Château de Valognes
Le château de Valognes est un ancien château fort, construit au XIVe siècle en remplacement d'une résidence ducale du XIe siècle où la cour séjournait fréquemment, de nos jours complètement rasé, qui se dressait à Valognes en Normandie.
Type | |
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Patrimonialité |
Inscrit MH () |
Coordonnées |
49° 30′ 28″ N, 1° 28′ 13″ O |
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Localisation
Le château était situé dans le centre de la commune de Valognes, sur la place centrale qui porte le nom de place du Château.
Historique
C'est dans le manoir ducal de Valognes que le jeune duc de Normandie, Guillaume, le futur Conquérant, trouva refuge de 1035 à 1040, afin d'échapper aux barons révoltés qui souhaitaient l’assassiner[1]. En 1050, le duc Guillaume occupait le château, car, à cette date, il envoya Samson d'Anneville (fl. XIe siècle) chasser les pirates de Guernesey[2].
Le roi d'Angleterre Édouard III y coucha le lors de sa chevauchée sur le sol français[3].
Au XIVe siècle, le manoir ducal est agrandi et fortifié par Charles de Navarre (1332-1387)[4].
Au début de la guerre de Cent Ans, la place est aux mains de Charles le Mauvais, qui avait obtenu en , par le traité de Valognes confirmant celui de Mantes, le clos du Cotentin avec la ville de Cherbourg, les vicomtés de Carentan, Coutances et Valognes[5]. En 1364, Bertrand du Guesclin assiège et prend le château. Louis de Navarre récupère la place, mais en 1378 Du Guesclin reprend à nouveau la ville[note 1]. Lors des affrontements entre Français, Navarrais et Anglais, la garnison du château de Bricquebec, enlève dans la basse-cour du château de Valognes les chevaux des hérauts d'Édouard III[7].
De 1418-1449 la place est de nouveau occupée par les Anglais. Après la bataille de Formigny (1450) et la Campagne de Normandie engagée par le roi de France épaulé par les Bretons à bouter l'Anglais hors de duché de Normandie, le capitaine de Valognes, Thomas de Siseval fait sa soumission[8]. Après la guerre de Cent Ans, la ville est donné en dot à Jeanne de Valois (1447-1519), bâtarde légitimée de Louis XI, lors de son mariage en 1466 avec l'amiral Louis de Bourbon-Roussillon (1450-1487)[4]. Elle est alors renforcée et mise au goût du jour[9].
Le château est au XVIe siècle la résidence du gouverneur Hurtebye, avec lequel Gilles de Gouberville entretient des relations cordiales[9].
Lors de la première guerre de Religion, le , les protestants menés par, Henri-Robert aux Épaules, seigneur de Sainte-Marie-du-Mont, et le capitaine François Leclerc, avec une troupe de 70 cavaliers et 2 500 fantassins levée à Carentan, tentent sans succès de s'emparer du château dans lequel sur l'ordre de Jacques de Matignon, lieutenant général du roi en Basse-Normandie, s'est retiré son capitaine et seigneur catholique, Louis Dursus, seigneur de Lestre[5] - [10].
Gabriel Ier de Montgommery, le [11], entreprend, sans succès, de s'emparer de la place. Les protestants vinrent devant la place avec deux grandes couleuvrines de fonte et deux autres de fer, dont ils s'étaient emparés à la tour de Tatihou. Apprenant que le maréchal de Matignon, qui s'était assuré entre-temps le contrôle de Cherbourg et Granville, s’apprêtait à marcher contre lui, le capitaine huguenot leva le siège au bout de seize jours et se retira dans Carentan[11].
En 1590, le château avait pour commandant, Guillaume de Pierrepont[12].
Le , pendant la Fronde, François Goyon de Matignon, lieutenant-général du roi en Basse-Normandie et frondeur aux ordres du duc de Longueville, commence le siège du château. Le gouverneur de la ville, Bernardin Gigault de Bellefonds, resté fidèle au roi, et qui n'a que dix-neuf ans, s'enferme dans la place avec une poignée de soldats et quelques gentilshommes dont le seigneur de Saint-Pierre-Église, Charles Castel, ou François Cadot, seigneur de Sébeville. Matignon avec son contingent de 6 000 hommes mettra 15 jours à prendre la place, après une capitulation honorable des assiégés[13].
En 1688, sur ordre de Louis XIV, Louvois décide son démantèlement[14].
- Gouverneur du château
- Nicolas de Sainte-Marie (†1591), chevalier de l'ordre du Roi, gentilhomme de sa chambre[note 2].
Description
Le château comprenait un donjon rond caractéristique de la fin du XIIe et XIIIe siècles. Le roi de Navarre y construit par la suite une tour neuve (carrée). Il subsiste un plan du château dit « de Gerville » levé en 1688[note 3].
Protection aux monuments historiques
Au titre des monuments historiques, une tourelle avant sa complète destruction en faisaient l'objet d'une inscription partielle par arrêté du [15] - [note 4].
Notes et références
Notes
- Du Guesclin avait mis en œuvre une grosse bombarde qui fut l'objet d'une anecdote : « À chaque décharge, les assiégés sonnaient une cloche pour se railler des Français et un soldat, s'avançant en dehors, essuyait la partie de la muraille qui avait été atteinte en reprochant ironiquement aux Français de salir inutilement leurs belles pierres. Néanmoins une brèche fut pratiqué entraînant la prise de la place[6]. ».
- Nicolas de Sainte-Marie est également le gouverneur du château de Granville.
- Le plan est conservé à Cherbourg-en-Cotentin à la bibliothèque municipale Jacques Prévert, fonds Amiot, Ms. 75, 121 num-005.
- La tourelle, Ă©tait probablement celle de l'HĂ´tel Saint-Michel[9]
Références
- André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN 978-2-91454-196-1), p. 88.
- René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 55.
- André Plaisse, La grande chevauchée guerrière d'Édouard III en 1346, Cherbourg, Éditions Isoète, , 111 p. (ISBN 2-905385-58-8), p. 50.
- Gilles Désiré dit Gosset, « Châteaux et fortifications du Cotentin », dans Congrès archéologique de France, Manche, 178e session 2019 - Société Française d'Archéologie, Éditions Picard, (ISBN 978-2-9018-3793-0), p. 16.
- Michel Hébert et André Gervaise, Châteaux et manoirs de la Manche, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 176 p. (ISBN 978-2-84706-143-7), p. 22.
- Guy Le Hallé, Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN 978-284673-215-4), p. 112.
- Bernard Beck, Châteaux forts de Normandie, Rennes, Ouest-France, , 158 p. (ISBN 2-85882-479-7), p. 98.
- Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 14.
- .Comité Gille de Gouberville et al. (préf. Annick Perrot, ill. Kévin Bazot, sous la direction de Julien Deshayes), Voyage en Cotentin avec Gilles de Gouberville, Éditions Heimdal, , 95 p., 30 cm, illustrations couleur (ISBN 978-2-84048-581-0, EAN 9782840485810, BNF 46897276), p. 88-89.
- Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 115.
- Jean Barros, Le canton de Barneville-Carteret (Côte des Isles) : Le patrimoine, t. 1, Valognes, Éditions de la Côte des Isles, , 391 p. (ISBN 2-9505339-1-4), p. 59.
- Le château de Flottemanville - L'histoire de ses propriétaires : Édition salon du livre 17/18 novembre 2012 Valognes, Réal. Joseph Montreuil - Bibliothèque de Caen, , 31 p., p. 3.
- Girard et Lecœur 2005, p. 19.
- Jeannine Bavay, « Cherbourg de 1688 à 1897 », Vikland, la revue du Cotentin, no 4,‎ janvier-février-mars 2013, p. 11 (ISSN 0224-7992).
- « Ancien château », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.