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Arnold Tchikobava

Arnold Tchikobava, de son nom complet Arnold Stepanovitch Tchikobava, en gĂ©orgien არნოლდ áƒĄáƒąáƒ”áƒ€áƒáƒœáƒ”áƒĄ ძე ჩიჄობავა Arnold Step'anes je č'ikobava est un linguiste, philologue, lexicologue et homme d’action gĂ©orgien, nĂ© le ( dans le calendrier julien alors en usage dans l'Empire russe) dans un petit village de MingrĂ©lie, Satchikobavo áƒĄáƒáƒ©áƒ˜áƒ„áƒáƒ‘áƒáƒ•áƒ, et dĂ©cĂ©dĂ© le Ă  Tbilissi. SpĂ©cialiste des langues du Caucase, il s’est aussi intĂ©ressĂ© Ă  la linguistique gĂ©nĂ©rale. Il a Ă©galement beaucoup travaillĂ© sur la grammaire et le lexique de sa langue maternelle, le gĂ©orgien.

Arnold Tchikobava
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  87 ans)
Tbilissi
SĂ©pulture
ოჄროყანა (d)
Nom dans la langue maternelle
არნოლდ áƒĄáƒąáƒ”áƒ€áƒáƒœáƒ”áƒĄ ძე ჩიჄობავა
Nationalités
Formation
Activités
Linguiste, philologue, personnalité
signature d'Arnold Tchikobava
Signature
Plaque commémorative

Biographie

Arnold Tchikobava est nĂ© en 1898 dans un petit village de MingrĂ©lie, en GĂ©orgie occidentale. AprĂšs des Ă©tudes secondaires Ă  KoutaĂŻssi, il entre en 1918 Ă  la FacultĂ© de philosophie de l’UniversitĂ© d'État de Tbilissi, nouvellement fondĂ©e par Ivane Djavakhichvili. Il y achĂšve son premier cursus en 1922. Sur proposition d’Akaki Chanidze აკაკი ლანიძე, il s’inscrit alors en prĂ©paration au professorat. En 1929, ayant achevĂ© son troisiĂšme cycle, il est le premier Ă  soutenir une thĂšse de doctorat en sciences philologiques dans cette universitĂ©.

L’enseignant

Tout au long de sa vie, Arnold Tchikobava n’a jamais cessĂ© d’enseigner. En 1926, il devint titulaire de la chaire d'Ă©tudes caucasiennes de l'UniversitĂ© d'État de Tbilissi, d'abord comme maĂźtre de confĂ©rences, puis Ă  partir de 1933 et jusqu’à sa mort, avec le titre de professeur. Entre 1933 et 1960, il a assurĂ© la direction du dĂ©partement d’études caucasiennes au sein de cette universitĂ©. Comme il s’intĂ©ressait Ă©normĂ©ment Ă  l’enseignement du gĂ©orgien, il publia de nombreux articles Ă  l’intention des enseignants.

Entre 1936 et 1985, Arnold Tchikobava dirigea Ă©galement le « dĂ©partement des langues ibĂ©ro-caucasiques » de l’Institut de linguistique de Tbilissi, qui fut rattachĂ© Ă  l’AcadĂ©mie des Sciences gĂ©orgienne aprĂšs la fondation de ladite acadĂ©mie en 1941. Entre 1950 et 1952, il dirigea mĂȘme briĂšvement cet institut, qui porte aujourd’hui son nom.

Arnold Tchikobava compte aussi parmi les membres fondateurs de l’AcadĂ©mie nationale des sciences de GĂ©orgie. Il siĂ©gea au prĂ©sidium de l'AcadĂ©mie entre 1950 et 1963.

Le chercheur

Arnold Tchikobava a effectuĂ© ou dirigĂ© de trĂšs nombreuses recherches tant dans le domaine de la linguistique thĂ©orique qu’en ce qui concerne les langues kartvĂ©liennes, dont le gĂ©orgien, et plus gĂ©nĂ©ralement les langues caucasiques[1]. Il est l’auteur de plus de trois cents articles et de quatorze ouvrages, qu’il a publiĂ©s en gĂ©orgien, en russe et en allemand. En 1974, il fonda une revue scientifique, dont il devint le rĂ©dacteur en chef, et qui acquit une grande notoriĂ©tĂ© dans toute l’URSS et mĂȘme au-delĂ , intitulĂ©e « Annales de la linguistique ibĂ©ro-caucasique. » Il devint ainsi le mentor de plusieurs gĂ©nĂ©rations de caucasologues, qui travaillent aujourd'hui en GĂ©orgie comme Ă  l’étranger, notamment en Russie (Ă  Moscou, Ă  Saint-PĂ©tersbourg, dans le Caucase du Nord).

Il a Ă©tudiĂ© les multiples langues caucasiques, tant du point de vue de la description individuelle de ces langues que d’un point de vue comparatiste, en recherchant leur Ă©ventuelle origine commune. Il a trĂšs largement contribuĂ© Ă  l’abondante production d’ouvrages et d’articles, parus en GĂ©orgie dans les annĂ©es 1930, sur les langues montagnardes du Nord-Caucase, qu’il s’agisse de monographies, de grammaires descriptives, d’articles traitant de questions grammaticales ou linguistiques particuliĂšres, etc. Il en Ă©tait tantĂŽt l’auteur, tantĂŽt le relecteur.

Mais une partie essentielle de son Ɠuvre fut consacrĂ©e aux langues kartvĂ©liennes : mingrĂ©lien, laze, svane et bien sĂ»r gĂ©orgien. Il Ă©tudia le gĂ©orgien, aussi bien ancien que moderne, sous tous ses aspects: morphologie, syntaxe, sĂ©mantique, lexicologie, phonĂ©tique
 Il s’est aussi intĂ©ressĂ© Ă  ses multiples variantes dialectales, posant les bases d’une dialectologie historique du gĂ©orgien.

C’était Ă©galement un fin connaisseur de l’Ɠuvre de Chota RoustavĂ©li, et plus gĂ©nĂ©ralement de la littĂ©rature gĂ©orgienne.

Le lexicologue

Collaborant Ă  la rĂ©alisation de plusieurs dictionnaires, Arnold Tchikobava a contribuĂ© Ă  l’unification des normes du gĂ©orgien littĂ©raire moderne. À la fois lexicologue et lexicographe, il devint Ă©diteur en chef d’un « Dictionnaire explicatif de la langue gĂ©orgienne » en huit volumes qui fait toujours autoritĂ©. Pour rĂ©aliser cet ouvrage de rĂ©fĂ©rence, il anima entre 1950 et 1964 une Ă©quipe de cent-cinquante chercheurs et lexicographes.

Distinctions honorifiques

Arnold Tchikobava fut laurĂ©at de nombreux prix et distinctions tant soviĂ©tiques qu’internationaux. Il reçut trois fois l’Ordre de LĂ©nine, mais Ă©galement le prix Lomonossov de l'UniversitĂ© d’État de Moscou en 1951, la mĂ©daille Djavakhichvili en 1973, et bien d’autres distinctions. En 1960, il devint Docteur honoris causa de la FacultĂ© de Philosophie de l'UniversitĂ© de Berlin, et membre d’honneur de la SociĂ©tĂ© royale de philologie britannique en 1968.

Sa notoriĂ©tĂ© lui valut d’ĂȘtre Ă©lu Ă  quatre reprises dĂ©putĂ© au Soviet suprĂȘme de la RSS de GĂ©orgie entre 1956 et 1966.

Regard sur l'Ɠuvre

Son intĂ©rĂȘt pour la linguistique gĂ©nĂ©rale le conduisit Ă  publier dĂšs 1924 des articles prĂŽnant l’application aux langues caucasiques de la mĂ©thode comparative qui avait donnĂ© des rĂ©sultats probants pour les langues indo-europĂ©ennes. Il consacra notamment ses recherches Ă  la nature du langage, aux relations qu’il entretient avec la sociĂ©tĂ© et la culture, au signe linguistique. Selon lui, le langage est un systĂšme dynamique complexe de signes qui remplit trois fonctions principales : communication, expression et objectivation. Les signes linguistiques, qui dĂ©signent les objets de maniĂšre purement conventionnelle, sont matĂ©riels de par leur nature, mais sociaux de par leur objet.

Concernant les langues caucasiques, il a soutenu l’idĂ©e d’une parentĂ© gĂ©nĂ©tique entre les langues kartvĂ©liennes, les langues abkhazo-adygiennes et celles du Daghestan. Ce point de vue est aujourd'hui rejetĂ© par la communautĂ© scientifique, qui distingue gĂ©nĂ©ralement trois familles au sein des langues caucasiques: une au sud et deux au nord de la chaĂźne du Grand Caucase. Arnold Tchikobava pensait Ă©galement qu’il existait une parentĂ© entre ces langues et le basque, d’oĂč l’appellation de « langues ibĂ©ro-caucasiques » qu’il prĂ©conisait.

Mais il est surtout connu pour sa critique de l’Ɠuvre du linguiste marxiste Nicolas Marr, dont la thĂ©orie de la linguistique spĂ©culative fut un temps l'idĂ©ologie officielle soviĂ©tique. Nicolas Marr soutenait que toutes les langues du monde descendent d’une proto-langue unique, et que dans une sociĂ©tĂ© communiste, elles fusionneront en un langage commun. Arnold Tchikobava n’a jamais cessĂ© de s’opposer Ă  cette thĂ©orie. GrĂące Ă  son amitiĂ© avec le Premier SecrĂ©taire du ComitĂ© central gĂ©orgien, Kandid Tcharkviani კანდიდ ჩარკვიანი, il ne fut pas inquiĂ©tĂ©, alors que ce fut le cas pour nombre de ses collĂšgues opposĂ©s Ă  la thĂ©orie officielle. Finalement, en 1950, il rencontra Joseph Staline en personne et le convainquit de dĂ©noncer la thĂ©orie de Marr. Le dĂ©bat alors ouvert dans la Pravda se conclut par un article signĂ© de Staline, mais probablement en grande partie rĂ©digĂ© par Tchikobava, intitulĂ© « Marxisme et questions de linguistique » ("МарĐșŃĐžĐ·ĐŒ Đž ĐČĐŸĐżŃ€ĐŸŃŃ‹ ŃĐ·Ń‹ĐșĐŸĐ·ĐœĐ°ĐœĐžŃ"), qui qualifiait les « nouvelles thĂ©ories linguistiques » de non-marxistes et invitait Ă  se tenir dĂ©sormais Ă  l’écart des thĂ©ories de Marr.

Notes et références

Notes

  1. En linguistique, on privilĂ©gie le terme caucasiques plutĂŽt que caucasiennes pour dĂ©signer les langues appartenant aux diffĂ©rentes familles linguistiques propres au Caucase, oĂč se rencontrent aussi des langues appartenant Ă  d’autres familles: langues indo-europĂ©ennes, langues turciques.

Références

Liens externes

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