Avenue du Parisis
L'Avenue du Parisis, anciennement Boulevard Intercommunal du Parisis (BIP), est un projet routier concernant les communes du sud du département du Val-d'Oise.
Destinée à relier l'autoroute A15 à Argenteuil à l'autoroute A1 à Gonesse en direction de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, elle fait l'objet d'une vive contestation de la part des habitants et de certains élus locaux des communes concernées. Deux tronçons ont déjà été réalisés : entre l’autoroute A 1 et la route départementale RD 84a et RD 84b à Bonneuil-en-France à l'est en 1995 et entre l’A 15 et la RD 109 entre Argenteuil et Soisy-sous-Montmorency à l'ouest en 2003 (route nationale 170).
Histoire
Ce projet routier de 21 kilomètres de longueur a connu divers avatars depuis son origine. Le tracé de l' « auto-route interurbaine de Seine-et-Oise » dite « ARISO » fut décidé en 1939[1]. Inscrite au SDAURP de 1965[2] - [3] puis au schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF) et devenu partie intégrante du projet A 87 en 1976, seconde rocade autoroutière de Paris à 15 kilomètres environ de la capitale, le tracé fut alors prévu pour une autoroute à deux fois quatre voies, avec une liaison autoroutière complémentaire joignant l'autoroute A115 à Saint-Leu-la-Forêt à l'A87 à Montmorency, via Eaubonne, Margency et Soisy-sous-Montmorency, nommée G 15[4] - [5]. En 1980, rien n'était encore mis en chantier vu la révision à la baisse de nombreux projets routiers de cette époque ; néanmoins le tracé fut reconfirmé cette année mais l'axe devenait une voie de desserte locale de la Vallée de Montmorency et fut rebaptisé « Boulevard intercommunal du Parisis »[6].
Déclaré d'utilité publique le [7] et mis en chantier en 1992, une courte section Est de cette rocade de 2,5 kilomètres dite « BIP Est », fut mis en service en 1995 entre Gonesse et l'A 1 (autoroute du Nord)[8] - [9].
Une section ouest de 3,4 kilomètres, « dite BIP Ouest », fut quant à elle mise en chantier en 1994, une première étape ouverte à la circulation en mars 1999 (entre l'A 15 et la rue d'Ermont à Saint-Gratien) et la seconde en mars 2003, entre l'autoroute A 15 et Soisy-sous-Montmorency (RD109)[10] - [11]. Ces deux tronçons sont au gabarit deux fois deux voies, élargissables à deux fois trois voies et construits aux caractéristiques d'une voie express (aucun croisement à niveau, deux chaussées séparées, bandes d'arrêt d'urgence, vitesse limitée à 90 km/h)[12].
En 2005, le trafic quotidien sur la D 170, entre l'A 15 et la D 470 à Saint-Gratien, s'élevait à 65 439 véhicules par jour ; ce chiffre atteignait 72 779 en 2010, dont 2,4 % de poids lourds, soit une hausse de 11,2 %[13].
Avancement du projet
En 2012, il reste quinze kilomètres à aménager afin de relier entre elles ces deux sections et assurer une continuité à l'itinéraire. La loi du , faisant partie de l'Acte II de la décentralisation ayant transféré la compétence du réseau routier national vers le réseau routier départemental, l'achèvement de cet axe relève dorénavant du conseil départemental du Val-d'Oise et non plus de l'État.
Par une délibération du , le Conseil général a approuvé à l'unanimité le principe de faisabilité de l'infrastructure routière entre la RD 109 à Soisy-sous-Montmorency et la RD 370 à Gonesse, ainsi que l'engagement des travaux de la section comprise entre la RD 370 à Gonesse et la RD 84 à Bonneuil-en-France. Ceux-ci sont engagés en avec une mise en service prévue en 2010[14].
Selon un nouveau projet présenté en 2007, le tronçon central serait édifié aux caractéristiques d'un boulevard urbain : vocation multimodale, profils en travers compris entre trente et quarante mètres, vitesse limitée à 70 km/h, croisements à niveau (giratoires) et accessible aux bus et aux cyclistes. De ce fait, le projet est désormais connu sous un nouveau nom, l'Avenue du Parisis.
La traversée de Montmorency, à proximité de deux monuments historiques, serait effectuée par une tranchée couverte de 290 mètres, les trémies d'accès étant recouvertes d'une « casquette », dalle de béton recouvrant partiellement les voies de circulation, similaire à celle réalisée à Saint-Gratien, dans le quartier des Marais. La section Garges-lès-Gonesse/RD 370 serait quant à elle aux caractéristiques de voie express[15]. Estimé à quatre cents millions d’euros, aux conditions économiques de 2007, ce projet aurait pu être mis en chantier par étapes successives à partir de 2010, mais il a finalement été reporté.
En , le nouveau président du Conseil général du Val-d'Oise, Didier Arnal, évoque une possible concertation à la fin de 2010 ou au début de 2011, le tronçon de Soisy-sous-Montmorency (D 109) à Sarcelles (ex-N1) devant être réalisé en dernier, vu son coût, ses impacts sur la santé des riverains, et la contestation locale, aux alentours de 2020.
Traversant une zone très urbanisée, ce tronçon central fait en effet l'objet des plus vives oppositions depuis plusieurs décennies. Tracé à une époque où les communes traversées n'étaient que de petites villes encore rurales, elles sont devenues depuis des villes très denses de l'agglomération parisienne, rendant très difficile l'insertion harmonieuse d'un itinéraire routier de cette nature. Une forte inquiétude a par ailleurs été émise de la part de la ville d'Enghien-les-Bains, le tracé retenu en déblai pouvant affecter l'apport en eaux minérales de la station thermale.
L'avant-projet de SDRIF rendu public en novembre 2006 prévoit néanmoins la réalisation du tronçon central du BIP (entre la RD 370 et la RD 109), considéré comme un élément du réseau des voies structurantes à caractère départemental. Dans ce contexte, l'autoroute A16 a vocation à être prolongée jusqu'au BIP[16].
Les difficultés d'insertion, et la réalisation d'un tunnel de près de trois cents mètres à proximité de la collégiale Saint-Martin de Montmorency portent le coût du tracé complet à 500 millions d'euros, aux conditions économiques de [17]. Presque la moitié du tracé à l'étude est couverte par le nouveau Plan d'exposition au bruit (PEB) de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, qui limite le développement urbain et pourrait ainsi faciliter les acquisitions : restriction aux agrandissements, à l'augmentation de population[18]...
En , le président du conseil général Didier Arnal annonce la vente de terrains le long du tracé en vallée de Montmorency afin de renflouer les caisses du Conseil général, indépendamment de tout avancement du projet[19]. Le même mois, à la suite de la présentation en des variantes du projet à Montmorency par le président du conseil général, un collectif « Vivre sans BIP » voit le jour. Il regroupe une quinzaine d'associations avec pour objectif de s'opposer au bouclage de l'infrastructure[20]. Les associations dénoncent en particulier un « maquillage » du projet en transports collectifs en site propre afin d'améliorer l'acceptation du projet par les riverains, l'infrastructure demeurant pourtant une voie comportant 2 X 2 voies, ainsi que son coût considérable, alors que l'usage de l'automobile a légèrement régressé dans le département, et que la population s'est massivement prononcée en 2007 pour une amélioration des transports en commun. Plus globalement, c'est la tentative de faire financer cette infrastructure dans le cadre du Grand Paris qui est dénoncée, en parfaite contradiction avec les objectifs nationaux du Grenelle Environnement, et du projet départemental d'« éco-département »[21]. Le , à la suite de la lettre de saisine du président du conseil général du , la commission nationale du débat public confirme sa recommandation d'organiser une concertation publique sur le projet[22]. Le Conseil général organise la concertation publique du au [23].
Les réunions publiques organisées durant la concertation de l'automne 2012 ont montré une forte hostilité des habitants sur le tronçon ouest[24], exprimant des craintes sur la pollution, le bruit, mais s'interrogeant également sur le financement dans un contexte budgétaire difficile, plusieurs dénonçant un projet bâclé et archaïque favorable au tout automobile, sans la moindre proposition d'un transport en commun ferré moderne au lieu d'une route si les flux justifient réellement la réalisation d'une infrastructure[25] - [26] - [27].
Le 25 avril 2016, la Préfecture du Val-d'Oise déclare d'utilité publique la section Est de l'avenue du Parisis, entre Groslay et Bonneuil-en-France[28].
Le 13 mars 2018, à la suite du recours effectué par les opposants au projet dont le collectif Vivre sans BIP, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise prononce l'annulation de la déclaration d'utilité publique de la section Est de l'avenue du Parisis. Le tribunal soulève notamment l'insuffisance du financement du projet[29].
Cette décision est confirmée le 22 septembre 2019 par la cour administrative d'appel de Versailles qui met également en cause le financement du projet, la juridiction estimant que le projet d'enquête publique restant trop évasif[30].
Le département du Val-d'Oise fait appel de cette décision de justice auprès du Conseil d'État[31]. Ce dernier décide le de renvoyer le dossier devant la Cour administrative d'appel de Versailles[32].
Communes traversées
- Sannois (Section réalisée)
- Saint-Gratien (Section réalisée)
- Eaubonne (Section réalisée)
- Soisy-sous-Montmorency
- Montmorency
- Deuil-la-Barre
- Groslay
- Sarcelles
- Garges-lès-Gonesse
- Arnouville
- Bonneuil-en-France (Section réalisée)
- Gonesse (Section réalisée)
Notes et références
- [PDF] Raymond Josse, Problèmes d'expansion et d'aménagement dans la vallée de Montmorency, in : Annales de Géographie. 1966, t. 75, n°411. pp. 569-593., p. 592
- SDAURP de 1965 - Chapitre II : Les transports, p. 191
- [PDF] Carte du SDAU de la région de Paris au 1/100 000, extrait (Nord de Paris)
- [PDF] SDAURIF de 1976 - Infrastructures routières (horizon 2000), extrait (Nord de Paris)
- Aménagement de l'avenue du Parisis - Extrait du SDAU de 1976 (archive du site du conseil général)
- Aménagement de l'avenue du Parisis (archive du site du conseil général)
- Site officiel du Sénat - Équipements routiers en Seine-Saint-Denis et en Val-d'Oise - Question orale sans débat n° 0307S de Mme Marie-Claude Beaudeau (Val-d'Oise - CRC) publiée dans le JO Sénat du 02/10/1998
- DDE du Val-d'Oise - Le BIP continue
- Aménagement de l'avenue du Parisis - BIP Est (archive du site du conseil général)
- Aménagement de l'avenue du Parisis - BIP Ouest (archive du site du conseil général)
- [PDF] DDE du Val-d'Oise - BIP Ouest
- [PDF] Boulevard Intercommunal du Parisis, rue d'Ermont - RD109
- [Comité d'expansion économique du Val-d'Oise - Le bilan économique et social du Val d'Oise 2010-2011 (édition 2012)], p. 176
- Site du conseil régional d'Île-de-France - Extension du boulevard du Parisis est, article publié le 27 septembre 2007
- [PDF] Conseil général du Val-d'Oise - Aménagement de l'avenue du Parisis, 2008.
- Avant projet de SDRIF - novembre 2006 - p. 105
- Le Parisien - À quoi ressemblera l’avenue du Parisis, article du 23 décembre 2009
- [PDF] Le BIP et le Plan d'Exposition au Bruit de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle
- Le Parisien - Le département vend des propriétés pour se renflouer, article du 26 janvier 2010
- Le Parisien - Un collectif contre le boulevard du Parisis, article du 29 janvier 2010
- Les Amis de la Terre Val-d'Oise - Les Amis de la Terre Val-d'Oise regrettent la priorité que donne le Conseil Général du Val-d'Oise aux projets de transports routiers et autoroutiers dans sa tentative de ralliement au « Grand Paris ».
- [PDF] CNDP - Projet d'aménagement de l'Avenue du Parisis - Séance du 4 janvier 2012. Consulté le 4 février 2012.
- Conseil général du Val-d'Oise - Aménagement de l'avenue du Parisis
- [PDF] Conseil général du Val-d'Oise - Concertation sur le projet d'aménagement de l'avenue du Parisis : avis des internautes
- « Avenue du Parisis : des riverains inquiets ou hostiles » dans Le Parisien, article du 27 septembre 2012
- « Avenue du Parisis : les riverains ne mâchent pas leurs mots » dans Le Parisien, article du 13 octobre 2012
- « L’avenue du Parisis au cœur des critiques » dans Le Parisien, article du 16 novembre 2012
- Christophe Lefevre, « Les expropriations se précisent sur le tronçon routier entre Bonneuil et Groslay », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- C. L., « L’avenue du Parisis jusqu’à Bonneuil-en-France remise en question », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- Christophe Lefevre, « Val-d’Oise : la justice met un coup d’arrêt au bouclage de l’avenue du Parisis », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- Fabrice Cahen, « Val-d'Oise. Vincent Gayrard, l'ami de la vallée de Montmorency », sur actu.fr, (consulté le ) : « Le Département a fait appel de la décision de justice, auprès du conseil d’État. Le projet reste suspendu à la décision qui n’est pas encore rendue. »
- « Conseil d'État, 1re chambre, décision no 435991 », sur conseil-etat.fr, (consulté le ).