Cinéma Saint-Denis
Le cinĂ©ma Saint-Denis est un cinĂ©ma du 4e arrondissement de la ville de Lyon, en France. C'est aujourd'hui le dernier cinĂ©ma de quartier du plateau de la Croix-Rousse. Et lâun des deux seuls cinĂ©mas de Lyon intra-muros, avec le Bellecombe[1], Ă ĂȘtre gĂ©rĂ© exclusivement par des bĂ©nĂ©voles.
Type | cinéma |
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Lieu | Lyon |
CoordonnĂ©es | 45° 46âČ 48âł nord, 4° 49âČ 55âł est |
Inauguration | 1920 |
Nb. de salles | 1 |
Capacité | 237 |
Réseau | cinéma d'art et d'éssai (depuis 1985) et G.R.A.C. |
Format de projection | 3D depuis 2010 |
Format de son | DTS, Dolby SRD |
Direction | René Salsa |
En 2020, le cinĂ©ma Saint Denis fĂȘtait ses 100 ans[2]. Ce qui devait constituer un Ă©vĂ©nement marquant de lâannĂ©e (projections de 10 films emblĂ©matiques des 10 dĂ©cennies Ă©coulĂ©es, nuit de la science-fiction, journĂ©es enfants, journĂ©e anniversaire avec projection en plein air du film Jour de FĂȘte de Jacques Tati) fut grandement perturbĂ© par la pandĂ©mie de Covid-19, entrainant notamment la fermeture de la salle pour plusieurs mois. Depuis, fort de son Ă©quipe de bĂ©nĂ©voles, la salle a rĂ©-ouvert et retrouve progressivement ses niveaux de frĂ©quentation antĂ©rieurs.
Le cinéma
Il est situĂ© au numĂ©ro 77 Grande rue de la Croix-Rousse, au cĆur du quartier de la Croix-Rousse, au terme dâune impasse piĂ©tonne de quelques dizaines de mĂštres. LâentrĂ©e de la salle sâouvre en vis-Ă -vis dâun bar proposant boissons chaudes et froides, friandises et cĂŽnes glacĂ©s.
Ce cinéma n'est composé que d'une salle de 237 fauteuils[3] et fait partie du réseau de salles de cinéma Art et Essai depuis 1995[4]. Il est également membre du Groupement régional d'actions cinématographiques (G.R.A.C.)
Le CiFa Saint-Denis est équipé avec la technologie du Cinéma en relief (3D), et systÚme Digital Theater System (D.T.S.) Dolby Digital S.R.D pour le son. Il est équipé pour accueillir les personnes à mobilité réduite et les personnes malvoyantes et malentendantes depuis 2013.
LâĂ©cran est cachĂ© par un rideau de velours rouge qui se replie automatiquement au moment de la projection.
Le cinéma fait le choix de la qualité des films projetés. Il a un partenariat avec L'Agence du court métrage avec une diffusion d'un court-métrage avant l'entracte (avec vente de friandises par les ouvreurs) et le début du film.
C'est dans le Saint Denis qu'ont lieu les représentations de l'Atelier Théatre du Groupe Scolaire Saint Denis, situé juste à cÎté. Il accueille aussi la présentation des courts-métrages de l'option cinéma du Lycée de Saint-Just, et également les courts-métrages du festival J Court. Il est adhérent au programme du Centre national du cinéma et de l'image animée (C.N.C.), collÚgiens au cinéma et lycéens au cinéma[4].
Par ailleurs, le dĂ©veloppement des technologies numĂ©riques a permis Ă partir de 2010 de remplacer lâaffichage papier par un affichage dynamique, dâabord Ă cĂŽtĂ© de la caisse, puis sur la rue. En septembre 2017 une caisse informatisĂ©e a Ă©tĂ© installĂ©e avec de nouveaux billets, puis de nouvelles cartes dâabonnement magnĂ©tiques lâannĂ©e suivante, diminuant le temps dâattente et facilitant le travail des caissiĂšres et caissiers. Le Saint Denis accepte maintenant les paiements dĂ©matĂ©rialisĂ©s grĂące Ă un terminal de carte bancaire et il sâest Ă©quipĂ© pour accueillir les lycĂ©ens titulaires dâun Pass Culture ou dâun Pass RĂ©gion.
Le cinéma est le lieu d'un meurtre dans la série télévisée policiÚre lyonnaise Cherif dans l'épisode la derniÚre séance, 8e épisode de la saison 4, diffusé en 2017.
Lâassociation du cinĂ©ma Saint-Denis
Une cinquantaine de personnes, toutes bénévoles de l'association, se relaient pour continuer de faire vivre ce lieu emblématique du plateau de La Croix-Rousse. Le renouvellement des membres est permanent et les nouvelles candidatures sont vivement encouragées[5].
Neuf équipes assurent les différentes séances de projection. Chaque équipe est composée de cinq membres : chef de salle, projectionniste, caissier et 2 ouvreurs.
Lâassociation est dirigĂ©e par un comitĂ© dâadministration de 10 membres Ă©lus pour trois ans et renouvelĂ©s en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale. Le prĂ©sident actuel est RenĂ© Salsa, rĂ©guliĂšrement rĂ©Ă©lu depuis 1998.
Les séances
Le cinéma propose une dizaine de séances, permettant de projeter entre 3 et 4 films différents chaque semaine répartis entre le lundi 20h30, le mardi 20h30, le jeudi 20h30, le vendredi 14h30, 18h15 et 20h30, le samedi 15h00, 17h30 et 20h30 et le dimanche 14h30 et 17h00[6].
Pour le moment, le cinĂ©ma fait relĂąche le mercredi mais une rĂ©flexion est engagĂ©e pour crĂ©er une nouvelle sĂ©ance ce jour afin de programmer des films traitant de thĂ©matiques Ă dĂ©fendre (Ă©cologie, migrants...) ; ou Ă empreintes locales (cinĂ©ma et gastronomie, films tournĂ©s Ă Lyon, sĂ©ances dĂ©localisĂ©es d'Ă©vĂ©nements lyonnais (nuits de FourviĂšre, nuits sonores, biennales ...) ; ou appartenant Ă des genres cinĂ©matographiques peu diffusĂ©s au St-Denis (cinĂ©ma bis, mangas...), etcâŠ
Histoire du cinéma Saint Denis [7]
Le cinéma muet au Saint-Denis
C'est en 1920 que l'abbĂ© Clapot crĂ©e le Saint-Denis-Palace, mĂȘme si une projection avait eu lieu sur la cour tout Ă cĂŽtĂ© en juillet 1919, sĂ©ance annoncĂ©e dans le bulletin paroissial de lâĂ©poque :
« La FĂȘte du Retour, une FĂȘte de famille sur les terrasses du 77 grande rue de la Croix-Rousse, pour le dimanche 6 juillet, de 3h Ă 6h. Sont invitĂ©s tous les soldats de la Grande Guerre, leurs familles et tous les paroissiens de St-Denis-la-Croix-Rousse. Il est prĂ©vu Ă cette occasion : nombreuses attractions, jeux variĂ©s, cibles inĂ©dites, cinĂ©ma, Guignol, etc ... pour lâamusement des enfants et la joie des parents»[7].
La premiĂšre fois oĂč lâon Ă©voque toutefois son existence comme cinĂ©ma de Saint-Denis remonte au bulletin paroissial de dĂ©cembre de 1920 :
« NOTRE CINEMA (Saint Denis Palace) 77 grande rue de la Croix-Rousse,
Le 1er janvier (1921), à 3 heures, en matinée de gala pour Familles :
ESTHER
Grand drame biblique »[7].
Durant cette premiĂšre dĂ©cennie d'existence, le cinĂ©ma propose uniquement des films muets et courts. Les sons sont produits par des musiciens ; pianiste, chanteurs, petit ensemble de chambre, trĂšs grand orchestre pour les salles de prestige, sans oublier lâinstrument affectionnĂ© par les salles amĂ©ricaines : lâorgue Wurlitzer, munie de jeu « Ă effets » pour certains bruitages. Et parfois Ă cela sâajoutent des bonimenteurs qui racontent, commentent l'action, la situent dans l'espace et le temps, prĂȘtent leur voix aux acteurs, rĂ©vĂšlent leurs pensĂ©es, leurs sentiments. Les projections du Saint Denis sont parfois accompagnĂ©e par des musiciens (de la paroisse)[7].
DĂ©jĂ Ă cette Ă©poque, le cinĂ©ma fait face Ă des contraintes : trouver des films moralement corrects (le cinĂ©ma est paroissial et se doit de montrer des films de bonnes mĆurs), et rentabiliser les projections pour assurer la pĂ©rennitĂ© du cinĂ©ma Saint-Denis.
« En effet, Ă cette Ă©poque la billetterie nâexistait pas. Les recettes provenaient de la quĂȘte faite Ă chaque sĂ©ance, et du prix de la « Carte de famille » exigĂ©e pour chaque famille pour la soirĂ©e de famille, le dimanche soir. Devant cette contrainte de rentabilitĂ©, on a mĂȘme fait appel, en dĂ©cembre 1929, à « la gĂ©nĂ©rositĂ© des enfants »[7].
Le cinéma parlant au Saint-Denis
Comme tous les cinĂ©mas de lâĂ©poque, lâarrivĂ©e du cinĂ©ma parlant va marquer un virage pour le Saint Denis. MĂȘme si des procĂ©dĂ©s de cinĂ©ma sonore existent presque depuis le dĂ©but du cinĂ©ma, des difficultĂ©s lâempĂȘchent inĂ©vitablement dâopĂ©rer dans les salles : difficultĂ© de la synchronisation entre deux supports diffĂ©rents (pellicule et disque ou cylindre), qualitĂ© mĂ©diocre de la restitution de beaucoup de timbres instrumentaux, et surtout la faible portĂ©e acoustique du systĂšme de diffusion (lâamplification Ă©lectrique nâexistait pas).
Câest en 1927, avec le procĂ©dĂ© du Vitaphone dans lequel la firme amĂ©ricaine homonyme a investi tout son capital, mais aussi avec la projection triomphale de The Jazz Singer (Le Chanteur de Jazz) dâAlan Crossland utilisant ce procĂ©dĂ©, que le cinĂ©ma se lance dans le sonore.
Lâinvention fait rapidement le tour de la planĂšte et nâĂ©pargne pas Lyon et ses cinĂ©mas qui se dotent tous dâĂ©quipements pour films parlants de 1930 Ă 1933.
Câest le 14 janvier 1933 que le Saint Denis fait sa premiĂšre projection sonorisĂ©e :
« Il parlera... dĂšs le 14 janvier notre salle paroissiale dâĆuvres sera Ă©quipĂ©e en cinĂ©ma parlant. »[7]
« FAIRE â PART
Vous ĂȘtes invitĂ©s Ă lâenterrement du « CinĂ©ma muet » qui aura lieu Ă la salle du cercle le 8 janvier Ă 20 heures. »[7]
Le Saint Denis ne pouvait plus se permettre dâattendre, le cinĂ©ma Chanteclair, - un cinĂ©ma croix-roussien maintenant fermĂ© et transformĂ© en cafĂ© - ouvre la mĂȘme annĂ©e et sa devise « parle et chante clair » ne laisse pas de doute sur les technologies dont il dispose.
Le cinéma parlant rencontre un vif succÚs, et le cinéma Saint Denis alors seulement ouvert aux familles de la paroisse et aux enfants du Patronage, devient tout public en 1936.
Une 3Ăšme sĂ©ance hebdomadaire est dâailleurs crĂ©Ă©e pour rĂ©pondre Ă la demande et en mĂȘme temps le directeur se voit « dans lâobligation de demander aux spectateurs de ne pas venir voir deux fois le mĂȘme film pour laisser la place aux autres »[7]. Une sĂ©ance en plus permet non seulement de rĂ©pondre Ă lâappĂ©tit dĂ©vorant des paroissiens qui veulent voir de plus en plus de films mais Ă©galement Ă un besoin de rentabilitĂ©, les films sont payĂ©s au forfait sans tenir compte du nombre de spectateurs.
Le cinéma Saint Denis et la seconde guerre mondiale
La seconde Guerre Mondiale Ă©branle le monde entier, et le cinĂ©ma Saint Denis n'est pas Ă©pargnĂ©. Il se voit impactĂ© tant dans son fonctionnement (moins de bulletins car le papier est rationnĂ©), que dans sa programmation. Une fois lâenvahissement de la zone libre par les armĂ©es allemandes en novembre 1942, tous les films anglo-saxons sont interdits.
Mais Ă©galement par la politique du gouvernement de Vichy qui crĂ©e le COIC (ComitĂ© dâorganisation de lâindustrie cinĂ©matographique) par un dĂ©cret du 2 dĂ©cembre 1940, aux fins de normaliser la production cinĂ©matographique et de la contrĂŽler. En adĂ©quation avec les mesures du rĂ©gime de Vichy, le COIC a pour but dâĂ©carter les juifs des activitĂ©s relatives au cinĂ©ma et aux professions dramatiques : « les juifs ne peuvent tenir un emploi artistique dans des reprĂ©sentations thĂ©Ăątrales, dans des films cinĂ©matographiques ou dans des spectacles quelconques, ou donner des concerts vocaux ou instrumentaux ou y participer... »[8].
Le COIC fait passer un certain nombre de dĂ©cisions : l'instauration de la carte professionnelle, l'interdiction du double programme, qui favorise la production du court-mĂ©trage ainsi que des autorisations dâexercice. Chaque cinĂ©ma doit se dĂ©clarer et obtenir une autorisation, et se voit contrĂŽler rigoureusement tant dans les recettes, la billetterie que la programmation.
« Le cinĂ©ma St Denis qui, jusquâalors en tant que salle dâĆuvre paroissiale, se considĂ©rait et Ă©tait considĂ©rĂ© comme « salle non commerciale », avec ses sĂ©ances essentiellement privĂ©es, et des formes de recettes atypiques (quĂȘteâŠ) et donc exclues des obligations de lâexploitation cinĂ©matographique commerciale, va devoir, comme toutes les autres salles paroissiales, se conformer Ă la nouvelle rĂšglementation, identique pour tous les cinĂ©mas.[7] »
Saint Denis, cinéma paroissial et ses restrictions de projection
Le cinĂ©ma Saint Denis est un cinĂ©ma Ă lâorigine paroissiale, et ce jusque dans les annĂ©es 80 avec depuis son ouverture des hommes dâĂ©glise qui en assurent la direction (abbĂ©s, prĂȘtres, vicaires). La programmation correspond donc Ă la volontĂ© du diocĂšse de proposer des films Ă haute valeur morale pour Ă©duquer les enfants de la paroisse.
Au dĂ©part, les milieux catholiques français ont entretenu une posture de dĂ©fiance Ă l'Ă©gard du cinĂ©ma, mais lâutilisation des projections lumineuses pour «lâenseignement populaire de toutes les sciences et la propagation de la foi[9] » existe depuis les annĂ©es 1870 et les projections de films viennent parfaitement sâinsĂ©rer dans ce dispositif, le prĂȘche prĂ©cĂ©dant ou accompagnant souvent la projection. Ces vues fixes et animĂ©es sont encouragĂ©es ; la revue catholique Le Fascinateur en loue « les bons rĂ©sultats [que] donne la projection pour lâenseignement du catĂ©chisme aux enfants et pour jeter dans les Ămes la âvĂ©ritĂ© lumineuseâ [10]».
DĂšs 1908, une vĂ©ritable distribution de films pour les paroisses se met en place et les sĂ©ances se voient scindĂ©es en deux parties, un premier temps de catĂ©chisme oĂč lâon prĂ©sente principalement des images fixes, sujets Ă©difiants commentĂ©s par le clergĂ© (La vie dâune famille chrĂ©tienne, Divine enfance de JĂ©susâŠ) puis des films burlesques trĂšs courts, Ă©galement commentĂ©s. Il ne sâagit pas lĂ de parole Ă©ducative mais de visionnage destinĂ© Ă divertir, amuser le public aprĂšs les efforts de concentration de la premiĂšre partie.
Le nombre de films Ă caractĂšre religieux reste limitĂ© du fait des prix des vues animĂ©es au dĂ©but, mais va augmenter par la suite. Les cinĂ©mas paroissiaux ne vont donc pas seulement passer des films religieux, mais dâautres approuvĂ©s par le clergĂ© et parfois un peu raccourcis pour ne pas faire atteinte aux bonnes mĆurs. Ils proposent un choix de films « grand public » ne prĂ©sentant aucune intrigue que la morale (catholique) rĂ©prouve. Aux Ătats-Unis, on retrouve des groupes de pression (catholiques) qui poussent les studios hollywoodiens Ă mettre en place un Code dâautocensure, le « Production Code » (connu sous le nom de code Hays) qui sera appliquĂ© de façon assez stricte entre 1934 et la fin des annĂ©es 1950 pour produire des films moralement corrects.
C'est vĂ©ritablement au milieu des annĂ©es 1920 que les premiĂšres initiatives pour rapprocher l'Eglise du cinĂ©ma apparaissent, dans l'esprit d'apostolat social prĂŽnĂ© par le pape Pie XI. Pour reconquĂ©rir l'adhĂ©sion des masses, les moyens modernes de communication - et en premier lieu le cinĂ©ma - ne doivent plus ĂȘtre nĂ©gligĂ©s, et les catholiques doivent mĂȘme s'en saisir comme d'une arme[11]. Le cinĂ©ma devient, avec la fondation en 1927 de la Centrale catholique du cinĂ©ma, une prĂ©occupation de la pastorale, relayĂ©e en 1932 par la revue mensuelle de critique, Choisir, qui compte jusquâĂ 50 000 abonnĂ©s en 1940[12].
Avec lâaugmentation du nombre de cinĂ©mas paroissiaux en France, il est impossible de ne pas comprendre le rĂŽle important de ce cinĂ©ma de bonnes mĆurs pour lâĂ©glise auprĂšs des foules. En effet, en mai 1931 ils sont vingt et un cinĂ©mas paroissiaux recensĂ©s Ă Lyon et dans les autres communes de lâagglomĂ©ration lyonnaise[13]âŻ.
La programmation des salles de cinéma devient une préoccupation majeure pour les animateurs de ces salles, essentiellement les curés des paroisses et les quelques bénévoles qui les entourent. Ainsi, dÚs sa réception et avant son passage en salle, le film est visionné par un groupe de personnes locales choisies à cet effet pour décider si on le diffuse in extenso ou si on coupe certains passages.
Pour aider les paroisses et curĂ©s Ă choisir quel film diffuser, des « Cotes morales » vont apparaitre, dâabord promulguĂ©es par les instances diocĂ©saines de chaque rĂ©gion puis par la Centrale Catholique du CinĂ©ma qui Ă©ditera des cotes valables pour la France entiĂšre.
Le Saint Denis nâĂ©chappe pas Ă ces cotes morales, et dĂšs 1934 le bulletin paroissial de Saint Denis attirait lâattention des fidĂšles Ă ce propos[7] :
" Nous croyons faire Ćuvre utile en inaugurant avec ce bulletin une chronique du cinĂ©ma. Ainsi les familles seront renseignĂ©es sur la valeur morale des films et ne sâexposeront pas Ă aller assister Ă des spectacles que tous les honnĂȘtes gens devraient proscrire.
SĂ©ries P et S : Films pouvant passer dans les patronages des salles dâĆuvres :
Petit Poucet fait fortune â Les beaux sites dâIrlande â Les oiseaux merveilleux â Lâenfer de lâAlaskaâŠ
SĂ©rie T : Ces films ne peuvent guĂšre passer dans les salles dâĆuvres, mais on peut gĂ©nĂ©ralement les voir en famille :
LâInvincible Mathurin â Le club des casse-cou â PĂȘcheurs dâIslandeâŠ
SĂ©rie R : Films rĂ©servĂ©s aux personnes formĂ©es, mais Ă peu prĂšs inoffensifs, quelquefois mĂȘme bienfaisants :
Anaconda â Le tombeur â Les MisĂ©rables â Grande dame dâun jour. Et films nettement rĂ©servĂ©s : La rue sans nom â A lâassaut du ciel â La chĂątelaine du Liban â LĂ©opold le bien aimĂ©âŠ
Série L : films dangereux ou inquiétants :
Courrez votre chance â NâĂ©pouse pas la fille â Une rencontreâŠ
SĂ©rie M : Le film est nettement Ă rejeter :
Qui a raison ? â La belle de nuit â Feu Toupinel⊠" [7]
Puis une fois lâapparition des cotes morales de la Centrale Catholique du CinĂ©ma (devenue un peu plus tard Office Catholique Français du CinĂ©ma) on retrouve une autre classification qui va sâassouplir peu aprĂšs 1970, avant de disparaitre complĂštement Ă la fin du XXĂšme siĂšcle.
Voici donc ci-aprĂšs les 6 cotes morales de la Centrale Catholique du CinĂ©ma. Jusquâen 1980, seuls les films des trois premiĂšres cotes pouvaient ĂȘtre projetĂ©s au cinĂ©ma Saint Denis:
" Cote 3 : Pour tous
Ces films, en gĂ©nĂ©ral, peuvent ĂȘtre vus par tout le monde, compris les enfants. Leur thĂšme est Ă tendance morale positive ou, du moins reste neutre. Les dĂ©tails non-Ă©ducatifs ne sont tolĂ©rĂ©s que lorsquâils sont dĂ»ment corrigĂ©s par le contexte, ou vraiment sans importance dans un ensemble sain.
Cote 3 bis : Pour familles
Les dĂ©tails sont de telle nature quâils ne puissent choquer les enfants, ou des adolescents normaux, Ă©duquĂ©s avec sagesse au foyer familial. Les toilettes et situations immodestes, ainsi que les manifestations de lâamour ne peuvent ĂȘtre de nature Ă troubler sĂ©rieusement les adolescents. Ils ne peuvent, en outre, inciter les jeunes, ni explicitement, ni implicitement, au mĂ©pris de lâautoritĂ© ou des lois morales et civiles.
Cote 4 : pour adultes
Vaste catĂ©gorie oĂč viennent se classer les films qui dĂ©crivent la vie telle quâelle est, avec ses tares, ses misĂšres, ses situations irrĂ©guliĂšres, toutefois celles-ci ne sont jamais positivement approuvĂ©es. Ces films sont caractĂ©risĂ©s par le fait que les Ă©lĂ©ments bons dominent ou que les Ă©lĂ©ments mauvais occasionnels nây sont jamais intolĂ©rables ; si bien quâĂ tout prendre, lâimpression dâensemble reste bonne, voire parfois rĂ©confortante, du moins Ă peu prĂšs inoffensive pour les adultes.
Les trois cĂŽtes suivantes Ă©taient interdites aux salles familiales.
Cote 4a : pour adultes avec réserves
Cette catĂ©gorie de films ne sera pas programmĂ©e dans les salles Ă caractĂšre familial. Ces films prĂ©sentent quelques bons Ă©lĂ©ments mais les Ă©lĂ©ments mauvais ne sont pas explicitement dĂ©sapprouvĂ©s et leur apprĂ©ciation ne dĂ©pend plus que du jugement du spectateur. Ils sâadressent donc Ă un public averti. 4a est une vĂ©ritable cĂŽte car il a semblĂ© indispensable de mettre dans une catĂ©gorie Ă part les films qui prĂ©sentent des rĂ©serves morales plus ou moins grandes, mais quâil ne convient pas de dĂ©conseiller formellement.
Cote 4 bis : à déconseiller
Sont placĂ©s dans cette catĂ©gorie les films qui ne peuvent que nuire Ă la gĂ©nĂ©ralitĂ© des adultes, soit Ă cause des tendances ou idĂ©es fausses, soit Ă cause dâĂ©lĂ©ments nettement contraires Ă la morale, soit encore en raison de leur atmosphĂšre dĂ©primante ou malsaine. Lâimpression dâensemble est fĂącheuse, sinon vraiment nocive, mĂȘme lorsquâelle est attĂ©nuĂ©e par lâambiance, le caractĂšre historique ou lâallure humoristique.
Cote 5 : Ă proscrire
Sont rangĂ©s dans cette catĂ©gorie les films prĂŽnant ouvertement des idĂ©es subversives, ou faisant â avec complaisance â Ă©talage de vices, de crimes ou dâune vie dĂ©rĂ©glĂ©e, sans que des Ă©lĂ©ments bons, de rĂ©elle valeur, viennent compenser. Par discipline chrĂ©tienne il est demandĂ© de sâabstenir. " [7]
Si la Centrale Catholique du CinĂ©ma interdisait formellement aux salles familiales les films cotĂ©s 4a, 4bis et 5, elle laissait toutefois le soin aux abbĂ©s directeurs la possibilitĂ© de couper dans les autres films les scĂšnes quâils jugeaient inconvenantes.
Rénovation et amélioration du cinéma aprÚs 1945
A la fin de la guerre, en 1945, de grands travaux de rĂ©novation de la salle sont entrepris par l'abbĂ© Dupasquier alors directeur du Saint Denis, avec notamment la crĂ©ation du balcon et dâun escalier pour accĂ©der Ă celui-ci. La rĂ©novation sâaccompagne dâune sĂ©ance supplĂ©mentaire qui porte Ă cinq le nombre de sĂ©ances hebdomadaires, contre deux seulement de 1920 Ă 1936.
Les annĂ©es suivantes, les travaux continuent ; on ajoute le chauffage central, on agrandit la cabine de projection, une enseigne lumineuse est installĂ©e sur la rue, une avant-scĂšne et une scĂšne sont construites pendant lâĂ©tĂ©Ì 1953, toujours en service aujourdâhui. Par la suite, en 1955, alors que le Saint-Denis devient CinĂ©ma Familial (Ci-Fa), il continue Ă Ă©voluer dans une recherche de toujours plus de confort : l'abbĂ© Lauzier, nouveau directeur, dĂ©cide dâajouter des fauteuils, de changer lâĂ©clairage, dâamĂ©liorer la projection avec de nouvelles lanternes pour les projecteurs et dâinstaller un Ă©cran panoramique. Cette annĂ©e marque aussi lâarrivĂ©e du CinĂ©mascope (un procĂ©dĂ© de projection large par anamorphose de l'image, lancĂ© en 1953). La dĂ©coration du cinĂ©ma est refaite et le cinĂ©ma St Denis est alors lâun des plus beaux de Lyon bien que constituĂ© toujours dâune seule salle.
Les modernisations, qui ne font quâaugmenter le confort des projections, la publicitĂ©Ì efficace qui se fait notamment par la distribution de prospectus, et la publication du programme dorĂ©navant dans le journal Le ProgrĂšs, puis par la suite dans LâEcho LibertĂ©Ì, vont continuer Ă doper la frĂ©quentation pour atteindre des chiffres encore inĂ©galĂ©s aujourdâhui. Ainsi, la saison 1956-1957, avec 68 592 entrĂ©es, est la plus performante de ces 100 ans et reste dĂ©tentrice aussi de la meilleure semaine avec 3 129 spectateurs venus du jeudi 27 dĂ©cembre 1956 au mardi 1er janvier 1957 [7].
Période creuse et départ de l'église de la direction du cinéma
LâannĂ©e 62 marque la fin de la prĂ©sence de lâĂ©glise Ă la direction du cinĂ©ma : en effet lâabbĂ© Cinquin alors directeur du cinĂ©ma depuis 59 sâen va vers un autre ministĂšre et son successeur ne peut assurer la double fonction de curĂ© de la paroisse et de directeur du cinĂ©ma. Câest donc un bĂ©nĂ©vole qui assure dĂ©sormais la direction et cela marque le dĂ©clin de lâinfluence de lâĂ©glise sur le cinĂ©ma Saint Denis bien que lâutilisation des cotes subsiste jusque dans les annĂ©es 70.
Si les annĂ©es dâaprĂšs-guerre ont constituĂ© un temps glorieux pour les salles de cinĂ©ma (les entrĂ©es entre 1947 et 1957 se sont presque toujours situĂ©es aux alentours de 400 millions, avec deux pointes, lâune Ă 423 millions en 1947, lâautre Ă 411 en 1957[14]) les entrĂ©es chutent Ă partir des annĂ©es 60 : de 395 millions en 1955 Ă 175 millions en 1980[14].
Le Saint Denis, bien que modernisĂ©, vivra les moments les plus difficiles de son existence avec une baisse drastique de sa frĂ©quentation : 23 705 spectateurs en 1970, puis Ă 8 716 en 1980 [7] . Toutefois, malgrĂ© lâouverture de nouvelles salles au CinĂ©ma Chanteclair, autre salle de cinĂ©ma du plateau croix-roussien, le Saint Denis tiendra bon en supprimant des sĂ©ances concurrencĂ©es par lâarrivĂ©e de la tĂ©lĂ©vision, et en prenant en compte lâĂ©volution du public pour adapter sa programmation. Les films fĂ©dĂ©rateurs et tout public se font de plus en plus rares. On les retrouve Ă la tĂ©lĂ©vision. En parallĂšle, il Ă©merge des amateurs de films sous lâinfluence de la Nouvelle Vague, qui sont plus exigeants et souhaitent des films dâArt et dâEssai. Le Saint Denis sâoriente vers cette programmation, en crĂ©ant en parallĂšle des sĂ©ances spĂ©ciales enfants et scolaires. Il est classĂ© pour la premiĂšre fois en 1995, dans la catĂ©gorie Art et Essai ; le CNC (Centre national de la cinĂ©matographie) reconnaissant ainsi la qualitĂ© de sa programmation diversifiĂ©e, ouverte Ă toutes les cinĂ©matographies Ă©trangĂšres dont les films sont prĂ©sentĂ©s en version originale sous-titrĂ©e.
à la suite de la fermeture du Chanteclair en juin 1985, le Saint Denis, désormais seul cinéma de la Croix-Rousse, réussit à reconquérir son public.
Le Cinéma Saint Denis au 21Úme siÚcle
Le passage Ă lâan 2000 est marquĂ© par une rĂ©novation totale de la salle. Sa capacitĂ©Ì d'accueil passe Ă 239 places, alors quâelle Ă©tait de 400 places dans les annĂ©es 50 et 60.
Pour ce qui est des nouvelles technologies, le cinĂ©ma fait lâacquisition en mars 2010 dâun projecteur numĂ©rique Christie, qui rend obsolĂšte la pellicule utilisĂ©e depuis les dĂ©buts du CinĂ©matographe LumiĂšre en 1895.
âCâest la plus grande rĂ©volution de lâexploitation cinĂ©matographique depuis lâarrivĂ©e du parlant. ArrivĂ©e dâabord au Festival de Cannes en 2002 pour Star Wars Ă©pisode II, de George Lucas, la projection numĂ©rique sâinstalle Ă Ì Lyon Ă partir de 2008, au PathĂ©Ì Vaise et Ă lâInstitut LumiĂšre. Et le St Denis sera donc parmi les premiers cinĂ©mas lyonnais Ă adopter cette technologie, comme il fut lâun des premiers en 1955 pour le CinĂ©mascope.[7] â
Pour ce qui est de lâautre grande nouveautĂ© du cinĂ©ma numĂ©rique : la 3D, elle sera Ă©galement inaugurĂ©e au cinĂ©ma Saint Denis avec lâAvatar de James Cameron. Lâapport des technologies se fait dans lâachat de nouveaux projecteurs, lâamĂ©lioration des qualitĂ©s de projection et dans lâaccueil des spectateurs grĂące Ă des caisses informatisĂ©es et des cartes dâabonnement magnĂ©tiques.
Avec la concurrence croissante des principaux multiplexes de l'agglomĂ©ration lyonnaise depuis 2010, le Saint-Denis sâefforce constamment d'innover pour trouver de nouveaux publics. La frĂ©quentation augmente. Elle passe de 38497 spectateurs pour 2000-2001 Ă 41329 pour 2010-2011. Un des facteurs premiers du retour du public est la diversification de la programmation : on passe gĂ©nĂ©ralement trois films par semaine, un film « grand public », un film pour le jeune public et un film Art et Essai. En 2010, viennent sâajouter Ă ces trois films hebdomadaires, des films de rĂ©pertoire le mardi soir, prĂ©cĂ©dĂ©s systĂ©matiquement dâune prĂ©sentation.
DĂ©jĂ tournĂ© vers les Ă©coles, le lien entre cinĂ©ma et Ă©ducation se resserre par lâaccueil en 1999 du dispositif « CollĂšge au CinĂ©ma » initiĂ© par le CNC et le MinistĂšre de lâEducation Nationale. Puis en 2004 « LycĂ©ens au CinĂ©ma » et enfin en 2013 « Ecole et CinĂ©ma », des programmes qui poussent les Ă©lĂšves de la maternelle Ă la terminale Ă frĂ©quenter le cinĂ©ma pour trois films par an.
Dans cette perspective de diversification, le cinĂ©ma monte plusieurs partenariats notamment avec : le ThĂ©Ăątre de la Croix-Rousse, lâInstitut LumiĂšre et des associations soucieuses dâĂ©cologie ou de qualitĂ©Ì de vie. Le cinĂ©ma organise des soirĂ©es dĂ©bat-cinĂ©ma, et accueille des rĂ©alisateurs de documentaires, des projections uniques et dâautres Ă©vĂšnements. Le Festival LumiĂšre est accueilli au cinĂ©ma Saint Denis, dĂšs sa premiĂšre Ă©dition en 2009.
En 2020, le Saint-Denis fĂȘte ses 100 ans. Pour commĂ©morer son anniversaire, Roger Sicaud, bĂ©nĂ©vole du Saint Denis et passionnĂ© de cinĂ©ma, publie: 100 ans d'histoire du cinĂ©ma Saint-Denis[7].
Cinéma Saint-Denis en chiffres
De 1950 a 2022, c'est plus de 2,6 millions de spectateurs qui sont venu assisté à des projections au Saint-Denis et plus de 5000 films projetés.
Parmi ces 5000 films, Ben Hur (6 953 entrées), La Belle et le Clochard (6 356 entrées), Les Dix Commandements (6 250 entrées), Blanche Neige et les Sept Nains (5 698 entrées), Cendrillon (5 541 entrées), Peter Pan (5 398 entrées ), Les 101 Dalmatiens (4 750 entrées), Bambi (4 364 entrées), Manon des Sources de 1952 par Marcel Pagnol (4127 entrées), Le Livre de la Jungle (4117 entrées) sont les dix films qui ont eu le plus de succÚs au Saint Denis[7].
Accessibilité
77 Grande rue de la Croix-Rousse, 69004, Lyon, France.
MĂ©tro : arrĂȘt HĂ©non
Bus : arrĂȘts JoannĂšs Ambre ou Pailleron (direction Grange Blanche), et Commandant Arnaud (direction Montessuy Gutemberg)
: arrĂȘt St Denis
448 arrĂȘt Commandant Arnaud
Station VĂ©lo'v JoannĂšs Ambre
Accessibilité Personnes à mobilité réduite (P.M.R.) [15]
Notes et références
- Oriane Mollaret, « Au cinéma Bellecombe de Lyon, des places pas chÚres et une histoire de quartier », sur Rue89Lyon, (consulté le )
- « Lyon : une salle de cinĂ©ma gĂ©rĂ©e par une association fĂȘte son centenaire », sur Franceinfo, (consultĂ© le )
- « Le CIFA Saint-Denis », sur croixrousselevillage.com (consulté le )
- « Cinéma Saint Denis », sur macroixrousse.com (consulté le )
- « Le cinĂ©ma Saint-Denis : 100 ans dâhistoire | CinĂ©ma Saint Denis » (consultĂ© le )
- « Programme | Cinéma Saint Denis » (consulté le )
- Roger Sicaud, 100 ANS DâHISTOIRE DU CINEMA SAINT DENIS, Lyon 4Ăšme, L'espoir du Plateau, 3Ăšme trimestre 2021, 85 p. (ISBN 978-2-9570-1290-9)
- Etat Français, Journal officiel de l'Etat français. Lois et décrets n° 0139 du 11/06/1942 : Décret du 6 juin 1942, En ce qui concerne les juifs, les professions d'artiste dramatique, cinématographique et lyrique, Vichy, (lire en ligne), p. 2038
- Martin Barnier, « Les prĂȘtres en voix off au temps du cinĂ©ma muet: », Le Temps des mĂ©dias, vol. n° 17, no 2,â , p. 45â53 (ISSN 1764-2507, DOI 10.3917/tdm.017.0045, lire en ligne, consultĂ© le )
- Le Fascinateur, revue catholique des projections fixes et animées, citée in Phono-Ciné-Gazette, n° 24, 15 mars 1906.
- Jean-Marie Bomengola-Ilomba, « LâĂ©vangĂ©lisation par les mĂ©dias â Recherches sur une problĂ©matique et des pratiques de lâEglise catholique », sur theses.univ-lyon2.fr, (consultĂ© le )
- D. Pelletier, Les catholiques en France depuis 1815, Paris, La Découverte, coll. « RepÚres », , p. 75
- EnquĂȘte prĂ©fectorale, mai 1931, citĂ© par Renaud Chaplain, Le CinĂ©ma dans la ville. La diffusion du spectacle cinĂ©matographique dans lâagglomĂ©ration lyonnaise (1896-1945), thĂšse, UniversitĂ© Lyon 2, 2007, p. 201.
- « L'évolution du secteur de l'exploitation cinématographique. », sur www.senat.fr (consulté le )
- « Festival lumiÚre / cinéma Saint Denis »