Star) et finalement en 1965 à l'Austasia Lines (MV Australasia). Envoyé à la casse en 1972.

Bien que classés par la CMB comme Paquebots, ces navires furent en fait des paquebots mixtes. Ceux construits après 1945 pouvaient emporter de 208 à 325 passagers et 9500 tonnes[6] de fret dans les cales. La différence avec les cargos mixtes (comme les Copacabana, Mar del Plata ou Gouverneur Galopin, Fabiolaville [1972-1989]) est que ces derniers ne prenaient que de 90 à 180 passagers. Quant au terme Ville-boat, propre à la CMB, il fut réservé aux paquebots mixtes construits après la Seconde Guerre mondiale.

Cargos

Jusqu'à l'achat des Liberty ships, il n'y eut pas de standardisation dans les navires commandés. Après 1940 et une certaine standardisation, la CMB fut propriétaire de :

  • 6 Liberty ships ;
  • 7 Victory ships ;
  • 4 cargos classe Empire de 10 000 tonnes filant à 11 nœuds ;
  • 8 cargos classe Lu de 11 200 tonnes filant à 16 nœuds ;
  • 13 cargos classe Mo de 12 900 tonnes filant à 13-14 nœuds ;
  • 4 cargos classe Peintres (Breughel, Rubens, Memling, Jordaens) de +/- 12 700 tonnes filant à 18 nœuds ;
  • 3 cargos classe Mont (Montaigle, Monfort, …) de 16 560 tonnes filant à 20 nœuds.

Au début de 2014, la compagnie est propriétaire d'une flotte de 47 navires (de 32 000 à 180 000 tonnes) et a commandé la construction de 15 nouvelles unités.

Notes et références

  1. De Wandelaar et Sur l'Eau, mai 1933, p.193
  2. CMB 100 de G. Devos et G. Elewaut, p. 145 - Editions Lannoo, 1995
  3. CMB 100 de G. Devos et G. Elewaut, annexes - Editions Lannoo, 1995
  4. Épave de l'Élisabethville.
  5. "14-18 en mer. Navires et marins belges pendant la Grande Guerre" de Freddy Philips, Ed. Racine, Bruxelles 2013, p. 148.
  6. CMB 100 de G. Devos et G. Elewaut, pp 155 et 178 - Editions Lannoo, 1995

Voir aussi

Bibliographie

  • André Lederer, L'expansion belge outre-mer et la Compagnie Maritime Belge, Bruxelles, coll. « Académie royale des Sciences d'Outre-Mer, Classe des Sciences Techniques, N.S. » (no XVIII,2), , 61 p. (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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