Casimir Duclos
Casimir Duclos est un officier de l'armée de Napoléon, né sur l'île de Sainte-Lucie le , et mort en le à Bordeaux. Métis, il commande pendant les Cent-Jours un détachement d'une centaine d'afro-descendants qui participe à un soulèvement bonapartiste à La Réole. À la Restauration de la monarchie il est pour ces faits condamné au bagne, victime de la Terreur blanche.
Casimir Duclos | |
Naissance | île de Sainte-Lucie |
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Décès | Bordeaux |
Origine | Français |
Allégeance | République française Empire français Empire français (Cent-Jours) |
Grade | lieutenant |
Années de service | 1792 – 1815 |
Conflits | Guerres de la Révolution Guerres napoléoniennes |
Biographie
Casimir Duclos naît dans le colonie de Sainte-Lucie le [1]. Il est mulâtre[1], terme utilisé alors pour désigner les personnes métisses nées d'un parent noir et d'un parent blanc.
Il s’enrôle dans les armées françaises le , sans doute au sein de la Légion des Américains. Il est nommé lieutenant en juillet 1795 — on sait alors de lui qu'il sait lire et écrire[1]. Le le bataillon des Antilles dont il dépend est battu par le général Abercromby, commandant en chef des forces britanniques dans les Antilles et en Guyane, lors d’un combat qui aboutit à la prise de l'île Sainte-Lucie par les Anglais et au rétablissement local de l’esclavage[2]. Avec d’autres officiers et de nombreux hommes de couleur, il est incarcéré en tant que prisonnier de guerre dans la baie de Portsmouth, où sont détenus de nombreux hommes de couleur[2].
Il est libéré ou échangé dans le courant de l’année 1799 (semble-t-il avec sa femme Ursule[2]), et placé au dépôt de l’île d’Aix où il reste de juillet à octobre[2]. Fin 1799, il relève de la 5e demi-brigade d'artillerie de marine, et séjourne à Rochefort[1]. Réformé en mars 1801 après une blessure par arme à feu au pied, il reprend du service en juillet 1811, puis est affecté dans une compagnie de vétérans[1]. Il devient artisan et exerce la profession de tailleur de pierres[3].
Pendant les Cent-Jours, il passe à La Réole le 22 juillet 1815, commandant un détachement d'une centaine[4] de soldats noirs[1] du 1er bataillon colonial[4]. Avec ses hommes, il arrache et brûle le drapeau blanc, emblème de la royauté que les autorités de la ville ont installé sur le clocher de l'église. Plus ou moins avinés, les hommes se joignent à un groupe local dirigé par les frères jumeaux Constantin et César Faucher, deux généraux de brigade, qui entendent se soulever contre les royalistes : ensemble, ils se portent contre le château voisin de Montagoudin[4] appartenant à Hyacinthe Philémon de La Vaissière de Verduzan, ancien lieutenant-colonel d'infanterie du régiment des Gardes françaises, qui avait émigré pendant la Révolution[5]. Là -bas, les révoltés se livrent, selon leurs adversaires, à des pillages et des violences. La troupe s'en prend ensuite à la commune de Beaupuy[4], et est finalement interpellée par la Garde nationale de Marmande[1] : trente hommes sont arrêtés, vingt-trois soldats noirs et sept indigènes de La Réole[4]. Les frères Faucher sont déferrés en conseil de guerre à Bordeaux en septembre 1815 et fusillés.
En décembre 1815[3] un tribunal de Bordeaux condamne Duclos à vingt ans de bagne « pour excès et brigandages commis à la tête d'une troupe de nègres » ; le sous-lieutenant Joseph Varret est exécuté, un autre banni, plusieurs soldats noirs écopent de peines de prison[1] : la plupart de ces afro-descendants, âgés d'une vingtaine ou d'une trentaine d'année, sont nés à Saint-Domingue ou à la Guadeloupe ; l'un d'eux est le fils d'un aubergiste bordelais, Louis Belard Saint-Sylvestre[3]. Ils sont bonapartistes, l'Empereur, bien qu'ayant rétabli l'esclavage en 1802, est encore perçu comme un défenseur des idéaux républicains, et l'esclavage comme une émanation de l'Ancien Régime[3].
Casimir Duclos purge sa peine pendant douze ans, et rentre dans ses foyers en 1829[6]. Le il sollicite sa grâce auprès du Ministère de la guerre[1].
S'adonnant à la boisson, il est victime d'un accident vasculaire cérébral dont il meurt quelques jours plus tard, le 26 octobre 1833[7], à Bordeaux[6].
Références
- Bernard Gainot, Les officiers de couleur dans les armées de la République et de l'Empire (1792-1815), KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-8111-4181-3, lire en ligne), p. 224-225
- Sandra Willendorf, Who is who en Guadeloupe 1794 - 1802, civils et militaires: vol 2: les militaires, BoD – Books on Demand, (ISBN 978-3-7543-0544-7, lire en ligne)
- Julie Duprat, « La Réole, 1815 : une histoire de rebelles Noirs », sur Noire métropole (consulté le )
- Charles Dalbaret, Un assassinat juridique (1815).: Les généraux Faucher; ou, Les jumeaux de La Réole fusillés à Bordeaux sous la terreur blanche, A. Bellier & cie, (lire en ligne), p. 337-343
- « Hyacinthe Philémon de Lavaissière de Verduzan (1753 - 1834) », sur man8rove.com (consulté le )
- L. Maximien REY, Sur la pathogénie de quelques affections de l'axe cérébro-spinal, etc, Imprimerie Didot Le Jeune, (lire en ligne), p. 53-60, cas de Casimir Duclos
- Le rapport d'autopsie indique qu'il est à son décès âgé de 66 ans (donc 1835 ou 1836) mais est inclus dans une thèse soutenue en mars 1834. La mort y est datée du 26 octobre, sans précision de l'année.