BenjamĂn Victorica
BenjamĂn Victorica (Buenos Aires, â id., ) Ă©tait un militaire, avocat, acadĂ©micien, enseignant et homme politique et diplomate argentin. Il fut dĂ©putĂ© national, sĂ©nateur, ministre de la Guerre â dâabord sous la prĂ©sidence de Santiago Derqui (de 1860 Ă 1861), ensuite sous celle de Julio Argentino Roca (de 1880 Ă 1886) â, et membre de la Cour suprĂȘme de Justice dâArgentine. Il contribua Ă mener notamment, en tant que secrĂ©taire Ă la Guerre, la guerre de la Triple Alliance, puis, en tant que ministre de la Guerre, la dĂ©nommĂ©e ConquĂȘte du dĂ©sert, et eut personnellement le commandement de la ConquĂȘte du Chaco (1881-1884), expĂ©dition militaire contre les peuples autochtones habitant la partie sud du Chaco.
Biographie
Fils de Bernardo Victorica, qui fut pendant dix ans le chef de la police de la province de Buenos Aires sous le gouvernement de Rosas, il suivit les cours du collĂšge de JĂ©suites et du collĂšge RĂ©publicain de Buenos Aires, et obtint en 1849 le grade de docteur en droit de lâuniversitĂ© de Buenos Aires, aprĂšs soutenance dâune thĂšse sur « les Effets du blocus ».
Il fut un fervent rosiste, tant Ă lâacadĂ©mie de Droit que dans les colonnes de La Gaceta Mercantil, oĂč il fit paraĂźtre des Ă©crits Ă la gloire du Restaurateur et de sa femme Manuelita, et des pamphlets en vers contre Urquiza, dont voici lâun des Ă©chantillons les plus connus :
- Et toi, Urquiza traĂźtre, brigand insigne,
- Caligula, NĂ©ron, Attila sauvage !
- Tremble, car déjà se lÚve puissant
- De la justice lâacier vengeur !
- Et toi, Urquiza traĂźtre, brigand insigne,
- (Y tĂș, Urquiza traidor, bandido insigne,/CalĂgula, NerĂłn, Atila fiero!/Tiembla, que ya se alza poderoso/De la justicia vengador acero!)
De 1849 Ă 1851, il remplit des fonctions dâofficier au cabinet juridique du gouvernement et Ă lâauditorat gĂ©nĂ©ral de la Guerre et de la Marine. De 1851 Ă 1852, il travailla comme secrĂ©taire du gĂ©nĂ©ral en chef de lâAvant-garde, Ăngel Pacheco, dont il jouissait de lâentiĂšre confiance. Il participa, avec le grade de sergent-major, aux batailles de Campos de Ălvarez et de Caseros, en janvier et respectivement. AprĂšs cette derniĂšre bataille, le vainqueur Justo JosĂ© de Urquiza le fit rechercher et lâappela Ă ses cĂŽtĂ©s comme collaborateur.
Ă lâĂ©tĂ© 1852, il cĂŽtoya Miguel Navarro Viola, Juan AgustĂn GarcĂa, Juan del Campillo et dâautres au sein de la rĂ©daction de la revue critique et satirique El Padre Castañeta, dont plusieurs Ă©ditions furent saisies par le gouvernement libĂ©ral portĂšgne.
En 1853, il occupa la fonction dâadministrateur des douanes nationales, et lâannĂ©es suivante, celle dâofficier major du ministĂšre de lâIntĂ©rieur. AprĂšs la fĂ©dĂ©ralisation du territoire dâEntre RĂos, il occupa en 1855 le poste de juge dâinstance pour les affaires criminelles, civiles et commerciales.
De 1856 Ă 1860, il fut dĂ©putĂ© au congrĂšs fĂ©dĂ©ral de ParanĂĄ (pour lors capitale de la ConfĂ©dĂ©ration argentine) au titre de reprĂ©sentant dâEntre RĂos, et le gĂ©nĂ©ral Urquiza lâappela Ă ses cĂŽtĂ©s comme secrĂ©taire privĂ© jusquâĂ lâexpiration de son mandat prĂ©sidentiel. En 1860, il devint ministre de la Guerre et de la Marine du prĂ©sident Derqui, puis en 1861, secrĂ©taire Ă la Guerre du gĂ©nĂ©ral en chef de lâarmĂ©e de la ConfĂ©dĂ©ration argentine, Urquiza, assistant en cette qualitĂ© Ă la bataille de PavĂłn, qui se solda par une dĂ©faite de la ConfĂ©dĂ©ration face aux troupes de lâĂtat de Buenos Aires.
Il fut Ă©lu sĂ©nateur national en 1862 et le restera jusquâĂ 1870. En qualitĂ© de secrĂ©taire Ă la Guerre, il participa Ă la guerre de la Triple Alliance (1864 â 1870). En 1874, il devint membre et vice-prĂ©sident du Conseil national de lâĂ©ducation. En 1877, il fut nommĂ© professeur ordinaire (AcadĂ©mico Titular) Ă la facultĂ© de droit et des sciences sociales.
En 1880, aprĂšs lâaccession Ă la prĂ©sidence du gĂ©nĂ©ral Julio Argentino Roca, il fut nommĂ© pour la deuxiĂšme fois ministre de la Guerre et de la Marine. Ă ce titre, il contribua Ă mener la ConquĂȘte du dĂ©sert (1878 â 1885) et organisa les expĂ©ditions de la marine argentine vers le littoral patagonien, en vue dâĂ©tudier les populations qui y vivent et dây fonder des sous-prĂ©fectures, y compris en Terre de Feu et sur lâĂźle des Ătats, oĂč lâon entreprit notamment dâĂ©difier le premier phare, celui de San Juan del Salvamento.
En 1884, il dirigea personnellement la campagne militaire dans le Chaco central et borĂ©al, dite conquĂȘte du Chaco (1881-1884), expĂ©dition militaire contre les peuples autochtones habitant la partie sud du Chaco visant Ă annexer ces territoires Ă lâĂtat argentin. Au cours de cette incursion, il fonda deux des premiers villages de la future province du Chaco : Puerto Bermejo et Presidencia Roca. Lors de la fondation de ce dernier eut lieu un Ă©vĂ©nement tristement cĂ©lĂšbre : pour couronner la cĂ©rĂ©monie de fondation, il rĂ©solut de ficher sur la hampe du drapeau la tĂȘte du cacique Yaloschi, qui avait dĂ©vastĂ© les zones de peuplement blanches de la rĂ©gion, et ce en prĂ©sence des soldats et des indigĂšnes qui assistaient Ă la cĂ©rĂ©monie[1]. Dans son journal, Victorica nota :
- « Pour saluer lâĂ©tendart national de lâexpĂ©dition, une fois achevĂ©e notre campagne, nous fichĂąmes sur la hampe la tĂȘte ensanglantĂ©e du dernier cacique toba, qui paya de sa vie le dĂ©lit dâavoir assailli un de nos soldats. »
SâĂ©tant opposĂ© Ă la candidature du Dr Miguel JuĂĄrez Celman, il renonça au ministĂšre de la Guerre et de la Marine le pour accepter sa nomination au poste de ministre plĂ©nipotentiaire et envoyĂ© extraordinaire dans la RĂ©publique orientale de lâUruguay. Ă l'achĂšvement de sa mission diplomatique, il remplaça en le Dr JosĂ© BenjamĂn Gorostiaga dans la fonction de prĂ©sident de la Cour suprĂȘme de justice, fonction quâil exercera jusquâen .
AprĂšs que le Dr Luis SĂĄenz Peña eut Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident de la rĂ©publique argentine, le , le gĂ©nĂ©ral Victorica se vit confier pour la troisiĂšme fois le portefeuille de la Guerre et de la Marine, que toutefois il ne conservera que jusquâau , date de sa dĂ©mission. Il fut ensuite, de 1902 Ă 1906, dĂ©putĂ© au CongrĂšs national. Ă lâĂ©chĂ©ance de son mandat parlementaire, il vint quelque temps aprĂšs Ă faire partie du directoire de la Banque nationale, premiĂšre institution officielle de crĂ©dit dont sâest dotĂ©e lâArgentine.
En 1894, il devint membre de lâacadĂ©mie de Droit, sous le dĂ©canat dâAmancio Alcorta.
La ville de Victorica, fondĂ©e en 1882, dans la province de La Pampa, doit son origine au fort General BenjamĂn Victorica, appelĂ© ainsi en son honneur, alors quâil Ă©tait Ă la tĂȘte du ministĂšre de la Guerre.
Il avait épousé en , à Concepción del Uruguay, Ana Urquiza y López, fille de Justo José de Urquiza. Il appartint au mouvement intellectuel dit Génération de 1880.
Références
- Tres Ciclos Chaqueños, Guido Miranda
Source
- (es)Biographie de Victorica sur le site Revisionistas.