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Christianisme en Syrie

Le christianisme en Syrie regroupe différentes Églises chrétiennes qui se sont formées au cours de l'histoire du pays. L'ensemble des communautés constituait environ 15 % de la population du pays en 1905 (soit quelque trois millions de personnes), contre 10 % des Syriens avant le début du conflit en 2011.

Monastère (grec) orthodoxe Saint-Georges dans la Vallée des Chrétiens

C'est une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde.

Communautés chrétiennes

Les Églises de théologie et de rite byzantins

Les Églises nationales syriennes

Plusieurs Églises se partagent le territoire syrien. Dans ce contexte, le mot « nationale » dans « Églises nationales » ne doit pas être compris en relation avec un quelconque nationalisme politique ; il se rapporte uniquement à la structure fonctionnelle des Églises dont l'organisation en patriarcats remonte à une époque où les frontières dans la région ne délimitaient pas les mêmes pays.

L'Église syriaque orthodoxe

Appelée Suriyani en arabe, et Suryoyo en syriaque, c'est une Église orthodoxe. Elle se considère comme l'Église mère de toutes les Églises du "Levant" (Irak, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie) : autonome depuis 543, elle est issue de l'Église d'Antioche fondée en 38 après Jésus-Christ à Antioche par saint Paul, au cours de son voyage vers Rome. L'église originelle est une petite grotte ornée d'un poisson et de l'alpha et l'oméga située au centre d'Antioche.

En 451, le concile de Chalcédoine divise l'Église syriaque entre l'Église orientale orthodoxe (Église Roum) (pour la théologie, voir Églises des sept conciles), et l’Église syriaque syrienne orthodoxe (pour la théologie, voir Églises des trois conciles).

Cette Église a eu très tôt de très bon rapports avec les Arabes. Les Ghassanides (الغساسنة) formaient une tribu arabe chrétienne qui faisait partie de l'Église syriaque, mais qui se distinguait par sa doctrine monophysite (pour la théologie, voir Églises des deux conciles), tandis que l'Église syriaque majoritaire développait une théologie nestorienne. Les Ghassanides ont été un grand royaume chrétien arabe en Syrie qui englobait le Sud de la Syrie jusqu'à Yathrib (actuel Médine) . Pendant ce même temps, Antioche était sous domination byzantine, et donc l'Église syriaque était répartie entre les différents royaumes.

L'Église chaldéenne et l'Église apostolique assyrienne d'Orient

Elle entretenait aussi de bons rapports avec les Assyriens : l'Église d'Antioche était une branche de l'Église d'Orient qui a donné naissance à l'Église catholique chaldéenne, apostolique assyrienne d’Orient, et l'Ancienne Église de l'Orient.

Expansion musulmane

Au début du VIIe siècle, à Byzance, l'Églises des sept conciles, considérait la doctrine monophysite comme hérétique; elle mène une très lourde guerre contre ce royaume, vite englouti par une puissance proche ; la faiblesse de ce royaume, le mécontentement des populations devant les entreprises de Byzance, et des rois sans réel pouvoir vont faciliter la conquête lors de l'expansion musulmane.

Histoire

Les chrétiens de syrie sont majoritairement des assyriens.

Situation actuelle

Avant le conflit en Syrie interne entamé en 2011, les chrétiens jouissaient de la liberté de culte. Leur représentation politique existe, mais reste faible. Cela explique qu'ils aient été considérés comme des soutiens du régime de Bachar el-Assad et parfois pris à partie pour cette raison, la réalité étant beaucoup plus contrastée. Les chrétiens restent plutôt en retrait lors de la guerre civile, certains rallient l'opposition et d'autres le régime, mais la plupart ne soutiennent aucun des deux camps[1].

Régions de Syrie avec une très forte présence chrétienne:

  • Les quartiers est de Damas, surtout Bab Charki et Bab Touma, Qassaa, Ghassani, Koussour, Dwela, Tabbaleh et Kachkoul ainsi que la ville de banlieue de Jaramana dans laquelle ils sont majoritaires, ainsi qu'au nord de Damas, Ă  Maaloula (grecs-catholiques) et Seidnaya, villes saintes et Maaret Seidnaya. 20 % des habitants de Qatana sont chrĂ©tiens dans le Rif Dimachq, et il existe une communautĂ© chrĂ©tienne Ă  Jdaydet Artouz, et Bloudan. 400 000 chrĂ©tiens vivent Ă  Damas et dans sa banlieue, soit 15 Ă  20 % de la population de la ville.
  • Le sud du pays, dans la ville de Salkhad et les alentours, avec une proportion importante Ă  al SoueĂŻda (environ 25 % des habitants sont chrĂ©tiens, 60 % druzes), ainsi qu'Ă  Izra et Khabab, majoritairement grecs-catholiques melkites.
  • Ă€ Homs, troisième ville de Syrie, ils constituent 15-20 % de la population, soit 160 000 Ă  170 000 personnes principalement rĂ©parties dans les quartiers d'al-Hamadiyeh, Bab Sbaa, Al Adawia, Al Mahatta, Al Inshaat, Al Ghouta, etc. ainsi que dans les villes de banlieue de Fairouzeh, Zaidal, Maskanah, Qattinah, dans lesquelles ils sont majoritaires. Dans le gouvernorat de Homs, il en existe d'importantes communautĂ©s Ă  Sadad, Haffar, Al Qussayr, Rablah, Al Ghassaniyah, Rabah, Bahour, etc. ainsi que dans les villes entre Homs et Damas, comme Hisyah, Deir Atiyah, Al Nabk...
  • La rĂ©gion de Wadi Al Nasara (c'est-Ă -dire la vallĂ©e des chrĂ©tiens), comptant environ 70 000 habitants en majoritĂ© des chrĂ©tiens rĂ©partis en une trentaine de villages chrĂ©tiens autour du Krak des chevaliers, ainsi qu'a Mashta al Helou, Kafroun, al-Juwaikhat, Safita (1 habitant sur 2), Baqto, Mhairy, Treiz, Al Btar, Barchine, Bsarsar Lebbad, etc.
  • Alep (armĂ©niens, grecs-orthodoxes, grecs-catholiques, maronites, syriaques) : des 160 000 chrĂ©tiens aleppins en 2013, on estime qu'il n'en reste plus que 25 000 en 2016. Ils vivent essentiellement Ă  Al Suleymaniah, Al Aziziyah, Bustan al Pasha, Al Villat, New Siryan et Al Midan.
  • Dans le gouvernorat de Hama, les villes de Kafr Buhum, Ayyo, Mhardeh, Suqaylabiyeh, et Al Bayada sont chrĂ©tiennes, ainsi que certains quartiers de la ville-centre de Hama. 100 000 Ă  150 000 chrĂ©tiens habitent ce gouvernorat.
  • Dans le gouvernorat de Tartous : 15 % des habitants de Tartous sont chrĂ©tiens, et certains villages comme Al Rawda et ses alentours le sont aussi. Ce gouvernorat a pour particularitĂ© d’être habitĂ©s essentiellement par des alaouites, reprĂ©sentant 70 % de la population.
  • Certains quartiers de LattaquiĂ© sont chrĂ©tiens, tout comme la ville de Kessab majoritairement armĂ©nienne orthodoxe.
  • Environ 2 000 chrĂ©tiens vivent dans la ville d'Idlib[2].
  • La rĂ©gion d'al Djazireh, 25 % de la population totale, essentiellement autour d'HassakĂ©, Qamichli, Qahtaniah, Malikiyah et Serekaniye et les villages assyriens de la vallĂ©e du Khabour.

Entre mars 2011 et fin 2012, on estime que 260 000 chrétiens syriens se sont réfugiés au Liban.

En 2018, l’évêque chaldéen d’Alep, Antoine Audo, affirme que la moitié des 1,5 million de chrétiens aurait quitté la Syrie à cause de la guerre[3].

En septembre 2017, le député Hammoudé Sabbagh, chrétien et membre du Parti Baas, est élu président du Parlement avec 193 voix sur 252[4].

Monuments chrétiens de Syrie

Julien d'Émèse, le martyre de saint Julien, d'après le Ménologe de Basile II.

Depuis 2013, des membres du clergé de chaque ville syrienne ont été maltraités, enlevés, tués ; ainsi à la Bataille d'Al-Qaryatayn, entre Palmyre et Damas, un prêtre syriaque catholique a été enlevé le , et s'est enfui le , mais près de 150 paroissiens ont été maintenus captifs. Le 21 août, les djihadistes rasent le monastère de Deir Mar Elian el-Cheikh à l'aide d'un bulldozer[5] - [6].

  • Alep, fut la deuxième ville la plus importante de l'Empire ottoman après Constantinople qui dĂ©veloppa un quartier chrĂ©tien au XVIe siècle et qui se dota de nombreuses Ă©glises. Les bombardements particulièrement orientĂ©s vers cette partie de la ville depuis 2011 et plus particulièrement en avril et mai 2015, ont gravement endommagĂ© les cathĂ©drales maronite, melkite, armĂ©nienne catholique et complètement dĂ©truite l'Ă©glise armĂ©nienne grĂ©gorienne des Quarante martyrs qui avait de superbes icĂ´nes.
  • Homs, fut longtemps un lieu de pèlerinage Ă  Saint Jean-Baptiste auquel on avait Ă©levĂ© un sanctuaire. L'Église syriaque orthodoxe y possèdent depuis le IVe siècle une Ă©glise dite de la ceinture de la Vierge, dont le patriarche de cette communautĂ© y rĂ©sida au dĂ©but du XXe siècle avant de s’installer Ă  Damas ; L'Ă©glise reconstruite au XIXe siècle dans le style « seldjoukide » caractĂ©risĂ© par l'alternance de pierres noires et blanches « ablaq » ; cette basilique a Ă©tĂ© endommagĂ©e durant la Guerre civile syrienne mais a Ă©tĂ© restaurĂ©e depuis 2014.
  • Maaloula, Ă  55 km au nord de Damas, a une population mixte (2/3 de chrĂ©tiens et 1/3 de musulmans)[7]. Le couvent melkite, Saint-Serge conserve un autel du IVe siècle et des icĂ´nes prĂ©cieuses et surplombe l'agglomĂ©ration ; en contrebas, le couvent orthodoxe de Sainte-Thècle est un lieu de pèlerinage traditionnel pour tous les orthodoxes arabophones. Le Front al-Nosra a occupĂ© Maaloula au dĂ©but de septembre 2013 ; les miliciens saccagèrent les deux couvents, emmenant en otages Ă  Yabroud treize religieuses qui ne seront libĂ©rĂ©es au Liban qu'en mars 2014[8].
  • Mar Moussa (Saint-MoĂŻse l'Abyssin), Ă  proximitĂ© de Homs, est un couvent appartenant au rite syriaque occidental. Le Père jĂ©suite Paolo Dall'Oglio s'y installa et dĂ©gagea des fresques aux superbes couleurs du VIe siècle en 1982[9]. En 1992, il fonde une communautĂ© religieuse Ĺ“cumĂ©nique mixte (qui est normalement contraire au XXe canon du deuxième concile de NicĂ©e), la CommunautĂ© al-Khalil (« l'ami de Dieu », en arabe, nom biblique et coranique du patriarche Abraham, qui prĂ´ne le dialogue entre chrĂ©tiens et musulmans). Le lundi , des hommes de l'EIIL, après avoir tuĂ© un accompagnateur du père, enlèvent ce dernier[10] - [11] - [12]. En 2018, une enquĂŞte de presse française le considère comme abandonnĂ©[13].
Basilique de Qalb Lozeh.
  • Qalb Lozeh et Mouchabbak, sont des basiliques Ă  trois nefs du VIe siècle reconnues par le comte de VogĂĽĂ© en 1862 dans son ouvrage La Syrie ChrĂ©tienne, comme le prototype lointain des façades de nos Ă©glises d'Occident. Il Ă©crit de cet art dit « roman » qui sera adoptĂ© en Occident au moment des Croisades : «  L'enseignement oriental a prĂ©cĂ©dĂ© les Croisades et prĂ©parĂ© de longue main le mouvement architectural qui s'est produit aux xie siècle et xiie siècle en Occident ... C'est Ă  l'abside qu'apparaĂ®t de manière plus Ă©vidente ce lien de parentĂ© qui unit les Ă©glises de la Syrie centrale Ă  celles de l'Occident  ».

Notes et références

  1. Georges Fahmi, Most Syrian Christians Aren’t Backing Assad (or the Rebels), Royal Institute of International Affairs, 20 décembre 2016.
  2. « La rébellion syrienne veut faire d’Idlib un modèle de gestion de l’après-Assad », sur Le Monde, 18 mai 2015.
  3. Le Point magazine, « Chrétiens d'Orient, de l'inquiétude à l'exil », sur Le Point, (consulté le )
  4. « Un chrétien élu à la tête du Parlement syrien », sur FIGARO, (consulté le )
  5. « Le monastère syrien de Mar Elian détruit par l'État Islamique », Radio Vatican,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Le monastère syrien de Saint-Elian (Ve siècle) détruit par Daech, La Croix avec AFP, 21 août 2015.
  7. Ariane Lavrilleux, Elie Guckert, Frank Andrews, « Comment SOS Chrétiens d’Orient a utilisé le village syrien de Maaloula », sur Mediapart (consulté le )
  8. « Treize religieuses otages en Syrie libérées après une médiation libano-qatarie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Marie Peltier, « », Migrations Société, no 174, avril 2018, p. 91 à 95
  10. « Le jésuite Paolo Dall'Oglio enlevé en Syrie », sur La Vie,
  11. A l'encontre : Syrie. A Raqqa: «Pas question de nous imposer une tyrannie à la place d’une autre!»
  12. Syrie : incertitude sur le père Dall'Oglio, dépêche publiée sur le site du Figaro, le 25 août 2013.
  13. « Père Paolo, enquête sur une disparition », sur La-croix.com (consulté le )


Bibliographie

  • Bernard Heyberger (dir.), ChrĂ©tiens dans le monde arabe, un archipel en terre d'Islam, Paris,

Liens connexes

Liens externes

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