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Cinéma gore

Le gore est un sous-genre cinématographique du cinéma d'horreur, caractérisé par des scènes extrêmement sanglantes et très explicites dont l'objectif est d'inspirer au spectateur le dégoût, la peur, le divertissement ou le rire.

Participantes Ă  une zombie walk avec des maquillages gore, pendant le festival de Cannes 2013.

Origine du terme

L’orthographe du mot gore telle que nous la connaissons actuellement remonterait au XIIe siècle. Diverses étymologies du mot sont proposées selon les langues :

  • en ancien anglais gor dĂ©signe la saletĂ© ;
  • en ancien allemand gyre dĂ©signe la mĂŞme chose ;
  • en ancien islandais gor dĂ©signe une substance visqueuse ;
  • en ancien hollandais goor dĂ©signe dĂ©goĂ»tant, miteux, minable ;
  • en anglais moderne, le mot gore dĂ©signe le sang.

Origines du cinéma gore

Le cinéma gore tire ses racines esthétiques du théâtre du Grand Guignol, qui présentait des spectacles sanglants et réalistes. En 1908, le Grand Guignol débarque en Angleterre, mais en raison de la plus grande censure de l'art en Grande-Bretagne, il privilégie un ton plus gothique et moins sanglant que son modèle.

La première apparition de mutilation réaliste du corps humain dans le cinéma remonte vraisemblablement à Intolérance de D. W. Griffith (1916), qui comporte plusieurs scènes grand-guignolesques tels que deux décapitations à l'écran ou qu'une lance pénétrant lentement l'abdomen nu d'un soldat, le sang s'écoulant abondamment de la blessure. Par la suite, Griffith et son contemporain Cecil B. DeMille mirent en scène des carnages réalistes.

Au début des années 1920, un certain nombre de scandales très médiatisés, tel celui de l'affaire Roscoe Arbuckle, secouèrent Hollywood. Il fut alors décidé que le cinéma devait prôner la décence. À cet effet, un code de production, le Code Hays, fixant ce qui pouvait être montré à l'écran fut créé. Ce code censura, entre autres, le gore et il fallut attendre presque cinquante ans avant que sang et carnage ne fassent leurs réapparitions.

Dans le cinéma, le gore est lié au genre créé par l'Américain Herschell Gordon Lewis « le père du gore » en 1963, dont les films Blood Feast et 2000 Maniacs sont les plus connus. Dans une lettre envoyée à Jean-Claude Romer, alors rédacteur en chef du magazine Midi-Minuit fantastique, le producteur du film David F. Friedman décrit Blood Feast comme « le premier film américain blood and gore ». Herschell Gordon Lewis est depuis considéré comme le père du cinéma gore. L'engouement populaire pour le film permet l'essor du genre.

Dès les années 1970, le terme gore est utilisé pour désigner ce sous-genre du cinéma d'horreur. À partir des années 1980, le terme gore disparaît du langage anglo-saxon pour laisser place aux splatters, mais il reste d’actualité encore aujourd’hui dans le langage francophone. Un grand nombre de films peuvent être classés gore dans les années 1970 et 1980. On peut même considérer cette époque comme l'âge d'or du gore. Les Italiens se démarquent particulièrement avec des réalisateurs tels que Lucio Fulci (L'Au-delà), Ruggero Deodato (Cannibal Holocaust) et Umberto Lenzi (Cannibal Ferox).

Caractérisation du cinéma gore

Le gore est un genre de cinéma d'horreur très basique en termes de violence, et particulièrement explicite. Il se caractérise par des effusions de sang sans limite : membres arrachés, corps éviscérés… Rien n'est suggéré, tout est montré. On peut toutefois distinguer deux types de films gore :

Les films gore « sérieux »

Les films gore « sĂ©rieux Â» ont pour but premier de choquer le spectateur, de le dĂ©goĂ»ter de ce qu'il voit Ă  l'Ă©cran, de l'inciter Ă  se questionner sur le film. Ils sont parfois de type Slasher, mais poussant la violence jusqu'Ă  ses derniers retranchements. Contrairement Ă  un film comme Vendredi 13, qui ne montre que très brièvement les effets de l'attaque du meurtrier sur la victime et oĂą le but est avant tout la peur, le film gore s'attarde sur la blessure jusqu'Ă  montrer des scènes de torture ou de mutilation des corps en gros plan, la violence des films Ă©tant Ă©gale au sadisme des bourreaux. On observe d'ailleurs souvent une inversion des rĂ´les dans les films gore « sĂ©rieux » : les spectateurs peuvent en effet s'identifier au personnage qui commet les atrocitĂ©s car il s'agit souvent d'un ĂŞtre humain comme lui, parfois avec des raisons de tuer (comme un traumatisme d'enfance, ou une haine profonde envers l'ĂŞtre humain), poussant le spectateur Ă  se demander si lui aussi, il aurait agi ainsi, autant Ă  la place des victimes qu'Ă  celle du tueur.

D'après l'ethnologue quĂ©bĂ©coise Martine Roberge du dĂ©partement d'histoire de l'universitĂ© Laval Ă  QuĂ©bec, le gore des films d'horreur « […] est une manifestation parmi tant d'autres de la violence ambiante, tant dans la fiction que dans la vraie vie ». Les films gore utilisent un scĂ©nario souvent mince, une histoire peu crĂ©dible, des personnages « typĂ©s Ă  outrance Â» et beaucoup de sang[1]. Selon elle, la « transcription symbolique et allĂ©gorique de sentiments barbares des films d'horreur a ceci de bon […] qu'elle nous incite Ă  rĂ©flĂ©chir sur nos propres agissements. Apprivoisant nos dĂ©mons intĂ©rieurs, [ces films] nous troublent et nous fascinent tout Ă  la fois. Ils nous aident Ă  rĂ©gler nos conflits et passer Ă  travers notre propre vie, dont nous sommes nĂ©cessairement les hĂ©ros. »

Les films gore « comiques Â» (ou parodiques)

Contrairement aux films gore « sérieux », les films gore comiques ne veulent pas forcément choquer. Au contraire, ils souhaitent banaliser les morts « au cinéma » en usant d'humour noir et de burlesque pour faire rire les gens aux dépens de personnages se faisant massacrer. La plupart de ces films usent des clichés inhérents aux films d'horreur, ou d'autres genres, en jouant sur l'héroïsme exagéré (ou carrément absent) du personnage principal et/ou en exagérant les traits classiques du méchant, lui donnant un but ridicule et des attributs caricaturaux. Nombre des films de ce genre sont volontairement mal réalisés, usant d'effets spéciaux grotesques et dépassés pour susciter le ridicule. Parmi les réalisateurs adeptes de ce genre, Lloyd Kaufman, patron de la Troma, s'est fait spécialiste des films burlesques mais gores, comme The Toxic Avenger (1985). Braindead de Peter Jackson (1992) est le film ayant nécessité le plus de faux sang (jusqu'en 2010 où il sera battu par Piranha 3D) : il comporte des scènes grotesques avec des effusions de sang exagérées et très peu réalistes.

Autres genres de films comportant des scènes gores

Certains films comportent seulement quelques scènes gores. Il s'agit le plus souvent de films d'action oĂą le gore reprĂ©sente le rĂ©alisme de la guerre ou des fusillades (par exemple dans John Rambo), au contraire des films d'actions tout public oĂą les morts sont banalisĂ©es en de simples corps inertes. Il peut s'agir aussi de films comme RoboCop, A History of Violence ou encore Audition, oĂą la violence des scènes est utile pour montrer la souffrance des personnages et/ou la violence des actes, des vengeances. Dans tous les cas, les scènes gores dans d'autres films ont le mĂŞme but que dans les films gore dit « sĂ©rieux Â» : choquer le spectateur, et le confronter Ă  la rĂ©alitĂ© des faits de la manière la plus brutale.

Liste de films à caractère gore

Voir : Catégorie:Film gore

Quelques maîtres du cinéma gore (où qui ont réalisé des films gores majeurs) : Quentin Tarentino, Lucio Fulci, Jesús Franco, Joe D'Amato, George A. Romero, Herschell Gordon Lewis, Brian Yuzna, Peter Jackson, Heiko Fipper, Andreas Schnaas, Umberto Lenzi, Alexandre Aja, Takashi Miike, Sam Raimi, Lucifer Valentine…

Notes et références

  1. Les Invasions barbares par Renée Larochelle; disponible à http://www.scom.ulaval.ca/Au.fil.des.evenements/2006/01.19/gore.html.

Voir aussi

Bibliographie

  • Florent Christol, « Le gore, modalitĂ© virale du cinĂ©ma hollywoodien », CinĂ©mas, vol. 20, nos 2-3,‎ , p. 97-117 (lire en ligne)
  • FrĂ©dĂ©ric Delmeulle, « Des corps qui ne souffrent pas : CinĂ©ma gore et avatars du mort-vivant », SociĂ©tĂ©s & ReprĂ©sentations, no 2,‎ , p. 159-171 (lire en ligne)
  • Philippe Rouyer, Le CinĂ©ma gore, une esthĂ©tique du sang, Le Cerf, , 258 p. (ISBN 978-2204057875)

Liens externes

  • (fr) Oh My Gore !
  • (fr) Mad Movies
  • (fr) [Didelot David, Gore, dissection d'une collection, Artus film Ă©ditions, 2014]
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