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Auctoritas principis

L’auctoritas principis est, dans la Rome antique, une « autoritĂ© Â» (cette traduction du terme latin reste en effet « pauvre ») confĂ©rĂ©e Ă  l'empereur romain en raison de son titre de princeps (« premier » citoyen de Rome).

Les précédents républicains

La notion d’auctoritas trouve son origine Ă  l'Ă©poque rĂ©publicaine. En vertu de l’auctoritas patrum, le SĂ©nat a le pouvoir de confirmation des lois sous la RĂ©publique.

Une source essentielle de la notion se trouve dans le portrait que fait CicĂ©ron du princeps rei publicae dans le De Republica : ses vertus exceptionnelles fondent son auctoritas. « Chez CicĂ©ron comme dans les Res Gestae, l’auctoritas du princeps repose sur une supĂ©rioritĂ© morale presque surnaturelle. Mais elle est elle-mĂȘme d'essence politique et non morale[1]. »

Le régime impérial

Le passage du chap. 34 des Res gestae sur la reconstitution moderne de l'inscription, gravĂ©e sur la base du musĂ©e de l’ara Pacis Ă  Rome.

L’auctoritas principis complĂšte l’imperium et la potestas qui reprĂ©sentent son pouvoir judiciaire, militaire et administratif.

Auguste proclame l'importance de cette notion au fondement de son pouvoir dans le chapitre 34 de ses Res gestae[2] : Post id tempus auctoritate omnibus praestiti, potestatis autem nihilo amplius habui quam ceteri qui mihi quoque in magistratu conlegae fuerunt (« Ă€ partir de ce moment[3], je l'ai emportĂ© sur tous par l’auctoritas ; en revanche, je n'ai aucunement eu plus de potestas que tous ceux qui ont Ă©tĂ© mes collĂšgues dans chaque magistrature Â»). Au dĂ©but du chapitre 34, il a rappelĂ© que le titre d’Augustus lui a Ă©tĂ© dĂ©cernĂ© par le SĂ©nat, en mĂȘme temps qu'un certain nombre d'honneurs exceptionnels, en raison de ses mĂ©rites (pro merito meo) ; comme chez CicĂ©ron, l’auctoritas est liĂ©e aux vertus et au mĂ©rite. De plus, auctoritas et augustus sont liĂ©s Ă©tymologiquement[4] ; l’auctoritas appartient donc naturellement Ă  celui qui est reconnu comme Augustus.

Progressivement, l’auctoritas principis va devenir la source d'un pouvoir lĂ©gislatif entre les mains de l'empereur. Au dĂ©part, les avis d'Auguste (quod principi placuit) n'avaient que le poids que leur donnait sa place Ă©minente dans l'ordre nouveau, sans force juridique obligatoire. DĂšs 13 ap. J.-C., un sĂ©natus-consulte, dont Dion Cassius[5] a conservĂ© le souvenir, dĂ©cida qu'une rĂ©solution de l'empereur, dĂ©libĂ©rĂ©e dans le cadre de son conseil, aurait la mĂȘme valeur que si le SĂ©nat tout entier l'avait adoptĂ©e. Et Dion Cassius ajoute que, dĂšs lors que lui fut reconnu ce pouvoir, qu'il dĂ©tenait auparavant seulement en fait (Ï„áż· áŒ”ÏÎłáżł), il traita de cette façon la plupart des affaires de l'État[6]. Ce pouvoir fut ensuite renouvelĂ© pour chaque empereur dans sa loi d'investiture (lex de imperio), comme en tĂ©moigne une disposition de la lex de imperio Vespasiani[7] (CIL, VI, 930). Cette disposition, appelĂ©e par les commentateurs « clause discrĂ©tionnaire Â», est la source de la force juridique des constitutions impĂ©riales[8].

Moyen Âge

Innocent III soutient l'idĂ©e que le pape dĂ©tient seul l'entiĂšre souverainetĂ© (l’auctoritas des Romains). Les princes ne possĂšdent que la potestas, c'est-Ă -dire la puissance politique qui leur est donnĂ©e directement par Dieu.

Notes et références

  1. André Magdelain, op. cit., p. 14.
  2. Le mot auctoritas, disparu sur le monument d'Ancyre, n'a Ă©tĂ© reconnu qu'aprĂšs la dĂ©couverte, en 1924, de la copie d'Antioche, oĂč il est conservĂ© ; auparavant, on restituait en gĂ©nĂ©ral dignitate, selon la conjecture de Theodor Mommsen.
  3. Auguste fait allusion aux événements du 13 et 16 janvier 27 av. J.-C..
  4. Les deux mots appartiennent Ă  la famille de augere, « augmenter, accroĂźtre Â».
  5. 56,28.
  6. A. Magdelain, op. cit., p. 89.
  7. L. 17-21.
  8. Cf. Ulpien, D. 1, 4, 1 : quod principi placuit legis habet vigorem (« ce qu'a dĂ©cidĂ© l'empereur a force de loi Â»).

Bibliographie

  • AndrĂ© Magdelain, Auctoritas principis (Collection d'Ă©tudes latines, sĂ©rie scientifique, XXII), Paris, Les Belles Lettres, 1947.
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