Artémidore de Daldis
ArtĂ©midore de Daldis ou ArtĂ©midore d'ĂphĂšse (en grec ancien ÎÏÏÎ”ÎŒÎŻÎŽÏÏÎżÏ) (fl. 101) est un Ă©crivain et philosophe syrien d'expression grecque du IIe siĂšcle. Il ne doit pas ĂȘtre confondu avec un autre ArtĂ©midore d'ĂphĂšse, gĂ©ographe du Ier siĂšcle av. J.-C.
Naissance | IIe siĂšcle |
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DĂ©cĂšs | IIe siĂšcle |
Langue dâĂ©criture | grec ancien |
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Genres |
Ćuvres principales
Onirocritique
Traité des Augures
Traité de la Chiromancie
Son ouvrage principal, lâOnirocritique (áœÎœÎ”ÎčÏÎżÎșÏÎčÏÎčÎșÎŹ / Oneirokritika, litt. « interprĂ©tation des rĂȘves »), condense tout le savoir antique sur la divination par le rĂȘve et servira durant des siĂšcles dâouvrage de rĂ©fĂ©rence sur la question. Il fut lu et resta un ouvrage de rĂ©fĂ©rence pour les recherches de Sigmund Freud. Sa patrie est sujette Ă caution, mais lui-mĂȘme, dans l'introduction de ses deux autres ouvrages (un TraitĂ© des Augures et TraitĂ© de la Chiromancie), se surnomme « lâĂphĂ©sien ».
LâAntiquitĂ© nâa pas cessĂ© de sâintĂ©resser au rĂȘve, perçu comme un lien entre lâhomme et tout ce qui le dĂ©passe. Pour paraphraser lâouvrage Sur les rĂȘves de Freud, on dira que les Anciens tenaient le rĂȘve pour une information soit bienveillante soit hostile de puissances supĂ©rieures, dieux et dĂ©mons. DĂšs lâĂ©poque des poĂšmes homĂ©riques, au VIIIe siĂšcle av. J.-C., il est question de gens qui interprĂštent les rĂȘves[1]. Ă partir du Ve siĂšcle av. J.-C., les textes grecs commencent Ă employer le terme dâoneirokritĂšs pour dĂ©signer ces interprĂštes des rĂȘves. Ce sont souvent des gens modestes qui sâadressent Ă un public populaire quâils rencontrent Ă lâagora ou Ă lâoccasion des grands rassemblements de pĂšlerins, lors des panĂ©gyries. Pour une petite somme dâargent, ils expliquent de maniĂšre mĂ©canique les rĂȘves de ceux qui viennent les trouver[2].
ParallĂšlement, les rĂȘves jouent un rĂŽle religieux de plus en plus grand, ainsi dans le culte dâAsclĂ©pios. Cela entraĂźne le dĂ©veloppement dâune mĂ©decine de sanctuaire fondĂ©e sur les rĂȘves des malades en consultation. Dâautres onirocrites se mettent au service des puissants, comme Aristandros de Telmessos avec Alexandre le Grand. Ces professionnels, conscients de la technicitĂ© de leur art quâils pratiquent avec mĂ©thode, suscitent la rĂ©daction de traitĂ©s thĂ©oriques et pratiques. De toute cette production, seuls les Onirocritiques dâArtĂ©midore ont subsistĂ©.
Biographie
ArtĂ©midore nâest connu que par ce quâil dit de lui-mĂȘme et ce quâajoutent quelques textes oĂč il est Ă©voquĂ©, comme le mĂ©decin Galien ou la Souda, une encyclopĂ©die byzantine. Câest peu pour le situer dans le temps. Mais son Ćuvre contient bien des dĂ©tails qui permettent de voir combien il est reprĂ©sentatif de son milieu et de son Ă©poque. Peu de textes en effet permettent de mieux apprĂ©hender les rĂ©alitĂ©s de lâOrient romain, câest-Ă -dire de cette partie de lâEmpire oĂč lâon continuait Ă parler le grec.
ArtĂ©midore Ă©voque quelques Ă©vĂ©nements historiques : la rĂ©volte des Juifs de CyrĂšne qui Ă©clata en 115, Ă la fin du rĂšgne de Trajan[3] ; le concours des EusĂ©beia fondĂ© vers 138-139 par Antonin le Pieux en mĂ©moire de son prĂ©dĂ©cesseur et pĂšre adoptif Hadrien[4]. Cela fournit la date Ă laquelle il faut situer ArtĂ©midore. Comme il est mentionnĂ© par le mĂ©decin Galien, vers 175-180 (Commentaire sur le traitĂ© hippocratique Du rĂ©gime dans les maladies aiguĂ«s), on en dĂ©duit que son activitĂ© doit ĂȘtre placĂ©e dans les annĂ©es 140-180, sans quâil soit possible de prĂ©ciser plus. ArtĂ©midore a donc vĂ©cu au temps oĂč lâEmpire romain, sous la conduite dâAntonin le Pieux (138-161) et de Marc AurĂšle (161-180) Ă©tait au sommet de sa puissance et de son dĂ©veloppement. Câest lâun de ces nombreux auteurs qui ont marquĂ© ce nouvel Ăąge dâor des lettres et de la pensĂ©e grecques, Ă lâĂ©poque de la pax romana.
Il dit lui-mĂȘme quâil est citoyen dâĂphĂšse. Il a sans doute passĂ© une bonne partie de son existence dans cette citĂ© riche et trĂšs peuplĂ©e dâAsie Mineure, sur la cĂŽte de la mer ĂgĂ©e. Les nombreux monuments du IIe siĂšcle que les fouilles autrichiennes ont dĂ©couverts sur le site dâĂphĂšse tĂ©moignent du paysage urbain quâa connu ArtĂ©midore et de la prospĂ©ritĂ© de cette ville alors dominĂ©e par une riche Ă©lite de notables et qui servait de capitale Ă la province dâAsie. La vie Ă ĂphĂšse sâĂ©tait romanisĂ©e : on y organisait par exemple des combats de gladiateurs, ce qui Ă©tait Ă©tranger Ă la tradition grecque. Le traitĂ© dâArtĂ©midore tĂ©moigne du reste de lâimportance de ce genre de spectacle pour son public. Le port actif dâĂphĂšse en faisait une ville ouverte sur lâextĂ©rieur et il ne faut pas sâĂ©tonner quâArtĂ©midore ait pu beaucoup voyager et que des nouvelles de ce qui se passait dans lâEmpire lui soient arrivĂ©es en abondance.
Si par son pĂšre, qui sâappelait Phocas selon Galien, ArtĂ©midore Ă©tait Ă©phĂ©sien, sa mĂšre venait de Daldis, une citĂ© beaucoup plus modeste de lâintĂ©rieur de lâAsie Mineure, en Lydie prĂ©cisĂ©ment. ArtĂ©midore explique quâil a tenu Ă ce que son Onirocritique soit diffusĂ©e sous le nom dâArtĂ©midore de Daldis plutĂŽt que dâĂphĂšse, comme pour ses autres ouvrages. Il voulait illustrer sa patrie maternelle et la faire connaĂźtre[5].
Le nom ArtĂ©midore (ArtemidĂŽros en grec, soit don dâArtĂ©mis) tĂ©moigne peut-ĂȘtre de la dĂ©votion de sa famille Ă lâĂ©gard dâArtĂ©mis, la grande dĂ©esse dâĂphĂšse (il Ă©voque ArtĂ©mis ĂphĂ©sienne en IV, 4, notamment). Dans son livre, ArtĂ©midore souligne cependant les liens qui le rattachent au dieu principal de Daldis, Apollon Daldianos, que lâon appelait aussi Apollon MystĂšs. Dans la conclusion du livre II, il explique que lâidĂ©e de rĂ©diger son Onirocritique lui serait venue dâApollon MystĂšs, lors dâun songe. Lâinspiration divine est au demeurant un lieu commun chez les auteurs de cette Ă©poque. Lâhistorien Dion Cassius aurait lui aussi reçu en rĂȘve lâinjonction dâĂ©crire son Histoire romaine[6].
Mais si ArtĂ©midore apparaĂźt comme fortement attachĂ© Ă ses deux patries, il nâen a pas moins beaucoup voyagĂ©, notamment pour se documenter. Il sâest rendu en GrĂšce dâEurope, oĂč lâon continuait Ă organiser les prestigieux concours dâOlympie, de lâIsthme. ArtĂ©midore a souvent lâoccasion dâĂ©voquer cette vie agonistique du monde grec. Il dit lui-mĂȘme dans la lettre de dĂ©dicace quâil a frĂ©quentĂ© les interprĂštes populaires « durant de nombreuses annĂ©es et, tant en GrĂšce, dans les villes ou durant les panĂ©gyries, qu'en Asie, en Italie et dans les plus grandes et les plus peuplĂ©es des Ăźles » (voir aussi la prĂ©face du livre V, oĂč il parle des rĂȘves quâil a collectĂ©s « dans les panĂ©gyries de la GrĂšce et en Asie Mineure et encore aussi en Italie »). Il sâest rendu aussi en Italie et, sans doute, Ă Rome. Pour ArtĂ©midore, ces voyages ont Ă©tĂ© un prĂ©alable Ă la rĂ©daction de l'Onirocritique et il recommande vivement de voyager Ă son fils, qui sâappelle lui aussi ArtĂ©midore et se destine Ă la mĂȘme activitĂ© que son pĂšre (prologue du livre IV). Mais le monde qui lui est le plus familier reste bien lâAsie Mineure dont il Ă©voque souvent les grandes citĂ©s comme Smyrne, Pergame ou Cyzique.
Il avait épousé Musonia, fille de Gaius Musonius Rufus. Leur fille aurait épousé un nommé Rufius, qui serait le fils d'un autre Rufius et d'une fille de Gaius Caesius Bassus.
Ćuvre
Les prĂ©faces aux livres I et IV sâefforcent en effet dâexposer les principes de base et les mĂ©thodes de lâonirocritique. Elles permettent de voir le soin quâil a mis Ă rassembler sa documentation. Non seulement il a voyagĂ© et rencontrĂ© toutes sortes dâonirocrites (voir ci-dessus), mais il a aussi collectĂ© le plus grand nombre de traitĂ©s dâonirocritique quâil pouvait (I, dĂ©dicace) ; il mentionne dâailleurs assez souvent ses devanciers. ArtĂ©midore exerçait aussi la fonction dâinterprĂšte des rĂȘves, sans doute auprĂšs dâun public aisĂ© qui devait le payer. La Souda lui attribue trois ouvrages diffĂ©rents : lâOnirocritique, mais aussi un traitĂ© de divination dâaprĂšs le vol des oiseaux (les OiĂŽnoskopika) et enfin un traitĂ© sur la lecture des lignes de la main (les Kheiroskopika). Le traitĂ© sur le vol des oiseaux est aussi mentionnĂ© par Galien, mais lâattribution Ă ArtĂ©midore dâun traitĂ© sur les lignes de la main est certainement fausse dans la mesure oĂč il parle de ceux qui font cela comme de charlatans[7]. ArtĂ©midore lui-mĂȘme dit quâil a Ă©crit de nombreux livres (III, conclusion). Quoi quâil en soit, lâOnirocritique est le seul ouvrage de lui qui nous est parvenu.
Il faut ajouter que, bien quâil sâagisse de divination, et donc, de notre point de vue, de superstition, ArtĂ©midore se place dans une perspective largement rationaliste, avec une exigence de rigueur mĂ©thodique qui distinguait sans doute son ouvrage parmi les autres du mĂȘme genre.
En plus de pratiquer lâonirocritique, ArtĂ©midore avait lu tous les anciens traitĂ©s et frĂ©quentĂ© de nombreux devins, apprenant ainsi Ă connaĂźtre les songes qui se racontent ici et lĂ . Loin dâĂȘtre un charlatan, ArtĂ©midore est convaincu de faire Ćuvre utile et scientifique. Il sâexplique sur son art avec dâautant plus de candeur que certaines parties de son ouvrage ne sont pas destinĂ©es au public, mais Ă son fils seulement, tel lâensemble du livre IV. Dans cette section, il sâefforce dâaller plus au fond de la science des rĂȘves afin de donner Ă son fils des outils dâinterprĂ©tation qui en feront « un interprĂšte des songes meilleur que tous ou du moins non infĂ©rieur Ă aucun autre[8] ».
De fait, la documentation dâArtĂ©midore est impressionnante et ne comporte pas moins de trois mille rĂȘves. Sa foi dans la valeur prĂ©dictive des rĂȘves est du mĂȘme ordre que celle du primitif envers un rituel de magie, dont on a montrĂ© que lâĂ©chec Ă produire lâeffet anticipĂ© nâa pas pour effet dâinvalider la croyance, mais est attribuĂ© Ă un dĂ©faut dans lâexĂ©cution du rituel. Il en est ainsi en matiĂšre dâoniromancie. Le rĂȘve est par dĂ©finition toujours vrai. Le fait quâun rĂȘve ne se rĂ©alise pas comme prĂ©vu ne signifie pas que la science de lâonirocritique soit vaine, mais que lâinterprĂšte des songes nâa pas tenu compte de tous les Ă©lĂ©ments du rĂȘve ou quâil les a interprĂ©tĂ©s de façon incorrecte. Il faut en effet beaucoup de perspicacitĂ© pour ĂȘtre un bon devin et tĂ©moigner dâune habiletĂ© supĂ©rieure Ă dĂ©chiffrer les Ă©nigmes que sâingĂ©nie Ă nous proposer la divinitĂ© par rĂȘve interposĂ©.
Ă titre dâexemple, ArtĂ©midore Ă©voque le songe du capitaine de navire qui, Ă©garĂ© Ă la suite dâune tempĂȘte, sâĂ©tait vu en rĂȘve demander sâil arriverait jamais Ă Rome. La rĂ©ponse avait Ă©tĂ© « ÎżÏ Â», soit le mot grec signifiant « Non ». CâĂ©tait lĂ une rĂ©ponse on ne peut plus claire, semble-t-il. Or, ce brave capitaine Ă©tait pourtant bien arrivĂ© Ă Rome, mais 470 jours plus tard. Le rĂȘve Ă©tait-il fautif ? Non, explique ArtĂ©midore, car, dans le systĂšme de notation mathĂ©matique employĂ© en grec, la lettre omicron vaut 70 et le upsilon vaut 400, pour un total de 470 : le rĂȘve avait donc bien prĂ©dit le vrai, car il nây a « aucune diffĂ©rence entre dire le chiffre mĂȘme et dire le nom de la lettre qui exprime le nombre[9].
L'interprĂ©tation des rĂȘves
La base de son interprĂ©tation repose sur un systĂšme trĂšs Ă©laborĂ© de classification des rĂȘves. Les rĂȘves se divisent en deux grandes classes : le rĂȘve non divinatoire (áŒÎœÏÏÎœÎčÎżÎœ) et le songe divinatoire (á»ÎœÎ”ÎčÏÎżÏ).
La premiĂšre classe se divise Ă son tour en rĂȘves somatiques, qui concernent seulement le corps, psychiques, concernant seulement lâĂąme et mixtes, concernant les deux. Mais cette classe nâintĂ©resse guĂšre lâonirocritique, vu quâils ne prĂ©disent pas lâavenir.
Le songe divinatoire se divise en deux grandes catégories :
- La premiĂšre est constituĂ©e par les songes thĂ©orĂ©matiques, oĂč la vision coĂŻncide avec son accomplissement, comme de rĂȘver quâun ami lointain vient vous rendre visite et que celui-ci arrive justement le jour suivant. Ces rĂȘves nâexigent pas une grande habiletĂ© de la part de leur interprĂšte. Et le rĂȘveur est vite fixĂ© sur leur rĂ©alisation.
- Lâautre grande catĂ©gorie est constituĂ©e par les songes allĂ©goriques : ce sont « les songes qui signifient certaines choses au moyen dâautres choses : dans ces songes, câest lâĂąme qui, selon certaines lois naturelles, laisse entendre obscurĂ©ment un Ă©vĂ©nement[10] » ou « qui indiquent lâaccomplissement signifiĂ© au moyen de symboles Ă©nigmatiques[11] ». On voit que, pour ArtĂ©midore, les songes relĂšvent bien dâune Ă©tude scientifique vu que les symboles au moyen desquels ils sâexpriment relĂšvent de lois naturelles.
Ces songes allĂ©goriques se divisent en cinq espĂšces, selon la personne ou le groupe de personnes concernĂ©s par le songe. Ce peuvent ĂȘtre : le rĂȘveur seul, quelquâun dâautre, le rĂȘveur et quelquâun dâautre, le public en gĂ©nĂ©ral, lâunivers.
Chacune de ces espÚces se subdivise à son tour en sous-espÚces selon le rapport entre le songe et son accomplissement. Certains songes prédisent beaucoup de choses au moyen de beaucoup de choses, peu de choses au moyen de peu, beaucoup par le moyen de peu, peu par le moyen de beaucoup.
Enfin, ces sous-espĂšces se divisent Ă leur tour en quatre types : bons au-dedans et au-dehors, par exemple voir les dieux joyeux dans son rĂȘve et en retirer un accomplissement heureux ; mauvais au-dedans et au-dehors, comme de rĂȘver quâon tombe dans un prĂ©cipice ; bons au-dedans mais mauvais au-dehors, comme de rĂȘver quâon reçoit dâun mort un parfum ou une rose ; mauvais au-dedans mais bons au-dehors, comme de rĂȘver, pour un esclave, quâil sert dans lâarmĂ©e, car seul un homme libre peut servir dans lâarmĂ©e[12].
Ainsi nous avons deux classes dont les sous-divisions correspondant Ă cinq catĂ©gories dont la principale, celle des rĂȘves allĂ©goriques, comporte cinq espĂšces, elles-mĂȘmes divisĂ©es en vingt sous-espĂšces et celles-ci en quatre-vingt types.
Mais ce nâest pas tout. LâinterprĂ©tation doit Ă©galement tenir compte du domaine auquel appartient le symbole. ConformĂ©ment Ă ses devanciers, ArtĂ©midore distingue six donnĂ©es fondamentales susceptibles dâapparaĂźtre dans nâimporte quel type de rĂȘve : la nature, la loi, la coutume, le mĂ©tier, les noms et le temps. Chacune de ces donnĂ©es peut ĂȘtre positive ou nĂ©gative[13]. En principe, toutes les visions de rĂȘve conformes Ă lâun de ces six domaines sont de bon augure, et inversement. Il faut mettre au crĂ©dit dâArtĂ©midore le fait quâil rĂ©siste Ă augmenter indĂ»ment le nombre de ces catĂ©gories et se moque des analystes qui identifient « tantĂŽt dix-huit, tantĂŽt cent, tantĂŽt cent cinquante » de ces donnĂ©es fondamentales[14]. Pour lui, des caractĂ©ristiques comme la joie, la tristesse, la haine, la maladie, etc., ne sont pas des donnĂ©es fondamentales, mais relĂšvent toutes de la donnĂ©e « nature ».
Influence sur les auteurs contemporains
Freud a contribuĂ© Ă rĂ©habiliter ArtĂ©midore, mĂȘme s'il s'en Ă©carte radicalement quant Ă la valeur des songes : pour le psychanalyste, le rĂȘve n'annonce pas l'avenir mais parle de notre passĂ©.
Michel Foucault fait une exĂ©gĂšse de lâOnirocritique dans le premier chapitre (« RĂȘver ses plaisirs ») du troisiĂšme volume de son Histoire de la sexualitĂ© (Le souci de soi). S'intĂ©ressant aux chapitres portant sur les rĂȘves sexuels, Foucault va utiliser l'Ćuvre d'ArtĂ©midore pour son travail de gĂ©nĂ©alogie de la sexualitĂ©. Dans la premiĂšre partie de ce chapitre, il affirme qu'« ArtĂ©midore ne dit pas s'il est bien ou non, moral ou immoral, de commettre tel acte, mais s'il est bon ou mauvais, avantageux ou redoutable de rĂȘver qu'on le commet. Les principes qu'on peut dĂ©gager ne portent donc pas sur les actes eux-mĂȘmes, mais sur leur auteur, ou plutĂŽt sur l'acteur sexuel en tant qu'il reprĂ©sente dans la scĂšne onirique, l'auteur du songe et qu'il fait prĂ©sager par lĂ le bien ou le mal qui va lui arriver ».
Notes
- Les oneiropoloi. Voir HomÚre, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], I, 63.
- Voir par exemple Aristophane dans sa piĂšce Les GuĂȘpes (52-53).
- Onirocritique, IV, 24.
- Onirocritique, I, 26.
- III, conclusion
- 72, 23
- II, 69
- Onirocritique, livre IV p. 216
- La référence est fausse : le Chapitre 22 concerne "les Parents"
- Onirocritique, I, 2.
- Onirocritique, IV, 1.
- Onirocritique, I, 5.
- Onirocritique, I, 3 et IV, 2.
- Onirocritique, I, 4.
Voir aussi
Bibliographie
- Christian Settipani, Continuité gentilice et Continuité familiale dans les familles sénatoriales romaines à l'époque impériale, Linacre College, Oxford University, coll. « Prosopographica & Genealogica », , 597 p. (ISBN 1-900934-02-7)
Ăditions
- ArtĂ©midore d'ĂphĂšse (introduction de GĂ©rard Legrand, trad. et notes d'Henry Vidal), La Clef des songes, Paris, Arcanes, coll. « BibliothĂšque des textes philosophiques », 1953.
- ArtĂ©midore d'ĂphĂšse (trad. et notes de AndrĂ©-Jean FestugiĂšre), La Clef des songes, Paris, Vrin, coll. « BibliothĂšque des textes philosophiques », 1975 (BNF 34574454).
Ătudes
- Chr. Chandezon et J. du Bouchet (Ă©d.), ArtĂ©midore de Daldis et l'interprĂ©tation des rĂȘves. Quatorze Ă©tudes (coll. « L'Ăne d'or »), Paris, Les Belles Lettres, 2014, 480 p. (ISBN 978-2-251-42053-0)