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Balthazar Loyola de Mandes

Balthazar Loyola de Mandes, né Mohammed El Attaz en 1631 à FÚs au Maroc et mort le à Madrid (Espagne), est un prince marocain converti au catholicisme.

Balthazar de Loyola
Portrait de Balthazar Loyola de Mandes.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom de naissance
Mohammed el Attaz
Activité
Autres informations
Nom en religion
Baltasar Diego Loyola de Mandes
Ordre religieux

Devenu prĂȘtre jĂ©suite, il se consacre Ă  l'Ă©vangĂ©lisation des musulmans. Il est alors considĂ©rĂ© par les Occidentaux de son siĂšcle comme le symbole de la supĂ©rioritĂ© du christianisme sur l'islam.

Biographie

Fils et hĂ©ritier d’Abdalauhid, roi de FĂšs, et d’une de ses Ă©pouses, Huali, d'origine espagnole, Mohammed El Attaz est de grand talent et semble avoir Ă©tĂ© le bras droit de son oncle Abdallah, et apparemment dĂ©cisif dans les conseils de guerre. Avant de monter sur le trĂŽne il souhaite faire un pĂšlerinage Ă  La Mecque. Avec une escorte modeste, il embarque (1651) en Tunisie sur un navire anglais, oĂč le bey le traite avec les honneurs dus Ă  son rang.

Son navire est capturĂ© devant le cap Bon, au nord-est de la Tunisie, par les chevaliers de Saint-Jean de JĂ©rusalem. Mohammed et sa suite sont retenus comme prisonniers durant plusieurs annĂ©es Ă  Malte. Esprit religieux il passe son temps de captivitĂ© Ă  commenter les textes coraniques pour les prisonniers musulmans et Ă©crit plusieurs livres comparant l’islam au christianisme. Il est libĂ©rĂ© grĂące Ă  la forte rançon payĂ©e pour lui par le bey de Tunis.

Cependant le 12 juin 1656 - Ă  la suite d’une « vision » qu’il aurait eue – il se dĂ©clare « chrĂ©tien » et reçoit le baptĂȘme le 31 juillet aprĂšs une courte instruction religieuse. Il adopte le nom de son parrain (Balthazar Mandols, chevalier de Malte) et ajoute celui de ‘Loyola’, son baptĂȘme ayant eu lieu le jour de la fĂȘte de saint Ignace[1].

Soutenu par son parrain, le nouveau converti visite les ports italiens pour y évangéliser les captifs « maures » retenus par les armées chrétiennes[2].

Poussant son zĂšle plus loin Balthazar se rend Ă  Rome pour y demander son admission dans la Compagnie de JĂ©sus. Il Ă©tudie d’abord le latin et l'italien pendant trois ans au collĂšge de Messine, alors qu'une enquĂȘte discrĂšte confirme qu'il est bien l'hĂ©ritier du trĂŽne de FĂšs. À la fin de deux ans de noviciat effectuĂ©s Ă  Rome de 1661 Ă  1663, Balthazar est ordonnĂ© prĂȘtre le 27 dĂ©cembre 1663 ; il poursuit des Ă©tudes de thĂ©ologie morale.

Ses Ă©tudes terminĂ©es, Balthazar Loyola de Mandes est envoyĂ© Ă©vangĂ©liser les esclaves et captifs maures qui se trouvent nombreux dans les ports italiens de GĂšnes, de Naples et d'autres villes de la pĂ©ninsule italienne. Sa prestance royale, sa bonne connaissance du Coran comme son zĂšle missionnaire font merveille. On estime Ă  600 les personnes converties de l’islam au christianisme. Il fait venir Ă  GĂšnes un ulĂ©ma connu de FĂšs et l’ayant convaincu des vĂ©ritĂ©s de la foi chrĂ©tienne, il demande au duc de Toscane d’ĂȘtre son parrain de baptĂȘme. Pour accueillir les convertis de l’islam et poursuivre leur formation chrĂ©tienne, il crĂ©e Ă©galement une confraternitĂ©. Il Ă©crit un livre, en arabe, pour rĂ©futer ses Ă©crits antĂ©rieurs Ă  sa conversion religieuse.

En 1667, Ă  sa demande, Balthazar Loyola de Mandes a Ă©tĂ© affectĂ© Ă  la mission jĂ©suite du Grand Mogol en Inde. Le port d’embarquement Ă©tant nĂ©cessairement Lisbonne, Balthazar Loyola de Mandes voyage Ă  travers la France mĂ©ridionale. À Arles, il a la joie de retrouver son parrain de baptĂȘme Balthazar Mandols. Partout l’accueil est chaleureux. À BĂ©ziers et Toulouse, les autoritĂ©s civiles et religieuses lui rendent visite. À son insu un artiste fait son portrait.

Peu aprĂšs son arrivĂ©e Ă  Madrid, Ă©puisĂ© par la chaleur de l’étĂ©, il tombe gravement malade. Il sĂ©journe au collĂšge impĂ©rial. Sur son lit de mort il parvient encore Ă  convertir un jeune musulman. Le 15 septembre 1667 Balthazar Loyola de Mandes meurt au collĂšge impĂ©rial ; il y est enterrĂ©.

Sa mort provoque une profonde impression dans la capitale, et la reine, qui lui avait rendu visite lui fait organiser des funérailles royales en présence de plusieurs membres de la cour.

Postérité

L’origine princiĂšre du PĂšre Balthazar Loyola de Mandes, sa personnalitĂ© et les circonstances extraordinaires de sa conversion suivie de ses succĂšs missionnaires ont fait que, l’imagination aidant, des lĂ©gendes se sont rapidement attachĂ©es aux faits historiques connus. Sa vie inspira plusieurs dramaturges, en Allemagne (Michael Michon) et surtout en Espagne, dont le cĂ©lĂšbre Pedro CalderĂłn de la Barca : son El grande principe de Fez, en 1668 (immĂ©diatement aprĂšs la mort du PĂšre Balthazar), fut un grand succĂšs dans les thĂ©Ăątres des collĂšges jĂ©suites. Avant que toute biographie soit Ă©crite ce sont les piĂšces de thĂ©Ăątre qui ont crĂ©Ă© l’image du PĂšre Balthazar Loyola de Mandes.

Sami Lakmahri, journaliste au mensuel marocain Zamane, Ă©crit : « Au XVIIe siĂšcle, des deux cĂŽtĂ©s, les conversions forcĂ©es sont lĂ©gions. [...] Peut-on penser que Mohammed El Attaz ne cherche en rĂ©alitĂ© qu'Ă  faciliter sa condition de captif, voire de chercher une libĂ©ration ? Le parcours ecclĂ©siastique qui suit la conversion d'El Attaz permet d'en douter. Balthazar n'est pas un simple chrĂ©tien. Son statut hors norme d'homme de foi ne peut ĂȘtre atteint sans un dĂ©vouement religieux extrĂȘme[2] ».

Selon Sami Lakmahri, « en termes de propagande, les notables chrĂ©tiens ne peuvent rĂȘver d'un meilleur rĂ©cit. Un prince musulman, pieux et sage, a choisi de rallier la cause de JĂ©sus-Christ. L'histoire de cette incroyable conversion foisonne dans la littĂ©rature occidentale. Écrits d'historiens, d'ecclĂ©siastiques et mĂȘme piĂšces de thĂ©Ăątre, tous les genres se sont emparĂ©s de l'histoire de Balthazar. L'objectif est de faire du Marocain une figure religieuse marquante de son temps. Une preuve du bien fondĂ©e de la lutte que mĂšnent les chrĂ©tiens contre les infidĂšles « mahomĂ©tans ». Si mĂȘme les plus hauts dignitaires musulmans embrassent la foi chrĂ©tienne, sa supĂ©rioritĂ© ne fait alors plus de doute »[2]. Le Grand Prince de FĂšs de CalderĂłn de la Barca est Ă©crit en 1668, peu de temps aprĂšs sa mort, probablement dans le but d'appuyer son procĂšs en bĂ©atification[1].

Références

  1. Lilian Pestre de Almeida, « Le trajet d'un prince marocain converti, selon CalderĂłn de la Barca », Revue de l'institut historique de l'Europe mĂ©diterranĂ©enne,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. Sami Lakmahri, « Le prince marocain devenu chrĂ©tien », Zamane,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).

Annexes

Bibliographie

  • (it) P. Duclos, « Loyola Mandes (Attazi) Â», dans Diccionario historico de la Compañia de JesĂșs, Rome, IHSI, 2001, vol. III, p. 2428.
  • (es) C. GarcĂ­a GoldĂĄraz, « Un prĂ­ncipe de Fez jesuita: Sceih Muhammad Attasi, en religiĂłn P. Baltasar Diego Loyola de Mandes (1631-1667). Estudio sobre su ascendencia regia Â», dans MiscelĂĄnea Comillas, 1944, vol. 2, p. 487-541.
  • L. Lebessou, « La seconde vie d'un sultan du Maroc Â», dans Études, 1910, vol. 123, p. 488-498.
  • (en) E. Colombo, « A Muslim Turned Jesuit: Baldassarre Loyola Mandes (1631-1667) Â», dans Journal of Early Modern History, 2013, vol. 17, p. 479-504 Lire en ligne
  • (en) E. Colombo, « Baldassarre Loyola de Mandes (1631-1667), Prince de Fez and JĂ©suite Â», dans Les Musulmans dans l’histoire de l’Europe. Tome 1 : Une intĂ©gration invisible, Ă©d. Bernard Vincent et Jocelyne Dakhlia, Paris, Albin Michel, 2011, p. 159-193 Lire en ligne.
  • (en) E. Colombo, « Infidels at Home. Jesuits and Muslim Slaves in Seventeenth-Century Naples and Spain Â», dans Journal of Jesuit Studies, 2014, n° 1, p. 192-211 lire en ligne.
  • (en) E. Colombo et R. Sacconaghi, « Telling the Untellable. Geography of Conversion of a Muslim Jesuit Â», dans Space and Conversion: A Global Approach, Ă©d. Wietse De Boer, Aliocha Maldavsky et Giuseppe Marcocci, Leyde, Brill, 2014, p. 285-307 lire en ligne.

Liens externes

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