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Chronologie de la loi DADVSI

Cet article décrit la chronologie de la loi Droit d'auteur et droits voisins dans la société de l'information.

Première page du texte de loi

Déroulement des débats

Du 20 au 22 décembre 2005

  • Les dĂ©bats ont commencĂ© par un rappel au règlement de M. Christian Paul estimant que « les lobbies ont pris possession de l'AssemblĂ©e nationale ». En effet, des reprĂ©sentants de la Fnac et de Virgin, invitĂ©s par le prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale et munis de badges du ministère de la Culture, ont proposĂ© dans l'hĂ©micycle des abonnements aux dĂ©putĂ©s pour tĂ©lĂ©charger de la musique sur leur plate-forme. Ă€ la suite du rappel au règlement, ces reprĂ©sentants commerciaux ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  quitter les lieux afin que les dĂ©putĂ©s puissent dĂ©battre du projet de loi DADVSI dĂ©mocratiquement et sans ĂŞtre influencĂ©s[1].
  • L'examen du projet de loi par l'AssemblĂ©e nationale, prĂ©vu pour avoir lieu du 20 au 22 dĂ©cembre 2005 en procĂ©dure d'urgence, a Ă©tĂ© prolongĂ© au-delĂ  des vacances parlementaires, notamment en raison de l'adoption, le 21 dĂ©cembre 2005, des amendements no 153[2] et no 154[3] Ă©tendant l'exception pour copie privĂ©e aux tĂ©lĂ©chargements d'Ĺ“uvres sur internet, et remettant en cause le fondement mĂŞme du projet de loi.
  • Les mots rĂ©currents lors de ces dĂ©bats :
  1. Logiciels libres, cité 48 fois ;
  2. Interopérabilité, avec 42 citations ;
  3. Microsoft, avec 18 occurrences[4].

Du 7 au 9 mars 2006

  • Le retrait de l'article 1er et de ses amendements par le gouvernement, la veille de la reprise des dĂ©bats, a suscitĂ© de vives protestations de dĂ©putĂ©s de l'opposition. En effet, cet article contenait l’amendement no 154 permettant la mise en place d'une licence globale. Cependant, dans la soirĂ©e du mercredi 8 mars 2006, de peur que la manĹ“uvre de suppression d'un article en cours de discussion soit frappĂ©e d'inconstitutionnalitĂ©, le ministre de la Culture a dĂ©cidĂ©, Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale des dĂ©putĂ©s de l'opposition, de rĂ©introduire l'article 1er dans le projet de loi.
  • Toute la journĂ©e du jeudi 9 mars 2006, les dĂ©bats se sont dĂ©roulĂ©s dans la plus grande confusion sur des questions de procĂ©dure, Ă  propos de la levĂ©e de l'urgence, sans que la discussion puisse avancer sur le fond et l'examen du projet. Dans la soirĂ©e, le prĂ©sident de l'AssemblĂ©e refusant les suspensions de sĂ©ance, les dĂ©bats ont repris au grand dam des dĂ©putĂ©s de tous bords. ForcĂ©s de dĂ©fendre leurs amendements voire de ne pouvoir le faire tant le rythme du prĂ©sident de l'AssemblĂ©e Ă©tait rapide, les dĂ©putĂ©s verts, communistes, socialistes et de l'UDF ont dĂ©cidĂ© de quitter l'AssemblĂ©e nationale. Ensuite, le prĂ©sident de l'AssemblĂ©e a Ă©tonnement procĂ©dĂ© au vote de l'article 1er et de l'amendement no 272[5]. Seuls sur les bancs de l'AssemblĂ©e, les dĂ©putĂ©s UMP rejetaient sans surprise l'article 1er amendĂ© et adoptaient l'amendement no 272.

Du 14 au 16 mars 2006

  • Le 14 mars 2006, le gouvernement a reconnu, par l'intermĂ©diaire de l'amendement no 273[6], la dangerositĂ© potentielle des mesures techniques de protection et des DRM, mais malgrĂ© tout, c'est sur la base de ces dispositifs que le projet de loi a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©. Par la suite, les dĂ©putĂ©s de l'opposition ont tentĂ© sans succès d'imposer une taxation des FAI dans le cadre de la rĂ©munĂ©ration pour copie privĂ©e. Enfin, les dĂ©putĂ©s de l'opposition se sont Ă©tonnĂ©s que l'amendement no 30[7] ait Ă©tĂ© retirĂ© par le rapporteur alors que celui-ci en Ă©tait l'auteur. Cet amendement aurait permis que le nombre de copies privĂ©es autorisĂ©es d'une Ĺ“uvre achetĂ©e lĂ©galement ne puisse pas ĂŞtre infĂ©rieur Ă  un. Le rapporteur a expliquĂ© en sĂ©ance que l'amendement a Ă©tĂ© retirĂ© Ă  la suite d'une dĂ©libĂ©ration de la commission des lois, l'opposition y a vu une volontĂ© d'interdire la copie privĂ©e pour les DVD.
  • Le 15 mars 2006, l'adoption des articles 8 et 9 ont permis la crĂ©ation d'un collège de mĂ©diateurs dont la mission sera de rĂ©guler la pratique de l'exception pour copie privĂ©e. Dans la nuit, l'amendement no 150[8] dit Vivendi/Universal, prĂ©sentĂ© par M. Thierry Mariani, a Ă©tĂ© adoptĂ© au plus grand dĂ©sarroi des dĂ©putĂ©s de l'opposition et de l'UDF. Cet amendement vise Ă  sanctionner par trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende le fait d'Ă©diter un logiciel manifestement destinĂ© Ă  la mise Ă  disposition du public d'Ĺ“uvres ou d'objets protĂ©gĂ©s. Cet amendement a Ă©tĂ© sous amendĂ© par M. Carayon afin d'exclure de son champ les logiciels de travail collaboratif.
  • Le 16 mars 2006, le principe de contraventions a Ă©tĂ© adoptĂ© dans le cas du tĂ©lĂ©chargement ou de la mise Ă  disposition d'Ĺ“uvres protĂ©gĂ©es. Par la suite, l'assemblĂ©e a rejetĂ© un amendement Ă©tendant la licence lĂ©gale couvrant la radiodiffusion aux webradios. Enfin Ă  deux heures du matin, n'Ă©tant pas satisfait de l'article 7, le dĂ©putĂ© UMP Richard Cazenave en demandait une seconde dĂ©libĂ©ration afin de clarifier l'exercice de l'InteropĂ©rabilitĂ©. C'est alors que les dĂ©putĂ©s de la majoritĂ© et de l'opposition se sont unis afin de voter des amendements fondamentaux en faveur de l'InteropĂ©rabilitĂ©, les amendements nos 2, 3 et 4[9], et du logiciel libre, amendement no 6[10].
Parti communiste français — Groupe des Député-e-s Communistes et Républicains

Le porte parole des communistes à l'assemblée nationale a été M. Frédéric Dutoit.

Les Verts — Pas de groupe parlementaire

Les Verts sont intervenus lors des débats par la voix de Mme Martine Billard.

Parti socialiste — Groupe socialiste

Le Parti socialiste s'est beaucoup impliqué dans les débats à l'Assemblée nationale, par l'intervention fréquente de MM. Patrick Bloche et Christian Paul. M. Didier Mathus a aussi pris la parole au nom de son groupe. M. Henri Emmanuelli a été présent lors des discussions de procédure.

Union pour la démocratie française — Groupe Union pour la démocratie française

MM. Jean Dionis du Séjour et Pierre-Christophe Baguet dans une moindre mesure ont porté la parole du groupe UDF. M. François Bayrou a effectué quelques interventions, notamment pour dénoncer la procédure d'urgence, la création mal maîtrisée d'une « police de l'Internet », et l'impact mal connu sur la création de logiciels libres.

Union pour un mouvement populaire — Groupe de l'Union pour un mouvement populaire

Le rapporteur du projet, M. Christian Vanneste, est député UMP, tout comme M. le ministre Renaud Donnedieu de Vabres. M. Guy Geoffroy est intervenu en tant que vice-président de la commission des lois. MM. Bernard Accoyer, Bernard Carayon, Dominique Richard ont été les principaux intervenants de ce groupe. On peut toutefois aussi citer M. Thierry Mariani, qui a déposé l'amendement no 150. Mme Christine Boutin a aussi été une des intervenantes les plus actives de l'Assemblée nationale, mais a marqué sa désapprobation sur un texte présenté par un gouvernement qu'elle soutenait par ailleurs.

Événements

  • Avant la reprise des dĂ©bats en mars, le point d'Ă©tape au 31 janvier 2006 confirme la volontĂ© du gouvernement de remettre en cause le droit Ă  la copie privĂ©e en ce qui concerne les DVD. De plus, un tableau d'amendes a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© pour ce qui est de la mise Ă  disposition et du tĂ©lĂ©chargement de fichiers Ă  l'aide de logiciels P2P[11].
  • Lors de l'Ă©mission de France 2 ComplĂ©ment d'EnquĂŞte diffusĂ©e mi-fĂ©vrier 2006, le dĂ©putĂ© du Tarn Bernard Carayon (UMP) et l'un de ses collaborateurs ont rĂ©vĂ©lĂ© que certains lobbyistes de l'industrie du disque tentaient de faire pression sur les parlementaires par des moyens que « la morale rĂ©publicaine rĂ©prouve », et ce en menaçant de supprimer des subventions pour des festivals.
  • Le 22 fĂ©vrier 2006, le Ministère de la Culture a ouvert un site de discussion, lestelechargements.com, afin que les internautes puissent dĂ©battre du projet de loi DADVSI. Le financement de la construction de ce site, qui a coĂ»tĂ© 180 000 â‚¬, est assurĂ© entre autres par le Ministère de la Culture, la SACD et la SACEM. Les deux dernières organisations citĂ©es sont opposĂ©es Ă  la licence globale et dĂ©fendent le projet de loi. Depuis le 3 mars 2006, il est important de signaler que le site lestelechargements.com ne permet plus aux internautes de donner leurs opinions. Ă€ partir du 10 mars aucune activitĂ© n'est Ă  signaler et le site n'est plus mis Ă  jour.
  • Dans la soirĂ©e du lundi 6 mars 2006, Ă  la veille de la reprise des dĂ©bats sur le projet de loi sur le DADVSI, le gouvernement a annoncĂ© le retrait de l'article 1er, article dont l'amendement no 154[12] lĂ©galisant le tĂ©lĂ©chargement Ă  usage privĂ© contre rĂ©munĂ©ration avait Ă©tĂ© adoptĂ© en dĂ©cembre 2005. Peu après, un article additionnel[13] reprenant l'article 1er, sans les amendements votĂ©s en dĂ©cembre, et quelques ajouts a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©[14].
  • Le 11 mai 2006, le projet de loi DADVSI a Ă©tĂ© adoptĂ© modifiĂ©, par le SĂ©nat. 128 voix « contre » (PS, communistes, Verts) et 164 « pour » (UMP et certains radicaux), l’UDF s’abstenant (35 abstentions).
  • Le 22 juin 2006, la Commission Mixte Paritaire (CMP), composĂ©e de 7 sĂ©nateurs et 7 dĂ©putĂ©s, s'est rĂ©unie pour Ă©laborer un texte commun. Les dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs socialistes ont quittĂ© leurs bancs dès le matin (après s'ĂŞtre vus refuser les suspensions de sĂ©ances rĂ©clamĂ©es Ă  cause de 55 nouveaux amendements amenĂ©s par les rapporteurs), quelques dĂ©putĂ©s de l'UMP ont affirmĂ© leur souhait de ne pas voter le texte qui est très diffĂ©rent selon eux de celui votĂ© Ă  l'AssemblĂ©e, et l'UDF a dĂ©clarĂ© qu'il s'abstiendrait lors du vote qui eut lieu le vendredi 30 juin 2006.
  • Le 30 juin 2006, l'AssemblĂ©e Nationale et le SĂ©nat ont adoptĂ© le projet de loi. L'opposition (au sens du CSA) a saisi le Conseil Constitutionnel[16] - [17].

Conseil constitutionnel

Le 27 juillet 2006, le Conseil constitutionnel a rendu sa décision sur la constitutionnalité de la loi[18].

  • ÉlĂ©ments inconstitutionnels
    • le dernier alinĂ©a de l'article 21 qui prĂ©voyait une exception pour les logiciels d'Ă©change destinĂ©s au « travail collaboratif », notion jugĂ©e trop floue ;
    • les mots « interopĂ©rabilitĂ© » des articles 22 et 23, oĂą la notion d'interopĂ©rabilitĂ© est jugĂ©e trop floue, car non dĂ©finie par la loi ;
    • l'article 24 qui requalifiait en contravention le fait d'Ă©changer des fichiers protĂ©gĂ©s par le droit d'auteur en ayant recours Ă  des outils d'Ă©changes P2P. Le Conseil a estimĂ© qu'il n'y avait pas de raison de mettre en place un système rĂ©pressif distinct pour le P2P par rapport Ă  d'autres moyens d'Ă©change de fichiers (par exemple, le courrier Ă©lectronique) et que cette disposition constituait donc « une rupture d'Ă©galitĂ© injustifiĂ©e entre les auteurs d'atteintes au droit de la propriĂ©tĂ© intellectuelle, suivant que ces atteintes seraient commises au moyen d'un logiciel de pair Ă  pair ou d'un autre moyen en ligne ». La suppression de cet article revient Ă  soumettre en principe toute personne qui tĂ©lĂ©charge de manière illĂ©gale aux peines prĂ©vues pour le dĂ©lit de contrefaçon en France, soit au maximum trois ans d'emprisonnement et 300 000 euros d'amende [19]. Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a annoncĂ© qu'il saisirait le Garde des Sceaux afin que les poursuites Ă  venir « soient orientĂ©es vers les cas les plus graves » et qu'« il n’y aura pas de peines de prison contre les internautes qui tĂ©lĂ©chargent » [20].
  • ÉlĂ©ments soumis Ă  des rĂ©serves
    • Le Conseil a Ă©mis plusieurs rĂ©serves d'interprĂ©tation sur plusieurs Ă©lĂ©ments (autrement dit, ces Ă©lĂ©ments sont constitutionnels s'ils sont interprĂ©tĂ©s Ă  la façon du Conseil). Par exemple la notion de recherche ne s'applique qu'Ă  la recherche scientifique en cryptographie.

Les textes

Contenus de la directive européenne non repris dans le projet de loi français

L'article (optionnel) 5-3-h de la directive 2001/29/CE du Parlement européen et du Conseil du 22 mai 2001 sur l'harmonisation de certains aspects du droit d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information dispose :

« 3. Les États membres ont la faculté de prévoir des exceptions ou limitations aux droits prévus aux articles 2 et 3 dans les cas suivants : (…) h) lorsqu'il s'agit de l'utilisation d'œuvres, telles que des réalisations architecturales ou des sculptures, réalisées pour être placées en permanence dans des lieux publics »

Cette option, qui correspond à un droit que les Allemands nomment «liberté de panorama» et qui permet de diffuser librement des images (photographies) d'œuvres présentes sur la voie publique, ne sera pas disponible en France, car l'amendement correspondant[21] a été rejeté le 21 décembre 2005[22]. Dans l'état actuel de la jurisprudence française, une photographie d'un bâtiment conçu par un architecte est une œuvre dérivée de l'œuvre architecturale et est donc soumis non seulement au droit d'auteur du photographe mais aussi à celui de l'architecte.

Projet de loi

Cette description du texte de loi se base sur le projet de loi déposé au Parlement et non sur la version finalement promulguée.

Chapitre I - Exceptions aux droits d'auteur et aux droits voisins

Ce chapitre contient 4 articles. Ils touchent (articles 1, 2 et 3) aux articles L 122-5, L 211-3 et L 342-3 du CPI relatifs aux exceptions à l'interdiction de reproduction pour respectivement les droits d'auteurs, les droits voisins et les bases de données.

Ces modifications concernent l'impossibilité d'interdire les reproductions destinées aux personnes handicapées, et l'introduction du principe de test en trois étapes.

Le quatrième article fixe la libre circulation au sein de l'Espace économique européen des biens qui y sont commercialisés.

Chapitre II - Durée des droits voisins
  • L'article 5 a pour effet d'allonger la durĂ©e des droits des artistes-interprètes et des producteurs de phonogrammes.
  • L'article 29 garantit, en contrepartie, la prĂ©servation des droits acquis par des tiers.
Chapitre III - Mesures techniques de protection de l'information

Ce chapitre, qui comprend 10 articles, traite des DRM.

  • Les articles 6 et 7 dĂ©finissent les mesures techniques de protection (MTP), qui sont les technologies, dispositifs, composants ou services efficaces qui, dans le cadre normal de leur fonctionnement, ont pour fonction de prĂ©venir ou limiter les utilisations non autorisĂ©es des Ĺ“uvres protĂ©gĂ©es.
  • Il leur accorde la mĂŞme protection que celle portant sur le bien qu'ils contrĂ´lent (art. 7), ainsi qu'aux donnĂ©es qu'ils utilisent (art. 10)
  • SpĂ©cifie qu'ils ne peuvent bloquer les exceptions prĂ©vues au droit d'auteur et aux droits voisins, mĂŞme s’ils peuvent les restreindre (art. 8)
  • CrĂ©e un collège de mĂ©diateurs chargĂ© de gĂ©rer les diffĂ©rends entre ayant droit et usagers (art. 9)
  • Assimile l'atteinte volontaire au moyen de protection Ă  une reproduction illicite (art. 11)
  • Assimile l'atteinte volontaire, la fabrication de moyens d'atteindre, la distribution ou commercialisation de ces moyens, leur publicitĂ©, le tout volontairement, Ă  de la contrefaçon (art. 13) et fixe les condamnations encourues (art. 14)
  • Toutes ces mesures sont transposĂ©es aux bases de donnĂ©es (art. 15)

Titre III - Sociétés de perception et de répartition des droits

  • L'article 20 prĂ©voit une harmonisation des règles comptables des SPRD conformĂ©ment aux prĂ©conisations de la commission permanente de contrĂ´le des sociĂ©tĂ©s de perception et de rĂ©partition des droits.

Titre V - Divers

Il traite des territoires français particuliers d'Outre-mer, et de la non-rétroactivité de certaines dispositions relatives à la durée des droits.

Les points d'opposition

Le projet de loi voté par l'Assemblée nationale en mars 2006 a été refusé par l'ensemble de la gauche (PS, Verts, PCF) ainsi que la majorité de l'UDF (les autres centristes s'étant abstenus). Certains groupes très sensibles au sujet, dont les associations April, Scideralle, Mozilla Europe, CETRIL, AFUL et ADULLACT, ou encore Sud Cultures Solidaires ont fait valoir le risque que faisait courir la loi DADVSI au principe même du logiciel libre. Ils signalent que, par définition, tout logiciel libre — puisqu'il est évolutif — pourrait être considéré comme permettant de déverrouiller les DRM (verrous numériques, ou Digital Rights Management en anglais), c'est-à-dire les mesures techniques posées par les maisons de disques sur les produits et visant à empêcher le « piratage »[23] - [24]. D'autres ont dénoncé l'interdiction du droit à la copie privée (traditionnellement autorisé — l'amendement autorisant au moins une copie à usage privé a été refusé). Et personne ne sait comment ces deux amendements s'accorderont avec le principe inscrit dans le texte de l'« interopérabilité[25] », qui modifie l'article 131-5 du Code de la propriété intellectuelle[26], qui contredit explicitement l'interdiction de contourner les DRM et de faire des copies à usage privé[27].

En outre, les détracteurs de la loi soulignent que, pour être appliquée, celle-ci demanderait une surveillance étatique digne d'une société de contrôle à la Big Brother. Le ministre de la culture Donnedieu de Vabres a indiqué que les « téléchargements illégaux » seront signalés par les programmes de peer-to-peer eux-mêmes, qui transmettront l'adresse IP des internautes aux autorités judiciaires. Le député Patrick Bloche (PS) s'est ainsi interrogé lors des débats : « Allez-vous créer une police de l’Internet ? Dans l’affirmative sera-t-elle publique ou privée ? Comment les citoyens pourront-ils contester les constats ? Comment les droits de la défense seront-ils garantis ? »[28]. Les opposants au texte ont donc souligné l'impossibilité d'appliquer cette loi à moins de mettre en place une « police de l'Internet » contraire à l'esprit même des réseaux.

Michel Alberganti brocardait dans une tribune du Monde le système des amendes[29] qui ne rapporteront pas un sou aux artistes puisqu'ils atterriront dans les poches de l'État, tandis que les maisons de disques elles-mêmes ont fait de larges marges de profit au cours des dernières années[30]. La loi est donc globalement jugée, par ses détracteurs, inefficace dans les objectifs qu'elle s'assigne et dangereuse dans les conséquences qu'elle ne prévoit peut-être pas. Il est vrai que le débat très technique concernant le logiciel libre, par exemple est d'un tel niveau de complexité qu'il n'est pas sûr qu'une simple mesure à effet d'annonce politique soit suffisant pour y répondre, tout particulièrement dans un contexte politique tendu du fait des mobilisations anti-CPE. Selon Le Monde, c'est d'ailleurs la crainte de voir une partie de la jeunesse faire la jonction entre le retrait demandé du CPE et celui du DADVSI qui a poussé le premier ministre Dominique de Villepin à d'abord différer l'examen du DADVSI après celui du CPE, puis à faire passer le texte dans l'urgence (une seule lecture par Chambre).

Certaines inquiĂ©tudes ont Ă©tĂ© Ă©galement exprimĂ©es par des collectifs d'opposition au sujet de l'interprĂ©tation de l'article 21 qui rend passible de trois ans d'emprisonnement et 300 000 â‚¬ d'amende le fait « d'Ă©diter, de mettre Ă  la disposition du public ou de communiquer au public, sciemment et sous quelque forme que ce soit, un logiciel manifestement destinĂ© Ă  la mise Ă  disposition du public non autorisĂ©e d'Ĺ“uvres ou d'objets protĂ©gĂ©s ». Cette disposition concerne principalement les logiciels de partage de fichiers en peer to peer. Les opposants estiment alors qu'il est difficile, voire impossible de distinguer les logiciels qui permettent le partage non autorisĂ© d'Ĺ“uvres de ceux qui y sont manifestement destinĂ©s.

Cette interprĂ©tation est dĂ©jĂ  utilisĂ©e pour justifier le retrait des logiciels p2p des serveurs Web : on peut citer OVH qui Ă©crit Ă  ces clients « Si vous proposez en tĂ©lĂ©chargement les logiciels de P2P, sachez que dĂ©sormais vous risquez trois ans d'emprisonnement et 300 000 euros d'amende[31]. »

Code source

Une propriété des logiciels libres est que leur code source, soit le texte qui décrit exactement le fonctionnement du logiciel, est accessible à tous, développeurs comme utilisateurs. Un logiciel libre capable de lire une œuvre protégée par un DRM non ouvert rend donc accessible à chacun le fonctionnement précis du DRM. La distribution d'un tel logiciel serait donc rendue illicite.

Le texte de loi inclut des amendements qui ont été votés pour protéger l'open source et donc le logiciel libre. Ainsi, la renonciation à la publication du code source ne pourra être imposée à l'éditeur d'un logiciel interopérant que si l'ayant droit apporte la preuve que celle-ci aurait pour effet de porter gravement atteinte à la sécurité et à l'efficacité du DRM[32].

Éthique

Après ces rectifications, la collaboration à l'atteinte aux libertés de l'individu continue à être combattue, et c'est dans ce contexte que la FSF a écrit la troisième version de la licence GPL qui s'oppose aux DRM dénoncés comme des moyens potentiels de contrôle et de censure.

La distribution Linux Debian a déjà renoncé à distribuer un logiciel capable de lire des DVD qui sont protégés par DRM (le Content Scrambling System) à la suite du Digital Millenium Copyright Act (de 1998).

RĂ©action des FAI

L'article 21 du texte de loi (surnommĂ© l'article « Vivendi-Universal ») rend passible de trois ans d'emprisonnement et 300 000 â‚¬ d'amende le fait « d'Ă©diter, de mettre Ă  la disposition du public ou de communiquer au public, sciemment et sous quelque forme que ce soit, un logiciel manifestement destinĂ© Ă  la mise Ă  disposition du public non autorisĂ©e d'Ĺ“uvres ou d'objets protĂ©gĂ©s ». (Ce qui concerne entre autres les logiciels de partage de fichiers en peer to peer.)

La différenciation entre des logiciels volontairement destinés (notion d'intention) à la contrefaçon et d'autres la permettant seulement (usage accessoire ou détourné) est liée à la présomption d'innocence en face de logiciels utilisés de bonne foi par le grand public dans un but d'interopérabilité ou de copie privée.

Plusieurs FAI (Fournisseurs d'accès à Internet), par la voix de Giuseppe de Martino, président de l'AFA, se sont prononcés avec inquiétude au sujet de l'avenir de l'échange de données sur Internet[33].

Leur inquiétude se fonde sur plusieurs évènements récents liés à la promulgation de la loi DADVSI :

  • Retrait des logiciels de Peer to peer de certains serveurs Web, prĂ©ventivement : le site OVH a dĂ©cidĂ© le retrait des logiciels de peer to peer de ses serveurs web[31] ;
  • Suppression sur certains sites de logiciels permettant de passer outre les protections anti-copie, tels que Daemon tools[34] - [35].

Application de la loi

À la date de mai 2009, huit décrets restaient à prendre, et onze décrets avaient été pris, dont celui concernant la publicité des réunions de la commission pour copie privée. La loi prévoyait la publication de plusieurs rapports :

  • Un rapport annuel au Parlement de la commission pour copie privĂ©e.
  • Un rapport du Gouvernement au Parlement sur la mise en Ĺ“uvre de la loi et sur la mise en place d'une plate-forme publique de tĂ©lĂ©chargement pour les artistes.

Aucun de ces rapports n'a été publié. L'autorité de régulation des mesures techniques prévue par le texte n'a dans les faits jamais fonctionné à ce jour et n'a donc publié aucun rapport.

Communication Internet

La section française de la Free Software Foundation a créé et fait vivre un site web portant le nom de la directive européenne à l'origine du projet de loi[36]. Elle y présente ses arguments, et fut la source la plus active sur le web à propos de cette loi.

PĂ©tition

Marche contre la loi DADVSI, avec dépôt de gerbe à la mémoire du droit d'auteur, le 7 mai 2006.

Le 1er mars 2005, l'interassociation archives-bibliothèques-documentation lançait, sur son site de mobilisation contre le projet de loi, une pĂ©tition[37] qui avait recueilli, au moment de sa fermeture le 30 juin 2006, 7 080 signatures pour dĂ©fendre le droit de ces Ă©tablissements Ă  continuer Ă  assurer leurs missions dans l'environnement numĂ©rique.

Le 2 dĂ©cembre 2005 l'initiative « eucd.info » lançait une pĂ©tition en ligne pour demander le retrait de ce projet[38]. Elle a recueilli plus de 100 000 signatures en quinze jours.

Références

  1. Voir le compte rendu intégral sur le site de l'Assemblée nationale.
  2. Amendements no 153.
  3. no 154
  4. Source
  5. Amendement no 272.
  6. Amendement no 273.
  7. Amendement no 30.
  8. Amendement no 150
  9. Amendement no 2, no 3 et no 4
  10. (Amendement no 6)
  11. Point d'étape du Ministère de la Culture au format PDF
  12. Amendement no 154.
  13. Article additionnel.
  14. Le gouvernement annule l'amendement 154 contre l'avis des députés
  15. "Téléchargement, l'invraisemblable cafouillage" in Le Monde du 26 mars 2006
  16. DADVSI : le Conseil constitutionnel est saisi, comme prévu, Le Monde Informatique, 10 juillet 2006
  17. Texte du recours devant le CC
  18. no 2006-540 DC)
  19. Code de la propriété intellectuelle, article L.335-2.
  20. Lettre ouverte aux internautes du ministre de la culture et de la communication, 28 juillet 2006.
  21. Amendement correspondant à la liberté de panorama
  22. Voir les débats.
  23. Cf. le communiqué du 21 mars 2006 émanant de plusieurs associations du libre : Scideralle, Mozilla Europe, CETRIL, AFUL et ADULACT, publié par Hacktivist News Service
  24. Communiqué de mars 2006 du syndicat Sud Cultures Solidaires
  25. article 13 de la loi Dadvsi
  26. article 131-5 du CPI
  27. "Droit d'auteur, une copie à revoir", in L'Humanité du 21 mars 2006
  28. Cf. "Droit d'auteur, une copie à revoir", in L'Humanité du 21 mars 2006
  29. Articles 21 à 23 de la loi, créant respectivement les articles 335-2-1, 335-3-1, 355-3-2, 335-4-1 et 335-4-2 du Code de la propriété intellectuelle.
  30. « La farce du téléchargement », par Michel Alberganti, dans Le Monde du 14 mars 2006
  31. La censure d'OVH sur le peer to peer en utilisant la loi DADVSI
  32. Article 14 créant les articles 331-6 et 331-7 du Code de la propriété intellectuelle.
  33. DADVSI : le projet de loi inquiète les FAI
  34. Daemon tools supprimé de 01-net
  35. Justification du retrait de logiciels par le site Gravure-news
  36. site de la section française de la Free Software Foundation
  37. Pétition de l'interassociation archives-bibliothèques-documentation
  38. PĂ©tition de eucd.info

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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