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Atelier Plasse Le Caisne

L’atelier Plasse Le Caisne a été créé et animé par les tisserands Jacques Plasse et Laure (Bilou) Le Caisne, assistés d’une équipe très réduite. Installés à partir de 1936 à Houx (Eure-et-Loir), ils ont traduit en tapisseries souvent monumentales des maquettes de peintres de la nouvelle École de Paris.

Biographies

Jacques Plasse est né le 12 avril 1901 à Paris et mort en 2002, Laure dite Bilou Le Caisne est née le 16 mars 1911 à Oued Alleug en Algérie) et morte le 28 juillet 2000.

En 1930 Jacques Plasse qui était « agriculteur et peintre » et Bilou Le Caisne, qui avait appris le tissage en Suède, partent s'installer dans le Centre artistique de Moly-Sabata, près de Lyon, chez le peintre Albert Gleizes. Bilou Le Caisne y perfectionne sa connaissance du tissage à la main et initie Jacques Plasse Le Caisne à la technique. Ils se forment tous deux auprès des tisserands de la région (les Canuts).

En 1934 Jacques et Bilou Plasse Le Caisne s'installent Ă  Houx et participent en 1937 Ă  l'Exposition internationale de Paris, rĂ©alisant les rideaux des pavillons d'ĂŽle-de-France et de Normandie. Ils entreprennent avant 1939 une sorte de « tour de France Â», auprès des tisserands, rĂ©cupĂ©rant mĂ©tiers et matĂ©riels promis Ă  la destruction. En 1939 ils dĂ©mĂ©nagent Ă  Paris au 26 rue des Plantes[1]. L'annĂ©e suivante leur est attribuĂ© le prix Blumenthal pour la pensĂ©e et l'art français[2].

Ils créent en 1945 l'école de tissage de Montréal (Canada) et en 1948 un atelier de tissage (de 20 métiers) au lycée de Montgeron, plus tard au lycée Honoré-de-Balzac.

Le couple tisse alors des nappes et torchons, des tissus pour les grands couturiers, des écharpes en soie pour Sacha Guitry, des ornements liturgiques[3]. Il a été ainsi tisserand de la Présidence de la République ainsi que de la reine d’Angleterre[4].

À partir de 1947-1948 Jacques et Bilou Plasse Le Caisne adaptent les principes utilisés par les tisserands traditionnels de Lyon à la réalisation de tapisseries. Ils construisent en 1953 dans leur atelier de Houx un grand métier, leur permettant de tisser des œuvres de cinq mètres de largeur[5], à partir de maquettes, notamment, de Roger Bissière, Jean Le Moal, Alfred Manessier, Édouard Pignon, Georges Rouault, Gustave Singier, Jacques Villon, Léon Zack.

MĂ©thode

L’atelier des tisserands Plasse Le Caisne en 1967 lors de la réalisation de la tapisserie Hymne à la joie pour la salle des mariages du nouvel Hôtel de ville de Grenoble. Jacques Plasse en bas de l'image à gauche.

« Nos clients peintres n’ont jamais pu travailler avec Gobelins, Beauvais, Aubusson. Les clients de ces manufactures n’ont jamais pu travailler avec nous. Nos moyens sont diffĂ©rents (…) En 1945 (…) l’administrateur gĂ©nĂ©ral des Gobelins osait nous confier des cartons de tapisseries modernes que ses ateliers ne pouvaient mener Ă  bien. Il avait compris Â», rĂ©sumait Jacques Plasse Le Caisne[6].

Le drame de la tapisserie moderne est selon lui que « les Cartonniers et les Lissiers n’ont aucun contact spirituel (…). Ils sont sur deux plans opposĂ©s. Rien ne les rapproche. Et souvent ils s’ignorent Ă  jamais. Aucun lissier d'une Manufacture n’a jamais Ă©tĂ© chez un peintre en lui demandant de voir cinquante toiles pour dĂ©couvrir son Ĺ“uvre. Braque, Rouault, Manessier et d'autres, Ă  qui j’ai posĂ© la question, n’ont jamais reçu la visite de celui qui tissait Â».

En marge des mĂ©thodes traditionnelles Jacques Plasse, « tout au contraire d’un cartonnier qui fait un carton sec et prĂ©cis Â», demande au peintre qu’il va traduire « une maquette libre au dixième, avec l'essentiel Â», puis rĂ©alise lui-mĂŞme un agrandissement que le peintre vient corriger : « alors le vrai travail commence. Devant le dessin nous parlons Â». Jacques et Bilou Plasse Le Caisne dĂ©jeunent, dinent avec lui, voient des centaines de ses toiles, attendent « quelquefois six mois ou un an avec le carton piquĂ© sur le mur de l’atelier Â», puis se mettent au travail. « La tenture de 50 mètres s’enroule pendant 9 mois, nous travaillons Ă  quatre, sans revoir ce que nous avons fait, et le jour terrible, crucial et fatidique arrive : nous mettons la tapisserie au mur Â»[7].

Principales réalisations

Jacques Plasse en 1967

Plasse Le Caisne et Manessier

En 1950 les tisserands Plasse Le Caisne réalisent pour le Mobilier national deux tapisseries de Jean Le Moal qui les a rencontrés à leur retour du Canada[8]. En 1952 Le Moal leur fait connaître Manessier qui se lie d'amitié avec eux[9]. L'atelier Plasse Le Caisne réalise par la suite la plupart des tapisseries de Manessier.

Notes et références

Références

  1. Alfred Manessier et l'atelier Plasse Le Caisne, 20 mai-1er octobre 2017, château de Maintenon, dossier de presse, biographies entrecroisées, p. 10
  2. id., p. 18.
  3. id., p. 10.
  4. Manessier, Cantiques spirituels de saint Jean de la Croix, 12 tapisseries tissées par l'Atelier Plasse-Le Caisne, Musées de Metz, 1972.
  5. Alfred Manessier et l'atelier Plasse Le Caisne, 20 mai-1er octobre 2017, château de Maintenon, dossier de presse, biographies entrecroisées, p. 11.
  6. Les tisserands Plasse Le Caisne, Exposition de tapisseries, Nîmes, 1970, n.p.
  7. Les tisserands Plasse Le Caisne, Exposition de tapisseries, NĂ®mes, 1970. Pour la Sainte Face de la Chapelle Sainte-ThĂ©rèse-de-l'Enfant-JĂ©sus et de la Sainte-Face de Hem, Ă  partir d'un carton Ă©tabli par Manessier d'après un tableau de Rouault, « deux premières rĂ©alisations furent dĂ©truites Â» (Hem, La chapelle Sainte-ThĂ©rèse de l'enfant JĂ©sus et de la Sainte Face, Abbaye de Saint-AndrĂ©-les-Bruges, Art d'Ă©glise, s.d., p. 11.
  8. Michel-Georges Bernard, Jean Le Moal, Neuchâtel, Ides et Calendes, 2001, p. 102.
  9. Manessier, textes de Bernard Ceysson, Jean-Marie LhĂ´te et Christine Manessier, Tournai, La Renaissance du Livre, 2000, p. 171.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Les tisserands Plasse Le Caisne, dans Le Journal des arts, n° 6, 31/10/1940
  • Les tisserands Plasse Le Caisne, Exposition de tapisseries, introduction de Jacques Plasse Le Caisne, NĂ®mes, 1970, n.p. (catalogue) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Manessier, suite de douze tapisseries sur le thème des Cantiques spirituels de Saint Jean de la Croix tissĂ©es par l'atelier Plasse-Lecaisne, textes de Jacques Lassaigne et Alfred Manessier, Paris, MusĂ©e d'art moderne de la Ville de Paris, 1971 (catalogue) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Manessier, Cantiques spirituels de St Jean de la Croix, 12 tapisseries tissĂ©es par l'Atelier Plasse-Le Caisne, texte d'Alfred Manessier, Metz, MusĂ©es de Metz, 1972 (catalogue) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Plasse Le Caisne, RĂ©trospective de l’atelier, Chartres, musĂ©e des Beaux-Arts, 1985 (catalogue), 34 p.
  • Regards sur la tapiserie, Ă©critures et signes contemporains, Aire libre-Art contemporain, Évry, (catalogue) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Manessier, Ĺ“uvre tissĂ©, catalogue, exposition itinĂ©rante, Abbatiale-MusĂ©e de Payerne (Suisse), Ă©glise du château de Felletin, musĂ©e des Beaux-Arts d'Arras, Palais de justice de Besançon, MusĂ©es d'Angers-Abbaye du Roncerey, 1993-1994, 142 p. (ISBN 2-9507598-0-7)
  • Les cantiques spirituels de Saint-Jean de la Croix, 12 tapisseries de Jacques et Bilou Plasse-le-Caisne, d’après les lithographies d’Alfred Manessier, prĂ©face de Jean-Louis Guillain, textes de Camille Bourniquel, HervĂ© Joubeaux, Bilou et Jacques Plasse Le Caisne, Chartres, MusĂ©e des beaux-arts, 1999 (catalogue), 76 p.

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