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Begge d'Andenne

Sainte Begge ou Begga[1], morte le [2], est l'épouse d'Ansegisel, la mère de Pépin le Jeune, duc et maire d'Austrasie, fondateur de la dynastie carolingienne, et la fondatrice de l'abbaye d'Andenne en région wallonne.

Begge d'Andenne
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Étape de canonisation
FĂŞte

Elle est patronne de la ville d'Andenne, et fêtée le 17 décembre (date de son décès) et le 7 juillet (translation de ses reliques).

Biographie

Begge est une fille de Pépin Ier le Vieux et de Itte Idoberge et par conséquent sœur de sainte Gertrude, première abbesse de l'Abbaye de Nivelles, et de Grimoald, maire du palais d'Austrasie.

Elle épouse vers 643 ou 644[3] Ansegisel, fils de saint Arnulf, évêque de Metz depuis 613, et de Dode. Les jeunes époux ont donné naissance :

  • de manière certaine Ă  PĂ©pin le Jeune (v. 645-714), duc et maire des palais d'Austrasie, princeps ;
  • hypothĂ©tiquement Ă  Grimo, abbĂ© de Corbie et archevĂŞque de Rouen de 690 Ă  748, selon dom Jean Laporte[4]. Cette hypothèse part du principe que les Ă©vĂŞques qui se succèdent dans un mĂŞme diocèse durant le haut Moyen Ă‚ge sont souvent apparentĂ©s. Or Griffo est prĂ©cĂ©dĂ© d'un Ansbert, parent probable de Dode, son second successeur est saint Hugues petit-fils de PĂ©pin le Jeune. Cela place Grimo comme un parent des Arnulfinges. En rapprochant le nom de Grimo Ă  celui de Grimoald, on le place comme parent des PĂ©pinides. Chronologiquement, il ne peut alors qu'ĂŞtre fils d'Ansegisel et de Begge. Mais ses conclusions ne sont pas toujours acceptĂ©es, et Jean Laporte semble confondre Griffo (ou Grippho, archevĂŞque de 695 Ă  713) avec Grimo, archevĂŞque de 744 Ă  748[5] ;
  • hypothĂ©tiquement Ă  Clotilde Dode, Ă©pouse du roi Thierry III, selon Maurice Chaume[6]. Cette hypothèse s'appuie sur la prĂ©sence de prĂ©noms mĂ©rovingiens au sein de la famille de Caribert de Laon et considère Bertrade de PrĂĽm comme une fille de Thierry III et de Clotilde Dode. Puis il constate que PĂ©pin le Bref et son Ă©pouse Bertrade, fille de Caribert, possĂ©daient en commun deux propriĂ©tĂ©s Ă  Rommersheim et Ă  Rheinbach et tenaient chacun leur moitiĂ© de leur père, ce qui suppose un ancĂŞtre commun proche. Une chronique tardive, celle d'AdĂ©mar de Chabannes, au XIe siècle, donne le roi Clotaire IV, fils probable de Thierry III et de Dode, comme cousin de Charles Martel. Enfin, le nom de Clotilde Dode est rapprochĂ© de celui de sainte Dode, l'Ă©pouse de saint Arnulf et la mère d'AnsĂ©gisel[7].

Deux autres enfants ont été attribués à Ansegisel et à Begge, mais ces propositions sont depuis abandonnées :

  • Martin († 690), comte qui se bat en 690 contre ÉbroĂŻn aux cĂ´tĂ©s de PĂ©pin le Jeune[8]. Cette hypothèse se fonde sur l’Hagiolum Viennense, datant de 1040, qui mentionne Pipinus, Ansegelli filius, et Martinus frater eius (=« PĂ©pin, fils d'Ansegisel, et Martin, son frère »). Mais cette mention est maintenant considĂ©rĂ©e comme une mauvaise interprĂ©tation d'un passage du Liber Historiae Francorum, qui ne permet pas de prĂ©ciser le lien de parentĂ© entre PĂ©pin et Martin, ni mĂŞme s'il y en a un lien de parentĂ©[9] ;
  • Sainte Landrada, fondatrice de l'abbaye de Munsterbilzen, dont une biographie tardive indique qu'elle descendait de PĂ©pin et d'Arnulf († 690). Chronologiquement, elle ne pourrait ĂŞtre que fille d'Ansegisel et de Begge, mais la biographie insiste sur sa qualitĂ© de fille unique[9].

La Vita Beggae, rédigée au XIe siècle raconte qu'Ansegisel est assassiné à Chèvremont (près de Liège) par un noble austrasien du nom de Godin ou Gundoen qu'il aurait auparavant élevé comme son fils. La date de cet évènement n'est pas mentionnée, mais elle est postérieure à 648 (un acte des abbayes de Stavelot et Malmédy le mentionne comme vivant) et antérieure à 691 (quand Begge, veuve, se retire à Andennes), 680 (Pépin le Jeune est déjà l'un des principaux chefs austrasiens) ou 669 (si l'on identifie le meurtrier à un Gundoen qui devient alors duc en Austrasie). Ce Gundoen pourrait être apparenté à Otton, maire du palais d'Austrasie, prédécesseur et ennemi de Grimoald. Christian Settipani voit ce meurtre comme une vengeance de la famille d'Otton en réponse au meurtre d'Otton en 643, vengeance rendue possible par la mort de Childebert III l'Adopté en 662[10].

Devenue veuve, Begge décida de consacrer une partie de sa fortune au service de Dieu. Elle se rend à l'abbaye de Nivelles, fondée par sa mère. En 691[11], avec l'autorisation de l'abbesse Agnès, elle convainc alors plusieurs nonnes de la suivre lesquelles bâtissent ensemble le monastère à Andenne, actuellement dans la province de Namur en Belgique, à son époque dans le comté de Namur. Elle y aurait fait suivre la règle de saint Colomban, agrémentée un peu plus tard de celle de saint Benoît. Elle meurt deux ans après la fondation, le [2].

Beaucoup attribuent à sainte Begge l'institution des béguines, très nombreuses à Malines, à Gand et ailleurs dans le Brabant, le comté de Flandre et quelques provinces voisines des Pays-Bas. Mais Gilles d'Orval et d'autres historiens voient les béguines instituées par Lambert le Bègue un prêtre de la principauté épiscopale de Liège, vers 1170.

Vie religieuse

La fondation du monastère d'Andenne

Pendant un pèlerinage à Rome, elle aurait promis au pape Adéodat II de faire bâtir sur un de ses domaines un monastère de religieuses et d'y élever sept chapelles en mémoire des sept basiliques principales de la Ville éternelle. Mais quel endroit choisir ? Le ciel ne tarda pas à les désigner. Un jour, un serviteur de sa villa de Seilles (près d'Andenne) qui battait les fourrés à la recherche d'une truie égarée, entendit une voix étrange lui ordonner : « C'est ici que doit se réaliser le vœu de Begge ! ». Le troisième jour de ses recherches, il dénicha enfin la truie en compagnie de sept porcelets. Un peu plus tard, Pépin de Herstal découvrit une poule sauvage suivie de sept poussins et la meute qui l'accompagnait ce jour-là à la chasse refusa d'y toucher ! Les simples y virent le doigt de Dieu et ce fut donc là, en face des collines de Seilles, sur la rive droite de la Meuse, que Begge construisit son monastère[12]. Les sept chapelles subsistèrent jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Elles furent démolies pour être remplacées par la collégiale Sainte-Begge, édifice néo-classique que nous connaissons aujourd'hui[13].

Culte de sainte Begge

Statue de sainte Begge au dessus du portail d'entrée du béguinage de Lierre, province d'Anvers.

Initialement, la sépulture de sainte Begge était déposée dans la chapelle Saint-Pierre. Puis elle fut installée vers la fin du XIe siècle ou le début du XIIe dans l’église collégiale qui était au préalable la chapelle Sainte-Marie-Majeure, tandis que la chapelle Saint-Pierre se voyait gratifiée d'un cénotaphe marquant le lieu de dépôt et de vénération originel. L'actuelle chapelle Sainte-Begge avec la niche qui abrite la tombe se trouve exactement à l’emplacement de l’ancienne chapelle Saint-Pierre[14].

C'est donc dans l'église que se trouve le tombeau de sainte Begge surmontée d'une dalle en marbre noir que soutiennent cinq colonnettes, c'est la "table de sainte Begge" à laquelle on attribuait des propriétés surnaturelles.
Chaque vendredi, après la messe de sept heures et demie, des mères y amenaient leurs enfants, quand elles les trouvaient chétifs, et les faisaient glisser entre la "table" et le soubassement (intervalle de 37 cm), autour du pilier central. L'opération se répétait trois fois, soit 27 passages pour la durée d'une neuvaine[15]. Les fidèles se présentaient en foule le jour de la translation des reliques (7 juillet), ainsi que le 17 décembre[16].

En raison de son nom, sainte Begge a aussi la réputation de guérir du bégaiement[17].

Aujourd'hui, même si la prière des fidèles en faveur de ses capacités thaumaturgiques a sans doute diminué, une procession annuelle a toujours lieu, depuis 1968 le deuxième dimanche de septembre (initialement le dimanche suivant le 7 juillet), avec la châsse et un buste-reliquaire[18].

Généalogie

Arnulf
(† 640)
Ă©vĂŞque de Metz
Dode
PĂ©pin l'Ancien
(† 640)
maire du palais
Itte Idoberge
(† 652)
abbesse
Nivelles
Clodulf
(† 697)
Ă©vĂŞque de Metz
Ansegisel
(† 662)
domestique
Begga
(† 693)
Grimoald
(° v. 615 † 657)
maire du palais
Gertrude
(° v. 625 † 659)
abbesse Nivelles
PĂ©pin le Jeune
(† 714)
maire du palais
Grimo
archevĂŞque
de Rouen
Clotilde Dode
x Thierry III
roi des Francs
Childebert III l'Adopté
(† 662)
roi d'Austrasie
Vulfetrude
(† 669)
abbesse Nivelles
Charles Martel
Bertrade de PrĂĽm
Clovis IV
Childebert IV
Clotaire IV
Caribert de Laon
PĂ©pin le Bref
Bertrade de Laon
Charlemagne

Notes et références

  1. Begga est probablement une hypocoristique ou une déformation de Gerberge ou Gerberga (Settipani 1993, p. 152).
  2. Settipani 1989, p. 33.
  3. La Chronique de Sigebert mentionne le mariage à la date de 649, mais elle mentionne durant la même année d'autres évènements qui sont en fait datés de 643 ou 644 (Settipani 1993, p. 152).
  4. Dom Jean Laporte, « Les monastères francs et l'avênement des Pippinides », Revue Mabillon,‎ , p. 1-30.
  5. Settipani 1993, p. 153.
  6. Maurice Chaume, « La famille de saint Guillaume de Gellone », Annales de Bourgogne,‎ , p. 47-9.
  7. Settipani 1989, p. 29-31.
  8. Karl August Eckhardt, Merowinger Blut - I, Die Karolinger und ihre Frauen, Witzenhausen, , p. 21.
  9. Settipani 1993, p. 152, note 68.
  10. Settipani 1993, p. 151.
  11. 33 ans après la mort de sainte Gertrude nous précise la Vita Beggae.
  12. Andenne-aux-sept-églises était née... D'après la légende.
  13. Le cartulaire de la commune d'Andenne, chap. V et suivants, Internet Archive.
  14. [[PDF] [https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal:152514/datastream/PDF_03/view Andenne, tombe de sainte Begge], « Salut de l’âme et mémoire du corps : Typologie et iconographie du mémorial médiéval dans l’ancien diocèse de Liège », thèse de Victor Kockerols (2014).
  15. Les personnes âgées et les hierneux s'inséraient plus difficilement entre les piliers.
  16. Notes et généalogie de sainte Begge d'Andennes, Geneanet.
  17. Charles Henneghien, FĂŞtes et traditions religieuses en Wallonie, 2007, p. 123.
  18. La procession Sainte Begge, Bibliotheca Andana.

Annexes

Bibliographie

  • Pierre RichĂ©, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », (rĂ©impr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3, prĂ©sentation en ligne), p. 26, 35 et tableau gĂ©nĂ©alogique II.
  • Christian Settipani, Les AncĂŞtres de Charlemagne, Paris, , 170 p. (ISBN 2-906483-28-1), p. 29-33.
  • Christian Settipani, La PrĂ©histoire des CapĂ©tiens (Nouvelle histoire gĂ©nĂ©alogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, Ă©d. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6), p. 151-3.
  • Jean-Charles Volkmann, Bien connaĂ®tre les gĂ©nĂ©alogies des rois de France, Éditions Gisserot, , 127 p. (ISBN 978-2-87747-208-1).
  • Michel Mourre, Le Petit Mourre. Dictionnaire d'Histoire universelle, Éditions Bordas, (ISBN 978-2-04-732194-2).
  • Alain Collignon, Dictionnaire des saints et des cultes de Wallonie. Histoire et folklore, Liège, Éd. du musĂ©e de la Vie Wallonne, .

Voir aussi

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Liens externes

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