Cathédrale Saint-Louis de Carthage
La cathédrale Saint-Louis de Carthage (arabe : كاتدرائية القديس لويس) est une ancienne cathédrale catholique située à Carthage (Tunisie). Désaffectée pour le culte, elle est connue depuis 1993 sous le nom d'Acropolium comme un lieu culturel accueillant rencontres, expositions ou concerts[1].
Cathédrale Saint-Louis | |
Façade de la cathédrale Saint-Louis. | |
Présentation | |
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Nom local | كاتدرائية القديس لويس |
Culte | Catholicisme (1890-1964) |
Type | Cathédrale |
Début de la construction | 1884 |
Fin des travaux | 1890 |
Style dominant | Style byzantino-mauresque |
Géographie | |
Pays | Tunisie |
Ville | Carthage |
Coordonnées | 36° 51′ 13″ nord, 10° 19′ 24″ est |
Couvrant une surface de 1 800 m2[2], elle se trouve au sommet de la colline de Byrsa et à proximité immédiate des ruines de l'antique cité punique puis romaine.
Histoire
« Louange à Dieu l'Unique, auquel retournent toutes choses !
Nous cédons à perpétuité à Sa Majesté le Roi de France un emplacement dans le Maalka [royaume], suffisant pour élever un monument religieux en l'honneur du roi Louis IX, à l'endroit où ce Prince est mort[3]. Nous nous engageons à respecter et à faire respecter ce monument consacré par le roi de France à la mémoire d'un de ses plus illustres aïeux. Salut de la part du serviteur de Dieu, Husem-Pacha-Bey. Que le Très-Haut lui soit favorable ! Amen.Le 17 de Safar de l'année 1246. Fait au Bardo le . Au consul général Mathieu de Lesseps[4] - [5] »
C'est par ces mots qu'Hussein II Bey donne au consul général de France l'autorisation d'édifier une chapelle sur le site de l'antique Carthage, de déterminer son emplacement et de prendre tout le terrain nécessaire. Le consul charge son fils Jules de cette mission. Celui-ci, après avoir examiné attentivement les lieux, conclut que la chapelle doit être construite sur la colline de Byrsa, au centre de l'acropole punique, à l'emplacement du temple d'Esculape. Louis-Philippe Ier approuve ce projet.
Concernant la chapelle, le parti pris par l'architecte est celui d'un bâtiment aux proportions modestes doté d'une architecture où se mêlent les styles gothique et byzantin.
Il réussit, en tout cas, à lui donner l'aspect d'un riche marabout tout en rappelant la Chapelle royale de Dreux. Une croix, la seule debout à cette date en Tunisie, surmontait l'édifice[6].
Des descendants des familles de croisés, compagnons du souverain, participent à son financement. Édifiée non loin de la chapelle Saint-Louis, la cathédrale, dont les travaux de construction commencent en 1884, est consacrée le , sous le protectorat français[7] - [8].
La cathédrale devient primatiale d'Afrique lorsque le titre de primat d'Afrique est restauré au profit du cardinal Lavigerie, titulaire des archidiocèses d'Alger et de Carthage unis en sa personne[9]. Le bâtiment est consacré en grande pompe en présence de nombreux dignitaires ecclésiastiques[10]. À sa mort, le cardinal Lavigerie y est inhumé et un monument funéraire élevé en sa mémoire. Son corps repose aujourd'hui dans la crypte de la maison généralice à Rome. Désaffectée et cédée à l'État tunisien en , plusieurs années après l'indépendance de la Tunisie (1956), la cathédrale est reconvertie en 1993 en un lieu de culture.
Architecture
L'architecture de la fin du XIXe siècle aime les styles composites comme dans le cas de la basilique du Sacré-Cœur de Paris construite à la même époque en style dit romano-byzantin. L'édifice, selon les plans de l'abbé Joseph Pougnet (1829-1892), est de style byzantino-mauresque en forme de croix latine (65 mètres sur 30)[1].
La façade expose une rosace sculptée dans une pierre de taille ocre rapportée de Malte, qui compose l'ensemble du bâtiment, et se trouve encadrée à chaque angle de deux tours carrées[1]. À l'intérieur, le chœur s'élève en double arcade en plein cintre coiffée d'un dôme bleu azur. La cathédrale comprend trois nefs et un déambulatoire à l'étage.
La croisée du transept est surmontée d'une grande coupole flanquée de huit clochetons et l'abside d'une coupole plus petite. La cathédrale comporte également deux bas-côtés séparés par des arcs outrepassés.
Aux murs figurent les blasons des donateurs pour la construction de la basilique. Les 174 colonnes de marbre surmontées de chapiteaux dorés soutiennent les balustrades et les plafonds fait de caissons en bois importé de Hongrie, de Hollande et de Russie et décorés au moyen d'arabesques sculptées, peintes et dorées par des artisans d'Alep et de Venise[1].
284 vitraux réalisés par Édouard Didron[1], sont aussi décorés d'arabesques et laissent passer une lumière dans les tons bleus, jaunes ou verts. Ceux de la nef centrale représentent saint Louis et saint Augustin, les deux Saint patrons de la cathédrale[1]. La cathédrale est dotée d'un bourdon de six tonnes et d'un carillon de quatre cloches. Elles sont bénites par le cardinal Lavigerie qui a voulu être le parrain du bourdon Cyprien-Charles. Les autres cloches, par ordre de grandeur, s'appellent Augustin-Fulgence, Perpétue-Félicité, Louis-Eugène et Déogratias.
- Façade principale de la cathédrale.
- Façade arrière et dômes de la cathédrale.
- Vue intérieure du dôme coiffant le chœur.
- Plafonds peints de la cathédrale.
- Un exemple de vitraux.
Notes et références
- « L'Acropolium de Carthage. Ancienne cathédrale Saint-Louis »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur saisonstunisiennes.com, .
- « Bienvenue à l'Acropolium de Carthage »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur acropoliumcarthage.com.
- En 1270, la huitième croisade (dernière du genre) arrive devant Tunis. Espérant convertir le sultan de Tunis au christianisme et le dresser contre le sultan d'Égypte, les croisés s'emparent facilement de Carthage mais l'armée est victime d'une épidémie de dysenterie. Louis IX (saint Louis) meurt le 25 août. Une partie de ses restes est enterrée en Tunisie où une tombe peut encore être visitée aujourd'hui.
- Karl von Martens et Friedrich Wilhelm August Murhard (de), Nouveau recueil de traités d'alliance, de paix, de trêve, de neutralité, de commerce, de limites, d'échange et de plusieurs autres actes servant à la connaissance des relations étrangères des puissances et états de l'Europe depuis 1808 jusqu'à présent, vol. 14, Gœttingue, Librairie de Dieterich, (lire en ligne), p. 16.
- Eugène Plantet, Correspondance des beys de Tunis et des consuls de France avec la cour, 1577-1830, t. III : 1770-1830, Paris, Félix Alcan, , p. 707.
- Alexandre Pons, La nouvelle Église d'Afrique ou le catholicisme en Algérie, en Tunisie et au Maroc depuis 1830, Tunis, Librairie Louis Namura, , 343 p. (lire en ligne).
- Bruno Foucart et Françoise Hamon, L'architecture religieuse au XIXe siècle : entre éclectisme et rationalisme, Paris, Presses Paris Sorbonne, , 363 p. (ISBN 978-2-84050-442-9, lire en ligne), p. 64.
- Jean-Claude Ceillier, Histoire des missionnaires d'Afrique (Pères blancs) : de la fondation par Mgr Lavigerie à la mort du fondateur (1868-1892), Paris, Karthala, , 303 p. (ISBN 978-2-84586-983-7, lire en ligne), p. 106.
- Philippe Delisle et Marc Spindler, Les relations Églises-État en situation postcoloniale : Amérique, Afrique, Asie, Océanie, XIXe et XXe siècles : actes de la 20e session du CREDIC (Chevilly-Larue, 27-30 août 2002), Paris, Karthala, , 419 p. (ISBN 978-2-84586-416-0, lire en ligne), p. 191.
- À cette occasion, des restes de Saint Louis conservés en Sicile sont ramenés par l'archevêque de Palerme car, lors du retour du corps de Saint Louis en France, des problèmes de conservation ont nécessité de laisser ses entrailles en Sicile. Ces reliques sont ramenées en France, lors de l'indépendance de la Tunisie, et déposées à la Sainte-Chapelle.
Liens externes
- « Acropolium de Carthage », sur acropoliumcarthage.com (consulté le ).