Camille Cerf (gastronome)
Camille Cerf, né à Arlon en 1862 et mort en 1936, est un journaliste, un financier et un gastronome belge[1]. Il a travaillé pour plusieurs journaux, notamment pour Le Figaro et s'illustra par les mémorables repas de son Académie du Goût.
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(à 73 ans) |
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Camille Cerf |
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Biographie
Camille Cerf a épouse Hélène Helbronner (Paris 1878- Paris 1967) le 3 juillet 1898, ils eurent une fille, Colette (1899-1975) qui épouse André Paul Weiss en 1924[1].
Il a été le secrétaire personnel et l'ami de Georges Clemenceau [2] - [3]. Il fut éditeur d'art, secrétaire de la rédaction du Voltaire[4], homme d'affaires dans le milieu cinématographique et administra entre autres la société Pathé [5].
En 1895, la société Lumière lui laisse la concession du cinématographe pour plusieurs pays et lui prête du matériel de tournage et de projection, contre le versement de 50 % des recettes que Camille Cerf percevra [6]. On lui doit notamment en tant qu'organisateur et cameraman le reportage sur le couronnement du tsar Nicolas II de Russie en 1896 [7] - [8]. Ce film réalisé avec Charles Moisson et Francis Doublier est un des premiers films d’actualité cinématographique. Il sera présenté pour la première fois à Paris le puis à Saint-Pétersbourg [9].
En 1900, il reprend les Verreries de l'Ancre à Charleroi (siège à Paris) [10].
Le gastronome et l'Académie du Gout
A la fin du XIXe siècle, il rencontre Mme Yvon, une mère lyonnaise qui cuisine à l'Auberge de l'Yvette dans la vallée de Chevreuse. Il étudie avec elle les grands classiques de la cuisine française [4], il la fait couronner par le Club des Cent et ils organisent ensemble de mémorables repas auxquels assistent toutes ses relations. Paul Painlevé lui remet les insignes de chevalier du Mérite Agricole. Il l'aide à ouvrir son restaurant parisien A la Biche, 37 rue des Martyrs [11]. Longtemps il lui confia sa cuisine [12].
Il est le créateur et le mentor (on disait le Tyran) de l'Académie du Goût. Académie qui réunira chez lui, durant 25 ans le samedi au déjeuner, avenue Hoche entre 12 et 18 convives impitoyablement sélectionnés, autour de repas qui célébraient la cuisine du grand siècle [12] - [13]. Camille Cerf - nouveau Sempronius Rufus écrit Pierre Chapelle - considérait qu'un vrai gastronome mange chez lui, conçoit ses menus, contrôle leur exécution, connait la bonne température d'une salle à manger, y dispose ses amis, et créé l'atmosphère qui convient, toute chose qu'on ne peut faire que chez soi et qui évoque la façon de vivre du Dodin-Bouffant de Marcel Rouff [14]. Un de ces repas parfait est décrit par Pierre Veber dans Comoedia de février 1928 [15].
Les meilleurs crus des vins y étaient servis, il était copropriétaire d'une parcelle de 2 ha 85 au Clos Vougeot [16]. Elle était présidée par Paul Painlevé et compta pour membres Romain Coolus (chancelier), Jacques Helbronner, Marcel Knecht, Georges Pascalis, Pierre Veber (historiographe de l'Académie), etc. et 2 femmes : Mme Maurice Herbette (ambassadeur de France à Bruxelles) et son épouse (la Tyrane) [15] - [4] - [3]. Il ne supportait pas les invités en retard à qui la salle à manger était fermée, ils se consolaient d'un kir au Meursault, apéritif rituel de l'Académie [17]. Il avait une bonne tête qui « tient à la fois de Bacchus et Socrate » écrit Marcel Rouff et dont une jolie caricature se trouve dans le Figaro du 9 septembre 1934 [18].
Il fut membre de l'Académie des gastronomes [19], membre fondateur du Club des Cent désigné « grand conseiller des vins » (il avait une cave exceptionnelle) [20] - [21]. Il était arrivé derrière Curnosky et son compatriote Maurice des Ombiaux à l'élection du Prince des Gastronomes (1927) [22].
Postérité
Marcel Rouff écrit en 1927 : « Camille Cerf a fait pour la gastronomie français plus que personne en ce temps » [12]. Mais à la différence des gastronomes de l'époque (Curnonsky, Rouff, Austin de Croze, des Ombiaux et autres membres de l'Académie des gastronomes restés dans les mémoires) qui sont tous hommes de lettres ou écrivent dans la presse, Cerf n'écrit rien. Il ne reste que peu de souvenirs de celui qui fut le plus grand amphitryon de son siècle et un fabuleux amateur-collectionneur de bon vin. À propos d'un vin de Richebourg 1915 servi lors d'un repas chez lui Pierre Veber dit « les belles saveurs ne sont pas choses qui passent, elle ne meurent qu'avec celui qui les a connues » [15]. Les souvenirs des grands moments de son Académie du Gout sont partis avec lui.
Gabriel Astruc fit une ode en son honneur (1928) :
« Des coteaux de la Meuse aux confins de Castille,
Poètes, financiers, gouverneurs, présidents
Religieusement, chez toi, se font les dents
Sur la truffe de choix ou le pâté d'anguille
Grace à toi Lucullus passe au sixième rang ...
Voila pourquoi, Grand Cerf, tu reste Le Tyran »[23]
En remerciement de ses générosités et de son intervention pour la remise de la médaille de la Reconnaissance française en récompense des services rendus aux troupes françaises pendant la guerre 14-18, une place porte son nom à Arlon, inaugurée en septembre 1930 en sa présence [24] - [25] - [26].
Titres et récompenses
Notes et références
- « Le Grimh », sur www.grimh.org (consulté le )
- DH Les Sports+, « Des traces juives », sur www.dhnet.be, (consulté le )
- « Aux écoutes 6 octobre 1928 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
- « Comœdia 7 janvier 1928 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le ).
- « L’Art de vivre du comte Moïse de Camondo (1860-1935) : loisirs, voitures, tourisme et gastronomie », sur MAD Paris - Site officiel (consulté le )
- Coutau-Bégarie, « Etui à cigarettes en or unis. De forme rectangulaire,... », sur Coutau-Bégarie (consulté le )
- « La Russie met en ligne plus de 30 000 films d'archives », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- (en) Russia's film archive goes online, BBC News, 10 décembre 2011 (consulté le 15 septembre 2011)
- « Couronnement du tsar Nicolas II à Moscou », sur Catalogue Lumière (consulté le )
- « Cote de la Bourse et de la banque 28 avril 1900 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
- « Aux écoutes 15 octobre 1932 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le ).
- « Le Siècle 25 novembre 1927 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le ).
- « Lyon républicain 25 janvier 1936 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le ).
- « Paris-soir 6 mai 1927 », RetroNews - Le site de presse de la BnF, (lire en ligne, consulté le ).
- « Comœdia 10 février 1928 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le ).
- « Le Club des Cent », sur madparis.fr (consulté le ).
- Pierre Andrieu, Sachons boire, FeniXX réédition numérique, , 320 p. (ISBN 978-2-402-22320-1, lire en ligne).
- « Le Figaro 9 septembre 1934 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le ).
- (en) Jean-Robert Pitte, French Gastronomy : The History and Geography of a Passion, Columbia University Press, , 176 p. (ISBN 978-0-231-51846-8, lire en ligne).
- Gilles Laferté, Folklore savant et folklore commercial : reconstruire la qualité des vins de Bourgogne. Une sociologie économique de l’image régionale dans l’entre-deux-guerres : Thèse pour le doctorat de sciences sociales, Paris, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, , 657 p., p. 7 passages.
- « Le Figaro 4 mars 1936 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le ).
- Gilles Pudlowski, A quoi sert vraiment un critique gastronomique?, Armand Colin, , 192 p. (ISBN 978-2-200-27305-7, lire en ligne).
- « Comœdia 16 mars 1928 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
- (en) « Les invisibles d'Arlon : un jardin sans mauvaise herbe », sur Médor magazine (consulté le )
- « Le Journal 23 septembre 1930 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
- Le patrimoine monumental de la Belgique, Editions Mardaga, , 372 p. (ISBN 978-2-87009-571-3, lire en ligne)
- « Le Jour 12 janvier 1936 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
Liens externes
- Le film du couronnement de Nicolas II par Camille Cerf sur youtube :
- Emouvant article écrit sur Camille Cerf par Marcel Rouff dans Le Siècle du 25 novembre 1927 (il s'agit d'une opération de la prostate, son ami Clémenceau était auprès de lui).