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Ballon-sonde

Un ballon-sonde est un ballon à gaz utilisé dans les domaines de la météorologie et de l'astronautique. Il s'agit d'un ballon libre non habité, utilisé pour faire des mesures locales dans l'atmosphère grâce à un certain nombre d'instruments mis à bord dans une nacelle appelée radiosonde, ainsi que d'un réflecteur radar ou d'un système de radiolocalisation pour le suivre et donc déterminer la vitesse des vents[1] - [2]. Le ballon-sonde a été inventé par Gustave Hermite en 1892[3].

Ballon météo.

Son principal intĂ©rĂŞt est de pouvoir atteindre des altitudes d'au moins 35 km, le record Ă©tant de 53 km[4], difficile Ă  obtenir avec des moyens plus conventionnels tels que les avions, et Ă  un coĂ»t bien infĂ©rieur Ă  une fusĂ©e-sonde ou un satellite.

Histoire

Le dĂ©veloppement des connaissances en mĂ©tĂ©orologie nĂ©cessite de connaĂ®tre les variables de vent, tempĂ©rature, pression et humiditĂ© tant au sol qu’en altitude. Ă€ la fin du XIXe siècle, les chercheurs et mĂ©tĂ©orologues ne disposent que de donnĂ©es très Ă©parses en surface. Gustave Hermite, un inventeur français, a l’idĂ©e de relâcher un ballon auquel il attacherait des instruments. Cependant, la radio n’étant pas encore inventĂ©e, il doit rĂ©cupĂ©rer ces instruments en recherchant le point de chute après l'explosion du ballon. Le , Hermite lâche son premier ballon-sonde fait en papier enduit de pĂ©trole. Il mesurait quatre mètres de diamètre et transportait un baromètre Ă  mercure de 1,2 kg[3].

Son idée se répand d’abord lentement mais des chercheurs, comme Léon Teisserenc de Bort et Richard Aßmann, découvriront grâce à ce système la tropopause, la stratosphère et les autres couches de l’atmosphère. Après quelques essais à partir de 1927, Pierre Idrac et Robert Bureau associent aux capteurs un petit émetteur radio à lampe qui retransmet au sol en temps réel les valeurs mesurées[2]. Le premier vol d’un ballon-sonde retransmettant par radio la mesure de la température est effectué le à Trappes[2] - [5]. La récupération des données n’est plus tributaire d’une aléatoire récupération de l’épave du ballon, c’est la naissance du radiosondage moderne.

En 1940, les radiosondes ont complètement remplacé les météographes d’avion pour des sondages quotidiens. À partir de là, les météorologues utiliseront les informations recueillies pour développer un modèle conceptuel de la circulation atmosphérique et les intégreront dans la prévision météorologique.

Types

Ballon classique gonflé à l'hydrogène
Ballon tétraédrique

Il existe plusieurs types de ballons-sondes :

  • Les ballons-sondes standard sont gonflĂ©s en gĂ©nĂ©ral Ă  l'hĂ©lium et emportent des charges importantes en haute altitude. On utilise l’hydrogène dans les postes Ă©loignĂ©s, comme dans l'Arctique canadien, car il est facile et peu coĂ»teux Ă  produire par hydrolyse, ce qui Ă©vite le transport coĂ»teux d'hĂ©lium, mais sa manipulation est plus risquĂ©e. Le ballon est gonflĂ© de façon Ă  avoir une vitesse ascensionnelle d'environ 5 m/s. Il est fermĂ© et en composĂ©s Ă©lastiques (latex, nĂ©oprène ou de polyĂ©thylène[6]) ce qui implique qu'il Ă©clate Ă  des altitudes gĂ©nĂ©ralement comprises entre 10 et 35 km. Ă€ cause de la pression très faible qui règne Ă  ces altitudes, l'enveloppe se distend jusqu'Ă  la rupture, son diamètre pouvant augmenter de 400 % ;
  • Les ballons ouverts (ou Ă  volume constant[7]) : constituĂ©s d'une enveloppe lĂ©gère. Ils sont ouverts par le bas et permettent ainsi Ă  l'hĂ©lium de sortir au fur et Ă  mesure de la montĂ©e, ce qui Ă©vite l'explosion du ballon avec la chute de la pression environnante et permet de les concevoir dans des matĂ©riaux moins rĂ©sistants et peu coĂ»teux Ă  produire. Ils peuvent atteindre jusqu'Ă  45 km d'altitude et y rester jusqu'Ă  4 jours. Ce type de ballon-sonde reprĂ©sente la majoritĂ© des ballons lancĂ©s dans un cadre scientifique ;
  • Les ballons pressurisĂ©s gonflĂ©s Ă  l'hĂ©lium (ou Ă  niveau constant[8]) : Ceux-ci sont constituĂ©s d'une enveloppe rigide les empĂŞchant d'Ă©clater. Ils peuvent ainsi rester des semaines dans l'atmosphère — entre 10 et 20 km — et permettent de rĂ©aliser des expĂ©riences de longue durĂ©e, pouvant survoler des terrains diffĂ©rents ;
  • Les ballons infrarouges : l'enveloppe est souvent aluminisĂ©e et permet l'entrĂ©e des rayons infrarouges du Soleil, ce qui permet de chauffer l'air contenu dans le ballon de manière continue et ce mĂŞme Ă  haute altitude. Le jour, le ballon monte Ă  environ 28 km et descend la nuit vers 20 km. Le grand intĂ©rĂŞt de ce type de ballon est leur très longue durĂ©e de vie ; des vols de plusieurs mois ont ainsi dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s et permettent de faire plusieurs fois le tour du monde ;
  • Les ballons captifs[9] : ballons retenus au sol emportant des instruments pour dĂ©terminer les valeurs d'un ou de plusieurs Ă©lĂ©ments mĂ©tĂ©orologiques en altitude. Il est particulièrement utilisĂ© pour les Ă©tudes de micro- et de mĂ©somĂ©tĂ©orologie ;
  • Les ballons cerfs-volants[10] : ballons captifs de forme spĂ©ciale utilisĂ© pour maintenir des instruments mĂ©tĂ©orologiques Ă  une hauteur approximativement constante dans l'atmosphère;
  • Les ballons tĂ©traĂ©driques[11] : ballons Ă  volume constant de forme tĂ©traĂ©drique mieux adaptĂ© pour maintenir Ă  haute altitude des appareils car leurs coutures sont plus solides que celles des ballons ronds. Ils sont utilisĂ©s pour suivre les mouvements des masses d'air Ă  niveau constant[12] ;
  • Les ballons dirigeables[13] : ballons dirigeables Ă©quipĂ©s d'instruments pour la mesure d'Ă©lĂ©ments mĂ©tĂ©orologiques en altitude ;
  • Les ballons-fusĂ©es[14] : système de mesure Ă  haute altitude utilisant une fusĂ©e de sondage emportĂ©e par un grand ballon et mise Ă  feu près de l'altitude maximale que peut atteindre le ballon.

Éléments constitutifs

Ballon plafonnant de l'expérience EOLE (« Ballon qui, après une phase ascensionnelle, évolue à des altitudes correspondant à une valeur prédéterminée de la pression atmosphérique », d'après la définition du B.O. no 4 du 26 janvier 2006).

Un ballon-sonde est constitué d'une chaîne de vol, composée par :

  • Le ballon lui-mĂŞme, tirant le reste de la chaĂ®ne ;
  • Un parachute dans la plupart des cas, afin de permettre une descente en douceur ;
  • Un transpondeur permettant aux contrĂ´leurs aĂ©riens de connaĂ®tre sa position — ou un rĂ©flecteur radar pour les ballons les plus simples ;
  • Une ou plusieurs nacelles, pouvant souvent se dĂ©tacher Ă  des phases diffĂ©rentes du vol, si nĂ©cessaire chacune avec son parachute et/ou son propre transpondeur. C'est la nacelle (le panier en osier est moins utilisĂ© que la simple boĂ®te) qui contient les expĂ©riences.

Utilisations

Il existe trois catégories d'utilisation des ballons-sondes :

  • les ballons-sondes scientifiques et mĂ©tĂ©orologiques classiques ;
  • les ballons pour les Ă©coles, comme le programme Planète-Sciences en France ;
  • les ballons amateurs avec les associations de radioamateurs, comme Ballons Haute Altitude France (BHAF) qui aide les projets amateurs français non publicitaires.

Utilisation classique

La plupart des ballons expérimentaux ont un but d’étude de l’atmosphère (par exemple : la couche d’ozone) et sont mis en œuvre par des professionnels tels que le CNES ou des universités.

Il existe aussi des ballons météorologiques dont le but est de relever la température, l’humidité, la vitesse et la force des vents qui aident à l’élaboration de prévisions météorologiques : il s’agit des radiosondages. Les lâchers de ces ballons s’effectuent deux fois par jour, à 0 h TU et 12 h TU, selon une convention de l’Organisation météorologique mondiale[2]. Tous les pays du monde participent à ces lâchers et la répartition des sites fait l’objet d'ententes. En France, par exemple, il existe sept stations de radiosondage[2].

Utilisation amateur

Les ballons-sondes sont lancĂ©s depuis longtemps par les radioamateurs. Dans les annĂ©es 1970, il y avait par exemple en France les "sondes ANJOU" qui emportaient dans l'atmosphère un relais radioamateur Ă  large bande pour permettre des liaisons radio Ă  grande distance. Comme l'horizon vu du ballon est donnĂ© par la relation oĂą h est l'altitude du ballon, un ballon Ă  l'altitude de 35 000 mètres a son horizon Ă  767 km et la liaison radio en vue directe est possible alors que l'attĂ©nuation du signal Ă©mis par l'Ă©metteur du ballon est très faible. Ce qui explique que le signal reçu au sol pour un Ă©metteur de très faible puissance de 100 Ă  500 milliwatts est excellent. D'oĂą l'intĂ©rĂŞt pour l'expĂ©rimentation radio et mĂ©tĂ©o par les radioamateurs.

Un ballon pouvant emporter plusieurs nacelles, un système de camĂ©ra de tĂ©lĂ©vision ATV directe en couleur peut mĂŞme ĂŞtre embarquĂ© dans l'une d'elles. Par exemple une nacelle radioamateur, suivie d’une nacelle Ă©cole et d’une nacelle tĂ©lĂ©vision peuvent constituer la charge d'un ballon. Les nacelles peuvent ĂŞtre sĂ©parĂ©es ou rĂ©unies pour former un bloc compact d’environ 30 cm de cĂ´tĂ©. La masse totale de l’ensemble ballon, nacelle et accessoires ne doit pas dĂ©passer kg. Les ballons amateurs sont lâchĂ©s par des associations de radioamateurs quand il y a des Ă©metteurs Ă  bord. Il ne peut pas y avoir de ballons lancĂ©s par des personnes isolĂ©es, non dĂ©clarĂ©es et non autorisĂ©es Ă  Ă©mettre dans l'espace. Les Ă©lèves, les enseignants, les amateurs et les radioamateurs peuvent ĂŞtre impliquĂ©s dans le mĂŞme projet et travailler en Ă©quipe, pour mener Ă  bien un projet et le dĂ©clarer Ă  l'aviation civile.

D'autres associations de radioamateurs n'ont pas obligatoirement de projet avec les Ă©coles mais un nombreux public est prĂ©sent dans toutes les phases de leurs dĂ©marches dont des jeunes (ex. ballons BOUFIGO dans la rĂ©gion de Marseille). Ils travaillent souvent de concert avec d'autres organismes comme la sĂ©curitĂ© civile. La nacelle principale est munie d'un Ă©metteur VHF ou UHF. En France la frĂ©quence rĂ©servĂ©e est 144,650 MHz par conventions internationales IARU. Les frĂ©quences autour de 434.650 MHz sont très utilisĂ©es dans le monde. Les transmissions durant la voie montante du vol peuvent servir Ă  des actions sur les expĂ©riences Ă  bord avec des composants de puissance comme des relais, des servomoteurs ou d'autres systèmes interactifs. Les radioamateurs peuvent expĂ©rimenter et innover avec des ballons hĂ©lium ou solaires en contrĂ´lant l'altitude du ballon au moyen d'une soupape. Ils peuvent Ă©galement exĂ©cuter le largage ou l’éclatement de l'enveloppe Ă  un moment et pour une altitude très prĂ©cise. Il est enfin possible de modifier la trajectoire d'un ballon Ă  distance au moyen de la voie montante UHF ou VHF qui transmet des donnĂ©es codĂ©es vers le ballon. Les utilisateurs peuvent suivre le dĂ©placement du ballon sur un fond de carte grâce Ă  un logiciel appropriĂ© car un module GPS associĂ© Ă  un Ă©metteur et Ă  une interface APRS permet une localisation prĂ©cise en temps rĂ©el de la nacelle pendant presque tout le vol depuis 1996 en France. Le taux de rĂ©cupĂ©ration peut alors atteindre 100 % grâce aux prĂ©visions de trajectoire utilisant les prĂ©visions sur les vents de plus en plus fiables et disponibles sur Internet. Le point de chute peut parfois ĂŞtre obtenu avec une prĂ©cision de l'ordre de 250 Ă  500 mètres grâce Ă  ces prĂ©visions et aux donnĂ©es GPS lors du vol. Les Ă©quipes de rĂ©cupĂ©ration radioamateurs sont souvent sur le lieu de la chute avant l'arrivĂ©e du ballon pour assurer la rĂ©cupĂ©ration du matĂ©riel de la nacelle. Les radio-amateurs de la sĂ©curitĂ© civile participent souvent pour pratiquer un entraĂ®nement de recherches dans la nature. Voir FNRASEC.

Les ballons-sondes sont de formidables vecteurs pour les expĂ©riences. C'est pour cela que par exemple en France le CNES, en partenariat avec l’association Planète Sciences, permet aux jeunes de crĂ©er eux-mĂŞmes leur(s) expĂ©rience(s) dans le cadre du programme « Un ballon pour l'Ă©cole ». Celles-ci seront alors accrochĂ©es Ă  une nacelle sous un ballon en latex qui peut atteindre 25 Ă  30 km d'altitude[15]. Ces expĂ©riences menĂ©es dĂ©jĂ  dans de nombreuses Ă©coles (~150 par an) permettent aux Ă©lèves d'Ă©tudier l'atmosphère, la pollution, de prendre des photos ou des films Ă  des altitudes diverses. Ces projets doivent commencer en dĂ©but d'annĂ©e scolaire et le lâcher se fait de mars Ă  mai. Statistiquement et grâce Ă  l’autocollant posĂ© sur la nacelle, on rĂ©cupère 2 ballons sur 3. La recherche au sol s'effectue par radiogoniomĂ©trie classique pratiquĂ©e par des radioamateurs qui organisent la rĂ©cupĂ©ration Ă  la demande des Ă©coles. Le taux de rĂ©cupĂ©ration des nacelles peut Ă©galement atteindre 100 % dans ce cas.

Depuis l'avènement des caméras d'actions, des amateurs[16] ou des entreprises spécialisées[17] ont détourné l'usage des ballons-sondes pour atteindre la stratosphère et y réaliser des images spectaculaires d'objets, marques ou logos.

Notes et références

  • Droit français : arrĂŞtĂ© du relatif Ă  la terminologie des sciences et techniques spatiales.
  1. Organisation météorologique mondiale, « Ballon-sonde », Glossaire de la météorologie, Eumetcal (consulté le )
  2. « La conquête de la troisième dimension : Le radiosondage », Mesurer l'atmosphère, Météo-France (consulté le )
  3. « La conquête de la troisième dimension : Les ballons-sondes », Mesurer l'atmosphère, Météo-France (consulté le )
  4. (en) « Research on Balloon to Float over 50km Altitude », Institute of Space and Astronautical Science, JAXA (consulté le ).
  5. « Bureau (Robert) », Météo-France (version du 29 octobre 2007 sur Internet Archive)
  6. Organisation météorologique mondiale, « Ballon météorologique », sur Eumetcal (consulté le )
  7. Organisation météorologique mondiale, « Ballon à volume constant », sur Eumetcal (consulté le )
  8. Organisation météorologique mondiale, « Ballon à niveau constant », sur Eumetcal (consulté le )
  9. Organisation météorologique mondiale, « Sondage par ballon captif », sur Eumetcal (consulté le )
  10. Organisation météorologique mondiale, « Ballon cerf-volant », sur Eumetcal (consulté le )
  11. Organisation météorologique mondiale, « Ballon tétraédrique », sur Eumetcal (consulté le )
  12. (en) J. K. Angell et D. H. Pack, « Analysis of low-level Constant Volume Ballon (Tetroon) Flights from Wallops Island », Journal of Atmospheric Sciences, AMS, vol. 19, no 1,‎ (ISSN 1520-0469, résumé, lire en ligne [PDF], consulté le )
  13. Organisation météorologique mondiale, « Sondage par ballon dirigeable », sur Eumetcal (consulté le )
  14. Organisation météorologique mondiale, « Sondage par ballon-fusée », sur Eumetcal (consulté le )
  15. « Un Ballon Pour l’École (UBPE) », Planète sciences (consulté le )
  16. Méprises Du Ciel, « Vidéo amateur avec un Lego », sur youtube.com,
  17. « Entreprise offrant le lancement de marques dans la stratosphère », sur publicom.space (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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