Attentat du parc du Centenaire
Lâattentat du parc du Centenaire est un acte terroriste chrĂ©tien Ă la bombe perpĂ©trĂ© aux Ătats-Unis, le , dans le parc olympique lors des Jeux d'Ă©tĂ© d'Atlanta. L'explosion tue une personne et en blesse 111 autres. En outre, il provoque indirectement la mort d'un cadreur turc, victime d'une crise cardiaque alors qu'il courait pour filmer la scĂšne.
Attentat du parc du Centenaire | |
Le parc du Centenaire en 2016. | |
Localisation | Parc du Centenaire, Atlanta |
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Cible | Jeux olympiques d'été de 1996 |
CoordonnĂ©es | 33° 45âČ 41âł nord, 84° 23âČ 33âł ouest |
Date | |
Armes | Bombe |
Morts | 1 |
Blessés | 111 |
Auteurs | Eric Rudolph |
Mouvance | Terrorisme chrĂ©tien ExtrĂȘme droite |
Ă peine un an aprĂšs l'attentat d'Oklahoma City, jusqu'alors le plus meurtrier sur le sol amĂ©ricain, et dix jours aprĂšs l'explosion du vol TWA 800, l'enquĂȘte policiĂšre se dĂ©roule sous pression, scrutĂ©e par les journalistes du monde entier couvrant les Jeux olympiques. RĂ©pondant au profil de loup solitaire amĂ©ricain qu'ils ont dĂ©fini, les enquĂȘteurs s'intĂ©ressent d'abord au garde de sĂ©curitĂ© qui a trouvĂ© la bombe, Richard Jewell. Les fuites dans la presse le prĂ©sentent comme le principal suspect de l'enquĂȘte policiĂšre et le probable terroriste. Ayant besoin d'un coupable avant la rĂ©ouverture du parc du Centenaire et n'ayant pas d'autre piste, le FBI s'attache Ă trouver des preuves pour renforcer l'accusation contre Jewell. Bien qu'il ne soit pas accusĂ© officiellement, les mĂ©dias le surveillent en continu et le contraignent Ă rester enfermĂ© Ă son domicile. AprĂšs l'annonce officielle de son innocence en , l'enquĂȘte sâenlise avant que deux bombes n'explosent Ă Atlanta au dĂ©but de l'annĂ©e .
Lorsqu'une quatriĂšme bombe explose dans l'Alabama en , les enquĂȘteurs se concentrent sur Eric Rudolph, un proche des milices et mouvements religieux extrĂ©mistes hostiles au gouvernement fĂ©dĂ©ral. Il devient l'un des suspects les plus recherchĂ©s des Ătats-Unis. PlacĂ© sur la liste des dix fugitifs les plus recherchĂ©s du FBI en mai, il est pourchassĂ© dans le Sud des Appalaches pendant plusieurs annĂ©es. ArrĂȘtĂ© le , il plaide coupable des quatre attentats antĂ©rieurs et est condamnĂ© Ă quatre peines consĂ©cutives de prison Ă vie. Il justifie son acte en affirmant sa volontĂ© de sanctionner la politique du gouvernement sur l'avortement.
Contexte
Le , le ComitĂ© international olympique (CIO) confie Ă Atlanta l'organisation des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1996 au cinquiĂšme tour du scrutin de dĂ©signation de la ville hĂŽte. Ville du siĂšge social de l'entreprise The Coca-Cola Company, la capitale de l'Ătat de GĂ©orgie est choisie pour la qualitĂ© de ses infrastructures et le long soutien Ă©conomique de l'entreprise au mouvement olympique[1].
Depuis le siĂšge de Waco en , les tensions entre l'extrĂȘme droite amĂ©ricaine et le gouvernement ne sont allĂ©es qu'en se renforçant. L'attentat d'Oklahoma City en , faisant 168 morts, dĂ©montre que les milices paramilitaires et autres groupes de skinheads constituent une menace de « terrorisme intĂ©rieur »[note 1] - [3]. Par exemple, en , trois hommes du groupe paramilitaire la « Milice de la RĂ©publique de GĂ©orgie » sont arrĂȘtĂ©s et inculpĂ©s pour la prĂ©paration d'une sĂ©rie d'attentats avec des bombes artisanales Ă Macon[3].
Le , dans un contexte de peur Ă la suite de l'explosion du vol 800 TWA deux jours plus tĂŽt, le prĂ©sident des Ătats-Unis Bill Clinton dĂ©clare l'ouverture officielle des Jeux olympiques[4] - [5]. La cĂ©rĂ©monie d'ouverture est une rĂ©ussite[5], la grande fĂȘte du centenaire des Jeux olympiques modernes est notamment marquĂ©e par l'allumage de la flamme olympique par le boxeur Mohamed Ali[6].
Plus sĂ©curisĂ© que jamais, avec trois fois plus d'agents de sĂ©curitĂ© que d'athlĂštes et des accrĂ©ditations Ă©lectroniques, le coĂ»t de sĂ©curitĂ© des Jeux est de 303 millions de dollars[7]. Le gouvernement amĂ©ricain prend en charge Ă lui seul 227 millions de dollars[8]. Le directeur du comitĂ© d'organisation des Jeux d'Atlanta, Billy Payne, dĂ©clare que « l'endroit le plus sĂ»r de cette magnifique planĂšte sera Atlanta, en GĂ©orgie, pendant la tenue de nos Jeux[Cit 1]. » VantĂ©e en amont des Jeux, la sĂ©curitĂ© est cependant rapidement remise en question lorsqu'un homme est arrĂȘtĂ© armĂ© d'un pistolet et d'un couteau dans l'enceinte du Stade olympique lors de la cĂ©rĂ©monie d'ouverture[3] - [10]. La logistique de l'Ă©vĂšnement, notamment au niveau des transports, est fortement critiquĂ©e[11]. Le champion olympique de judo David Khakhaleishvili manque la pesĂ©e parce qu'il est bloquĂ© dans les embouteillages ; l'escrimeur canadien James Ransom arrive seulement dix minutes avant son combat et perd[11]. Les rameurs britanniques choisissent de quitter le village olympique pour un hĂŽtel Ă proximitĂ© du lieu des compĂ©titions pour Ă©viter de prendre les transports prĂ©vus par l'organisation[11].
Le parc du Centenaire, imaginĂ© par Billy Payne, est au cĆur du village olympique des Jeux de [12]. Construit Ă grande vitesse au coĂ»t de 50 millions de dollars[10], il est ouvert Ă tous et gratuit : le parc accueille toute la journĂ©e et la soirĂ©e le public qui souhaite assister aux compĂ©titions[13] - 1 min 35 s_16-0">[J 1]. De nombreuses attractions, animations et possibilitĂ©s de restauration bon marchĂ© y sont proposĂ©es[13]. Autour des fontaines olympiques, les sponsors occupent un espace commercial de 85 000 m2[10]. L'entreprise AT&T y a fait construire une grande scĂšne sur laquelle est disposĂ© un Ă©cran gĂ©ant pour suivre les compĂ©titions olympiques pendant la quinzaine[3].
Attentat
Explosion de la bombe
La fĂȘte bat son plein en ce samedi , la premiĂšre semaine des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© a vu de nombreux exploits sportifs. La vague de chaleur, qui a maintenu les tempĂ©ratures au-dessus des 30 °C, est terminĂ©e et laisse place Ă un vent frais[14]. Des milliers de personnes restent aprĂšs minuit dans le parc du Centenaire pour profiter du concert gratuit de Jack Mack and the Heart Attack[14]. AttirĂ© par des jeunes qui lancent des canettes de biĂšre sur la tour de techniciens dont il assure la sĂ©curitĂ©, Richard Jewell repĂšre un sac Ă dos vert abandonnĂ© sous un banc et lance la procĂ©dure classique avec le policier Tom Davis : appeler l'Ă©quipe de dĂ©mineurs[14]. Ces derniers confirment que l'alerte est rĂ©elle : un engin explosif est dissimulĂ© dans le sac[14]. Les policiers et agents de sĂ©curitĂ© commencent Ă Ă©vacuer la zone[14].
Ă 1 h 25, la bombe artisanale explose2 min 10 s_18-0">[J 2] - [15]. PlacĂ©e au pied d'une tour oĂč sont montĂ©s les projecteurs pour la grande scĂšne du parc[3] - 2 min 50 s_20-0">[J 3], la bombe tue une touriste amĂ©ricaine ĂągĂ©e de 44 ans, Alice S. Hawthorne, et entraĂźne indirectement le dĂ©cĂšs d'un cadreur de la tĂ©lĂ©vision turque, Melih Uzunyol[16]. Elle fait 110 autres blessĂ©s, dont plusieurs gravement[15]. Onze personnes doivent se faire hospitaliser et au moins deux doivent subir une opĂ©ration chirurgicale[17].
Alice Hawthorne travaillait pour le service client d'une entreprise de cĂąble tĂ©lĂ©visĂ© et possĂ©dait en partie une boutique de vente de glaces[18] - [19] - [20]. Pour fĂȘter le 14e anniversaire de sa fille Fallon Stubbs, Hawthorne l'a emmenĂ© Ă Atlanta pour assister au concert gratuit de Jack Mack and the Heart Attack dont elle est fan[18] - [19]. TouchĂ©e Ă six reprises, notamment Ă la tĂȘte, la mĂšre de famille meurt des suites de ses blessures Ă son arrivĂ©e au Grady Memorial Hospital[14] - [18]. La jeune fille est blessĂ©e au bras droit, Ă la cuisse droite et a un doigt cassĂ©, propulsĂ©e au sol par le souffle de l'explosion[18]. Ă l'hĂŽpital, Fallon reçoit la visite de plusieurs athlĂštes olympiques comme Matt Ghaffari et de personnalitĂ©s comme Jesse Jackson[20].
Lorsqu'il a connaissance qu'un acte terroriste a eu lieu, Melih Uzunyol est à l'hÎtel Ramada[21]. Le cadreur turc prend un sac d'équipement lourd et court vers la scÚne de l'attentat avec son collÚgue lorsqu'il est victime d'une crise cardiaque[15] - [17] - [21] - [22]. Pris en charge, il succombe dans l'ambulance l'emmenant à l'hÎpital[21] - [23]. Il meurt à 39 ans[21]. Quatre ans auparavant, un problÚme cardiaque lui avait été diagnostiqué mais il avait préféré le cacher pour ne pas perdre son emploi[21].
L'attentat a lieu une heure aprĂšs la fin de la rencontre de basket-ball entre les Ătats-Unis et la Chine dans le Georgia Dome, Ă proximitĂ©[17]. Comme chaque soir pendant les Jeux, le groupe de rock Jack Mack and the Heart Attack donne alors un concert gratuit dans le parc[17]. ChoquĂ©s par l'explosion, les visiteurs du parc courent pour fuir et la police termine l'Ă©vacuation en arrivant sur place avec les secours2 min 25 s_29-0">[J 4].
Le premier à avoir donné la nouvelle en direct dans le monde entier a été le reporter italien Ezio Luzzi, qui se trouvait à Atlanta en tant que correspondant de la Rai (Radio Televisione Italiana) pour les Jeux olympiques qui se déroulaient à l'époque.
Luzzi a d'ailleurs rappelé à plusieurs reprises, dans ses livres et ses interviews, ce qui s'est passé ce terrible jour : "J'étais là , je coordonnais l'expédition de la Rai et l'explosion s'est produite alors que je traversais la place. Le coup m'a jeté à terre sans me blesser. Je me suis relevé en ne pensant qu'à retourner au studio et à raconter l'histoire : Je suis arrivé avant CNN, avant tout le monde".
RĂ©actions
Dans les minutes suivant l'attentat, le Grady Memorial Hospital active le plan « Code D » prĂ©vu en cas de dĂ©sastre[24]. Plus de la moitiĂ© du personnel de l'hĂŽpital se rend alors dans l'Ă©tablissement pour accueillir les blessĂ©s[24]. Dans le mĂȘme temps, le prĂ©sident du ComitĂ© international olympique Juan Antonio Samaranch est rĂ©veillĂ©, puis s'entretient avec le comitĂ© d'organisation d'Atlanta et les responsables de la police[3].
à 4 h, les dix membres du comité exécutif du CIO se réunissent et décident rapidement que les Jeux vont continuer[3]. Dans la matinée, les spectateurs se pressent dans les gradins des différentes compétitions sportives[25]. à 10 h 48, une annonce publique dans le stade olympique avertissant que tout sac laissé sans surveillance serait confisqué par la sécurité est accueillie par des applaudissements[25]. En fin de matinée, un sac noir laissé seul est trouvé dans les tribunes de la compétition de beach-volley à Jonesboro, entraßnant l'évacuation d'une centaine de personnes avant que le propriétaire ne vienne le réclamer[25].
Dix athlÚtes de la délégation américaine, vivant à l'extérieur du village olympique, demandent et obtiennent la permission de réintégrer le village[9]. Le boxeur néo-zélandais Garth da Silva, touché par le verre d'une vitre brisée, exprime publiquement la méfiance à la suite de l'attentat[9].
Le parc du Centenaire ferme tout le week-end et les organisateurs dĂ©cident que les drapeaux olympique et turc soient mis en berne[15]. Il rouvre le mardi suivant l'attentat[26]. En dĂ©placement Ă La Nouvelle-OrlĂ©ans, Bill Clinton demande au CongrĂšs des Ătats-Unis de renforcer la loi contre le terrorisme, votĂ©e au printemps, afin d'ajouter la crĂ©ation d'une nouvelle agence de surveillance par Ă©coute, retirĂ©e de la prĂ©cĂ©dente loi[27].
DÚs la réouverture du parc olympique, des milliers de personnes se massent pour entrer[10]. La sécurité du parc est renforcée, créant de longues files d'attente à ses entrées[10]. Au lendemain de sa réouverture, prÚs de 50 000 personnes s'y réunissent pour danser et célébrer[10]. Carlos Santana chante Oye Como Va[10]. Un mémorial est improvisé avec des drapeaux américains, des fleurs, des messages écrits, des pin's olympiques ou encore des T-shirts[10]. Un seul des 750 volontaires du parc olympique demande à quitter son poste dans le parc[10]. Dans les cinq jours aprÚs sa réouverture, quatre alertes à la bombe ont lieu dans le parc[10].
EnquĂȘte du FBI
Appel téléphonique anonyme
Le FBI reçoit, vingt minutes avant l'explosion, un appel au 911 depuis une cabine tĂ©lĂ©phonique Ă proximitĂ© du parc annonçant l'explosion imminente d'une bombe[15]. « There is a bomb in Centennial Park. You have 30 minutes[9] - [note 2]. » Les enquĂȘteurs concluent rapidement qu'il s'agit d'un acte de terrorisme intĂ©rieur[17]. Ă 5 h 15, les officiels olympiques dĂ©clarent que les Jeux vont continuer jusqu'Ă leur terme[17]. GrĂące aux tĂ©moignages de plusieurs personnes, la police dessine un portrait-robot du suspect[26]. Cependant, le FBI dĂ©cide de ne pas le diffuser publiquement pour Ă©viter la masse d'appels et les mauvaises pistes[26]. Le porte-parole du FBI David Tubbs dĂ©clare cependant que le suspect est un homme amĂ©ricain blanc[26].
Richard Jewell : le premier suspect
Au lendemain de l'attentat, les journalistes de CNN cherchent et identifient l'agent de sécurité d'AT&T qui a trouvé le sac à dos et indiqué aux policiers la potentielle menace : il s'agit de Richard Jewell[28] - [29]. L'homme est interrogé en direct à la télévision sur la chaßne d'informations en continu[29]. DÚs lors, de nombreux médias demandent à l'interroger et le présentent comme un héros ayant sauvé de nombreuses vies en évacuant la zone du sac suspect[29] - [14] - [30].
Alors qu'il enchaĂźne les apparitions mĂ©diatiques, l'enquĂȘte policiĂšre se concentre sur Richard Jewell dans les jours suivant l'attentat. Son profil correspond Ă celui du terroriste et le « complexe du hĂ©ros » est une motivation crĂ©dible pour cet agent de sĂ©curitĂ© qui a enchaĂźnĂ© les Ă©checs avant de retourner vivre chez sa mĂšre6 min 35 s_38-0">[J 5] - [31] - [32]. Son nom fuite, de nombreux journalistes sont mis au courant, l'Ă©volution de l'enquĂȘte s'apprĂȘte Ă devenir publique7 min 35 s_41-0">[J 6]. Le quotidien local The Atlanta Journal-Constitution dĂ©cide de publier une Ă©dition spĂ©ciale en nommant Richard Jewell comme le principal suspect en une[30] - [33]. Dans les heures suivant la publication du numĂ©ro, les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision nationales reprennent l'information et diffusent en boucle les images filmĂ©es de l'agent de sĂ©curitĂ©[30]. Richard Jewell s'enferme alors dans l'appartement qu'il partage avec sa mĂšre[34] - [35].
Des journalistes et cadreurs se dĂ©placent Ă son appartement dans le nord d'Atlanta[30]. Devant les camĂ©ras de tĂ©lĂ©vision, les agents du FBI lui demandent de le suivre dans leurs bureaux[30]. Bien qu'il ne soit ni mis en examen, ni arrĂȘtĂ© et qu'il clame son innocence, les mĂ©dias le prĂ©sentent comme le probable coupable[30] - [36]. Le chef de cabinet de la Maison-Blanche Leon Panetta dĂ©clare dans l'Ă©mission de CBS News Face the Nation que Jewell reste un suspect bien que le FBI recherche Ă©galement d'autres suspects[36].
Les enquĂȘteurs mettent tous leurs moyens pour trouver des preuves matĂ©rielles, fouillant l'appartement Ă trois reprises lors des deux semaines suivant l'attentat, prenant toutes les affaires personnelles de la famille, visitant son ancien lieu de travail[28] - [37] - [38]. Ils tentent de le piĂ©ger Ă deux reprises, envoyant un policier ami avec un micro cachĂ© Ă un repas de famille et l'emmenant dans les bureaux du FBI pour un interrogatoire en lui faisant croire au tournage d'une vidĂ©o pour les premiers intervenants[28] - [39] - [40] - 9 min 0 s_50-0">[J 7] - [41]. Ils ne trouvent aucun Ă©lĂ©ment probant permettant de mettre en accusation Jewell et laissent les semaines filer.
PressĂ©s par la mĂšre de Richard Jewell et l'Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e 60 Minutes[28], les enquĂȘteurs interrogent longuement l'agent de sĂ©curitĂ© dĂ©but octobre[42], il est officiellement rayĂ© de la liste des suspects Ă la fin du mois d'octobre par une simple lettre envoyĂ©e Ă son avocat[34] - [39] - [43]. Le , Richard Jewell tient une confĂ©rence de presse dans l'hĂŽtel Marriott d'Atlanta et dĂ©clare20 min 15 s_54-0">[J 8] - [44] - [45] :
De nouvelles explosions mĂšnent au terroriste : Eric Rudolph
L'enquĂȘte policiĂšre s'enlise et la pression mĂ©diatique s'intensifie sur les failles des agences fĂ©dĂ©rales aprĂšs la confĂ©rence de presse de Richard Jewell[46]. Ă la suite d'un appel public pour obtenir des informations, les enquĂȘteurs reçoivent de nombreuses photos et vidĂ©os du parc olympique dans les minutes prĂ©cĂ©dant et suivant l'explosion[46]. Ils suivent plus de 13 000 pistes mais aucune ne mĂšne Ă un suspect[46].
Le , une clinique d'avortement d'Atlanta est visĂ©e par un double attentat[47] - [48]. Personne n'est blessĂ© par la premiĂšre explosion[47]. Une heure plus tard, vers 10 h 30, alors que les enquĂȘteurs et journalistes sont arrivĂ©s sur place, une deuxiĂšme explosion blesse six personnes[47]. Le prĂ©sident Bill Clinton rĂ©agit Ă l'attentat : « Ne vous y trompez pas, quiconque porte violence Ă l'encontre d'une femme qui tente d'exercer ses droits constitutionnels commet un acte de terreur »[Cit 3] - [47].
Le vers 21 h 45, une bombe explose dans un bar gay d'Atlanta, l'Otherside Lounge, blessant cinq personnes[49]. Une autre bombe est retrouvée dans un sac à dos sur le parking du bar par la police et détruite par les démineurs[49]. La police relie cet incident avec celui un mois plus tÎt[49] - [50].
Le , une bombe explose à l'extérieur du Woman All Women Health Care Center de Birmingham dans l'Alabama, tuant un policier travaillant comme agent de sécurité de la clinique et blessant sévÚrement une infirmiÚre[51]. Des témoins ont repéré un homme agissant de maniÚre suspecte aprÚs l'explosion et ont noté la plaque d'immatriculation de son véhicule, permettant à la police de remonter jusqu'à Eric Rudolph[51] - [52].
Quelques jours aprĂšs l'attentat de Birmingham, deux lettres destinĂ©es aux mĂ©dias Reuters et The Atlanta Journal-Constitution sont interceptĂ©es par des agents fĂ©dĂ©raux[53]. Sur celles-ci, manuscrites, l'Army of God revendique la responsabilitĂ© des attentats[53]. Les enquĂȘteurs font le lien entre les diffĂ©rentes enquĂȘtes grĂące Ă ces lettres de revendications et aux Ă©clats de bombes similaires[53] - [54]. Le , ils dĂ©signent Eric Rudolph comme suspect principal de l'enquĂȘte de l'attentat de la clinique d'avortement[55]. Des perquisitions dans sa caravane, son camion et un local de stockage permettent d'obtenir suffisamment de preuves pour qu'il soit officiellement accusĂ©[55]. Le FBI, qui a nommĂ© l'enquĂȘte « Sandbomb » en hommage au policier Robert D. Sanderson tuĂ©, propose une rĂ©compense de 100 000 dollars pour toute information menant Ă l'arrestation de Rudolph[55]. Deux semaines plus tard, les enquĂȘteurs lient Eric Rudolph Ă l'attentat du parc du Centenaire grĂące Ă la correspondance de plaques d'aciers utilisĂ©es dans les diffĂ©rents bombes pour diriger le souffle des explosions[56].
Traque et arrestation
Le , Eric Rudolph est placĂ© sur la liste des dix fugitifs les plus recherchĂ©s du FBI avec une prime d'un million de dollars pour l'informateur qui mĂšnerait Ă son arrestation[51] - [57] - [58]. Le , Eric Rudolph est aperçu sortant de la forĂȘt nationale de Nantahala pour entrer dans une Ă©picerie Ă Andrews[58]. Deux jours plus tard, il vole une grande quantitĂ© de nourriture et un pick-up Nissan de 1977 bleu au propriĂ©taire du magasin, George O. Nordmann, qui ne dĂ©clare le vol que le [51] - [58]. Le vĂ©hicule est retrouvĂ© abandonnĂ© le 13[58]. DĂšs lors, Rudolph est chassĂ© dans la forĂȘt par plus de 200 enquĂȘteurs munis de dĂ©tecteurs de mouvement et par des hĂ©licoptĂšres Ă©quipĂ©s de capteurs de chaleur[58] - [59]. Bien qu'il ait tuĂ© plusieurs personnes, le suspect bĂ©nĂ©ficie d'un certain soutien local, Ă cause d'un sentiment de mĂ©fiance envers le gouvernement, et du soutien d'une partie de la population Ă la cause anti-avortement[58] - [60]. Le , Janet Reno et Louis Freeh tiennent une confĂ©rence de presse pour annoncer qu'Eric Rudolph est officiellement accusĂ© pour les six explosions de la rĂ©gion d'Atlanta, dont l'attentat du parc du Centenaire[61].
En , une explosion à l'extérieur d'une clinique d'avortement à Asheville en Caroline du Nord éveille les soupçons sur Eric Rudolph, recherché dans la région, mais aucun lien n'est établi[62]. Des documents tirés de recherches internet sur Eric Rudolph sont également retrouvés en possession de David Copeland, auteur de trois attentats à la bombe à Londres[63]. Rudolph se cache dans différents camps qu'il a construit dans les bois aux environs de Murphy[64]. Lorsque les Jeux olympiques d'hiver de 2002 débutent à Salt Lake City, Rudolph est toujours un fugitif recherché et la sécurité est à un niveau maximum[65]. Son succÚs pour échapper à la police en fait la vedette d'une minorité qui le célÚbre avec des T-shirts arborant des slogans comme « Run Rudolph Run »[note 3] et « Hide and Seek Champion »[note 4] - [66] - [67].
Le , le policier Jeffrey Postell, un dĂ©butant de 21 ans, arrĂȘte Eric Rudolph pour tentative de vol aprĂšs l'avoir trouvĂ© derriĂšre un magasin Save-A-Lot[68] - [69]. Sans le reconnaĂźtre, il place l'homme en prison, oĂč un collĂšgue le reconnaĂźt comme l'un des suspects du FBI[68]. L'arrestation de Rudolph est un soulagement pour de nombreux blessĂ©s et familles de victimes[70]. En , les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales dĂ©cident que le procĂšs de Rudolph doit se tenir Ă Birmingham dans l'Alabama et non Ă Atlanta[71].
Suites judiciaires
Eric Rudolph emprisonné à vie
En 2000, Emily Lyons, infirmiĂšre de la clinique d'avortement de Birmingham aveugle Ă la suite de l'explosion, porte plainte contre Eric Rudolph et obtient un verdict sanctionnant le fugitif Ă hauteur de 115 millions de dollars[72]. Ătant en fuite, l'accusĂ© n'est ni prĂ©sent ni informĂ© du verdict, permettant Ă l'avocat de Rudolph de contester le verdict[72].
Dans les jours suivants son arrestation, Eric Rudolph se prĂ©sente comme un survivaliste, vivant de ses rĂ©coltes de glands et de baies, et de la chasse de lĂ©zards et d'ours[73]. Les enquĂȘteurs ne croient pas le suspect, trop propre et bien rasĂ© pour ĂȘtre un survivaliste[73].
En , le juge C. Lynwood Smith annonce que Rudolph va ĂȘtre jugĂ© et encourt la peine de mort[74]. Un mois plus tard, le , Eric Rudolph passe un accord avec le dĂ©partement de la justice amĂ©ricain pour Ă©viter la peine de mort[66]. L'annonce intervient deux jours avant le dĂ©but de la sĂ©lection des jurĂ©s de son premier procĂšs, celui pour l'attentat Ă la bombe Ă la clinique de Birmingham ayant tuĂ© un policier[66]. Dans le cadre de l'accord, Rudolph donne la localisation de plus de 100 kg d'explosifs et d'une bombe enterrĂ©e, deux fois plus puissante que celle de l'attentat du parc du Centenaire, ce qui convainc les parties civiles d'accepter la rĂ©duction de peine[66]. Rudolph accepte l'emprisonnement Ă vie sans possibilitĂ© de libĂ©ration conditionnelle[66]. L'une des propriĂ©taires du club gay, Dana Ford, se dit satisfaite que Rudolph ait Ă©vitĂ© la peine de mort et qu'il ne puisse pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un martyr par ceux qui le soutiennent[66].
AprÚs avoir plaidé coupable, Eric Rudolph diffuse un document de 11 pages aux médias pour expliquer les motivations de ses actes terroristes[75] - [76]. Il déclare avoir voulu poser une bombe quotidiennement pendant les Jeux olympiques d'été de 1996 mais que son manque d'organisation ne le lui a pas permis[76]. Il affirme qu'ayant vu les agents fédéraux le prendre en chasse dans les bois, il a envisagé de placer des explosifs pour les piéger, mais il a changé d'avis à la derniÚre minute[76].
Le , Eric Rudolph s'excuse publiquement envers les victimes de l'attentat du parc du Centenaire[77]. Il est condamné à vie pour cette affaire, peine s'ajoutant à ses précédentes condamnations[77] - [78]. S'il justifie ses actes par la politique pro-avortement du gouvernement, l'accusation maintient que l'homme « a exprimé ouvertement un discours de haine envers le gouvernement, les forces de l'ordre, les Afro-américains, les juifs, Hollywood, toute une longue liste de choses. Le seul sujet sur lequel il n'y a presque aucune preuve qu'il ait exprimé son avis est l'avortement »[Cit 4] - [77].
Mise en cause du comité d'organisation et de la sécurité
La famille de la victime dĂ©cĂ©dĂ©e, Alice Hawthorne, dĂ©pose une plainte contre les organisateurs des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1996 et la sociĂ©tĂ© de sĂ©curitĂ© d'AT&T[79]. La premiĂšre bataille juridique concerne la nature du parc du Centenaire[80]. Une loi fĂ©dĂ©rale de l'Ătat de GĂ©orgie de 1965 Ă©nonce que les propriĂ©taires de terrains mis Ă disposition gratuitement pour des besoins rĂ©crĂ©atifs ne peuvent pas ĂȘtre attaquĂ©s[80]. L'avocat des plaignants argumente que le comitĂ© d'organisation vend des souvenirs sur le parc et que de nombreuses marques y effectuent alors des activitĂ©s commerciales[80].
En , la cour d'appel juge que la plainte des victimes de l'attentat du parc du Centenaire contre le ComitĂ© olympique d'Atlanta peut aller au tribunal, renversant la dĂ©cision de premiĂšre instance[81]. La cour suprĂȘme de GĂ©orgie confirme unanimement cette dĂ©cision[82]. Ă quelques jours du dixiĂšme anniversaire de l'attentat du parc du Centenaire, un accord est passĂ© avec 38 plaignants victimes de l'attentat qui ont attaquĂ© les organisateurs des Jeux olympiques pour sĂ©curitĂ© insuffisante[83].
Impact culturel et héritage
L'hĂ©ritage de l'attentat du parc du Centenaire se concentre principalement sur la fausse accusation de Richard Jewell. En , un court-mĂ©trage rĂ©alisĂ© par Adam Hootnick (en) intitulĂ© Judging Jewell est diffusĂ© sur ESPN dans le cadre de la sĂ©rie de documentaires sportifs 30 for 30. En , les studios 20th Century Fox acquiĂšrent les droits de l'article de Vanity Fair intitulĂ© The Ballad Of Richard Jewell afin d'en faire une Ćuvre cinĂ©matographique[84]. L'acteur Jonah Hill, pressenti pour jouer le rĂŽle de Richard Jewell[85], prĂ©sente le projet lors du Ellen DeGeneres Show[86]. Le projet est produit par Leonardo DiCaprio qui joue Ă©galement en tant qu'avocat de Jewell[86]. Les deux acteurs prĂ©voient de tourner Ă nouveau ensemble aprĂšs le succĂšs du film Le Loup de Wall Street[87]. Le scĂ©nariste du projet est Billy Ray[88]. AprĂšs que Paul Greengrass[88] et Clint Eastwood[85] ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s pour rĂ©aliser le film, Ezra Edelman est choisi en [89], mais c'est finalement Clint Eastwood[85] qui rĂ©alise le film, avec Paul Walter Hauser dans le rĂŽle de Jewell et Sam Rockwell dans celui de son avocat. Le Cas Richard Jewell sort en dĂ©cembre 2019 aux Ătats-Unis.
Notes et références
Citations originales
- « the safest place on this wonderful planet will be Atlanta, Georgia, during the time of our Games[9]. »
- « This is the first time I have ever ask you to turn your cameras on me. You know my name but you don't really know who I am. My name is Richard Jewell. [...] I am not the Olympic park bomber. I am a man who from July 30th until October 26th lived every waking minute of those 88 days afraid that I would be arrested and charges for a horrible crime. A crime I did not commit. [...] In their mad rush to fulfill their own personal agendas, the F.B.I. and the media almost destroyed me and my mother. [...] I thank God that it has now ended, and that you now know what I have known all along. I am an innocent man. ».
- (en) « Make no mistake, anyone who brings violence against a woman trying to exercise her constitutional rights is committing an act of terror. ».
- (en) « He was full of openly expressed hatred for the federal gouvernment, law enforcement, African-Americans, Jews, Hollywood, there's a whole list of things. The one thing that there was virtually no evidence of is that he had expressed an opinion on abortion ».
Notes
- Aux Ătats-Unis, est considĂ©rĂ©e comme du terrorisme intĂ©rieur « toute activitĂ© destinĂ©e Ă intimider ou Ă contraindre les populations civiles, influencer la politique du gouvernement par intimidation, ou coercition et affecter la conduite du gouvernement par destruction massive, assassinat ou enlĂšvement et qui survient essentiellement Ă lâintĂ©rieur de la juridiction territoriale des Ătats-Unis »[2].
- Une traduction libre est : « Il y a une bombe au parc du Centenaire. Vous avez 30 minutes. »
- En français, « Cours Rudolph, cours », référence à la phrase du film Forrest Gump « Cours Forrest, cours », mais également allusion à la chanson Run Rudolph Run de Chuck Berry.
- En français, « Champion de cache-cache ».
Références
- Judging Jewell, ESPN Films, 2014 :
- 1 min 35 s-16" class="mw-reference-text">ESPN Films 2014, 1 min 35 s.
- 2 min 10 s-18" class="mw-reference-text">ESPN Films 2014, 2 min 10 s.
- 2 min 50 s-20" class="mw-reference-text">ESPN Films 2014, 2 min 50 s.
- 2 min 25 s-29" class="mw-reference-text">ESPN Films 2014, 2 min 25 s.
- 6 min 35 s-38" class="mw-reference-text">ESPN Films 2014, 6 min 35 s.
- 7 min 35 s-41" class="mw-reference-text">ESPN Films 2014, 7 min 35 s.
- 9 min 0 s-50" class="mw-reference-text">ESPN Films 2014, 9 min 0 s.
- 20 min 15 s-54" class="mw-reference-text">ESPN Films 2014, 20 min 15 s.
- Autres références :
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Annexes
Bibliographie
Vidéographie
- (en) ESPN Films, « Judging Jewell » [vidéo], court-métrage de la série 30 for 30, sur Youtube, .
Articles connexes
Liens externes
- (en) The Atlanta Committee for the Olympic Games, The Official Report of the Centennial Olympic Games, Peachtree Publishers, (ISBN 1-56145-169-X, lire en ligne [PDF]), « Chapter 5. Centennial Olympic Park », p. 87.