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Carcharhinus leiodon

Carcharhinus leiodon est une espèce de requin de la famille des Carcharhinidae. Il est connu uniquement par le spĂ©cimen type capturĂ© dans le Golfe d'Aden au large de l'est du YĂ©men, et par une poignĂ©e de spĂ©cimens supplĂ©mentaires pris dans le Golfe Persique au large du KoweĂŻt. Atteignant 1,2 m de long, cette espèce a un corps trapu de couleur verdâtre, un museau court et des ailerons Ă  pointes noires. Elle se distingue des espèces semblables par ses dents, qui sont Ă©troites, droites et Ă  bord lisse.

On sait peu de chose de la biologie du Carcharhinus leiodon, il vit probablement dans des eaux peu profondes et se nourrit de petits poissons osseux. Il est probablement vivipare comme les autres membres de sa famille. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dans sa dernière évaluation, a classé cette espèce vulnérable, alors que seulement le spécimen type était connu. Bien que plusieurs spécimens ont été découverts depuis, le statut de sauvegarde de cette espèce reste précaire en raison de la pêche intensive et de la dégradation de l'habitat dans son aire de répartition.

Taxonomie et phylogénie

Le spĂ©cimen type de Carcharhinus leiodon Ă©tait un jeune mâle de 75 cm de long capturĂ© par Wilhelm Hein en 1902 et dĂ©posĂ© au MusĂ©um d'histoire naturelle de Vienne de Vienne. Il a Ă©tĂ© collectĂ© dans le Golfe d'Aden, près de la ville de Qishn dans l'est du YĂ©men. En 1985, le requin a Ă©tĂ© examinĂ© et dĂ©crit comme une nouvelle espèce par l’ichtyologiste nĂ©o-zĂ©landais Jack Garrick dans un rapport technique de la National Oceanic and Atmospheric Administration. Il lui a donnĂ© l'Ă©pithète spĂ©cifique leiodon venant du grec leios signifiant « lisse », et odon qui signifie « dent »[1]. Cette espèce n'est connue que par le spĂ©cimen type jusqu'en 2008, lorsque des enquĂŞtes halieutiques au KoweĂŻt ont dĂ©couvert plusieurs autres spĂ©cimens[2].

En se basant sur la morphologie de ces animaux, Leonard Compagno a provisoirement regroupé en 1988 Carcharhinus leiodon avec le Requin tisserand (C. brevipinna), le Requin bordé (C. limbatus), le Requin gracile (C. de amblyrhynchoides), et le Requin à petites dents (C. isodon)[3]. En utilisant des techniques d'analyses moléculaires phylogénétiques sur les séquences d'ADN mitochondrial, Alec Moore et son équipe ont rapporté en 2011 que cette espèce est étroitement liée au Requin gracile, au Requin bordé et à Carcharhinus tilstoni[2].

Description

À première vue, Carcharhinus leiodon ressemble au Requin à pointes noires (C. melanopterus). Il a un corps assez robuste, avec un museau court et émoussé. Les grandes narines sont précédées par des rabats de peau bien développés. Les petits yeux circulaires sont équipés de membranes nictitantes. La gueule forme un large arc avec des sillons très courts à ses extrémités. Il y a 16 rangées de dents de chaque côté de la mâchoire supérierue et 14 à 15 rangées de dents de chaque côté de la mâchoire inférieure, ainsi qu de deux à trois petites dents au niveau de la symphyse (au centre) de l'une et l'autre des mâchoires. Les dents se distinguent par leur forme, avec leurs pointes droites étroites sans dentelures ; le Requin à petites dents et les jeunes Requins tisserands sont les seuls autres membres du genre Carcharhinus avec des dents semblables. Les cinq paires de fentes branchiales sont longues[2] - [1].

Les nageoires pectorales sont assez longues et pointues, et lĂ©gèrement falciformes. Elles prennent naissance entre les quatrième et cinquième fentes branchiales. La première nageoire dorsale est de taille moyenne et triangulaire avec un sommet pointu, et est implantĂ©e Ă  l'arrière de la base des nageoires pectorales. La deuxième nageoire dorsale est petite et situĂ©e Ă  l'opposĂ© de la nageoire anale. Il n'y a pas de crĂŞte entre les nageoires dorsales. Les nageoires pelviennes sont triangulaires et plus grandes que la nageoire anale, qui a une profonde entaille dans la bordure arrière. Une entaille en forme de croissant est prĂ©sente Ă  la base de la nageoire caudale supĂ©rieure. La nageoire caudale est asymĂ©trique, avec un lobe infĂ©rieur bien dĂ©veloppĂ© et un lobe supĂ©rieur plus grand et prĂ©sentant une encoche ventrale près de la pointe. Les denticules cutanĂ©es se chevauchent lĂ©gèrement et portent trois arĂŞtes horizontales menant Ă  trois ou cinq dents marginales. Cette espèce est jaune verdâtre Ă  gris verdâtre dessus, parfois avec une dispersion de petits points sombres. Le dessous est blanc et s'Ă©tend en une bande pâle sur les flancs. Tous les ailerons ont nettement des pointes noires bien nettes, et il y a une large bande sombre allant de la base de la deuxième nageoire dorsale Ă  la pointe du lobe supĂ©rieur de la nageoire caudale. Le plus grand spĂ©cimen enregistrĂ© mesurait 1,2 m de long[2] - [1].

Distribution et habitat

Le nord-ouest du Golfe persique, où vit une sous-population de Carcharhinus leiodon, est un environnement d'eau peu profonde et à faible salinité.

Carcharhinus leiodon n'a Ă©tĂ© enregistrĂ©e qu'Ă  deux endroits, dans l'est du YĂ©men et au large du KoweĂŻt, Ă©loignĂ©s de 3 000 km. Ces deux endroits sont très diffĂ©rents : le Golfe d'Aden, près du YĂ©men, prĂ©sente une profondeur de 2,5 kmavec un plateau continental Ă©troit et aucun apport fluvial permanent, tandis que le Golfe Persique, près du KoweĂŻt, Ă  une profondeur qui n'excède pas 40 m et reçoit de l'eau douce abondante en provenance du Tigre, de l'Euphrate et du Karun. Les spĂ©cimens ont Ă©tĂ© observĂ©s sur le marchĂ© au poisson du KoweĂŻt ; Ă©tant donnĂ© les pratiques des pĂŞcheurs koweĂŻtiens, ce requin vit certainement dans les eaux cĂ´tières peu profondes. Pourtant, ces eaux englobent une gamme d'habitats allant des estuaires aux rĂ©cifs coralliens, et l'habitat prĂ©fĂ©rĂ© du Carcharhinus leiodon demeure largement inconnu[2].

Biologie et Ă©cologie

Compte tenu de sa ressemblance avec le Requin Ă  pointes noires, Carcharhinus leiodon peut occuper une niche Ă©cologique similaire en eau peu profonde au sein de son aire de rĂ©partition. On sait qu'il se nourrit par exemple d'Ariidae[2], et son rĂ©gime alimentaire comprend probablement aussi d'autres petits poissons osseux. Cette espèce est probablement vivipare comme toutes les autres espèces de requin du genre Carcharhinus, l'embryon se dĂ©veloppant grâce Ă  une connexion placentaire Ă  la mère, et naissant formĂ©[4]. Ă€ en juger par les spĂ©cimens disponibles, les mâles atteignent la maturitĂ© sexuelle Ă  une taille comprise entre 0,9 et 1,2 m de long[2].

Relations avec l'Homme

Avant la découverte de spécimens supplémentaires au Koweït, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a évalué Carcharhinus leiodon comme vulnérable du fait de son aire de répartition réduite, du moins de ce qu'on en connaît aujourd'hui[5]. En dépit de la découverte d'une deuxième sous-population au Koweït, cette espèce n'a pas vu son statut de sauvegarde évoluée, car les eaux de le péninsule arabique font l'objet d'une forte pression de pêche et de dégradation de l'habitat. Carcharhinus leiodon est une prise accessoire des filets maillants et autres pêcheries au large du Koweït, alors que les pêcheries de requins yéménites et somaliennes intensives opèrent dans le golfe d'Aden. L'état de la sous-population du Yémen est incertaine car aucun autre spécimen n'a été enregistré depuis le spécimen type il y a plus d'un siècle[2].

Références

  1. (en) J.A.F. Garrick, Additions to a revision of the shark genus Carcharhinus: Synonymy of Aprionodon and Hypoprion, and description of a new species of Carcharhinus (Carcharhinidae), NOAA Technical Report NMFS-, , 1–26 p. (lire en ligne)
  2. (en) A.B.M. Moore, W.T. White, R.D. Ward, G.J.P. Naylor et R. Peirce, « Rediscovery and redescription of the smoothtooth blacktip shark, Carcharhinus leiodon (Carcharhinidae), from Kuwait, with notes on its possible conservation status », Marine and Freshwater Research, vol. 62,‎ , p. 528–539 (DOI 10.1071/MF10159, lire en ligne)
  3. (en) L.J.V. Compagno, Sharks of the Order Carcharhiniformes, Princeton University Press, , 319–320 p. (ISBN 0-691-08453-X)
  4. (en) M. Voigt et D. Weber, Field Guide for Sharks of the Genus Carcharhinus, Verlag Dr. Friedrich Pfeil, , 151 p. (ISBN 978-3-89937-132-1)
  5. (en) L.J.V. Compagno, « Carcharhinus leiodon », UICN,

Référence

  • Garrick : Additions to a revision of the shark genus Carcharhinus: synonymy of Aprionodon and Hypoprion, and description of a new species of Carcharhinus (Carcharhinidae). National Oceanic and Atmospheric Administration Technical Report National Marine Fisheries Service 34, p. 1-26.

Liens externes

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