Bataille de Nayaf le 4 avril 2004
La bataille du 4 avril ou bataille de Nayaf est une bataille qui fut menée le 4 avril 2004 lorsqu'un groupe de miliciens de l'Armée du Mahdi a attaqué la base espagnole Al Andalus dans la ville irakienne de Nadjaf.
Date | |
---|---|
Lieu | Nadjaf |
Casus belli | Arrestation d'un lieutenant de Moqtada al-Sadr |
Espagne Salvador Honduras Ătats-Unis Blackwater USA AutoritĂ© provisoire de la coalition | ArmĂ©e du Mahdi |
Alberto Asarta Fulgencio Coll Paul Bremer | Inconnu |
50 >200 >14 10-100 8-9 >38 | Environ 2000 |
Morts: 1 1 Blessés: >12 | Morts: 35 Blessés: 300 |
Antécédents
Le 21 fĂ©vrier 2004 fut conduit une opĂ©ration conjointe fut menĂ©e Ă Nadjaf pour fermer dĂ©finitivement les tribunaux islamiques. Au dĂ©part, cette opĂ©ration qui incluait des forces espagnoles, amĂ©ricaines et la police irakienne reposait principalement sur l'action de cette derniĂšre. Mais aprĂšs une brĂšve rĂ©union des chefs des trois contingents, la police irakienne se dĂ©sengage de celle-ci. En effet, les hommes de l'unitĂ© de police sont Ă 40 % des sympathisants chiites. Le gĂ©nĂ©ral nord-amĂ©ricain Ricardo Sanchez propose aux espagnols de conduire tout de mĂȘme l'opĂ©ration. Cependant, aprĂšs une consultation avec Madrid, le ministĂšre de dĂ©fense leur interdit de poursuivre par crainte des pertes.
Sur le moyen terme, cette décision aurait sensiblement contribué à la dégradation de la situation dans la région. Il semblerait que le refus de l'armée espagnole ait créé des tensions avec l'armée américaine qui aurait conduit une série d'actions contribuant à mettre en péril la paix dans la zone.
Ainsi, le 31 mars, quatre contractors amĂ©ricains furent assassinĂ©s dans une embuscade Ă Falloujah, dĂ©chaĂźnant une sĂ©rie de rĂ©actions de l'armĂ©e des Ătats-Unis qui ont conduit Ă la capture de l'adjoint de Moqtada al-Sadr, Mustapha Al-Yaqubi, le matin du 2 avril par des forces spĂ©ciales. AccusĂ© d'avoir tenu un rĂŽle dans la mort en avril 2003 de l'Ayatollah Sayyed Abdul Majeed al-Khoei, un des principaux promoteurs des droits de l'homme en Irak, un juge irakien a Ă©mis un mandat d'arrĂȘt contre Yaqubi, conduisant ainsi Ă son arrestation. Yaqubi Ă©tait accusĂ© de mettre en danger la sĂ©curitĂ© et la tranquillitĂ© des citoyens irakiens. Son arrestation devait renforcer la position de ceux qui pensaient que les criminels devaient comparaĂźtre devant un tribunal, montrant ainsi que personne n'est au-dessus des lois.
L'arrestation a eu lieu en mĂȘme temps que la fermeture d'al-Hawza, un journal de Sadr, la semaine prĂ©cĂ©dente qui avait dĂ©chainĂ©, le dimanche 4 une sĂ©rie de dĂ©clarations incendiaires de la part d'al-Sadr: "ça n'est pas le moment des manifestations. Pas contre cet ennemi qui idolĂątre la terreur et supprimer les opinons des autres en ignorant la volontĂ© du peuple" a-t-il dit en public. "Je vous demande de ne pas manifester parce que c'est inutile et de chercher d'autres voies". "Terrorisez votre ennemi parce que nous ne pouvant pas rester sans rien faire devant ces violences".
La bataille[1] - [2]
Vers 11 h 50 du matin, les premiers coups de feu se fait entendre dans la ville de Nayaf. La police irakienne qui avait été envoyée pour contrÎler la manifestation grandissante en ville avait essuyé des tirs et s'était réfugiée dans la base espagnole Al-Andalus.
La situation ne tarde pas Ă ĂȘtre hors de contrĂŽle et la base est attaquĂ©e aux armes Ă feu et RPG. Des miliciens tirent sur la base depuis l'hĂŽpital de la ville. Un franc-tireur irakien abat le capitaine amĂ©ricain Matthew Eddy que se trouvait sur la terrasse de la base.
Ils déploient des blindés moyens à roues dont les mitrailleuses de calibre 12,7 mm présentent des problÚmes de fiabilité. Les tireurs d'élite du M.O.E. espagnol prennent position et commencent à identifier leurs cibles. Ces derniers ont observé les insurgés utilisant des enfants pour porter des munitions pour les assaillants[3].
Les troupes salvadoriennes qui rentrent d'exercices de formation de l'armée irakienne sont obligées de se réfugier dans le commissariat local (qui sert aussi de prison) dans l'attente d'un sauvetage. Ils rendent compte par radio au commandement de la base du fait qu'ils sont encerclés.
Les blindĂ©s espagnols doivent se dĂ©ployer pour empĂȘcher les insurgĂ©s d'entrer dans la base. NĂ©anmoins, les problĂšmes des mitrailleuses ont obligĂ© les Ă©quipages Ă riposter par les Ă©coutilles.
A la suite de l'attaque générale du camp tout autour de la base et les tirs de mortiers, le commandant ordonne le déploiement des véhicules blindés pour renforcer l'entrée principale. Les attaquants qui tentaient de se cacher derriÚre des véhicules ou des murs de briques sont abattus à l'aide des canons de 25 mm.
Les tireurs d'élite du M.O.E. localisent le tireur insurgé qui a abattu le capitaine américain et, à l'aide d'un fusil Barrett de 12,7 mm, l'éliminent. Tout au long de la bataille, les tireurs du M.O.E. font 3 autres victimes confirmées. Une fourgonnette tente de forcer l'entrée dans la base mais est immédiatement détruite par les tirs des véhicules blindés. Cette action contribue à faire baisser l'intensité de l'attaque.
AprÚs ces actions, l'attaque sur la base est complÚtement repoussée et, au fur et à mesure que la situation se normalise, les troupes s'organisent pour aller porter secours à l'unité encerclée dans la prison. à la surprise des Espagnols et sans attendre d'instructions, les troupes salvadoriennes sortent du commissariat à pieds pour aller au secours de leurs camarades encerclés à la prison. à la moitié de l'itinéraire de 2 km, ils tombent dans une embuscade et se font encercler. ComplÚtement entourés et immobilisés, ils sont obligés de combattre au corps à corps. Pendant l'affrontement, le caporal Toloza tue 8 ennemis au couteau. Le soldat Natividad Méndez qui se bat à la baïonnette est tué. Le reste de l'unité pourchasse les ennemis pour récupérer le corps de leur camarade.
Le commandement espagnol, sur la base Al Andalus, a suivi l'action des salvadoriens. AprĂšs avoir rĂ©alisĂ© la criticitĂ© de la situation, le colonel Alberto Asarta envoie une section sous le commandement de l'enseigne Guisado. Ce dernier dirige les troupes de secours, mais elles sont ralenties par des tirs des insurgĂ©s depuis les toits et les fenĂȘtres des rues qu'ils doivent utiliser. Quelques minutes plus tard, une section de blindĂ©s Ă roues sortit pour soutenir les troupes salvadoriennes qui Ă©taient bloquĂ©es dans les rues, Ă©limine les menaces et les couvrent aux passages Ă niveau et aux carrefours.
La section de blindés réalise 2 traversées de Nayaf. La premiÚre pour évacuer un mort et deux blessés graves de la prison et la seconde pour former un convoi et assurer la protection aux véhicules de l'unité de Salvadoriens[4].
Les pertes alliées sont au nombre de 3 (un soldat salvadorien, un allié irakien et un capitaine américain) et environ 250 du cÎté des insurgés[5].
Le colonel Asarta, le sous-lieutenant Guisado et le sergent Vergara recevront pour cette action la Croix de l'Ordre du mérite militaire[6].
Unités impliquées
- Companie B - 711th Signal Battalion, avec sa QRF (Quick Reaction Force)
- Police Militaire de la 503 rd Military Police Brigade (Airborne)
- Bataillon Xatruch de l'Armée de terre du Honduras
- Batallón Cuscatlån de l'Armée salvadorienne
- Peloton du Régiment de cavalerie «Farnesio» n°12 de l'Armée espagnole
- Section du RIMZ Saboya 6
- Groupe de tireurs d'élite du Commandement des opérations spéciales espagnol
- 8 hommes de Blackwater USE Security.
Renforts
- Ăquipe FAC du 4th ANGLICO.
- 1 ODA du 5th Special Forces Group.
- Groupe de Soutien AĂ©rien Ligthning 27 (USAF)
- 3 HĂ©licoptĂšres MD-530F Little Bird de Blackwater, membres de l'escorte personnelle de Paul Bremer
- 1 "slice" d'hélicoptÚres Apache
- 1 NOE (Unité d'Opérations Spéciales) du GOE-XIX Maderal Oleaga
- Section du RCLAC Farnesio, compagnie du RIM Saboya
Controverse
L'un des principaux points de controverse est le nombre élevé de victimes civiles et la nature des manifestations qui ont commencé le matin.
La CPA a diffusé la note de presse suivante :
"CJTF-7 Public Affairs BAGDAD, Irak. 4 avril de 2004. Attaque sur des forces de la Coalition Ă Camp Golf, An Najaf :
Un grand nombre d'hommes, dont beaucoup vĂȘtus de noir, ont attaquĂ© une base de la Coalition avec des tirs d'armes lĂ©gĂšres aujourd'hui Ă An Najaf. Les forces de la coalition, notamment des avions de l'ArmĂ©e de l'air et des hĂ©licoptĂšres de combat de l'armĂ©e, ont rĂ©pondu Ă l'attaque. Plusieurs soldats de la Coalition ont Ă©tĂ© blessĂ©s. Aucun commentaire sur leur statut ".
Les autoritĂ©s de la Coalition ont Ă©galement indiquĂ© que les informations concernant des centaines de victimes parmi les civils Ă©taient "incorrectes". "Tout commentaire selon lequel les Espagnols ont ouvert le feu sans discrimination sur des civils lors d'une manifestation pacifique est incompatible avec ce que nous avons vu sur le terrain", a dĂ©clarĂ© un responsable. Ce matin, l'administrateur de la coalition Paul Bremer III a dĂ©clarĂ© que les Irakiens avaient gagnĂ© la libertĂ© de manifester mais "cette libertĂ© doit ĂȘtre exercĂ©e pacifiquement", selon les dĂ©clarations de la CPA. "Ce matin, un groupe de personnes Ă Najaf a franchi la ligne et s'est tournĂ© vers la violence. Cela ne sera pas tolĂ©rĂ© par la Coalition, il ne sera pas tolĂ©rĂ© par le peuple irakien, ni ne sera tolĂ©rĂ© par les troupes de sĂ©curitĂ© irakiennes. "
L'autre problĂšme est l'attitude des troupes espagnoles pendant la bataille qui ont Ă©tĂ© accusĂ©es par certains Ă©lĂ©ments des armĂ©es salvadoriennes et amĂ©ricaines de passivitĂ© au cours de cette action. Ălvaro Colomer, dans sa nouvelle "Alors qu'il traversait la vallĂ©e de la mort" (Random House, 2017), aborde ces controverses et donne une version des Ă©vĂ©nements basĂ©e sur des entretiens avec des combattants de tous les pays impliquĂ©s.
Publication des registres de guerre par WikiLeaks
Le 22 octobre 2010, WikiLeaks a publiĂ© les soi-disant journaux de guerre en Irak, issus de nombreux dossiers militaires du DĂ©partement amĂ©ricain de la DĂ©fense. Parmi les nombreux documents, il y a des documents qui reflĂštent la violence de la bataille du 4 avril 2004 Ă Najaf, la plus grande confrontation des militaires espagnols contre la milice chiite. Dans la nuit du 3 avril, Mustafa al Yaqubi, lieutenant de l'ayatollah chiite Moqtada al-Sadr, fut arrĂȘtĂ© par les forces de la coalition internationale, provoquant une sĂ©rie d'attaques. L'arrestation dont les commandants espagnols n'Ă©taient pas informĂ©s a dĂ©clenchĂ© un grave dĂ©saccord avec l'armĂ©e amĂ©ricaine, alors que l'on savait dĂ©jĂ que le prĂ©sident nouvellement Ă©lu JosĂ© Luis RodrĂguez Zapatero se prĂ©parait Ă respecter l'engagement Ă©lectoral de retirer les troupes espagnoles d'Irak qui avaient Ă©tĂ© envoyĂ©es. sous le gouvernement de JosĂ© MarĂa Aznar dans le cadre des accords du Trio des Açores. Les Espagnols ont eu deux blessĂ©s mais Ă partir de lĂ et jusqu'au retrait complet, le 21 mai 2004, l'armĂ©e espagnole a dĂ» faire face Ă une vĂ©ritable situation de guerre au lieu de la dĂ©finition de «mission de paix» pour laquelle elle avait thĂ©oriquement Ă©tĂ© envoyĂ©.
Références
Liens externes
- Bataille de Nayaf, podcast en HistoCast, 8 mai de 2017.
- Nayaf: 15 ans de la grande bataille espagnole du siĂšcle XXI