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Armée sassanide

La naissance de l’ArmĂ©e sassanide (en persan : ۧ۱ŰȘŰŽ ŰłŰ§ŰłŰ§Ù†ÙŠŰ§Ù†, Artesh-e SāsānÄ«yān) remonte Ă  l'accession au trĂŽne de ArdachĂźr Ier quand celui-ci dĂ©finit un objectif militaire clair destinĂ© Ă  restaurer l'Empire perse en formant une armĂ©e permanente sous son commandement personnel et dont les officiers Ă©taient sĂ©parĂ©s des satrapes, princes locaux et nobles. Il restaura les organisations militaires achĂ©mĂ©nides, conserva la cavalerie parthe, et employa de nouveaux types d'armures et d'armes de siĂšge. Ce fut le dĂ©but d'une armĂ©e qui le servit, lui et ses successeurs, pendant plus de 400 ans, et qui fera des Sassanides, avec l'Empire romain et plus tard l'Empire byzantin, l'une des superpuissances de l'AntiquitĂ© tardive, dĂ©fendant l'Eranshahr (Iran), Ă  l'est, contre les nomades d'Asie centrale comme les Hephthalites et les Turcs, et Ă  l'ouest, contre l'Empire romain, et plus tard l'Empire byzantin[1].

Couronnement d'Ardeshir I, Ă  Naqsh-e Rostam.

Armée

Dans leur maniĂšre de faire la guerre, les Perses de la pĂ©riode sassanide ne diffĂ©raient pas Ă©normĂ©ment de ceux de la dynastie des AchĂ©mĂ©nides. Les principales Ă©volutions furent l’abandon presque complet du char et l’utilisation intensive d’élĂ©phants de guerre, qui devinrent une force maĂźtresse. Quatre corps d’armĂ©s principaux, chacun Ă  un niveau diffĂ©rent, furent instituĂ©s. Dans l’ordre d’importance, il y avait : les Ă©lĂ©phants, la cavalerie, l’archerie, et l’infanterie.

Grade

  • Eran Spahbod : commandant en chef
  • Spahbod : officier en chef
  • Marzban : commandant des gardes frontiĂšres
  • Poshtikban Salar : chef de la garde royale
  • Iran anbaraghbad : chef de l'approvisionnement de l'armĂ©e
  • Stor-bezashk : chef du service des vĂ©tĂ©rinaires qui s'occupent des montures de la cavalerie d'Ă©lite.
  • Payygan Salar : chef de la division d'infanterie
  • Savaran Sardar : chef de division de la cavalerie

La cavalerie

Miniature arménienne médiévale représentant les éléphants de guerre perses sassanides à la bataille d'Avarayr.

La colonne vertĂ©brale de l’armĂ©e (Spah ŰłÙŸŰ§Ù‡ ) sassanide Ă©tait la cavalerie lourde cuirassĂ©e. Celle-ci Ă©tait composĂ©e de soldats d’élite issus de la noblesse, solidement entraĂźnĂ©s pour obtenir efficacitĂ© et discipline. La cavalerie sassanide, son Ă©quipement, son organisation, ses tactiques ont Ă©tĂ© copiĂ©s par les Romains, puis les Arabes et les Turcs. Ainsi, les Romains, souvent opposĂ©s dans des guerres rĂ©currentes, Ă  des adversaires alignant des corps d’élĂ©phants de combat, comme les Sarmates et les Perses sassanides (ainsi que leurs prĂ©dĂ©cesseurs parthes), adaptĂšrent leur organisation militaire et leurs tactiques de bataille autour de l’utilisation d’unitĂ©s de cavalerie lourde qu’ils appelĂšrent clibanarii. Le modĂšle palmyrien/sassanide fut particuliĂšrement influent. Le terme romain clibanarii apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans la Vita Alexandri Severi (56.5) de l’Historia Augusta, un ouvrage de la toute fin du IVe siĂšcle de notre Ăšre.

Shapur II rĂ©forma l’armĂ©e en adoptant cette cavalerie plus cuirassĂ©e et plus efficace. Ces unitĂ©s montĂ©es Ă©taient cuirassĂ©es par d’épaisses plaques de fer couvrant le corps entier qui les faisaient ressembler Ă  des statues de fer se dĂ©plaçant. Certains Ă©taient armĂ©s de lance (les cataphractaires) et d’autres (les clibanarii) avec des Ă©pĂ©es ou des masses d’armes. Il y a des descriptions de cavalerie, une des mieux prĂ©servĂ©s est sur un soubassement de roche Ă  Taq-e Bostan oĂč Khosro II est sur son cheval favori Shabdiz.

L’armement des cavaliers des corps cuirassĂ©s (clibanarii et cataphractaires) de l’armĂ©e sassanide Ă©tait composĂ© de:

  • casque, haubert (Pahlavi griwban), pectoral, gantelet (Pahlavi abdast), la ceinture, cuissardes (Pahlavi ran-ban) l'Ă©pĂ©e, la masse d’arme, arc Ă  double courbure et double corde, carquois de 30 flĂšches, deux cordes de rechange et l'armure de cheval (zen-abzar).

Pour les "cataphractaires" il fut parfois ajouté un lasso (kamand), ou une fronde.

En plus de la cavalerie lourde cuirassĂ©e, il y avait une cavalerie plus lĂ©gĂšre qui n’était pas composĂ©e de Perses sassanides mais recrutĂ©e parmi leurs alliĂ©s et complĂ©tĂ©e par des mercenaires. Les Gelaniens (Guilani), Albaniens, Hephtalites, Kouchans et les Khazars furent les principaux pourvoyeurs de cette cavalerie lĂ©gĂšre ou moyennement cuirassĂ©e. Ils furent une partie essentielle du spath (l’armĂ©e sassanide) Ă  cause de leur endurance et de leur vitesse sur le champ de bataille.

Il est possible que la cavalerie légÚre était destinée essentiellement aux batailles avec les tribus d'Asie centrale, tandis que la cavalerie plus lourde a été utilisée lors de rencontres avec Rome.

En bref, il y avait les classes de troupes de cavalerie mobile suivantes :

  • la garde perse des Immortels
  • le rĂ©giment Savaran des nobles Azadan (cavalerie d’élite dĂ©crite comme l’ordre de chevalerie perse)
  • ÉlĂ©phant de guerre
  • Cavalerie lĂ©gĂšre (archers montĂ©s)
  • Cavalerie moyenne (cavalerie lĂ©gĂšrement cuirassĂ©e armĂ©e avec lances et boucliers)
  • Cavalerie Clibanarii (cavalerie lourde armĂ©e avec des masses et des Ă©pĂ©es)
  • Cavalerie Cataphractaire (cavalerie lourde armĂ©e avec des lances)

Il semble que les Sassanides aient également conservé un autre héritage militaire de leurs aïeux achéménides, à savoir celui des Immortels, troupes d'élite chargées à la base de protéger le souverain perse sur le champ de bataille. Cette hypothÚse, donne lieu à des désaccords entre historiens.

ÉlĂ©phants de guerre

Ces deux types d’unitĂ©s de cavalerie Ă©taient appuyĂ©s par les Ă©lĂ©phants de guerre et les corps d’élite d’archers qui dĂ©versaient des pluies de flĂšches sur les rangs ennemis. Le rĂ©giment d’élĂ©phants Ă©tait la piĂšce maĂźtresse de l’armĂ©e. Il Ă©tait recrutĂ© en Inde mais ne fut Ă  aucun moment vraiment nombreux. Dans les premiĂšres batailles contre les Arabes, la victoire fut attribuĂ©e principalement Ă  l’action des Ă©lĂ©phants de guerre. On considĂ©rait que leur efficacitĂ© Ă©tait meilleure en terrain plat et ouvert, mais leur valeur Ă©tait telle que, mĂȘme dans les contrĂ©es plus difficiles, montagneuses ou boisĂ©es, oĂč les armĂ©es perses ont opĂ©rĂ©, les Ă©lĂ©phants accompagnaient toujours la marche des troupes perses, et des efforts Ă©taient faits pour fabriquer des routes praticables pour les Ă©lĂ©phants. Le corps des Ă©lĂ©phants Ă©tait sous le commandement d’un officier spĂ©cial, appelĂ© le Zend−hapet, ou « Commandant des Indiens », sĂ»rement parce que les bĂȘtes Ă©taient originaires de l’Inde ou qu’elles Ă©taient soignĂ©es par personnes venant de l’Hindustan[2]. Ces animaux gĂ©ants faisaient office de tours d’assaut mobiles causant la panique dans les rangs ennemis et crĂ©ant des espaces sur les champs de bataille que la cavalerie exploitait Ă  son avantage.

L’infanterie

ÉpĂ©e sassanide en or avec ceinturon.

L’infanterie perse sassanide fut en majoritĂ© des lanciers lĂ©gĂšrement cuirassĂ©s, bien que dans certaines batailles des fantassins lourds fussent dĂ©ployĂ©s. Cette infanterie entraĂźnĂ©e, bien payĂ©e, lourdement armĂ©e (portant l’épĂ©e ou la masse d'arme), Ă©tait l’égal des lĂ©gions romaines. Les soldats venant des provinces perses de Daylam et de Sogdiane Ă©taient rĂ©putĂ©s pour ĂȘtre les meilleurs fantassins.

Les archers Ă©taient considĂ©rĂ©s comme l’élite de l’infanterie. Ils Ă©taient entraĂźnĂ©s Ă  dĂ©cocher leurs flĂšches Ă  grande cadence, sur une cible immanquable. Les trĂšs grands boucliers, adoptĂ©s par les armĂ©es des AchĂ©mĂ©nides sur le modĂšle assyrien, Ă©taient toujours en usage. DerriĂšre ces lignes de boucliers fixĂ©s au sol formant un mur, les archers sassanides utilisaient leur arc avec efficacitĂ© jusqu’à ce que leurs rĂ©serves de flĂšches soient Ă©puisĂ©es. Parfois, les archers, au lieu de combattre en ligne, Ă©taient efficacement combinĂ©s Ă  la cavalerie lourde. Ils harcelaient leurs ennemis par des tirs ininterrompus en relative sĂ©curitĂ© au milieu de la cavalerie lourde que les lĂ©gions romaines hĂ©sitaient Ă  charger. S'ils Ă©taient obligĂ©s de fuir, ils couvraient leur retraite en tirant en arriĂšre. Leur redoutable efficacitĂ© Ă©tait proverbiale chez les Romains[3]. L'infanterie Ă©tait divisĂ©e en plusieurs types :

  • Daylami (Infanterie lourde)
  • Paygan (infanterie moyenne armĂ©e de lances et de grands boucliers)
  • Lanciers Levite (piquier lĂ©ger)
  • Kamandaran (archers d’élite Ă  pieds)
  • lanceurs de javelot kurdes

Les engins de siĂšge

Les Sassanides (Ă  l’opposĂ© de leurs prĂ©dĂ©cesseurs parthes) avaient mis en place et amĂ©liorĂ© des machines de siĂšge pour prendre des villes fortifiĂ©es. Plusieurs de ces mĂ©thodes ont Ă©tĂ© apprises des Romains, mais rapidement, les Sassanides furent leurs Ă©gaux, non seulement dans l’utilisation d’engins de siĂšge offensifs, comme les scorpions, balistes, les bĂ©liers, mais aussi par des tactiques de dĂ©fense de leur fortifications pour utiliser et rĂ©pliquer aux catapultes, pour jeter sur les assaillants des pierres, des tisons ou des liquides bouillants.

La noblesse Azadan

Description (en bas) de l'idéal la cavalerie sassanide Clibanarii équipement dans les bas-reliefs monumentaux à Taq-e Bostan.

Ce degrĂ© de noblesse a Ă©tĂ© crĂ©Ă© du temps des Parthes, et prolongĂ© par les Sassanides qui les estimaient. Ils accompagnaient le roi pendant les guerres et ont rĂ©sistĂ© aux envahisseurs avec courage et discipline. Ils sont clairement les prĂ©curseurs et les fondateurs des « Chevaliers » arabes un peu plus tard[4]. Les Azdans ou Azadans (en persan : ŰąŰČŰ§ŰŻŰ§Ù†, les hommes libres), descendants des Aryens, encadraient la masse des paysans. Les Azadans formaient une aristocratie dont Ă©taient issus les administrateurs locaux, vivant pour la plupart sur de petits domaines et fournissant les principaux effectifs de la cavalerie sassanide, Ă©pine dorsale de l’armĂ©e. L’un des plus prestigieux rĂ©giment Ă©tait le rĂ©giment cuirassĂ© « Aswaran » (en persan : Ű§ŰłÙˆŰ±Ű§Ù†) qui Ă©tait souvent dĂ©cisif dans l’issue d’une bataille[5].

MalgrĂ© leur chute devant les Arabes musulmans au VIIe siĂšcle de notre Ăšre, l’hĂ©ritage et la marque du « Savaran » en Inde, dans le monde musulman et en Orient est trĂšs prĂ©sente. C’était l’élite de la cavalerie sassanide qui fut prĂ©curseur des Faris arabes, des suwar indien (dĂ©rivant des Perses savar) ou des Turcs tarkhans[6].

En effet, la cavalerie lourde musulmane, comme les mamelouks, pourraient ĂȘtre des descendants directs de la cavalerie clibanarii, puisqu’ils utilisaient les mĂȘmes armes et les mĂȘmes tactiques.

Les dépenses pour entretenir les chevaliers Azatan du « Asawaran » nécessitaient un fief pour les couvrir, et ils étaient attribués aux Azatan par le roi, et en retour les Azatan étaient les plus ardents défenseurs du trÎne.

Notes

  1. Sassanian Army, By Professor A.Sh.Shahbazi
  2. George Rawlinson "The Seven Great Monarchies of the Ancient Eastern World: The Seventh Monarchy: History of the Sassanian or New Persian Empire" Page 189
  3. George Rawlinson The Seven Great Monarchies of the Ancient Eastern World: The Seventh Monarchy: History of the Sassanian or New Persian Empire, page 184
  4. David Nicolle Sassanian Armies : the Iranian empire early 3rd to mid-7th centuries AD pp. 11
  5. David Nicolle Sassanian Armies : the Iranian empire early 3rd to mid-7th centuries AD pp. 11
  6. « "Sassanian Elite Cavalry" Book review by Dr. David Khoupenia » (consulté le )

Bibliographie

  • A.D.H. Bivar, , ‘Cavalry Equipment and Tactics on the Euphrates Frontier’,Dumbarton Oaks Papers 26 (1972), pp. 271-291.
  • Kaveh Farrokh, Sassanian Elite Cavalry, AD224-642 (Osprey Publishing 2005)
  • Dr. David Nicolle, Sassanian Armies : the Iranian empire early 3rd to mid-7th centuries AD (Montvert Publishing 1996). (ISBN 1-874101-08-6)
  • Philip Rance, ‘Elephants in Warfare in Late Antiquity’, Acta Antiqua Academiae Scientiarum Hungaricae 43 (2003), pp. 355-8
  • Peter Wilcox, Rome's Enemies 3: Parthians and Sassanid Persians (Osprey Publishing 2001). (ISBN 0-85045-688-6)

Voir aussi

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