Attaque contre Omar GarcĂa Harfuch
L'attaque contre Omar GarcĂa Harfuch est une opĂ©ration armĂ©e organisĂ©e et menĂ©e sur instruction du cartel de Jalisco Nouvelle GĂ©nĂ©ration, le , visant Ă tuer le secrĂ©taire Ă la sĂ©curitĂ© de la ville de Mexico. L'attaque a lieu dans la colonia Lomas de Chapultepec alors que Omar GarcĂa Harfuch et son escorte se rendent vers le centre de Mexico. L'opĂ©ration est un Ă©chec : GarcĂa Harfuch est blessĂ©, deux membres de son escorte sont tuĂ©s et, rapidement, plusieurs assaillants sont apprĂ©hendĂ©s. Cependant, l'attaque provoque de vives rĂ©actions, car il s'agit de la première attaque d'ampleur de narcotrafiquants au sein mĂŞme de la ville de Mexico et qu'elle vise un membre haut placĂ© de la lutte contre les cartels.
Date | |
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Lieu | Intersection de la rue Monte Blanco et de l'avenue Paseo de la Reforma, Mexico, Mexique |
Issue | Échec de l'attentat |
Police de Mexico | Cartel de Jalisco Nouvelle Génération |
Omar GarcĂa Harfuch | JosĂ© « El Vaca » Armando Briseño de los Santos |
2 membres de l'escorte tués
| 28 arrestations |
Guerre de la drogue au Mexique
Batailles
Coordonnées | 19° 25′ 23″ nord, 99° 12′ 59″ ouest |
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Omar GarcĂa Harfuch
Secrétaire (d) Secrétariat de la Sécurité publique de Mexico (en) | |
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depuis le | |
JesĂşs Orta MartĂnez (d) | |
Directeur Agence d'investigation criminelle (d) | |
- | |
Tomás Zerón De Lucio (d) |
Omar GarcĂa Harfuch est un policier originaire de Cuernavaca (Morelos) qui, depuis le , est le secrĂ©taire Ă la sĂ©curitĂ© de la ville de Mexico, succĂ©dant Ă JesĂşs Orta MartĂnez. Il est le fils de Javier GarcĂa Paniagua, qui fut directeur de la DirecciĂłn Federal de Seguridad (« Direction fĂ©dĂ©rale de la sĂ©curitĂ©, DFS ») entre 1977 et 1978, puis prĂ©sident du Parti rĂ©volutionnaire institutionnel en , et de l'actrice MarĂa Harfuch Hidalgo. Son grand-père, Marcelino GarcĂa Barragán, fut le SecrĂ©tariat Ă la DĂ©fense nationale du prĂ©sident Gustavo DĂaz Ordaz et joua un rĂ´le dans le massacre de Tlatelolco. Du reste, Omar GarcĂa Harfuch est diplĂ´mĂ© de droit Ă l'Universidad Continental (PĂ©rou) et diplĂ´mĂ© en sĂ©curitĂ© publique Ă l'Universidad del Valle de Mexico. GarcĂa Harfuch rejoint la police fĂ©dĂ©rale en 2008, il travaille notamment Ă la police de Guerrero, puis prend la tĂŞte de l'Agencia de InvestigaciĂłn Criminal (« Agence d'Investigation Criminelle, AIC ») en 2016[1] - [2] - [3] - [4].
Prémices
Les forces de sécurité mexicaines (l'armée, la marine et le gouvernement) savent deux semaines avant l'attaque que le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération (CJNG) organise un assaut contre un fonctionnaire mexicain de haut rang. En effet, au cours de la semaine du , le Centro Nacional de Inteligencia (« Centre National de Renseignement, CNI ») détecte un appel entre des membres du CJNG dans lequel il est évoqué une attaque contre des fonctionnaires. Le CNI partage l'information au président, Andrés Manuel López Obrador, pendant une réunion tenue au Palais national[5].
Trois semaines avant l'attaque, 28 sicarios sont engagés par le CJNG pour mener l'opération et de l'argent leur est promis en retour. Le CNI liste quatre cibles potentielles. Elles voient proposer un renforcement de leur sécurité par des membres de la Garde nationale du Mexique[5] :
- Marcelo Ebrard : Secrétaire des Relations extérieures. Il est visé à cause de l’extradition de Rubén « El Menchito » Oseguera González, fils de Nemesio « El Mencho » Oseguera Cervantes, leader du CJNG, vers les États-Unis le [6].
- Alfonso Durazo Montaño : Secrétaire à la Sécurité et à la Protection citoyenne. Il est visé à cause des opérations menés contre le cartel.
- Santiago Nieto Castillo : Chef de l'Unité du renseignement financier. il est visé à cause du gel de 1939 comptes bancaires liés au CJNG.
- Omar GarcĂa Harfuch : SecrĂ©taire Ă la sĂ©curitĂ© de la ville de Mexico. Il est visĂ© Ă cause de l'arrestation de membres du CJNG.
Durant la nuit du , les attaquants sont divisĂ©s en quatre groupes de sept personnes, sont cagoulĂ©s et emmenĂ©s dans diffĂ©rents lieux. Dans ces lieux se trouvent les armes qu'ils utiliseront lors de l'assaut. Ils sont par la suite rĂ©partis Ă trois endroits diffĂ©rents de Miguel Hidalgo et de CuauhtĂ©moc, dans le but d’intercepter le convoi d'Omar GarcĂa Harfuch. Ces trois points Ă©taient, d'après les autoritĂ©s, l'intersection de la rue Monte Blanco et de l'avenue Paseo de la Reforma, l’intersection des rues Florencia et Hamburgo et l'intersection de la rue Monte Blanco et de l'avenue Explanada[7].
Localisations des trois lieux choisis par le CJNG pour l'attaque :
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L'attaque
Dans la matinĂ©e du , Omar GarcĂa Harfuch se dirige vers le centre-ville de Mexico en passant par l'avenue Paseo de la Reforma, l'avenue la plus importante de la ville, dans une voiture blindĂ©e, tout en Ă©tant escortĂ© par une autre. Le quartier est un quartier aisĂ©, oĂą des ambassades sont prĂ©sentes. Ă€ 6 h 35, lorsque les deux vĂ©hicules arrivent Ă l'intersection de la rue Monte Blanco et de l'avenue Paseo de la Reforma un camion et une Chevrolet Suburban blanche leur bloquent le passage. Plusieurs hommes armĂ©s descendent ensuite de ces vĂ©hicules et tirent sur le convoi, particulièrement Ă l'aide de Barrett M82. Ils tirent d'abord sur le moteur pour immobiliser le vĂ©hicule avant, dans lequel se trouvait GarcĂa Harfuch, puis des assaillants encerclent cette voiture et tirent en direction de ses occupants. Ă€ 6 h 36, Ă la suite des appels radio de l'escorte, les premiers renforts arrivent sur place. Ă€ la fin de l'attaque, les hommes armĂ©s prennent la fuite vers le centre-ville, par l'avenue Paseo de la Reforma. Les assaillants qui Ă©taient dans le camion prennent la fuite Ă pieds, après les autres, Ă 6 h 38. L'opĂ©ration aurait durĂ© 20 minutes d'après des tĂ©moins et aurait impliquĂ© 13 vĂ©hicules, dont un Dodge Ram[5] - [8] - [7] - [9] - [10].
Au cours de l'attaque, 13 véhicules, dont certains blindés, furent utilisés par les assaillants, de même que cinq Barrett M82, un lance-grenades, huit armes de poing, 34 armes longues. En outre, une cinquantaine de cocktails Molotov étaient prêts à l'utilisation[10].
- Résumé de l'attaque.
- Arrestation par la police d'un des assaillants (en rouge).
Bilan humain
Deux membres de l'escorte d'Omar GarcĂa Harfuch sont tuĂ©s. Parmi eux, Rafael O., âgĂ© de 41 ans, le chef de l'escorte. Il reçut 38 balles. Le deuxième membre de l'escorte Ă ĂŞtre tuĂ© est Édgar G., âgĂ© de 47 ans. Il fut notamment membre de la Police d'Investigation (PDI). D'après Omar GarcĂa Harfuch, Rafael O. dĂ©cède en premier et Édgar G. en second. Quant Ă Omar GarcĂa Harfuch, il reçoit trois balles, une dans l'Ă©paule gauche, une dans la clavicule et une dans le genou, mais survit. Il est traitĂ© sur les lieux par des volontaires de la Croix-Rouge puis transportĂ© Ă l’hĂ´pital[11] - [5] - [12] - [10] - [13].
L'attaque entraĂ®ne aussi la mort d'une civile, Gabriela GĂłmez, âgĂ©e de 26 ans. Une autre femme de 23 ans, Bertseida GarcĂa Soto, sa belle-sĹ“ur, est blessĂ©e. Le mari de Gabriela GĂłmez, JosĂ© GarcĂa Soto, est aussi blessĂ©, tout comme sa sĹ“ur Tania GĂłmez Cervantes. La famille se rendait, depuis Xalatlaco, vers la station de mĂ©tro Auditorio, oĂą ils vendaient des antojitos depuis 10 ans[14] - [7] - [5].
Suites de l'attaque
RĂ©actions
Trois heures après l'attaque, Omar GarcĂa Harfuch publie un tweet depuis l’hĂ´pital, dĂ©signant le CJNG comme auteur de l'attaque[15].
« Ce matin, nous avons été lâchement attaqués par le CJNG, deux de mes camarades et amis ont perdu la vie, j'ai trois impacts de balles et plusieurs éclats. Notre nation doit continuer à se dresser contre la lâcheté du crime organisé. Nous continuerons à travailler. »
— Omar GarcĂa Harfuch, (espagnol)
Le président Andrés Manuel López Obrador déclare que cet assaut prouve que les autorités de la capitale exercent une pression sur les gangs. D'autre part, Claudia Sheinbaum, chef du gouvernement de la ville de Mexico, fait savoir qu'il n'y aura pas de « retour en arrière ». Toutefois, concernant les auteurs, le secrétaire à la Sécurité et à la Protection citoyenne, Alfonso Durazo Montaño, préfère quant à lui garder toutes les hypothèses ouvertes, confirmant juste qu'il s'agissait d'une « organisation criminelle » à en juger par la « puissance de feu que montrent les images »[8] - [4].
Quelques jours après l'attaque, se rĂ©pand sur les rĂ©seaux sociaux une vidĂ©o dans laquelle des individus profèrent de nouvelles menaces Ă l'encontre d'Omar GarcĂa Harfuch. Ces individus font notamment mention de membres de la famille de GarcĂa Harfuch qui ont occupĂ© des postes importants au sein du SecrĂ©tariat Ă la DĂ©fense nationale et qui ont servi au Parti rĂ©volutionnaire institutionnel. Claudia Sheinbaum affirme que ces menaces « sont le rĂ©sultat du travail qui a Ă©tĂ© fait au ministère de la sĂ©curitĂ© publique, au sein du cabinet de sĂ©curitĂ© en coordination avec le bureau du procureur gĂ©nĂ©ral Ă Mexico »[13] - [16].
Plusieurs mois après l'attaque, Omar Garcia Harfuch révèle de lui-même que le matin du , il ne disposait pas d'un dispositif de sécurité adéquat et qu'aucun protocole n'avait été testé pour un telle situation[12].
Titres de la presse
Au lendemain de l'attaque, le samedi , la majoritĂ© des pĂ©riodiques nationaux mexicains titrent sur l'Ă©vĂ©nement. La Jornada publie en une El narco desafĂa al Estado en el corazĂłn de MĂ©xico (« Les trafiquants de drogue dĂ©fient l'État au cĹ“ur de Mexico »)[17]. Pour El Univeral, Primer atentado del narco en la CDMX (« Première attaque des trafiquants de drogue dans Mexico »)[18]. Excelsior titre Libra ataque del narco[19]. La Prensa affiche Lo quieren muerto (« Ils le veulent mort »)[20]. El Sol de MĂ©xico Ă©crit quant Ă lui El CJNG ordena atentado; cae el autor intelectual (« Le CJNG ordonne d'attaquer ; le cerveau tombe »)[21] et La RazĂłn de MĂ©xico Ă©crit Condena y reacciĂłn tras atentado inĂ©dito (« Condamnations et rĂ©actions après une attaque sans prĂ©cĂ©dent »)[22].
Membres du commando et objectifs de l'attaque
L'attaque aurait été menée par 28 personnes. Rapidement après l'événement, les autorités arrêtent 12 membres du commando puis les transportent vers les locaux de la Coordinación General de Investigación de Delitos de Alto Impacto à Azcapotzalco, unité du Bureau du Procureur Général. D'après le Bureau du procureur de la ville de Mexico (FGJCDMX), les assaillants ont été recrutés dans les villes de Mexico, de Guadalajara, dans les états de Nayarit, de Guerrero, de Chihuahua et de Michoacán. Un des assaillants est colombien[23] - [24].
Le même jour, dans la soirée, deux autres membres présumés des attaquants sont arrêtés alors qu'ils circulent dans l'État de Mexico et après que la police ait émise un avis de recherche concernant un véhicule de la marque Jetta, des armes de gros calibre sont trouvés dans le coffre[23] - [25]. Deux membres du commando sont arrêtés dans la soirée du [23].
Les assaillants ignoraient la cible de l'attaque et s'étaient vus promettre une somme d'argent en retour. Certains d'entre-eux arrivèrent dans Mexico la veille de l'opération. Tout en étant cagoulés, ils ont été répartis à plusieurs endroits, dont un hôtel de Toluca et à la mairie de Cuauhtémoc. Ils reçurent alors l'instruction en cas de capture par les autorités, de désigner Nicolás « El Gordo » Sierra Santana comme responsable de l'attaque. El Gordo est le leader de Los Viagras, groupe criminel rival du CJNG qui était premièrement un groupe d'autodéfense. Les attaquants devaient mettre le feu aux véhicules du convoi, mais ne purent pas le faire. Cependant, les téléphones qui furent récupérés sur les détenus ne contenaient rien[10].
JosĂ© « El Vaca » Armando Briseño de los Santos, arrĂŞtĂ© Ă Tláhuac, serait le chef du commando. Il est, d'après le Bureau du procureur gĂ©nĂ©ral, un membre du CJNG au service de Julio CĂ©sar « El Tarjetas » Moreno PinzĂłn. El Vaca a aussi longtemps agi avec Carlos « El ViejĂłn » Fernando Huerta, impliquĂ© dans l'assassinat de deux bandits israĂ©liens en 2019. El Vaca assure en outre l'entraĂ®nement de sicarios dans les montagnes de Puerto Vallarta. Omar GarcĂa Harfuch rencontra des problèmes avec la bande d'El Vaca lorsqu'il fut directeur de l'AIC. En , deux membres de l'AIC Ă Puerto Vallarta sont reperĂ©s. Ils sont enlevĂ©s, filmĂ©s en rĂ©citant des aveux forcĂ©s, torturĂ©s et exĂ©cutĂ©s. Le , leurs corps sont retrouvĂ©s dans l'Ă©tat de Nayarit. GarcĂa Harfuch avait alors lancĂ© une opĂ©ration de reprĂ©sailles mobilisant 40 membres de l'AIC, sous la couverture de touristes. L'opĂ©ration permit d'Ă©tablir que le directeur adjoint de la police municipale locale avait remis les deux agents Ă des sicarios du CJNG. Cette dĂ©couverte conduit Ă l'arrestation de 18 membres du CJNG, dont un chef, Mauricio « El Manotas » Valera Reyes[10] - [26].
Implication de l'ACME
L'ACME, un groupe criminel impliqué dans des vols de voiture et dans du racket, aurait collaboré avec le CJNG dans la mise en place de l'attaque. Ce groupe est principalement localisé dans Gustavo A. Madero. L'ACME s'est allié avec le CJNG dans le but de devenir plus puissant, et par la suite aurait extorqué des commerçants et se serait étendu plus largement dans l'État de Mexico. D'après l'enquête, des propriétés de Marianito, chef de l'ACME et ancien policier, ont servi au stockage des armes utilisées pendant l'attaque. De plus, un des véhicules employé au cours de l'attentat est parti depuis l'une de ces propriétés. Les armes seraient entrées dans Mexico depuis l'État de Mexico, l'ACME les auraient cachées jusqu'au , jour de l'attaque. Le lendemain, trois perquisitions sont menées à Gustavo A. Madero et de la cocaïne est retrouvée[27] - [28].
Faits ultérieurs
Après l'attaque, et la capture de nombreux membres du commando, l'Unidad de Inteligencia Financiera (« Cellule de Renseignement Financier, UIF ») gèle les compte de 127 personnes reliés à ces détenus. En particulier pour empêcher l'utilisation de l'argent donnée par le cartel à chaque membre de l'attaque, environ 100 000 pesos. Avant l'attentat, le , elle avait déjà gelée 2000 comptes bancaires liés au CJNG[29].
Deux membres du commando, Carlos David N et JosĂ© MarĂa N, sont placĂ©s en dĂ©tention prĂ©ventive le . Ils sont accusĂ©s d'homicide aggravĂ© sur trois personnes, de tentative d'homicide aggravĂ© sur cinq personnes et de port d'armes Ă l'usage exclusif de l'armĂ©e[25].
Références
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