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Apta Julia

Apta Julia est une citĂ© romaine qui donna naissance Ă  Apt. DĂ©nommĂ©e aussi Apta Julia Vulgientium elle fut construite sur le territoire de la tribu des Vulgientes. Celle-ci faisait partie de la fĂ©dĂ©ration des Albiques, avec les Albienses, du Plateau d'Albion, et les Vordenses de Gordes. Cette fĂ©dĂ©ration avait fait de l'oppidum de PerrĂ©al sa capitale trois siècles avant notre ère[1] - [2]. Cet oppidum fut occupĂ© pendant 200 ans puisque les fouilles menĂ©es en 1951 ont mis au jour une habitation datĂ©e du Ier siècle av. J.-C.[3]. Ces Vulgientes commerçaient avec Massalia et les PhocĂ©ens dont ils Ă©taient devenus les clients, les alliĂ©s puis les amis. Un mĂ©tissage culturel et commercial marqua cette pĂ©riode comme le prouvent des inscriptions gauloises Ă©crites en grec (Apt et Saignon) ainsi que des poteries vinaires grecques dĂ©couvertes Ă  PerrĂ©al[4].

Apta Julia
Image illustrative de l’article Apta Julia
Vestiges du forum
Localisation
Pays Drapeau de l'Empire romain Empire romain
Province romaine Gaule narbonnaise
RĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
DĂ©partement Vaucluse
Commune Apt
Type Ville
CoordonnĂ©es 43° 52′ 37″ nord, 5° 23′ 49″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Empire romain
(Voir situation sur carte : Empire romain)
Apta Julia
Apta Julia
Histoire
Époque Antiquité : République romaine puis Empire romain

Étymologie

Charles Rostaing, spécialiste de la toponymie provençale, suggère comme origine de son nom une racine ligure HATH correspondant à un oronyme (nom de montagne)[5]. Depuis plusieurs années déjà l'étymologie d'Apta correspondrait finalement au toponyme antique du bon endroit pour s'arrêter. En effet et jusqu'à présent aucun indice archéologique ne peut confirmer une quelconque présence pré romaine sur le site actuel du centre ancien d'Apt[6].

Construction de la Via Domitia

En -120, une mission est confiĂ©e par le sĂ©nat romain Ă  Domitius Ahenobarbus la rĂ©fection de la voie Domitienne (Via Domitia) anciennement appelĂ© par les colons grecs la voie hĂ©raclĂ©enne. L'entretien de la voirie est rĂ©alisĂ© en trois ans[6]. Elle relie Milan Ă  Cadix en passant par les Alpes. Le long de cette voie, les gĂ®tes d’étapes (mansiones) Ă©taient amĂ©nagĂ©s tous les 30 kilomètres environ (parcours moyen d’une journĂ©e), dans les intervalles, tous les 15 kilomètres Ă©taient Ă©tablis des relais (mutationes) pour le changement d’attelage. Tous les milles (1 480 mètres) la voie Ă©tait jalonnĂ©e de bornes milliaires qui indiquaient les distances par rapport Ă  certaines villes ou citĂ©s importantes. Parmi ces mansiones apparaĂ®t Aptam qui se trouve entre Cabellionem (Cavaillon) et Catuiaciam (CĂ©reste)[7].

Jules CĂ©sar fonde Apta Julia

Le Pont Julien qui desservait Apta Julia sur la Via Domitia

Marseille ayant ouvert son port à la flotte de Pompée, les légions de César mirent le siège devant la cité phocéenne. Seuls les Albiques se portèrent au secours des assiégés en -49, la défaite leur valut la destruction de Perréal[2]. Les survivants se réfugièrent à Hath, petit village celto-ligure installé en amont sur une île du Calavon. En -45, l'importance de cette étape, incita les Romains, sur ordre donné par Jules César lui-même au cours du mois d'août, à la fondation de la cité d'Apta Julia Vulgientis qui fut inscrite dans la tribu Voltina. Sa construction fut achevée en cinq ans. Les fouilles ont identifié un théâtre, un forum, une basilique ainsi que le decumanus maximus et le cardo maximus, toujours visibles[8].

Le trafic important sur la voie Domitienne obligea Ă  une rĂ©fection en -3. Un certain nombre de bornes milliaires furent alors marquĂ©es au nom d'Auguste. Près d'Apta Julia, commença la construction du pont Julien sur le Calavon pour faciliter et sĂ©curiser le passage. Toujours intact, il comporte trois arches et mesure 68 mètres de long sur 4,25 de large et a 14 mètres dans sa plus grande hauteur[9]. En l'an 22, Auguste donna Ă  la citĂ© le statut de colonie de Droit Latin. Son marchĂ© hebdomadaire joua dès lors un rĂ´le important dans son dĂ©veloppement. BientĂ´t, elle s'Ă©tendit sur 22 Ă  23 hectares et ses habitants intra muros ont Ă©tĂ© estimĂ©s entre 5 500 et 6 000 habitants[10].

Apta Julia, cité de la Narbonnaise

Route de Pierrefiche Ă  Apt

Au cours des années 121 et 122, dans la Provincia où il séjournait, l’empereur Hadrien visite Vaison, « urbs opulentissima », Orange, Avignon et Apt. C'est dans cette dernière cité qu'il choisit un nouveau secrétaire, Fronton, qu’il va ramener à Rome. Ce « grand honnête homme » revint mourir à Apta Julia en 175. En 266, un acte capitulaire indique qu’un synode aurait pu se tenir à Arles sous la présidence de son évêque Marciannus, avec la participation des évêques Auspice d'Apt et Valentinus de Carpentras. L’acte est très certainement apocryphe.

À la fin du XVIIe siècle, la chartreuse de Saint-André-de-Ramières reçut en dépôt une inscription funéraire gallo-romaine à la mémoire d'Orbia Maximillia, flamine du temple d'Auguste à Apta Julia. Cette plaque épigraphe avait été découverte en 1684, sur la Voie Domitienne descendant de Céreste vers la vallée du Calavon, près du lieu-dit Pierrefiche, et était surmontée d'un obélisque. D'après Joseph-François de Rémerville, elle avait été d'abord entreposée à l'abbaye de Sainte-Eusèbe ou dans son prieuré Saint-Donat à Saignon[11].

Les grandes invasions atteignent le pourtour méditerranéen de l'Empire. En 270, les Alamans envahissent la Gallia qu’ils vont mettre à feu et à sang pendant une décennie. Puis la horde se tourne vers la Provincia où Vaison, Apt et Glanum sont ruinés après son passage. Leur déferlement se suit encore dans la toponymie des lieux où ils ont fait souche :

Ce fut au cours de cette période que fut enseveli, lors d'un incendie, le Trésor d'Apt, la plus grande collection d'objets en bronze après celle de Pompei. Elle se compose d'une trentaine de pièces : cruches, situles, cuves, bassins, etc. La plus grande partie de ces objets eut une fonction vinaire, gastronomique ou cultuelle. Un des bassins, notamment, avec ses bords côtelés, ressemble à une tasse à vin, ancêtre du tastevin. L'ensemble, qui fut découvert lors du creusement d'un puits dans le quartier de la Bouquerie, en 1886, fait aujourd'hui partie des collections du Musée Calvet[14].

  • Carte d'Apta Julia
    Carte d'Apta Julia
  • Inscription funĂ©raire sur pierre, Ă©pitaphe de Marcus Surius Albinus, Ă©dile d’Apt. Texte latin : « M(arco) Surio C(aii) f(ilio) Vol(tinia tribu) / Albino, / aed(ili) Apta / ex testamento. » Traduction française : « Ă€ Marcus Surius Albinus, fils de Caius, inscrit dans la tribu Voltinia, Ă©dile d’Apt, en exĂ©cution du testament. » RĂ©fĂ©rences : CIL XII, 707
    Inscription funéraire sur pierre, épitaphe de Marcus Surius Albinus, édile d’Apt. Texte latin : « M(arco) Surio C(aii) f(ilio) Vol(tinia tribu) / Albino, / aed(ili) Apta / ex testamento. » Traduction française : « À Marcus Surius Albinus, fils de Caius, inscrit dans la tribu Voltinia, édile d’Apt, en exécution du testament. » Références : CIL XII, 707
  • Cave gallo-romaine au mĂŞme niveau que la crypte de la cathĂ©drale
    Cave gallo-romaine au même niveau que la crypte de la cathédrale

Christianisation du Pagus Aptensis

Crypte supérieure de la cathédrale Sainte-Anne d'Apt

En 314 se tint le concile d'Arles présidé par son évêque Marinus. Ce premier concile de la partie occidentale de l'Empire se déroula, très certainement, dans l'ecclesia publica édifiée sur l’acropole, au quartier de l’Auture. Les pères conciliaires vinrent de Gaule, de Germanie, de l'île de Bretagne, d'Italie et de l'Espagne. Un certain nombre d'évêques se firent représenter par leurs diacres, ce fut le cas de celui d'Apt qui envoya le prêtre Romanus et l'exorciste Victor. C'est la première preuve certaine d'une christianisation effective dans le Pagus Aptensis, le pays d'Apt. Ce qui vaudra à son diocèse la qualité de premier suffrageant de la Narbonnaise seconde[15] - [16].

Le christianisme étant devenu religion reconnue par l'Empire, celui s'afficha ouvertement. En 394 eut lieu un concile à Nîmes auquel assista Octavius, évêque d'Apt, le premier évêque historique d'Apta Julia. Un an plus tard, la préfecture des Gaules fut transférée de Trèves, où l'évêque Félix était considéré comme schismatique, à Arles[16].

Aux alentours de l'an 395, une personnalité chrétienne de la cité fut inhumée dans un sarcophage en marbre des Pyrénées, qui a été retrouvé dans la nécropole hors les murs de la Marguerite (route des Alpes). Sur sa face principale le Christ imberbe portant la croix est entouré, à gauche, de Sixte et, à droite, d'Hyppolite, tous deux revêtus du pallium. Une inscription précise IESUS, SUSTUS, HYPPOLITUS. Les trois personnages sont séparés par des panneaux rectangulaires à strigiles. Sur les côtés, les quatre Évangélistes présentent un pain, symbole eucharistique et sur la face postérieure a été sculpté un motif décoratif en forme d’écailles.

Notes et références

  1. Guy Barruol, Le territoire des Albiques, Revue d'Études Ligures, 1958, no 3-4.
  2. Cartulaire, op. cit., p. 13.
  3. Augustin Roux, op. cit. p. 10.
  4. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 19-20.
  5. Albert Dauzat et Charles Rostaing, op. cit., p. 1682.
  6. Patrick de Michèle, Le centre monumental d'Apt à l'époque Gallo romaine de sa conception originelle à sa disparition complète du paysage urbain moderne, thèse en archéologie université de Provence édition BIAMA (Errance-Actes Sud) 2014.
  7. Guy Barruol, « Céreste », in Philippe Autran, Guy Barruol et Jacqueline Ursch, D’une rive à l’autre : les ponts de Haute-Provence de l’Antiquité à nos jours, Les Alpes de lumière, no 153, Forcalquier, 2006. (ISBN 2-906162-81-7), p. 65-66.
  8. Cartulaire, op. cit., p. 13-14.
  9. Augustin Roux, op. cit., p. 13.
  10. Augustin Roux, op. cit., p. 12.
  11. Essai sur la topographie d'Apta Julia
  12. Albert Dauzat et Charles Rostaing, op. cit., p. 1677.
  13. Albert Dauzat et Charles Rostaing, op. cit., p. 1822.
  14. Jean-Pierre Saltarelli, op. cit., p. 23.
  15. Augustin Roux, op. cit., p. 22-23.
  16. Cartulaire, op. cit., p. 16.

Bibliographie

  • N. Didier, H. Dubled, J. Barruol, Cartulaire de l'Église d'Apt, (835-1130), in Essais et travaux de l’UniversitĂ© de Grenoble, Librairie Dalloz, Paris, 1967.
  • Augustin Roux, Apt, quelques aspects de son histoire, Ă©ditĂ© Ă  300 exemplaires par Le Livre d'Histoire-Lorisse, Paris, 2003. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire Ă©tymologique des noms de lieux en France, Éd. Larousse, 1968 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean-Pierre Saltarelli, Les CĂ´tes du Ventoux, origines et originalitĂ©s d'un terroir de la vallĂ©e du RhĂ´ne, Le Pontet, A. BarthĂ©lemy, Avignon, 2000, , 207 p. (ISBN 978-2-87923-041-2, BNF 37689953) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Patrick de Michèle, Le centre monumental d'Apt Ă  l'Ă©poque gallo-romaine, de sa conception originelle Ă  sa disparition complète du paysage urbain moderne thèse en archĂ©ologie universitĂ© de Provence, Ă©dition BIAMA (Errance-Actes Sud) 2014. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Voir aussi

Articles connexes


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