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Camp d'internement de Crystal City

Le camp d'internement de Crystal City est un camp d'internement, crĂ©Ă© près de Crystal City au Texas, aux États-Unis. Il avait pour objectif d'emprisonner les personnes d'ascendance japonaise, allemande et italienne durant la Seconde Guerre mondiale. Il a Ă©tĂ© dĂ©crit de diverses manières comme un centre de dĂ©tention ou un camp de concentration[1]. Le camp, conçu Ă  l’origine pour 3 500 personnes, est ouvert en et est officiellement fermĂ© le [1] - [2]. Officiellement connu sous le nom de Crystal City Alien Enemy Detention Facility, en français : Centre de dĂ©tention des ennemis Ă©trangers de Crystal City, plus communĂ©ment appelĂ© U.S. Family Internment Camp, Crystal City, Texas, en français : Camp d'internement familial amĂ©ricain de Crystal City, Texas, il est gĂ©rĂ© par le service d'immigration et de naturalisation du dĂ©partement de la Justice des États-Unis[3] et est initialement prĂ©vu pour l'accueil des familles japonaises mais aussi celles expulsĂ©es des pays d'AmĂ©rique latine vers les États-Unis. Un nombre important de ces personnes incarcĂ©rĂ©es Ă©taient des citoyens amĂ©ricains, nĂ©s dans le pays. Le camp d'internement de Crystal City est l'une des principales installations de confinement des familles pendant la Seconde Guerre mondiale, aux États-Unis.

Camp de Crystal City
CRYSTAL CITY INTERNMENT CAMP, ZAVALA COUNTY, TX.jpg
Le mémorial du camp dans le comté de Zavala.
Présentation
Gestion
Date de création
Date de fermeture
Victimes
GĂ©ographie
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
RĂ©gion Texas
Localité Crystal City
CoordonnĂ©es 28° 41′ 04″ nord, 99° 49′ 40″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Texas
(Voir situation sur carte : Texas)
Camp de Crystal City
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
(Voir situation sur carte : États-Unis)
Camp de Crystal City

Les camps de dĂ©tention sont dĂ©crits Ă  l'Ă©poque comme une mesure de « sĂ©curitĂ© intĂ©rieure », mais sont dĂ©sormais considĂ©rĂ©s comme « injustes et motivĂ©s par le racisme plutĂ´t que par une nĂ©cessitĂ© militaire rĂ©elle », comme l'a indiquĂ© la commission sur le dĂ©placement et l'internement des civils en temps de guerre (en). Au maximum de sa capacitĂ©, le camp comptait 3 374 dĂ©tenus, le .

Création du camp

Le camp de Crystal City, est baptisĂ© en l'honneur de la ville voisine et situĂ©e Ă  180 km au sud de San Antonio. Il est l'un des plus grands camps du Texas. Avant la guerre, il s'agissait d'un camp de travail pour migrants, construit par la Farm Security Administration (FSA) pour accueillir un afflux de travailleurs migrants venus exploiter la culture la plus rentable de la rĂ©gion, l'Ă©pinard[2] - [4]. Au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, des milliers de rĂ©sidents japonais et allemands, des États-Unis, y compris des citoyens amĂ©ricains et des rĂ©sidents Ă©trangers, sont arrĂŞtĂ©s et sĂ©parĂ©s de leur famille le temps de leur dĂ©tention initiale. Le camp de la FSA est confiĂ© au service d'immigration et de naturalisation afin de permettre Ă  ces supposĂ©s « ennemis Ă©trangers » d'ĂŞtre rĂ©unis avec leurs Ă©pouses et leurs enfants. Le premier groupe de 35 familles allemandes arrive le [4].

Les femmes et les enfants du camp de Seagoville (en), qui avait ouvert ses portes pour accueillir des Japonais d'AmĂ©rique latine, mais qui commence Ă  devenir surpeuplĂ© en raison de l'augmentation des incarcĂ©rations d'amĂ©ricains d'origine japonaise, commencent Ă  arriver au dĂ©but 1943. Les maris et pères sont transfĂ©rĂ©s Ă  Crystal City, Ă  partir du camp de Kenedy mais aussi de camps du ressort de l'autoritĂ© de rĂ©installation en temps de guerre (en), Ă  partir de [2]. En , le camp accueille 2 104 personnes d'ascendance japonaise, dont environ la moitiĂ© en provenance d'AmĂ©rique latine, et 804 personnes d'ascendance allemande, hĂ©bergĂ©es sĂ©parĂ©ment par appartenance ethnique[4].

Les incarcérés

Latino-américains

Au début de la guerre, au nom de la « sécurité continentale », le gouvernement des États-Unis entame des négociations avec plusieurs pays d'Amérique latine pour rassembler et expulser les ressortissants allemands et japonais qui vivent dans ces pays[5].

À leur arrivée à La Nouvelle-Orléans en Louisiane, la première vague d'hommes déportés est arrêtée au motif qu'ils avaient tenté d'entrer illégalement dans le pays, les autorités de l'immigration leur ayant refusé des visas, et qu'ils étaient détenus dans divers postes de l'INS de la région, avant d'être transférés dans les camps de Kenedy, au Texas et Santa Fe, au Nouveau Mexique. Leurs femmes et leurs enfants les rejoignent plus tard, apparemment sur la base du volontariat, bien que la plupart des familles ne disposaient pas d'alternatives possibles à l'expulsion[6]. Une fois incarcérés aux États-Unis, ils peuvent ensuite être envoyés en Allemagne ou au Japon en échange du retour des citoyens américains et des diplomates bloqués dans les pays des forces de l'Axe[2] - [5].

Le programme d'échange de prisonniers est de courte durée et est finalement transformé en un programme de rapatriement dans lequel des ressortissants allemands et japonais ainsi que leurs familles, y compris de nombreux enfants qui n'étaient jamais allés dans leur pays d'origine, sont déportés, une fois de plus, en Allemagne et au Japon. La majorité de la population latino-américaine de Crystal City est transportée en Allemagne et au Japon à la fin de la guerre, bien que plusieurs centaines de Japonais péruviens aient été autorisés à rester aux États-Unis après une bataille juridique de deux ans[7].

Sur les quelque 1 500 Japonais d'AmĂ©rique latine, confinĂ©s, pendant la guerre, Ă  Crystal City, près de 80 % venaient du PĂ©rou tandis que 234 Allemands d'AmĂ©rique latine sont dĂ©portĂ©s de Bolivie, de Colombie, du Guatemala, du Costa Rica, du Honduras, du Nicaragua, ainsi que quelques-uns de HaĂŻti[8].

Les américains d'origine allemande et japonaise

Le camp de Crystal City accueillait également des Américains d'origine japonaise et allemande qui vivaient auparavant dans de nombreuses régions des États-Unis. Des non-citoyens japonais et allemands ont été arrêtés, en grand nombre, immédiatement après l'attaque de Pearl Harbor, le , et incarcérés de force dans divers lieux de détention de l'INS, de l'armée américaine et du ministère de la Justice avant d'être transférés à Crystal City, où ils ont été réunis avec leurs familles[1] - [8]. Les premiers prisonniers américains d'origine allemande arrivent en , en provenance d'Ellis Island et du Camp Forrest (en), dans le Tennessee[8]. Les premiers Américains d'origine japonaise sont des femmes et des enfants emmenés de Seagoville au camp de Crystal City, en [4]. D'autres américains, d'origine japonaise, sont transportés en train depuis les centres de détention occidentaux et les camps du ressort des autorités de réinstallation en temps de guerre, dans les mois suivants[8] - [4]. La plupart des détenus américains, d'origine japonaise, sont transportés de la côte ouest, tandis que les Américains allemands sont amenés de nombreux endroits aux États-Unis[8].

La vie d'internement

L'idée de l'internement familial est un nouveau concept en ce qui concerne la détention des étrangers allemands et japonais, pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans le camp d'internement de Crystal City, les internés allemands et japonais vivent séparément les uns des autres et sont placés dans deux sections différentes du camp. Les responsables du service d'immigration et de naturalisation de Crystal City justifient l'isolement comme un moyen de surveiller les deux groupes[8]. Le camp d'internement de Crystal City a accueilli un grand nombre de détenus provenant d'autres camps d'internement aux États-Unis et le camp devient surpeuplé[2]. La section allemande du camp fournit, à ses internés, une boulangerie, une cantine, une salle communautaire et des chalets allemands[8]. De nombreuses familles allemandes ont leur propre chalet, comprenant douches, cuisines, salles de bains et eau chaude[2]. Un bulletin hebdomadaire, en langue allemande, est publié, intitulé Unter uns[9]. La section japonaise comprend une école japonaise, le lycée fédéral, l'école primaire fédérale, un jardin d'agrumes et plusieurs installations de loisirs comme des terrains de tennis, de basketball, de football et une piscine[8]. Les internés japonais du camp vivent dans des logements avec l'eau courante et des glacières[2].

Les enfants

Presque tous les enfants dĂ©tenus au camp d'internement de Crystal City Ă©taient des citoyens amĂ©ricains, nĂ©s aux États-Unis, dont les parents Ă©taient des non-citoyens Ă©trangers[2]. Chaque enfant au camp d'internement de Crystal City recevait un litre de lait par jour[8]. Trois Ă©coles ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es : l'Ă©cole allemande, l'Ă©cole japonaise et les Ă©coles amĂ©ricaines de l'Ă©cole Ă©lĂ©mentaire fĂ©dĂ©rale et du lycĂ©e fĂ©dĂ©ral[8]. Les Ă©coles ont fourni aux Ă©lèves internĂ©s tous les programmes de base que les Ă©coles du Texas Ă©taient tenues d'avoir[8]. FondĂ©e en , l'Ă©cole amĂ©ricaine du camp d'internement de Crystal City a formĂ© plus d'un millier d'Ă©lèves avant d'ĂŞtre fermĂ©e en [8]. La majoritĂ© des Ă©lèves de l'Ă©cole amĂ©ricaine de Crystal City Ă©taient des internĂ©s amĂ©ricains japonais et un grand nombre d'entre eux ont Ă©tĂ© acceptĂ©s dans diverses universitĂ©s aux États-Unis. Les parents d'Ă©lèves germano-amĂ©ricains ont refusĂ© d'envoyer leurs enfants Ă  l'Ă©cole amĂ©ricaine, prĂ©fĂ©rant un enseignement Ă  l'Ă©cole allemande[8]. Les enfants germano-amĂ©ricains, qui sont passĂ©s de l'Ă©cole amĂ©ricaine Ă  l'Ă©cole allemande, ont souvent eu des difficultĂ©s en classe parce qu'ils ne parlaient pas couramment l'allemand[8]. L'Ă©cole allemande et les Ă©coles amĂ©ricaines avaient un nombre d'inscrits similaire et chaque Ă©cole a formĂ© environ 350 Ă©lèves[8]. L'Ă©cole japonaise a formĂ© environ 300 Ă©lèves latino-amĂ©ricains, japonais et japonais-amĂ©ricains. Le programme d'Ă©tudes de l'Ă©cole japonaise ressemblait Ă  celui que les japonais recevaient dans leur pays, mettant l'accent sur la morale, l'Ă©thique et l'Ă©ducation physique japonaises[8].

Fermeture des Ă©coles

Le , le responsable du camp d'internement de Crystal City, J. L. O'Rourke, ferme les écoles allemande et japonaise et ordonne à tous les autres élèves de s'inscrire dans les écoles américaines[8]. Les écoles américaines sont par la suite fermées le , mais seuls 16 élèves japonais demeurent à Crystal City avec leurs parents[8]. La population du camp était déjà faible car de nombreux internés ont été rapatriés dans leur pays d'origine après la fin de la guerre. Le service d'immigration et de naturalisation rejette l'idée de transférer les élèves japonais dans des écoles publiques près de Crystal City[8]. En raison de cette décision mais aussi du manque de ressources pour déménager ailleurs, les internés japonais restants recréent l'école japonaise[8].

HĂ©ritage

L'emplacement du camp appartient maintenant au district scolaire local et est marqué par une pierre de granit gravée "Camp de concentration de la Seconde Guerre mondiale, 1943-1946", installée en [1]. La Texas Historical Commission a entrepris des fouilles archéologiques sur le site en , en vue de l'inscription du site au registre national des lieux historiques. L'inscription a été approuvée le [7].

Références

  1. (en) Burton Jeffery F., Farrell Mary M., Lord Florence B. et Lord Richard W., « Confinement and Ethnicity: An Overview of World War II Japanese American Relocation Sites. Publications In Anthropology. » [PDF], sur le site digitalhistory.uh.edu (consulté le ).
  2. Friedman 2003.
  3. (en) « World War II Enemy Alien Control Program Overview - Brief Overview of the World War II Enemy Alien Control Program », sur le site archives.gov (consulté le ).
  4. (en) « Crystal City (detention facility) », sur le site densho encyclopedia (consulté le ).
  5. (en) « Japanese Latin Americans », sur le site densho encyclopedia (consulté le ).
  6. (en) Gardiner Harvey C., Pawns in a Triangle of Hate : The Peruvian Japanese and the United States, Seattle, University of Washington, , p. 25-29.
  7. (en) « Crystal City (Family) Internment Camp », sur le site thc.texas.gov (consulté le ).
  8. (en) Riley Karen, Schools Behind Barbed Wire : The Untold Story of Wartime Internment and the children of arrested ennemy, Lanham, Md.: Rowman & Littlefield, (lire en ligne).
  9. (en) « Crystal City pdf » [PDF], sur le site foitimes.com (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Friedman Max Paul, Nazis and Good Neighbors : The United States Campaign against the Germans of Latin America in World War II, New York, Cambridge University Press, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • (en) Allan Rucker Bosworth, America's Concentration Camps, Norton, , 283 p..
  • (en) Jan Jarboe Russell, The Train to Crystal City : FDR's Secret Prisoner Exchange Program and America's Only Family Internment Camp During World War II, Scribner (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

Source de la traduction

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