Aurore Martin
Aurore Martin nĂ©e Ă Oloron-Sainte-Marie le [1], est une femme politique, militante du parti basque indĂ©pendantiste Batasuna. Un mandat d'arrĂȘt europĂ©en a Ă©tĂ© Ă©mis en octobre 2010 Ă son encontre par la justice espagnole dans le cadre d'une enquĂȘte liĂ©es Ă des « faits de participation Ă une organisation terroriste, et terrorisme » Ă la suite d'apparitions publiques au sein de Batasuna, parti illĂ©galisĂ© en Espagne mais lĂ©gal en France. Cela a conduit Ă une tentative d'arrestation avortĂ©e en 2011, puis Ă son arrestation par la gendarmerie française le 1er novembre 2012 et Ă sa remise immĂ©diate aux autoritĂ©s judiciaires espagnoles. Elle est cependant libĂ©rĂ©e sous caution le 22 dĂ©cembre 2012.
Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Activité |
Parti politique |
---|
Aurore Martin était en 2012 la premiÚre citoyenne française extradée vers l'Espagne dans le cadre du conflit basque. Son procÚs a fait l'objet d'un retentissement médiatique considérable en Europe.
Biographie
Née en 1979 à Oloron-Sainte-Marie (ville béarnaise limitrophe du Pays Basque), au sein d'une famille peu militante ne parlant pas le basque, Aurore Martin a été scolarisée dans une ikastola, école associative dans laquelle l'enseignement est dispensé en basque[2].
Elle s'engage progressivement en faveur de l'identitĂ© basque en participant Ă la vie associative et en Ă©tablissant des maisons de jeunes (gaztetxe). Son engagement militant s'affirme progressivement ; aprĂšs l'Ă©vasion d'un militant pro-basque du commissariat de Bayonne, elle est arrĂȘtĂ©e en janvier 2003 pour association de malfaiteurs et incarcĂ©rĂ©e Ă Fleury-MĂ©rogis, avant de bĂ©nĂ©ficier d'un non-lieu. Devant ce qu'elle considĂšre comme une injustice, elle se radicalise en adhĂ©rant Ă Batasuna, parti dĂ©fendant la crĂ©ation d'un Ătat basque souverain et un projet de sociĂ©tĂ© trĂšs marquĂ© Ă gauche.
L'affaire Aurore Martin
Ămission d'un mandat d'arrĂȘt europĂ©en
Le 13 octobre 2010, le tribunal central d'instruction no 5 Ă l'audience nationale de Madrid Ă©met un mandat d'arrĂȘt europĂ©en Ă son encontre, en vue de poursuites pĂ©nales pour des « faits de participation Ă une organisation terroriste, et terrorisme », commis en France et en Espagne en 2006 et 2007[3].
Il lui est précisément reproché « trois séries de faits :
- des faits commis en Espagne, à Pampelune et à Alava, consistant en la participation, en qualité de membre du parti politique Batasuna, à des manifestations publiques qui se sont tenues les 24 mars et 26 avril 2006, 3 mars et 14 septembre 2007, ainsi que la rédaction d'un articule publié dans le journal Gara dans lequel elle se présente comme membre du parti Batasuna ;
- des faits commis sur le territoire français, à Bayonne et à Ustaritz consistant en la participation à des manifestations publiques du parti Batasuna les 21 septembre 2006 et 28 janvier 2007 ;
- des faits commis en Espagne, afférents à son inscription en qualité d'employée du EHAK (parti communiste des terres basques) depuis le 2 novembre 2006 et la réception le 17 février 2007 de deux virements de 12 000 euros chacun sur ses comptes personnels en provenance d'un compte bancaire ouvert à la « caja de ahorros de pensiones » de Barcelone dont le titulaire est le EHAK »[4].
Ces faits sont qualifiés de participation à une organisation terroriste et terrorisme par les autorités judiciaires requérantes et sont punissables d'une peine de douze ans d'emprisonnement en Espagne.
En application des dispositions instituant le mandat d'arrĂȘt europĂ©en, introduites en droit français Ă l'article 695-23 du code de procĂ©dure pĂ©nale, les faits relevant de certaines incriminations, dont le terrorisme, punissables de plus de trois annĂ©es d'emprisonnement par l'Ătat Ă©metteur du mandat, n'ont pas Ă faire l'objet d'un contrĂŽle dit de la double incrimination visant Ă vĂ©rifier qu'ils sont rĂ©prĂ©hensibles Ă la fois dans l'Ătat Ă©metteur et dans l'Ătat chargĂ© d'exĂ©cuter le mandat [5].
Participation Ă Batasuna
Ce mandat d'arrĂȘt europĂ©en fonde ainsi sa remise aux autoritĂ©s espagnoles sur le fait qu'elle milite activement au sein du mouvement indĂ©pendantiste basque Batasuna. Cette organisation a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e illĂ©gale en Espagne du fait de ses liens avec Euskadi ta Askatasuna (ETA) [6] et ne dispose pas d'existence juridique en France. Batasuna apparaissait jusqu'en 2009 sur la liste officielle des organisations terroristes de l'Union europĂ©enne[7], mais n'y figure plus depuis 2010[8].
Passage dans la clandestinité
Le 21 dĂ©cembre 2010, Ă la suite du rejet de ses recours devant la justice française contre l'exĂ©cution du mandat d'arrĂȘt europĂ©en[4], Aurore Martin annonce par communiquĂ© qu'elle dĂ©cide de se cacher[9] pour Ă©chapper Ă une arrestation et Ă un transfert vers l'Espagne. Depuis la clandestinitĂ©, elle annonce dans une lettre adressĂ©e au Journal du Pays basque (Euskal Herriko Gazeta)[10] qu'elle est candidate aux Ă©lections cantonales de mars 2011 dans le canton de Tardets-Sorholus dans les PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques, sous l'Ă©tiquette d'Euskal Herria Bai (Pays basque Oui), en tant que supplĂ©ante de Gilen Iriart[11].
Le 3 juin 2011, Aurore Martin explique dans un entretien accordé au Journal du Pays basque et à Mediapart son désir de « recommencer une vie publique normale[12] ». Le 18 juin 2011, à l'occasion d'un colloque sur le thÚme du mandat européen qui se tient à Biarritz, elle sort de la clandestinité[13].
PremiÚre tentative avortée, puis arrestation et remise à l'Espagne
Le 21 juin 2011, lors d'une tentative d'arrestation par la police française, rue des Basques Ă Bayonne, des militants et sympathisants de la gauche abertzale empĂȘchent son arrestation au cours d'une confrontation musclĂ©e avec la police[14]. AprĂšs cet Ă©chec, le ministre français de l'IntĂ©rieur, Claude GuĂ©ant rĂ©affirme que « cette dame est sous le coup d'un mandat d'arrĂȘt europĂ©en. Il est du devoir de la police française de mettre en Ćuvre ce mandat d'arrĂȘt. Et il sera mis en Ćuvre[15] ».
Aurore Martin est finalement arrĂȘtĂ©e par les gendarmes Ă MaulĂ©on-Licharre (PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques) le 1er novembre 2012 au cours d'un contrĂŽle routier, puis remise aux autoritĂ©s judiciaires espagnoles[16]. Des Ă©lus locaux protestent contre ce transfert en affirmant « que les faits visĂ©s par l'Espagne ne sont pas rĂ©prĂ©hensibles en France »[17].
Le 2 novembre 2012, aprĂšs sa remise Ă l'Espagne, le mouvement Batasuna accuse publiquement le ministre de l'intĂ©rieur français Manuel Valls d'avoir rompu un « accord tacite avec les nationalistes basques » et d'ĂȘtre « un simple relais de Madrid Ă Paris[18] ».
Libération
Elle est libérée le 22 décembre 2012, avec le versement d'une caution de 15 000 euros[19], payée notamment grùce à des collectes de fonds organisées par Batasuna[20]. Aurore Martin devra, en outre, se présenter entre le 1er et le 5 de chaque mois devant la justice espagnole, sans que cette disposition ne l'oblige à vivre en Espagne[21].
Le 13 janvier 2016, l'Espagne renonce à toutes ses poursuites et amnistie Aurore Martin de sa peine d'un an et huit mois de prison. En effet, en vertu d'un accord judiciaire entre l'Etat et 35 indépendantistes inculpés, ils sont libérés sans peine aprÚs avoir reconnu leur « délit de participation à une organisation terroriste » et signé un « engagement à renoncer à toute activité en lien avec l'usage de la violence, en souhaitant que cette reconnaissance contribue à la réparation des dommages et souffrances qui ont été causés aux victimes du terrorisme »[22].
Notes et références
- « ArrĂȘt de la Cour d'appel de Pau », sur http://www.gdr-elsj.eu, (consultĂ© le )
- La trajectoire surprenante d'Aurore Martin, Le Figaro, 3 novembre 2012.
- « La police rate la capture de la militante basque Aurore Martin », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
- ArrĂȘt de la Cour de cassation, Chambre criminelle, 15 dĂ©cembre 2010, 10-88.204
- Politis, Jean Sébastien Mora, 2 décembre 2010 .
- Sandrine Morel, « Zn Espagne, Batasuna rĂ©clame Ă l'ETA la fin du terrorisme au Pays basque », Le Monde,â , p. 8
- [PDF]http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:023:0025:0029:FR:PDF
- « eur-lex.europa.eu/LexUriServ/L⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- « Aurore Martin explique pourquoi elle a dû entrer en clandestinité », sur lejpb.com, (consulté le )
- « AURORE MARTIN, CANDIDATE AUX CANTONALES A TARDETS », sur http://www.lejpb.com (consulté le )
- « La militante basque Aurore Martin candidate aux cantonales », sur https://www.lemonde.fr, (consulté le )
- « L'intégrale de l'entretien avec Aurore MARTIN publié le 4 juin 2011 », sur http://www.lejpb.com, (consulté le )
- « Aurore Martin sort de la clandestinité », sur http://aquitaine.france3.fr, juin (consulté le )
- « Des militants empĂȘchent l'arrestation d'Aurore Martin Ă Bayonne », sur http://www.sudouest.fr, (consultĂ© le )
- « Aurore Martin : arrestation avortée », sur http://www.lejdd.fr, (consulté le )
- Aurore Martin, questions sur une arrestation Libération, 2 novembre 2012
- La militante Aurore Martin a été incarcérée à Madrid Le Figaro, 2 novembre 2012
- « Extradition d'Aurore Martin: Batasuna accuse Manuel Valls d'avoir rompu "un accord tacite" », L'Express,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Aurore Martin bientÎt libre sous caution Libération, 21 décembre 2012
- La militante basque française Aurore Martin est sortie de prison Le Monde, 22 décembre 2012
- La militante basque Aurore Martin est libérable sous caution Le Monde, 21 décembre 2012
- « Espagne : pas de prison pour Aurore Martin », Le Figaro, 13 janvier 2016.