Calcul stochastique
Le calcul stochastique est lâĂ©tude des phĂ©nomĂšnes alĂ©atoires dĂ©pendant du temps. Ă ce titre, c'est une extension de la thĂ©orie des probabilitĂ©s. Ne pas confondre avec la technique des calculateurs stochastiques.
Applications
Le domaine dâapplication du calcul stochastique comprend la mĂ©canique quantique, le traitement du signal, la chimie, les mathĂ©matiques financiĂšres, la mĂ©tĂ©orologie et mĂȘme la musique.
Processus aléatoires
Un processus aléatoire est une famille de variables aléatoires indexée par un sous-ensemble de ou , souvent assimilé au temps (voir aussi Processus stochastique). C'est une fonction de deux variables : le temps et l'état de l'univers . L'ensemble des états de l'univers est traditionnellement noté . L'application qui à un fixé associe , variable, est appelée trajectoire du processus ; c'est une simple fonction du temps (sans caractÚre aléatoire) qui représente la réalisation particuliÚre du processus sous l'occurrence .
Pour un donnĂ©, est une simple variable alĂ©atoire dont la valeur exacte n'est connue qu'en t. Le mouvement brownien est un exemple particuliĂšrement simple de processus alĂ©atoire indexĂ© par . Il peut ĂȘtre dĂ©fini comme l'unique processus Ă accroissement gaussien tel que la covariance entre et soit . On peut Ă©galement le voir comme la limite d'une marche alĂ©atoire lorsque le pas de temps tend vers 0.
Filtrations
Une filtration , est une famille de sous-tribus emboĂźtĂ©es de , qui peut sâinterprĂ©ter comme lâinformation disponible qui Ă©volue au cours du temps. Ainsi, une filtration est une famille de sigma-algĂšbres, indexĂ©e par le temps telle que si , ce qui reflĂšte l'augmentation de l'information disponible.
Processus d'ItĆ
Le processus d'ItĆ, d'aprĂšs le nom de son inventeur Kiyoshi ItĆ, traite des opĂ©rations mathĂ©matiques dans un processus stochastique. Le plus important est l'intĂ©grale stochastique d'ItĆ.
Intégrale d'ItÎ
Avant le calcul, indiquons que :
- les majuscules telles que notent les variables aléatoires ;
- les majuscules avec en indice un (par exemple ) notent un processus stochastique qui est une famille de variables aléatoires indexée par ;
- un petit à gauche d'un processus (par exemple ) signifie un changement infinitésimal dans le processus aléatoire qui est une variable aléatoire.
L'intégrale stochastique d'un processus par rapport à un processus est décrite par l'intégrale :
et est définie comme la limite en moyenne quadratique des sommes correspondantes de la forme :
Un point essentiel lié à cette intégrale est le lemme d'ItÎ.
La somme comme le produit de variables aléatoires est définie dans la théorie des probabilités. La somme implique une convolution de la fonction de densité des probabilités, et la multiplication est une addition répétée.
DĂ©finition d'un processus d'ItĂŽ
Une fois précisée la définition choisie pour une intégrale stochastique, on définit alors un processus d'ItÎ comme étant un processus stochastique de la forme :
avec et deux fonctions aléatoires satisfaisant quelques hypothÚses techniques d'adaptation au processus et est une réalisation dans l'espace de probabilité sous-jacent.
Dans le formalisme du calcul différentiel avec la prescription d'ItÎ on note de façon équivalente la relation précédente comme :
Prescription de Stratonovich
Une autre prescription notable pour définir une intégrale stochastique est la prescription de Stratonovich. L'intégrale de Stratonovich est définie comme la limite des sommes discrÚtes :
La différence notable avec la prescription d'ItÎ est que la quantité n'est pas indépendante au sens des probabilités de la variable . Ainsi, contrairement à la prescription d'ItÎ, dans la prescription de Stratonovich on a :
ce qui complique, de ce point de vue, certains calculs. Cependant l'utilisation de la prescription de Stratonovich ne choisit pas une direction du temps privilégiée contrairement à celle d'ItÎ ce qui implique que les processus stochastiques définis par l'intégrale de Stratonovich satisfont des équations différentielles stochastiques bidimensionnelles invariantes par renversement du temps. Pour cette raison, cette prescription est souvent utilisée en physique statistique.
Il faut noter cependant qu'il est possible de passer de l'une Ă l'autre des prescriptions en effectuant des changements de variables simples ce qui les rend Ă©quivalentes. Le choix de prescription est donc une question de convenance.
Intégrale de Wiener et intégrale stochastique
Intégrale de Wiener
Notons le mouvement brownien (MB) par et l'intégrale de Wiener par .
On dit qu'une fonction est une fonction en escalier (donc dense dans ) s'il existe une subdivision de et s'il existe tels que :
Alors, on pose :
Il est clair que est une variable aléatoire gaussienne centrée de variance .
De plus, soit et une suite de fonctions en escalier de . Alors, la suite converge vers une limite dans . De plus, cette limite ne dépend pas de la suite et est notée par .
Intégrale stochastique
Soit le mouvement brownien standard dĂ©fini sur lâespace probabilisĂ© et un processus adaptĂ© Ă . On suppose par ailleurs que vĂ©rifie :
Alors, lâintĂ©grale stochastique de par rapport Ă est la variable alĂ©atoire :
Lemme dâItĂŽ
Soit un processus stochastique tel qu'on ait oĂč est un processus de Wiener standard.
Alors d'aprĂšs le lemme d'ItĂŽ, on a pour une fonction
Ăquations diffĂ©rentielles stochastiques
Une Ă©quation diffĂ©rentielle stochastique (EDS) est la donnĂ©e dâune Ă©quation du type , oĂč est un processus alĂ©atoire inconnu, que lâon appelle communĂ©ment Ă©quation de diffusion. IntĂ©grer lâEDS, câest trouver lâensemble des processus vĂ©rifiant la diffusion entiĂšre.
Processus dâOrnstein-Uhlenbeck
Le processus d'Ornstein-Uhlenbeck est un processus stochastique décrivant (entre autres) la vitesse d'une particule dans un fluide, en dimension 1.
On le définit comme étant la solution de l'équation différentielle stochastique suivante :
oĂč est un mouvement brownien standard, et avec une variable alĂ©atoire donnĂ©e.
Le terme traduit les nombreux chocs aléatoires subis par la particule, alors que le terme représente la force de frottement subie par la particule.
La formule d'ItÎ appliquée au processus nous donne :
soit, sous forme intégrale :
Par exemple, si vaut presque sûrement , la loi de est une loi gaussienne de moyenne et de variance , ce qui converge en loi quand tend vers l'infini vers la loi gaussienne centrée réduite.
MĂ©thodes de simulation
MĂ©thode de Monte-Carlo
Les méthodes de Monte-Carlo reposent sur la Loi des grands nombres. En répétant un grand nombre de fois une expérience, de façon (théoriquement) indépendante, on obtient une approximation de plus en plus fiable de la vraie valeur de l'espérance du phénomÚne observé.
De telles mĂ©thodes sont notamment utilisĂ©es en finance pour la valorisation dâoptions pour lesquelles il nâexiste pas de formule fermĂ©e, mais uniquement des approximations numĂ©riques.
Calcul stochastique sur des variétés
Une branche de la probabilité est le calcul stochastique sur des variétés différentiables. Une des difficultés du calcul stochastique sur les variétés est le fait qu'en général il n'est pas possible de reculer vers au moyen de coordonnées, ou transporter des processus sur directement au moyen de cartes sur la variété. La théorie de la martingale nécessite une structure géométrique supplémentaire sous la forme d'une connexion linéaire[1].
Notes et références
- (de) Wolfgang Hackenbroch et Anton Thalmaier, Stochastische Analysis: Eine EinfĂŒhrung in die Theorie der stetigen Semimartingale, Vieweg+Teubner Verlag Wiesbaden (ISBN 978-3-519-02229-9), p. 349
Voir aussi
Bibliographie
- Nathalie Bartoli et Pierre Del Moral, Simulation & algorithmes stochastiques, CĂ©paduĂšs, 2001 (ISBN 2-85428-560-3).
- Mario Lefebvre, Processus stochastiques appliqués, Hermann, 2006 (ISBN 2-7056-6561-7).
- Francis Comets et Thierry Meyre, Calcul stochastique et modĂšles de diffusions, Dunod, 2006 (ISBN 2-10-050135-6).
- Bassel Solaiman, Processus stochastiques pour l'ingénieur, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, 2006 (ISBN 2-88074-668-X).