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Claude Martin (diplomate)

Claude Martin, né le à Saint-Germain-en-Laye, est un diplomate français, élevé à la dignité d'ambassadeur de France le . Il a notamment dirigé les ambassades de France en Chine et en Allemagne.

Claude Martin
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Biographie
Naissance

Saint-Germain-en-Laye (d)
Nom de naissance
Claude Pierre Marcel Martin
Nationalité
Formation
Activité
Titre honorifique
Ambassadeur de France

Biographie

Claude Pierre Marcel Martin est nĂ© le Ă  Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), oĂą il effectue une partie de sa scolaritĂ©, notamment Ă  l'Ă©cole Saint-Érembert puis au lycĂ©e Marcel-Roby. Il entre ensuite Ă  l'Institut d'Ă©tudes politiques de Paris (dont il est diplĂ´mĂ© en 1964 dans la section service public) et Ă  l'École nationale des langues orientales vivantes oĂą il suit des cours de chinois, de russe et de birman[1]. Il est admis en 1964 Ă  l'École nationale d'administration (Promotion « Turgot Â» sortie en 1968). Durant sa scolaritĂ© Ă  l'ÉNA, interrompue par son dĂ©tachement comme attachĂ© culturel Ă  l'ambassade de France Ă  PĂ©kin, au titre de son service militaire, il assiste au dĂ©clenchement de la rĂ©volution culturelle[1].

Il choisit après cette expérience d'entrer au Quai d'Orsay, d'abord affecté au service chargé des questions européennes. De 1968 à 1969, il est chargé des négociations internationales sur le développement. Il est l’adjoint, puis le successeur de Lionel Jospin, et participe à diverses conférences à Genève, New York, Bangkok, Manille, et Tokyo.

En , au lendemain du Sommet européen de La Haye, il entre au cabinet du ministre Maurice Schumann où il est chargé particulièrement de suivre les négociations avec la Grande-Bretagne, conclues par le Traité d’adhésion du 13 juillet 1972.

En , il participe, sous la direction du nouveau ministre Michel Jobert, aux côtés de Thierry de Montbrial et Jean-Louis Gergorin, à la création du Centre d’analyse et de prévision (CAP), depuis 2013 Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (un temps direction de la prospective).

En , il est nommé conseiller technique au cabinet de Michel Jobert pour les questions européennes et asiatiques. Il exerce les mêmes fonctions auprès des ministres suivants, Jean Sauvagnargues (1974-1976), Louis de Guiringaud (1976-1977), et Jean François-Poncet (1978).

En , il scelle le sort des personnalités réfugiées dans l'enceinte de l'ambassade de France à Phnom Penh en adressant au vice-consul Jean Dyrac un télégramme : « Le fait que le droit d’asile ne soit pas reconnu en droit international et le caractère particulier de votre mission ne nous permettent pas de donner satisfaction aux demandes du Prince Sirik Matak et de M. Um Bum Hor [sic]… Vous ferez savoir aux intéressés que nous ne sommes pas en mesure d’assurer la protection qu’ils attendent »[2].

En , il est nommé ministre-conseiller à l’ambassade de France à Pékin, où il restera six ans. En qualité d’adjoint des ambassadeurs Claude Arnaud, Claude Chayet, et Charles Malo, dont il exerce à plusieurs reprises l'intérim en qualité de chargé d’affaires, il observe l’ouverture de la Chine, le développement de sa politique de réforme, et contribue au lancement des premiers grands projets de coopération franco-chinoise, dans le domaine nucléaire, pétrolier, ferroviaire, ou aéronautique.

En , il revient en Europe. Représentant permanent adjoint de la France auprès des Communautés européennes, il est notamment chargé des négociations budgétaires et agricoles, et de la création de grand marché intérieur européen.

En , il est nommé directeur d’Asie-Océanie. C’est dans ces fonctions qu’il conçoit et engage, à partir de , le processus de négociation qui conduira, au bout de quatre ans, au règlement du problème cambodgien. En s’appuyant sur la personnalité incontestée du Prince Sihanouk, il met au point un plan de paix qui obtient, au prix de longues consultations, l’appui des 5 grandes puissances, des pays de la région, et finalement des 4 factions cambodgiennes elles-mêmes. En , une première Conférence pour la Paix au Cambodge se réunit à Paris. Elle doit suspendre ses travaux au bout d’un mois. La France créé alors un mécanisme de consultation restreint qui permet de régler les questions les plus importantes. Le cadre général du plan de paix est adopté à l’unanimité par le Conseil de Sécurité puis par l’Assemblée générale des Nations unies en [3]. Le Plan prévoit le déploiement d’une Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC) dont les modalités de fonctionnement seront précisées dans des négociations qui se prolongeront encore pendant plusieurs mois. L’accord final sera signé à Paris en 1991[4].

Claude Martin suit avec attention, pendant les quatre années qu’il passe à la direction d’Asie, les affaires chinoises. Il effectue de fréquents déplacements à Pékin et se trouve présent sur la place Tian'anmen, dans la nuit du 3 au [5].

En , il est nommé ambassadeur à Pékin[6]. Il s’emploie à reconstruire une relation stable avec la Chine. Celle-ci sera marquée cependant par de fortes turbulences. La décision de la France de vendre à Taïwan des frégates (1991)[7] puis des Mirage (1992) amène les deux pays au bord de la rupture. L’ambassadeur s’emploie à maintenir le dialogue, et manifeste son désaccord[8]. Le changement de majorité en France permet le retour à une relation pacifiée entre les deux pays. Claude Martin rentre à Paris en .

Il est nommĂ© par Alain JuppĂ© secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint du ministère et directeur gĂ©nĂ©ral des affaires europĂ©ennes et Ă©conomiques. Dans ces fonctions, il dirige les travaux prĂ©paratoires au « grand Ă©largissement Â» de l’Union europĂ©enne en direction des pays de l’Est. Il nĂ©gocie avec ces pays des accords d’association qui permettront de les prĂ©parer Ă  l’adhĂ©sion, et fait des propositions pour une rĂ©forme des institutions. Il nĂ©gocie parallèlement plusieurs accords avec la Russie, et notamment l’arrangement qui met fin au contentieux sur les emprunts russes.

En , il est nommé ambassadeur en Allemagne[9]. Il installe la nouvelle ambassade de France sur la Pariser Platz à Berlin, inaugurée par Jacques Chirac le . En 2006, il se voit conférer la dignité d’ambassadeur de France[10].

Au terme d’un séjour d'une durée remarquable de neuf ans[11] - [12], il quitte l’Allemagne, le , pour être nommé conseiller-maître à la Cour des comptes.

Parallèlement[13], il conserve une mission de réflexion au Quai d’Orsay. Il siège en 2008 dans la commission instituée par Bernard Kouchner. Il est nommé président du conseil des affaires étrangères, en remplacement de Dominique Girard en 2009[14], jusqu'en 2012[15] avant de prendre sa retraite.

Ses mĂ©moires, La diplomatie n'est pas un dĂ®ner de gala[16], sont saluĂ©es par les mĂ©dias. L'Obs les classe ainsi parmi « les ouvrages qui sortent du lot, qui font Ĺ“uvre historique et analytique utile Â»[17]. Le livre obtient le Prix Saint-Simon 2018[18] - [19]. Il s'y montre très critique Ă  l'Ă©gard de ce qu'il nomme le « lobby taĂŻwanais », Ă©crivant faussement que TaĂŻwan est encore une dictature en 1989 au lendemain des « manifestations de la place Tian'anmen » rĂ©primĂ©es par le gouvernement de la RPC alors que le processus de dĂ©mocratisation a commencĂ© dans l'archipel rival de la Chine dirigĂ©e par le Parti communiste[20].

Vie privée

L'Ă©pouse de Claude Martin, Feifei, est d'origine chinoise[21] - [1]

Ĺ’uvre

  • La diplomatie n'est pas un dĂ®ner de gala : MĂ©moires d'un ambassadeur Paris-PĂ©kin-Berlin, La Tour-d'Aigues, Nouvelles Ă©ditions de l'Aube, coll. « Monde en cours », , 946 p. (ISBN 978-2-8159-2762-8)[22] - [23]
  • Quand je pense Ă  l’Allemagne, la nuit. MĂ©moires d’un ambassadeur, Éditions de l’Ambe. 22 mars 2023, 936p ( ISBN : 978-2-8159-4817-3)

Distinctions

Bibliographie

  • Abendland und Morgenland: der Dialog der Kulturen in Geschichte und Gegenwart (Claude Martin, avec Helwig Schmidt-Glintzer et Dominik von König), Harrassowitz, 2008 (ISBN 978-3-4470-5681-6)
  • Pierre-Jean Remy, La Chine : Journal de PĂ©kin (1963-2008), Odile Jacob, 2008 (ISBN 978-2-7381-2195-0) (Claude Martin est un des personnages rĂ©currents de cet ouvrage)

Notes et références

  1. Éléonore Sas, Alix Lafaye, Léa Lautrette, Caroline Robin, « Claude Martin : Les Ors de la République et le Petit Livre rouge », sur Festival international du film d'histoire de Pessac,
  2. Arnaud Vaulerin, « Quand Paris cédait aux Khmers rouges », sur liberation.fr,
  3. « Le jour où la France céda aux Khmers rouges », sur LExpress.fr, (consulté le )
  4. « Acte final de la Conférence de Paris sur le Cambodge », sur Wikisource,
  5. Guy Sorman, « Claude Martin, cet ambassadeur qui a tout vu de la Chine », sur Le Point, Le Point, (consulté le )
  6. « Liste des ambassadeurs de France en Chine »
  7. Alexandra Schwartzbrod et Karl Laske, « Un feuilleton diplomatico-financier entre France et Chine. À l'origine de l'affaire, la vente d'armes françaises à Taiwan. Récit des négociations en coulisses. », sur Libération,
  8. « Un feuilleton diplomatico-financier entre France et Chine. A l'origine de l'affaire, la vente d'armes françaises à Taiwan. Récit des négociations en coulisses. », sur Libération.fr, (consulté le )
  9. A. BA., « Sarkozy lance la ronde des ambassadeurs », sur FIGARO, Le Figaro, (consultĂ© le ) : « Ă€ Berlin depuis 1999, un record, Claude Martin devrait quitter son poste en septembre prochain. »
  10. Décret du 2 octobre 2006 élevant à la dignité d'ambassadeur de France un ministre plénipotentiaire hors classe
  11. (de) « Botschafter feiern ihren Abschied », sur Berliner Morgenpost,
  12. (de) Eva Dorothée Schmid, « Claude Martin feiert Abschied », sur Berliner Zeitung,
  13. [Einen Abend zuvor hatte Claude Martin seinen Abschied gefeiert, der auf seinen 63. Geburtstag fiel. Dazu kamen unter anderen Schauspieler Bruno Ganz (den Martin erst kürzlich zum Ritter der französischen Ehrenlegion schlug), Ex-Bundesaußenminister Hans-Dietrich Genscher, Célia Gräfin Bismarck, Russlands Botschafter Vladimir Kotenev und Ex-Kulturstaatsministerin Christina Weiss mit ihrem Ehemann Hans-Joachim Gante.] Franziska Von Mutius, « Leute von Welt: Sir Peter Torry wird Berater, Claude Martin zieht nach Paris », Welt Print,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Arrêté du 20 novembre 2009 portant nomination au conseil des affaires étrangères (lire en ligne)
  15. « La Chine est éveillée », sur SudOuest.fr (consulté le )
  16. Jean-Noël Jeanneney, « Souvenirs de diplomate », L'Histoire n°456, février 2019, p. 28-29.
  17. « "La diplomatie n’est pas un dîner de gala" : mémoires franco-chinois sans gants », sur L'Obs (consulté le )
  18. Politique Etrangère, « La diplomatie n’est pas un dîner de gala », (consulté le )
  19. La-Croix.com, « La diplomatie n’est pas un dîner de gala, Claude Martin », sur La Croix, (consulté le )
  20. Claude Martin, La diplomatie n’est pas un dîner de gala, éditions de l'Aube, 2018
  21. Extrait de l'ouvrage de Pierre-Jean Remy, Villa Médicis : Journal de Rome, 2008 : « En fin de soirée, Claude Martin débarque avec son épouse, Feifei. Ils étaient fiancés depuis des siècles, c'est cette belle et longue Chinoise qu'il a fait sortir... »
  22. Pascal Boniface, « « La diplomatie n'est pas un dîner de gala » - 3 questions à Claude Martin », sur Mediapart,
  23. Frédéric Lemaître, « Un ambassadeur aux amours déçues : Dans « La diplomatie n’est pas un dîner de gala », Claude Martin revient sur son expérience de diplomate. », sur Le Monde,
  24. Décret du 29 mars 2002 portant promotion et nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur JORF n°77 du 31 mars 2002 page 5702
  25. « La fête des livres et le prix Saint-Simon : Diplomatie et littérature à la Fête des Livres »,
  26. Le prix Jacques-de-Fouchier
  27. Le prix François-Mauriac

Liens externes

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