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Bateau en béton

Dans un bateau en béton, la matière principale de construction de la coque est en béton armé ou en ferro-ciment plutôt qu'en matériaux plus habituels comme le bois ou l'acier. Historiquement, quelques navires, dont certains de grandes dimensions, ont été bâtis avec cette technique à un moment où l'acier était rare. Plus récemment, des navires de plaisance et des canoës en béton sont construits.

Les avantages de la construction en béton sont le faible coût et la disponibilité des matériaux, les inconvénients sont d'importants coûts de main-d’œuvre et les frais d'exploitation. De plus, les navires en béton armé exigent des coques épaisses avec donc une masse importante à manœuvrer et un espace réduit pour le chargement.

Historique

La barque de Joseph Lambot en 1848

La barque en ferro-ciment de Joseph Lambot au musée de Brignoles.

La première embarcation en béton connue est une invention de l'ingénieur français Joseph Lambot. Il s'agit d'une barque en ciment armé d'un treillage de fer qui est testée en 1848 sur le lac de Besse-sur-Issole. Le prototype original est conservé au musée de Brignoles[1]. Cette barque est brevetée le et présentée à l'exposition universelle de 1855.

DĂ©buts modestes

Des barges en béton armé commencent à être construites en Europe, surtout sur les canaux fluviaux. Vers 1896, un ingénieur italien, Carlo Gabellini, se lance dans la construction de petits navires dont le plus célèbre s'appelait Liguria.

Entre 1908 et 1914, de grandes barges en béton sont fabriquées en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Norvège, et en Californie. Les restes d'un navire britannique de ce type, le caboteur auxiliaire Violette (construit en 1919), sont toujours visibles dans la péninsule de Hoo, dans le Kent.

Première Guerre mondiale

La période de fin de la Première Guerre mondiale voit l'apogée de la construction de grands navires en béton armé, principalement à cause de la pénurie d'acier.

Le 2 aoĂ»t 1917 est inaugurĂ© le Namsenfjord, un navire norvĂ©gien de 25 m (84 pieds), premier navire motorisĂ© en bĂ©ton armĂ© destinĂ© au voyage ocĂ©anique. Devant ce succès, son concepteur, Nicolay Fougner, est invitĂ© par le gouvernement amĂ©ricain pour une Ă©tude sur la faisabilitĂ© de la construction de navires en bĂ©ton armĂ© aux États-Unis. Ă€ la tĂŞte de la Fougner BĂ©ton Shipbuilding Company, il dirige la construction de deux navires, le Sapona et le Cape Fear (qui fait naufrage le 30 octobre 1920 après une collision avec le City of Atlanta près de Providence entrainant la mort de 20 membres d'Ă©quipage).

Le Faith en 1918.

Vers la mĂŞme Ă©poque, un homme d'affaires californien, William Leslie Comyn (en), construit pour 750 000 $ un navire Ă  vapeur de 6 125 tonneaux, le Faith. LancĂ© le 18 mars 1918, il est utilisĂ© pour le transport de vrac jusqu'en 1921 oĂą il est recyclĂ© comme brise-lames Ă  Cuba.

Le 12 avril 1918, le prĂ©sident Woodrow Wilson approuve un programme de construction de 24 navires militaires en bĂ©ton pour la guerre. Lorsque la guerre a pris fin en novembre 1918, seulement 12 navires sont en construction et aucun n'est achevĂ©. Ces 12 navires sont finalement terminĂ©s puis vendus Ă  des entreprises privĂ©es.

Entre les deux guerres mondiales, la construction de navires en béton ne présente que peu d'intérêt commercial ou militaire.

Seconde Guerre mondiale

En 1942, une nouvelle pĂ©riode de pĂ©nurie d'acier au cours de la guerre incite une fois de plus le gouvernement amĂ©ricain Ă  commander 24 navires en bĂ©ton. La construction dĂ©bute en juillet 1943 dans les chantiers navals de Hookers Point Ă  Tampa, en Floride qui employaient jusqu'Ă  6 000 ouvriers Ă  son apogĂ©e. Ă€ la mĂŞme Ă©poque, de grandes barges militaires en bĂ©ton Ă©taient Ă©galement construites en Californie, sans motorisation.

En Europe, les barges de béton ont joué un rôle crucial dans les opérations du débarquement de Normandie où elles ont été utilisés dans la défense du Port Mulberry et comme pontons flottants. Certaines ont été équipées de moteurs et utilisées comme transports de troupes. Certains de ces navires sont aujourd'hui des épaves abandonnées dans l'estuaire de la Tamise. Une de ces barges qui avait échoué à Canvey Island a été détruite par vandalisme, le . D'autres barges en béton ont également été utilisées dans les opérations du Pacifique en 1944 et 1945.

Vestiges et Ă©paves

En raison mĂŞme de leur construction en bĂ©ton, plusieurs navires ont Ă©tĂ© transformĂ©s en brise-lames ou rĂ©utilisĂ©s. La plus grande concentration se trouve Ă  Powell River (49° 51′ 55″ N, 124° 33′ 21″ O) Colombie-Britannique avec 10 navires, juste devant Kiptopeke Breakwater (37° 09′ 51″ N, 75° 59′ 29″ O) dans la baie de Chesapeake qui recycle 9 anciens navires militaires et Ă  Purton (51° 44′ 14″ N, 2° 27′ 21″ O) avec 8 navires .

Autres navires visibles :

  • Le Creteboom, abandonnĂ© dans le cours de la Moy (54° 08′ 08″ N, 9° 08′ 18″ O) près de la ville de Ballina en Irlande, est une attraction touristique locale.
  • Une barge en bĂ©ton, la Cretetree est Ă©chouĂ©e dans le port de l'Ă®le de Scalpay (HĂ©brides extĂ©rieures) (57° 52′ 37″ N, 6° 42′ 00″ O) en Écosse.
  • Le San Pasqual, un ancien pĂ©trolier, se trouve au large de la cĂ´te de Cayo Las Brujas (22° 37′ 24″ N, 79° 13′ 24″ O), Ă  Cuba, oĂą il a servi comme hĂ´tel, puis comme base pour les plongeurs. Il est actuellement abandonnĂ©.
  • L'Ă©pave de l'Atlantus (mise en service en 1919, naufrage en 1926), est visible au large de Cape May (38° 56′ 40″ N, 74° 58′ 19″ O) dans le New Jersey.
  • Le pĂ©trolier Selma, est situĂ© au nord-ouest de la jetĂ©e de pĂŞche au Seawolf Park Ă  Galveston (29° 20′ 39″ N, 94° 47′ 11″ O). Le navire a Ă©tĂ© lancĂ© le jour-mĂŞme du TraitĂ© de Versailles mettant fin Ă  la Première Guerre mondiale. Il fut finalement utilisĂ© comme pĂ©trolier dans le Golfe du Mexique[2].
  • Le Palo Alto, citerne en bĂ©ton qui a Ă©tĂ© lancĂ© le 29 mai 1919, fut plus tard transformĂ© en un quai d'attractions. Il est encore visible Ă  la Seacliff State Beach(36° 58′ 11″ N, 121° 54′ 50″ O), près de Aptos en Californie.
  • Le YOGN 42, est Ă©chouĂ© Ă  Shipwreck Beach(20° 55′ 17″ N, 156° 54′ 37″ O), sur la rive nord de Lanai Ă  Hawaii.
  • La pĂ©niche Louise-Catherine, monument historique, amarrĂ©e dans le 13e arrondissement de Paris. Elle coule le 10 fĂ©vrier 2018.
  • SS Creteboom
    SS Creteboom
  • At Purton
    At Purton
  • Powell River
    Powell River
  • Kiptopeke
    Kiptopeke
  • SS Atlantus
    SS Atlantus
  • SS Selma
    SS Selma
  • SS Palo Alto
    SS Palo Alto
  • Le Creteboom
    Le Creteboom
  • YOGN 42
    YOGN 42
  • Louise-Catherine
    Louise-Catherine

Dans les années 1950, une péniche en béton armé, la Vipère, se trouvait dans le bassin du Commerce de Cherbourg (aujourd'hui Cherbourg-en-Cotentin) et était utilisée pour stocker le charbon des remorqueurs qui chauffaient encore avec ce combustible[3].

Sur le canal de la Martinière - situé au Pellerin (le bac pour traverser la Loire près de Nantes) se trouvent 2 barges à grain en béton armé - Le gouvernail en acier est devenu le perchoir des cormorans à l'affût.

Aujourd'hui

Réplique récente avec une coque en ferro-ciment d'une ancienne goélette.

Certains amateurs fabriquent eux-mêmes leur bateau en ferro-ciment en raison de la relative facilité de mise en œuvre et d'un prix de revient modéré. Des plans pour de telles embarcations sont disponibles depuis 1938. Il est possible de trouver également des conseils pour la construction de bateaux de pêche[4].

De nos jours, des canoës de béton sont utilisés, notamment lors d'une compétition sportive sous le patronage de l'American Society of Civil Engineers.

Notes et références

  1. Le prototype original de la barque de Joseph Lambot conservé au musée de Brignoles.
  2. (en) « S.S. Selma », sur Atlas Obscura (consulté le )
  3. La Vipère à Cherbourg
  4. (en) Riley, R.O.N.; Turner, J.M.M., « Construire un bateau de pêche en ferrociment », sur FAO, (consulté le )


  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Concrete ship » (voir la liste des auteurs).
  • 'Les bateaux en ciment armĂ©', Charles Vireton, Science&Vie, 1917, 27, 417-425

Voir aussi

Bibliographie

  • Les bateaux en ciment armĂ©. Charles Vireton. La Science et la Vie, 1917; pages 417-425
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