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Bernard Cabiro

Bernard Cabiro, né le à Mont-de-Marsan et mort le à Bordeaux, est un militaire français.

Présentation

Bernard Cabiro est l'un des premiers cadres parachutistes de la Légion étrangÚre et son parcours, de lycéen résistant à officier parachutiste, commencé en prison et achevé en prison, est trÚs représentatif de sa génération d'officiers.

Étudiant, il se destine au commissariat Ă  la marine marchande, mais la guerre en dĂ©cide autrement. AidĂ© par un rĂ©seau d'Ă©vasion, il passe la frontiĂšre espagnole pour rejoindre les Forces françaises libres. AprĂšs un bref emprisonnement en Espagne, il rejoint le Maroc oĂč il s'engage pour la durĂ©e de la guerre. À la fin de la guerre en Europe, il est envoyĂ© en Indochine, initialement pour combattre les Japonais. DĂšs lors, devenu officier, il combat en Indochine et en AlgĂ©rie et ne quitte l'armĂ©e qu'en 1961, jugĂ© par le Haut Tribunal militaire pour avoir pris part au putsch d'Alger.

La carriĂšre militaire

La Seconde Guerre mondiale

Bernard Cabiro est Ă©lĂšve au lycĂ©e de Mont de Marsan lorsque les troupes allemandes s'y installent. AprĂšs des actes de rĂ©sistance isolĂ©e dĂšs juin 1940 et deux tentatives infructueuses pour rejoindre Londres, il s'inscrit Ă  Paris en facultĂ© de droit. Au dĂ©but de l'annĂ©e 1943, il parvient Ă  entrer en contact avec le rĂ©seau Alliance qui lui fait passer clandestinement la frontiĂšre espagnole au mois de mai, muni d'une carte d'identitĂ© le rajeunissant de deux ans. Elle lui Ă©vite ainsi d'ĂȘtre internĂ© au camp de Miranda et il ne reste que quelques semaines en prison en Espagne.

LibĂ©rĂ©, il est acheminĂ© sur Casablanca, oĂč il s’engage pour la durĂ©e de la guerre au 8e rĂ©giment de tirailleurs Marocains. Il dĂ©barque Ă  Naples avec le Corps expĂ©ditionnaire français en novembre 1943 et combat en Italie jusqu'en juillet 1944, participant Ă  l'ensemble des opĂ©rations : combats d'hiver dans les Abruzzes et sur la ligne Gustav ; bataille du Garigliano ; poursuite sur Rome puis sur Sienne. À trois reprises, il refuse de suivre la formation d'officier Ă  laquelle son niveau d'Ă©tudes lui donne accĂšs, afin de ne pas quitter les combats et de participer Ă  la libĂ©ration de la France (la formation accĂ©lĂ©rĂ©e des cadres pendant la guerre dure six mois). Promu caporal chef, il est deux fois citĂ© en Italie, dont une Ă  l’ordre du corps d’armĂ©e.

Le 9 septembre, il dĂ©barque avec son rĂ©giment en Provence. BlessĂ© en dĂ©cembre au cours de la libĂ©ration de Thann, il est Ă©vacuĂ©. Il accepte alors de suivre la formation de cadre et d'ĂȘtre dirigĂ© sur l’école d'officiers de Cherchell qui remplace Saint-Cyr.

L'Indochine

Sorti de l'école d'officiers de Cherchell en tant que réserviste avec le grade d'aspirant, et lié par son contrat d'engagement pour la durée de la guerre, Bernard Cabiro part pour l'Indochine. Devenu officier d'active peu aprÚs, il y effectue trois séjours, à la Légion étrangÚre.

Premier séjour : 1946 - 1948

À la sortie de l’école, il choisit la LĂ©gion Ă©trangĂšre. Il y est affectĂ© au rĂ©giment de marche en cours de formation pour ĂȘtre dirigĂ© sur l’Indochine afin de combattre les Japonais. NommĂ© sous-lieutenant de rĂ©serve en dĂ©cembre 1945, il dĂ©barque Ă  Saigon avec son rĂ©giment - devenu 2e REI - le 6 fĂ©vrier 1946.

Le régiment est d'abord employé à la pacification de la zone cÎtiÚre du Sud Annam. Chef de section, Bernard Cabiro y mérite deux citations. Puis le I/2e REI embarque à destination de Haïphong. Il y débarque quelques jours avant l'attaque générale du 19 décembre 1946, par laquelle le Vietminh isole et assiÚge toutes les garnisons du Tonkin. La premiÚre mission est de rétablir les communications reliant Haïphong à Hanoi, en détruisant les positions du Vietminh installées en bouchon sur la voie ferrée et sur la route. Les 24 et 25 décembre, aprÚs avoir repris An Thai, Bernard Cabiro contribue à la reprise de Hai Duong en déverrouillant le barrage de jonques qui interdit l'accÚs par le fleuve. Jusqu'au mois d'avril 1947, il participe aux opérations de reprise de contrÎle du Delta.

Au cours des mois suivants, en tant que chef de poste, il repousse plusieurs attaques importantes, notamment en septembre 1947, au poste de Dong Phu, et en mars 1948, Ă  Gia Loc. Trois jours aprĂšs cette attaque, chargĂ© d'une ouverture de route, il saute sur une mine. Le visage criblĂ© d’éclats il est admis Ă  l’hĂŽpital Lanessan Ă  Hanoi oĂč il reste aveugle pendant quinze jours. Il est nommĂ© au grade de chevalier de la LĂ©gion d’honneur pour services de guerre exceptionnels, le 1er avril 1948, jour de sa sortie de l’hĂŽpital.

DeuxiÚme séjour : 1949 - 1951

Bernard Cabiro fait partie des officiers qui ont façonnĂ© les unitĂ©s parachutistes de la LĂ©gion. L’annĂ©e 1948 voit en effet la crĂ©ation des premiĂšres unitĂ©s parachutistes Ă  la LĂ©gion. Le 2e BEP, pour lequel il se porte volontaire, est d’un recrutement trĂšs jeune, comprenant peu de combattants de la 2e Guerre mondiale, et compte une proportion inhabituelle d’officiers et sous-officiers venant d’unitĂ©s non lĂ©gionnaires. Il s’agit donc de crĂ©er une unitĂ© d’un type nouveau, avec du sang neuf, tout en lui insufflant un esprit LĂ©gion.

DĂ©barquĂ© Ă  SaĂŻgon en fĂ©vrier 1949, le bataillon est Ă©clatĂ© entre le Cambodge, l’Annam et la Cochinchine. Cet Ă©clatement laisse une grande autonomie d’action aux commandants de compagnie. Bernard Cabiro obtient rapidement le commandement de la 2e compagnie et multiplie les opĂ©rations, principalement en Annam : secours de postes attaquĂ©s, Ă©vacuations sanitaires, opĂ©rations combinĂ©es contre le rĂ©giment 95.

Le 1er avril 1950, Ă  la fin d’une opĂ©ration d’envergure, entendant des bruits de combat, il prend l’initiative de rallier sous son commandement plusieurs unitĂ©s et se porte au secours d’une compagnie tombĂ©e dans une embuscade et en trĂšs mauvaise posture. Bousculant une forte unitĂ© vietminh dans le village de Ba Cum (secteur de Tra Vinh en Cochinchine), il sauve la compagnie attaquĂ©e et inflige de lourdes pertes Ă  l’ennemi, rĂ©cupĂ©rant son armement et surtout des documents trĂšs complets relatifs Ă  l’organisation vietminh Ă  SaĂŻgon. À la suite de cette action, la 2e compagnie du 2e BEP est citĂ©e Ă  l’ordre de l’armĂ©e, distinction exceptionnelle Ă  l’échelon d’une compagnie, et Bernard Cabiro est Ă©levĂ© au grade d’officier de la LĂ©gion d’honneur, distinction exceptionnelle Ă©galement pour un lieutenant de 27 ans.

En septembre 1950, le bataillon est appelĂ© au Tonkin pour protĂ©ger l'Ă©vacuation de la frontiĂšre chinoise. Bernard Cabiro participe au repli d’unitĂ©s marocaines et thaĂŻes au cours d’un raid sur Sin Ma Kay puis Lao Kay. RentrĂ© Ă  HanoĂŻ pendant la bataille de la RC 4, le 2e BEP y constitue la seule unitĂ© parachutiste de rĂ©serve du commandement. Bernard Cabiro est nommĂ© capitaine en janvier 1951 et quitte l’Indochine au mois de mars.

TroisiÚme séjour : 1953 - 1954

À la fin de son congĂ© de fin de campagne, il rejoint le 3e BEP Ă  SĂ©tif, le . Il reçoit le commandement de la compagnie d’instruction avec laquelle il sĂ©journe quatre mois en Tunisie pour participer au maintien de l’ordre.

Il est dĂ©tachĂ© ensuite en qualitĂ© de chef d’état major auprĂšs du colonel commandant le secteur Batna AurĂšs. Ce secteur est agitĂ© de mouvements suspects qui sont le fait de quelques individus qui tiennent le maquis et forment le noyau de ce qui deviendra peu aprĂšs le FLN.

Volontaire pour un 3e sĂ©jour en ExtrĂȘme-Orient, le capitaine Cabiro est affectĂ© au 1er BEP en juin 1953. Il rejoint le bataillon Ă  Seno, au Laos. La mission est d'y crĂ©er une base aĂ©roterrestre afin de verrouiller la route donnant accĂšs Ă  la Cochinchine. Le sĂ©jour Ă  Seno dure jusqu’Ă?la mi-aoĂ»t 1953 puis le bataillon est transfĂ©rĂ© sur la cĂŽte du Sud Annam avant de participer Ă  la difficile opĂ©ration Brochet au Tonkin. Le , le bataillon est larguĂ© sur 6e BPC de Bigeard et le 8e BPC de Touret, il forme le 1er groupement de parachutistes. Le 5 mars 1954 la 4e compagnie, commandĂ©e par Bernard Cabiro, se lance Ă  l’assaut de la cote 781, oĂč l'on pense que se trouve un canon vietminh. TrĂšs griĂšvement blessĂ© aux jambes[1], il est Ă©vacuĂ© de Dien Bien Phu et rapatriĂ© en France.

MinistĂšre de la DĂ©fense nationale

Il y subit une douzaine d’opĂ©rations avant de pouvoir remarcher (il ne sera de nouveau classĂ© apte Ă  faire campagne qu’en 1956). Le , il prend les fonctions d’aide de camp du gĂ©nĂ©ral Koenig, alors ministre de la DĂ©fense nationale, jusqu’au dĂ©part de ce dernier Ă  la suite d'un changement de gouvernement. Il demande alors Ă  ĂȘtre affectĂ© Ă  une unitĂ© opĂ©rationnelle.

L'Algérie : 1958 - 1961

MutĂ© au 20e bataillon de chasseurs portĂ©s, des Forces françaises en Allemagne, il suit le bataillon en AlgĂ©rie mais ses blessures se rouvrent. Il rejoint l’hĂŽpital Percy. AprĂšs la guĂ©rison, il est affectĂ© Ă  l’état major de la 5e DB Ă  Landau en Allemagne.

Promu chef de bataillon le , il part pour l'AlgĂ©rie, affectĂ© Ă  l’état major du 2e REP Ă  Philippeville. Il en assure le commandement opĂ©rationnel et devient peu aprĂšs commandant en second du rĂ©giment.

Le le putsch des gĂ©nĂ©raux tente d’obliger le gouvernement Ă  inverser sa politique algĂ©rienne. Le colonel Darmuzai, chef de corps du 2e REP, se dĂ©clare contre le putsch mais, dans une formule ambiguĂ«, annonce aux officiers "la possibilitĂ© de choisir" dĂšs le lendemain. SollicitĂ© dans la nuit par les officiers, Bernard Cabiro, commandant en second du rĂ©giment, dĂ©cide d’apporter son appui personnel et celui du 2e REP aux putschistes.

Interné à la prison de la Santé, jugé par le Haut Tribunal militaire, il est rayé des cadres de l'armée en août 1961.

AprÚs l'armée

Il mĂšne dĂšs lors une carriĂšre civile.

RĂ©intĂ©grĂ© dans son grade et admis dans le corps des officiers de rĂ©serve en 1974, il est Ă©levĂ© Ă  la dignitĂ© de grand officier de la LĂ©gion d’honneur dont les insignes lui sont remis Ă  Calvi, devant le 2e REP son ancien rĂ©giment, en 1978. L'annĂ©e suivante, le 30 avril 1979, le commandant Cabiro est choisi pour "porter la main" du capitaine Danjou Ă  Aubagne lors de la cĂ©rĂ©monie annuelle de commĂ©moration de Camerone. C'est la plus haute marque d'honneur que la LĂ©gion Ă©trangĂšre puisse donner Ă  l'un de ses anciens.

En 1987, Bernard Cabiro a publié ses souvenirs aux éditions Plon sous le titre Sous le béret vert. Ces souvenirs ont été réécrits par son fils Olivier Cabiro, qui y a notamment ajouté une part importante du manuscrit que Plon n'avait pas retenue, relative à la Seconde Guerre mondiale. Cette réédition est parue en 2010 chez l'éditeur Indo éditions sous le titre Une vie de guerre : 1940 - 1961.

Par ailleurs, les faits d'armes de Bernard Cabiro sont mentionnés dans un grand nombre d'ouvrages d'histoire militaire des guerres d'Indochine et d'Algérie.

DĂ©corations

Les décorations du commandant Cabiro.

Plusieurs fois blessé, titulaire de :

  • Grand officier de la LĂ©gion d'honneur
  • MĂ©daille coloniale
  • MĂ©daille commĂ©morative de la Seconde Guerre mondiale
  • MĂ©daille commĂ©morative de la campagne d’Indochine
  • MĂ©daille commĂ©morative des opĂ©rations de sĂ©curitĂ© et de maintien de l’ordre en AFN
  • Officier de l’Ordre national du ViĂȘt Nam

Notes et références

  1. Paul GRAUWIN, J'étais médecin à Dien Bien Phu, France Empire,

Voir aussi

Sources

  • Centre de documentation de la LĂ©gion Ă©trangĂšre

Liens externes

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