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LĂ©on Teisserenc de Bort

Léon Teisserenc de Bort, né à Paris le et mort à Cannes le , est un météorologue français qui développa l'observation et l'étude de l'atmosphère par l'utilisation de ballons instrumentés. Il fut aussi le codécouvreur, avec Richard Aßmann, de la stratosphère. Des cratères sur la Lune et sur Mars portent son nom.

LĂ©on Teisserenc de Bort
Description de l'image LĂ©on Teisserenc de Bort.jpg.
Naissance
Paris (France)
DĂ©cès (Ă  57 ans)
Cannes (France)
Nationalité Française
Domaines Météorologie
Renommé pour Découverte de la stratosphère

Carrière

Teisserenc de Bort rejoignit le Bureau central météorologique en , six mois après sa création. Selon son directeur, Eleuthère Mascart, il y travaillait « avec la plus grande activité ». Celui-ci demanda au ministre de l'Instruction publique, dont dépend le BCM, « la nomination de M. Teisserenc de Bort comme météorologiste adjoint de 2e classe avec un traitement de 2500 Fr [...] à partir du . » (lettre d'E. Mascart au Ministre du , aux Archives nationales). Il devint chef du service de Météorologie générale, aux côtés de Fron, chef du service des avertissements (c'est-à-dire des prévisions), et d'Angot, chef du service de climatologie.

LassĂ© du manque de moyens du BCM, il le quitta en 1892 et dĂ©cida de dĂ©velopper ses recherches sur la haute atmosphère. Il installa sur sa fortune propre Ă  Trappes (Yvelines) un observatoire privĂ© de mĂ©tĂ©orologie en 1896 [1]; il y conduisait des travaux originaux, en particulier pour photographier les nuages, destinĂ©s Ă  la publication d'un Atlas international des nuages dans le cadre de l’Organisation mĂ©tĂ©orologique internationale. Ă€ partir de 1898 dĂ©buta l'exploration verticale de l'atmosphère Ă  l'aide de cerf-volant puis de ballon-sonde : plus de 1 200 ascensions entre 1898 et 1906. Le premier ballon libre quittait Trappes le . Teisserenc de Bort lançait ses ballons de nuit afin d'Ă©viter les effets perturbateurs de l'insolation sur les instruments. C'est Ă  la fin de 1898, ou au plus tard, lors de l'ascension du qu'il fit une dĂ©couverte capitale, celle de la « couche isotherme » plus tard nommĂ©e stratosphère. En 1900, il rĂ©glementa et supervisa le grand concours de cerfs-volants de l'Exposition universelle de 1900, sur le terrain d'Ă©volution du concours du parc d'aĂ©rostats (bâtiment tout spĂ©cialement construit Ă  Vincennes). Il avait multipliĂ© les lancers et les vĂ©rifications avant d'en faire la relation Ă  l'AcadĂ©mie des sciences le , après 236 ascensions de ballons-sondes effectuĂ©es Ă  Trappes, notant qu'au-delĂ  d'une certaine altitude, de 8 Ă  12 km, suivant les conditions atmosphĂ©riques, la tempĂ©rature cesse de dĂ©croĂ®tre, voire augmente lĂ©gèrement. (Alfred Fierro, Histoire de la mĂ©tĂ©orologie, DenoĂ«l, 1991).

Teisserenc de Bort fut élu membre de l'Académie des sciences en 1910.

LĂ©on Teisserenc de Bort et Decaudin-Labesse, debout (1883).

À sa mort en 1913, il légua son observatoire à l'État.

AĂ©rologie

Après plus de 200 lâchers de ballons, souvent effectués de nuit pour éviter les effets du rayonnement solaire, Teisserenc de Bort en arriva en 1902 à la conclusion (incomplète) que l'atmosphère terrestre se composait de deux couches. Il les baptisa troposphère et stratosphère, une convention qui est toujours en vigueur. Vers la même époque, le météorologue allemand Richard Assmann fit la même découverte. Les deux hommes se connaissaient et ont échangé à ce sujet. Léon Teisserenc de Bort considérait au début qu'il s'agissait d'un problème d'instrumentation mais avec 236 ballons qui confirmaient ce résultat, le doute n'était plus permis[2].

Entre les deux, s'Ă©tendant en gros entre 10 000 et 16 000 mètres selon la saison et le lieu, il nota une couche isotherme oĂą la tempĂ©rature cessait de dĂ©croĂ®tre comme dans la troposphère mais n'augmentait pas encore de façon significative avec l'altitude comme dans la stratosphère. Cela mettait fin Ă  la polĂ©mique scientifique sur le sommet de l'atmosphère[3]. Les trois couches externes supplĂ©mentaires — la mĂ©sosphère, la thermosphère et l'exosphère — Ă©taient hors de portĂ©e des ballons-sondes de Teisserenc de Bort, et lui restèrent donc inconnues.

Autres recherches

Teisserenc de Bort a aussi réalisé des travaux de géophysique. Il parcourut le Sud de la Tunisie et de l'Algérie, laissant un récit de voyage (1883). Il publia des cartes magnétiques de l'Algérie, du Sahara, et de la Tunisie en 1888.

Archéologie

ChargĂ© d'une mission scientifique, dans le Sahara algĂ©rien et tunisien, M. LĂ©on Teisserenc de Bort y a recueilli d'abord avec ses compagnons d'Ă©tudes de forts nombreux silex taillĂ©s particulièrement dans la rĂ©gion encore inexplorĂ©e qu'il traverse pour aller de Touggourt Ă  Bereçof, de Bereçof Ă  GuettariĂ t, et de ce dernier point au Nefzaoua, c'est-Ă -dire sur un espace de 230 kilomètres, aujourd'hui dĂ©sert, et qui a dĂ» ĂŞtre relativement plus habitĂ© aux âges prĂ©historiques, car on ne peut pas expliquer d'une autre manière le nombre de ces silex taillĂ©s. Souvent, d'ailleurs, ces silex sont accompagnĂ©s de nombreux dĂ©bris de poterie grossière gisant sur le sol.

Sépultures dans des jarres à filiach, près de Biskra (Algérie)

M. Teisserenc de Bort prĂ©sente aussi les photographies des fouilles qu'il a faites aux environs de Biskra, avec le gracieux concours de MM. Fau et Fourreau, de Biskra, et qui ont amenĂ© la dĂ©couverte de jarres de grandes dimensions emboĂ®tĂ©es deux par deux, les unes dans les autres, et qui ont servi de tombes Ă  une Ă©poque Ă©loignĂ©e. La pointe de l'une des jarres est brisĂ©e, et l'extrĂ©mitĂ© ainsi mutilĂ©e se trouve engagĂ©e dans une autre jarre Ă©ventrĂ©e de la mĂŞme façon. Le corps Ă  ensevelir Ă©tait placĂ© dans ces deux jarres rĂ©unies, la tĂŞte et le tronc dans une jarre, les jambes et les pieds dans l'autre. La poterie Manche ou couleur crique est fine et semble avoir Ă©tĂ© recouverte d'un vernis verdâtre. Ces sĂ©pultures paraissent appartenir Ă  une Ă©poque antĂ©rieure Ă  celle de l'invasion arabe, elles ne sont d'ailleurs pas orientĂ©es vers La Mecque, comme celles des musulmans. La superficie de cette nĂ©cropole est considĂ©rable : on trouve des tombes sur une longueur de plus de 500 mètres ; elles sont enfouies Ă  une assez faible profondeur dans un sol compact d'alluvion rougeâtre. Les squelettes, en assez mauvais Ă©tat, indiquent que les corps Ă©taient un peu repliĂ©s sur eux-mĂŞmes, et l'un d'eux, mieux conservĂ©, a pu ĂŞtre dessinĂ© dans ses traits principaux. L'ouverture des jarres Ă©tait oblitĂ©rĂ©e par une sorte d'entonnoir, qui paraĂ®t n'ĂŞtre autre chose que la pointe infĂ©rieure prĂ©alablement sĂ©parĂ©e. Les ossements sont mal conservĂ©s Ă  cause des infiltrations et inondations d'une rivière voisine, l'oued Biskra. Les eaux ont colmatĂ© les jarres de telle façon que les dĂ©bris d'ossements sont enfermĂ©s dans une terre argileuse très dense. Il n'y a aucun objet de poterie ou de mĂ©tal dans les jarres. L'Ă©tendue de cette nĂ©cropole est d'au moins 20 hectares. En un autre point des Zibans, on a trouvĂ©, il y a quelques annĂ©es, une nĂ©cropole de ce genre, mais lĂ  il y a trois Ă©tages de jarres superposĂ©es, et en dessus, des cercueils d’un bois rĂ©sineux qui paraĂ®t ĂŞtre du thuya.

Legs

Après sa mort en 1913, ses héritiers léguèrent, selon son vœu, son observatoire à l'État afin que ses recherches puissent être poursuivies. Plusieurs services de Météo-France y sont installés. Des radiosondes sont lancées deux fois par jour par le Centre météorologique de Trappes mais le lancer est automatisé depuis 2015. Ces données d'altitude sont assimilées par les modèles de prévision[1].

Notes et références

  1. « Météo France : les origines du site de Trappes » (consulté le )
  2. Michel Rochas, « L'invention de la stratosphère », La météorologie,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Les météorologistes, sur la base d'un gradient thermique de 6 K/km, considéraient que le sommet, supposé à 0 K, était à 50 km d'altitude ; les astronomes, à partir de mesure des météores produits par les météorites, le situaient à 80 km.

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