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Apollo 12

Apollo 12 ( - ) est la sixième mission spatiale avec équipage du programme Apollo, et la deuxième à se poser sur la Lune. L'équipage se compose de Pete Conrad (commandant), Richard Gordon et Alan Bean.

Apollo 12
Mission Apollo
Image illustrative de l’article Apollo 12
Insigne de la mission
Équipage
Commandant Pete Conrad
LMP Alan Bean
CMP Richard Gordon
Image illustrative de l’article Apollo 12
Pete Conrad, Richard Gordon et Alan Bean
Mission
Date lancement
Objectif principal Alunissage de précision près de Surveyor 3
Vaisseau
Lançeur Saturn V SA-507
Module de commande CM-108 (Yankee Clipper)
Module lunaire LM-6 (Intrepid)
Sur la Lune
Date atterrissage
Lieu Oceanus Procellarum
CoordonnĂ©es 3° 00′ 45″ sud, 23° 25′ 18″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Lune
(Voir situation sur carte : Lune)
Apollo 12 sur Google Moon
Durée à la surface 1 jour 7,5 heures
Durée sorties extravéhiculaires 7,7 heures (3,9 + 3,8)
Durée en orbite 3 jours 17,0 heures
Roches lunaires 34,4 kg
Atterrissage
CoordonnĂ©es 15° 47′ 00″ sud, 165° 09′ 00″ ouest
Date
Durée mission 10 j 4 h 36 min
Liens externes
Lunar Surface Journal Apollo 12
Apollo 12 Documentation
Apollo 12 Flight Journal

Peu après le dĂ©collage d'Apollo 12, la fusĂ©e Saturn V qui propulse le vaisseau spatial est frappĂ©e par la foudre, ce qui entraĂ®ne la perte temporaire de la puissance Ă©lectrique et des instruments du module de commande, mais l'Ă©quipage rĂ©ussit Ă  redĂ©marrer ce dernier et Ă  poursuivre la mission. Le module lunaire, avec Conrad et Bean Ă  son bord, effectue un alunissage de prĂ©cision dans l'OcĂ©an des TempĂŞtes Ă  seulement 180 m de la sonde spatiale Surveyor 3. Certains Ă©lĂ©ments de cet engin spatial seront rapportĂ©s sur Terre pour Ă©valuer l'incidence de leur sĂ©jour prolongĂ© sur le sol lunaire et dans le vide. Conrad et Bean installent une station scientifique automatisĂ©e ALSEP, mènent Ă  bien des observations gĂ©ologiques et prennent de nombreuses photographies de la surface lunaire. Ils recueillent Ă©galement 34,1 kg d'Ă©chantillons de sol. Durant ce sĂ©jour lunaire de 31 heures 31 minutes, les deux astronautes rĂ©alisent deux excursions d'une durĂ©e totale de 7 heures 45 minutes, parcourant deux km Ă  pied, et s'Ă©loignent jusqu'Ă  470 m du site d’alunissage. Pour cette mission de nombreuses amĂ©liorations ont Ă©tĂ© apportĂ©es au module lunaire par rapport Ă  la mission Apollo 11, en particulier dans la prĂ©cision de l'atterrissage, et les rĂ©sultats sont si positifs qu'on projette d'envoyer la mission suivante, Apollo 13, dans une zone plus accidentĂ©e.

Contexte

Le programme Apollo est lancĂ© par le prĂ©sident John F. Kennedy le avec comme objectif d'envoyer pour la première fois des hommes sur la Lune avant la fin de la dĂ©cennie. Il s'agit de dĂ©montrer la supĂ©rioritĂ© des États-Unis sur l'Union soviĂ©tique dans le domaine spatial, devenu un enjeu politique dans le contexte de la guerre froide. Le , l'objectif fixĂ© Ă  l'agence spatiale amĂ©ricaine, la NASA, est atteint lorsque les astronautes de la mission Apollo 11 parviennent Ă  se poser sur la Lune. Ă€ cette date, neuf autres missions sont programmĂ©es[1]. Les quatre premières missions dites « H Â» emportent contrairement Ă  Apollo 11 un ensemble complet d'instruments scientifiques et incluent deux sorties extravĂ©hiculaires (au lieu d'une sortie unique). Les 6 missions J qui suivent se disposent d'un module lunaire plus lourd emportant un rover lunaire et permettant un sĂ©jour prolongĂ© avec trois sorties extravĂ©hiculaires.

SĂ©lection du site d'atterrissage sur la Lune

En , le comitĂ© de sĂ©lection chargĂ© de dĂ©terminer les zones d'atterrissage des missions Apollo avait listĂ© 22 sites (dont 10 sont approuvĂ©s) en se basant sur une quinzaine de critères scientifiques portant sur la structure interne de la Lune, la structure et la composition de la surface, les processus modifiant sa structure interne et sa surface et son histoire gĂ©ologique. Beaucoup de ces sites nĂ©cessitent un atterrissage de prĂ©cision (moins de 1 kilomètre)[2]

Quatre sites sont envisagés pour la mission Apollo 12 mais le directeur du programme Apollo Sam Phillips décide qu'Apollo 12 se posera dans un endroit n'y figurant pas. Le site retenu se trouve à proximité immédiate de la sonde spatiale Surveyor 3 dans l'océan des Tempêtes (Le nom officiel défini par l'UAI est Mare Cognitium, « mer de la Connaissance »). Outre cette sonde, Luna 5 et Ranger 7 s'étaient également posées sur cette mer. Surveyor 3, chargée de reconnaître le terrain pour les missions lunaires, s'était posée en . Outre la validation de la méthode d'atterrissage de précision, ce site s'impose car il est plus attrayant pour le grand public qu'un cratère que peu d'éléments visibles distinguent de n'importe quel autre. Cette décision est prise contre l'avis du comité de sélection qui juge le site retenu dénué d'intérêt scientifique[3].

Objectifs de la mission

Schéma d'installation de l'ALSEP d'Apollo 12.

Dès le , c'est-à-dire avant même le décollage de la mission Apollo 11 (), les objectifs de la mission Apollo 12 sont figés et publiés. L'étude de l'environnement et de la surface de la Lune et le déploiement d'un ensemble d'instruments scientifiques ALSEP complet (contrairement à celui d'Apollo 11 qui avait dû être allégé) constituent les objectifs principaux. L'ALSEP se compose de 6 instruments (contre 3 pour Apollo 11) : un sismomètre passif, un magnétomètre, un spectromètre pour déterminer la composition du vent solaire, un détecteur d'ions suprathermiques, une jauge cathodique froide et un détecteur de poussières. L'équipage doit également démonter certains équipements de Surveyor 3 afin de les ramener sur Terre pour étudier l'effet, sur les matériaux et mécanismes de la sonde, du séjour prolongé dans le vide et à la surface de la Lune . Deux sorties extravéhiculaires sont programmées contre une seule pour Apollo 11. Enfin il est prévu que le trajet de retour vers la Terre inclue des manœuvres[4].

  • Instruments de l'ALSEP
  • MagnĂ©tomètre LSM
    Magnétomètre LSM
  • Sismomètre passif PSE
    Sismomètre passif PSE
  • Spectromètre vent solaire SWS
    Spectromètre vent solaire SWS
  • DĂ©tecteur ions suprathermique SIDE et jauge cathodique froide CCIG
    DĂ©tecteur ions suprathermique SIDE et jauge cathodique froide CCIG

Équipage

Conrad et Bean Ă  l'entrainement dans le simulateur du module lunaire.

Le , la NASA annonce la composition de l'équipage de la mission Apollo 12. Les trois membres sont d'anciens pilotes de la Marine de guerre américaine et avaient été retenus auparavant comme équipage de remplacement pour la mission Apollo 9[5] :

  • Pete Conrad, commandant de la mission, est un vĂ©tĂ©ran : il a dĂ©jĂ  volĂ© Ă  deux reprises lors des missions Gemini 5 et Gemini 11. Il participera par la suite Ă  la mission Skylab 2. En tant que commandant, il fait partie des deux membres d'Ă©quipage qui doivent se poser sur la Lune ;
  • Richard Gordon, qui a une mission Ă  son actif (Gemini 11), est le pilote du module de commande, seul membre de l'Ă©quipage qui ne se posera pas sur la Lune ;
  • Alan Bean, qui n'a jamais volĂ©, pilotera le module lunaire. Il sera par la suite l'un des trois membres d'Ă©quipage de la mission Skylab 3.

L'équipe suppléante, chargée de remplacer un ou plusieurs membres de l'équipage titulaire en cas de défaillance (maladie...) est l’équipage du futur Apollo 15. Il est constitué de David Scott (Gemini 8, Apollo 9, Apollo 15) commandant suppléant et Alfred Worden (Apollo 15) pilote du module de commande suppléant et James Irwin (Apollo 15) : pilote du module lunaire. Au sol, une équipe, traditionnellement composée d'astronautes, assure la liaison avec l'équipage en vol tout au long de la mission. Il s'agit de Gerald Carr, Edward Gibson et Paul Weitz. Enfin la direction des opérations en vol est assurée à tour de rôle par quatre équipes associées chacune à un code couleur (or, orange, vert, marron) et dirigées par Gerald Griffin (or), Pete Frank (orange), Cliff Charlesworth (vert) et Milton Windler (marron).

Préparation de la mission

Les membres de l'équipage qui doivent atterrir sur la Lune (Conrad et Bean) reçoivent un entrainement poussé dans le domaine de la prospection géologique. Plus de 200 heures sont passées sur le terrain, notamment dans les champs volcaniques d’Hawaï. Les astronautes apprennent les principes de base de la prospection géologique et s'entraînent à identifier les roches et à réaliser une documentation photographique exploitable des sites étudiés. Les géologues qui les entraînent sont très satisfaits des résultats obtenus. Les expériences scientifiques sont acheminées au Centre spatial Kennedy, en Floride, dès . Le vaisseau spatial et le lanceur Saturn V sont assemblés dans le Vehicle Assembly Building (VAB) le 1er juillet. L'ensemble rejoint le pas de tir du complexe de lancement 39A le . Les préparatifs se déroulent sans incidents et conformément au calendrier préétabli[6].

DĂ©roulement de la mission

Décollage de la fusée Saturn V emportant la mission Apollo 12.

DĂ©collage

Au matin du , jour prĂ©vu du dĂ©collage, le radar mĂ©tĂ©orologique montre un front froid, situĂ© Ă  130 kilomètres au nord de la base de lancement et progressant vers le sud, accompagnĂ© d'averses. La mĂ©tĂ©o prĂ©voit bien de la pluie, des nuages, un plafond nuageux bas Ă  3 000 mètres d'altitude Ă  l'heure du dĂ©collage mais aucun orage ni vent fort. Si ces conditions mĂ©tĂ©orologiques ne sont pas idĂ©ales, elles restent acceptables et le responsable du lancement confirme l'heure du dĂ©collage. Une heure vingt minutes avant celui-ci, la pompe chargĂ©e de remplir les rĂ©servoirs d'oxygène tombe en panne mais une pompe de secours prend le relais et les prĂ©paratifs peuvent se poursuivre. La fusĂ©e Saturn V emportant le vaisseau Apollo 12 dĂ©colle du Centre spatial Kennedy. Après une seule interruption du compte Ă  rebours Ă  30 secondes du lancement Ă  cause d'un problème technique mineur, la fusĂ©e Saturn V dĂ©colle du Ă  11 h 22 heure locale (16h22TU). Le prĂ©sident Richard Nixon et 3 000 invitĂ©s assistent au lancement. C'est la première fois — et la seule — qu'un prĂ©sident des États-Unis assiste au dĂ©collage d'une mission du programme Apollo. De très nombreux touristes ont Ă©galement fait le dĂ©placement[7].

Foudroiement du lanceur

Le lanceur Saturn V s'Ă©lève progressivement mais 36,5 secondes après le lancement, peu avant de pĂ©nĂ©trer dans la couche nuageuse, il est frappĂ© par la foudre. Dans le module de commande et de service Apollo, Yankee Clipper, les astronautes ne se sont pas rendu compte du phĂ©nomène mais une alarme majeure s'est dĂ©clenchĂ©e[7]. Les instruments s'Ă©teignent et les donnĂ©es tĂ©lĂ©mĂ©triques que le lanceur transmet au centre de contrĂ´le ne s'affichent plus durant quelques secondes. Ă€ bord du vaisseau, le pupitre affichant les alarmes indique que la centrale Ă  inertie est dĂ©salignĂ©e et que les piles Ă  combustible, qui produisent le courant Ă©lectrique, ne fonctionnent plus. La foudre frappe une deuxième fois la fusĂ©e 52 secondes après le lancement. Lorsque le système se rĂ©tablit, les donnĂ©es sont altĂ©rĂ©es et renvoient des informations probablement incomplètes et inexactes. John Aaron, responsable au contrĂ´le au sol des systèmes Ă©lectriques, tente de comprendre l'origine de cette anomalie particulièrement grave. Se souvenant d'un incident similaire survenu un an auparavant durant des tests, il comprend que le problème d'affichage est dĂ» Ă  un dysfonctionnement du SCE (Signal Conditioning Equipment), chargĂ© de convertir les donnĂ©es brutes en donnĂ©es utilisables par les indicateurs du vaisseau et au sol[8]. Cet Ă©quipement a cessĂ© de fonctionner en raison de la surtension provoquĂ©e par la foudre[9]. Il suggère au responsable du contrĂ´le au sol de basculer le SCE sur alimentation auxiliaire afin de relancer ce système. Ces manipulations paraissent obscures au directeur de vol et aux capcoms chargĂ©s de relayer l'information Ă  l'Ă©quipage. Mais le pilote du module lunaire, Al Bean, actionne l'interrupteur du SCE sur son panneau de commandes, ce qui supprime le dysfonctionnement comme l'avait prĂ©vu Aaron. Les seules consĂ©quences de l'incident sont la perte de neuf capteurs installĂ©s Ă  l'extĂ©rieur du module de commande qui ne jouent aucun rĂ´le crucial et le dĂ©salignement de la centrale Ă  inertie. Ce retour Ă  la normale se produit alors que le deuxième Ă©tage prend le relais du premier Ă©tage qui est larguĂ©. Les deuxième et troisième Ă©tages fonctionnent de manière optimale et le vaisseau se place sur une orbite d'attente autour de la Terre Ă  basse altitude. L'injection sur la trajectoire qui doit conduire l'Ă©quipage sur le sol lunaire doit impĂ©rativement ĂŞtre effectuĂ©e avant que le vaisseau ait bouclĂ© trois orbites autour de la Terre. L'Ă©quipage est sous pression car, pour que cette manĹ“uvre puisse ĂŞtre effectuĂ©e, la centrale Ă  inertie doit ĂŞtre rĂ©alignĂ©e et tous les systèmes jouant un rĂ´le critique dans la suite de la mission doivent ĂŞtre vĂ©rifiĂ©s au cas oĂą le foudroiement aurait eu des consĂ©quences non dĂ©tectĂ©es. Toutes ces opĂ©rations sont menĂ©es Ă  bien sans problème et Houston donne son feu vert pour la manĹ“uvre d'injection sur une trajectoire lunaire (Trans Lunar Injection, TLI). Celle-ci est dĂ©clenchĂ©e alors que le vaisseau a bouclĂ© un tour et demi autour de la Terre. Le troisième Ă©tage (S-IVB) est mis Ă  feu et le vaisseau quitte l'orbite terrestre pour prendre la direction de la Lune[7].

Transit entre la Terre et la Lune

Trois heures et demi après le dĂ©collage, l'Ă©quipage effectue la manĹ“uvre destinĂ©e Ă  amarrer le module lunaire Apollo Intrepid au module de commande et de service Apollo Yankee Clipper dans lequel se trouvent les astronautes. L'Ă©tage S-IVB est d'abord larguĂ©, puis le module de commande se retourne et s'amarre au module lunaire solidaire de l'Ă©tage S-IV. Enfin, ce dernier est larguĂ©. Durant le transit entre la Terre et la Lune, qui dure trois jours et demi, le vaisseau effectue une seule correction de trajectoire en utilisant sa propulsion durant 9,2 secondes. 83 heures et demi après le dĂ©collage, Conrad dĂ©clenche la manĹ“uvre qui rĂ©duit la vitesse du vaisseau afin de l'insĂ©rer en orbite elliptique autour de la Lune, la propulsion fonctionnera durant 6 minutes pour accomplir cette modification[7].

Atterrissage sur la Lune

Cinq heures après l'insertion en orbite, le moteur-fusĂ©e du module de commande et de service Apollo est de nouveau utilisĂ© pour circulariser l'orbite Ă  111 kilomètres d'altitude. Au cours des orbites suivantes, des photographies du futur site d'atterrissage d'Apollo 13 (Fra Mauro) sont prises. Alors que l'Ă©quipage entame son quatrième jour Ă  bord du vaisseau, Bean et Conrad pĂ©nètrent dans le module lunaire Intrepid et le prĂ©parent pour la descente vers le sol lunaire en vĂ©rifiant son fonctionnement et en initialisant le système de guidage. Gordon, qui doit rester Ă  bord du module de commande, modifie l'orientation du vaisseau puis les verrous du système d'amarrage solidarisant les deux modules sont libĂ©rĂ©s et les petits propulseurs de Yankee Clipper sont mis Ă  contribution pour l'Ă©carter d'Intreprid. Alors que les deux vaisseaux sont en train de boucler leur treizième orbite et survolent la face cachĂ©e de la Lune, le système de guidage d'Intrepid allume le moteur du module lunaire durant 29 secondes de manière Ă  modifier le pĂ©rigĂ©e de l'orbite Ă  15 kilomètres au-dessus du sol lunaire. Lorsque le module lunaire survole le nord de Mare Nectaris, Conrad rĂ©oriente le LM pour en aligner le moteur sur la direction du dĂ©placement, puis allume ce dernier pour amorcer la phase de freinage qui doit amener Intrepid sur le sol lunaire. Sept minutes plus tard, alors que le module lunaire est pratiquement arrivĂ© Ă  destination, le système de guidage redresse celui-ci, ce qui permet aux astronautes d'observer pour la première fois la surface de la Lune. L'Ă©quipage a prĂ©vu d'identifier le site d'atterrissage en repĂ©rant une forme dessinĂ©e par plusieurs cratères et baptisĂ©e Snowman (bonhomme de neige). Dès le premier coup d'Ĺ“il jetĂ© Ă  la surface, Conrad repère la formation visĂ©e[7].

Le système de pilotage automatique particulièrement performant amène le module lunaire Apollo Ă  moins de 40 mètres de Surveyor 3. Toutefois, Conrad, estimant qu'Ă  cette distance la poussière soulevĂ©e pourrait ĂŞtre Ă©jectĂ©e sur la sonde spatiale, reprend brièvement les commandes et va poser le vaisseau spatial plus loin. Alors que le module lunaire n'est plus qu'Ă  30 mètres du sol, les moteurs-fusĂ©es soulèvent un Ă©pais nuage de poussière qui Ă  partir de 15 mètres d'altitude masque complètement le sol. C'est donc Ă  l'aveugle que Conrad pose le module lunaire Ă  6 h 54 min (TU) le . Conrad sait qu'il ne s'est pas posĂ© très loin de Surveyor 3 mais il ne voit pas la sonde spatiale depuis le hublot. Gordon, qui survole peu après le site Ă  bord du module de commande, repère les deux engins et, grâce Ă  son sextant, dĂ©termine que le module lunaire s'est posĂ© Ă  un tiers de diamètre du cratère dans lequel Surveyor 3 est situĂ©. Après la mission on mesurera que le module est situĂ© sur le bord nord-ouest du cratère Ă  163 mètres de la sonde spatiale Surveyor 3. Le site d'atterrissage est baptisĂ© Statio Cognitum[Note 1]. Alors que Neil Armstrong Ă  bord du module lunaire de la mission Apollo 11 avait fait un atterrissage Ă  plus de 7 kilomètres de l'endroit visĂ© en prenant en charge le pilotage sur toute la phase finale, le module lunaire d'Apollo 12 rĂ©ussit un atterrissage parfait pratiquement sans intervention du pilote[7].

Cette photo prise par l'orbiteur LRO en 2009 montre les différents modules et équipements laissés sur la Lune par la mission Apollo 12 ainsi que les points de passage de Bean et Conrad lors de leurs deux sorties extravéhiculaires.

Premiers pas sur le sol lunaire

Bean descend du module lunaire.
Conrad, à côté du drapeau américain, sur la Lune.
Conrad installe les instruments de l'ALSEP (première sortie extravéhiculaire).
Conrad, à côté de Surveyor 3. On aperçoit le module lunaire en arrière-plan (deuxième sortie extravéhiculaire).

Après avoir vĂ©rifiĂ© le fonctionnement des diffĂ©rents systèmes du module lunaire, Bean et Conrad dĂ©crivent la surface lunaire qu'ils peuvent apercevoir Ă  travers les hublots. Le terrain ondulĂ© est criblĂ© de cratères dont la taille s'Ă©chelonne entre un et cent mètres de diamètre. Les cratères les plus importants sont bordĂ©s de rochers de grande taille. Par ailleurs, de nombreux rochers, atteignant 6 mètres et aux facettes saillantes et non arrondies, parsèment le site. Juste devant le LM, Bean distingue dans le sol lunaire des craquelures parallèles d'environ 3 centimètres de profondeur. L'Ă©quipage ne parvient pas Ă  distinguer de couleur : tout paraĂ®t uniformĂ©ment blanc et brillant. Cinq heures et demi après l'atterrissage, Conrad ouvre l'Ă©coutille, se faufile Ă  l'extĂ©rieur et descend l'Ă©chelle fixĂ©e au flanc du module lunaire. Alors qu'il s'apprĂŞte Ă  poser le pied sur le sol, il se fend d'une remarque humoristique : « Mon vieux c'Ă©tait peut-ĂŞtre un petit pas pour Neil mais, pour moi, c'en est un grand ! », faisant allusion Ă  la phrase cĂ©lèbre prononcĂ©e par Neil Armstrong dans les mĂŞmes circonstances (« C'est un petit pas pour [un] homme, [mais] un bond de gĂ©ant pour l'humanitĂ© ») et Ă  sa taille modeste (Conrad, avec son mètre 68 Ă©tait un des plus petits astronautes de l'Ă©poque alors que Neil Armstrong mesurait 1,83 mètre)[7].

Première sortie extravéhiculaire

Une fois au sol, Conrad fait un tour d'horizon et aperçoit immédiatement Surveyor 3 toute proche. Il constate que le site est recouvert d'une couche de fine poussière beaucoup plus épaisse que prévu. Il ramasse immédiatement des échantillons de roche au cas où un décollage en catastrophe devrait être effectué. Cette tâche accomplie, il est rejoint par Bean qui apporte une caméra de télévision en couleurs et l'installe sur un pied pour qu'elle filme leur sortie extravéhiculaire. Quelques minutes plus tard, le centre de contrôle à Houston leur signale que la caméra ne renvoie aucune image. Après plusieurs essais, les astronautes renoncent à la faire fonctionner. C'est une déception mais la caméra ne jouait pas un rôle majeur dans la mission. Un diagnostic effectué après la mission permettra de découvrir que le tube de la caméra avait été endommagé par une exposition à une source lumineuse trop vive. Bean a dû, sans s'en rendre compte, pointer l'objectif vers le Soleil ou vers sa lumière réfléchie par le module lunaire. Conrad et Bean s'attellent à leurs autres tâches et s'amusent manifestement beaucoup : Conrad glousse et fredonne pendant qu'il examine le module lunaire, recueille et photographie des échantillons de roche et décrit le paysage environnant[7].

Le premier objectif de cette sortie extravĂ©hiculaire est de dĂ©ployer l'ensemble instrumental ALSEP. Conrad et Bean dĂ©cident d'installer les instruments scientifiques Ă  130 mètres du LM et s'y emploient sans rencontrer de difficultĂ©s. En revenant vers Intrepid, ils recueillent et documentent de nouveaux Ă©chantillons de roches lunaires et Bean collecte un Ă©chantillon de sol lunaire dans un tube creux. Quatre heures après le dĂ©but de la sortie, les deux astronautes rĂ©intègrent le module lunaire après avoir tentĂ© de dĂ©poussiĂ©rer leur combinaison spatiale. Après une rapide Ă©valuation avec le centre de contrĂ´le des tâches effectuĂ©es ainsi qu'une discussion sur le dĂ©roulement de la journĂ©e suivante, Conrad et Bean dĂ©ploient leurs hamacs et entament une pĂ©riode de sommeil. Pendant leur repos, les gĂ©ologues Ă©tudient plusieurs scĂ©narios d'exploration pour la journĂ©e du lendemain puis mettent au point le scĂ©nario de la deuxième sortie extravĂ©hiculaire[7].

Deuxième sortie extravéhiculaire

Au rĂ©veil, Conrad et Bean, Ă  qui on a communiquĂ© les plans Ă©tablis par les gĂ©ologues, en discutent avec le centre de contrĂ´le Ă  la lumière de leur sortie de la veille. Ils enfilent et vĂ©rifient leur combinaison spatiale puis font le vide dans le module lunaire, ouvrent l'Ă©coutille et descendent sur le sol pour entamer leur deuxième sortie extravĂ©hiculaire. Au cours des quatre heures de cette excursion sur le sol lunaire, ils parcourent plus d'un kilomètre en suivant un tracĂ© reportĂ© sur une photographie Ă  grande Ă©chelle tout en Ă©changeant constamment entre eux et avec le centre de contrĂ´le. Ă€ Houston, les gĂ©ologues suivent leur parcours. Les commentaires des astronautes servent Ă  documenter les Ă©chantillons collectĂ©s. Dans cette rĂ©gion de la Lune pratiquement dĂ©pourvue de formation gĂ©ologique distinctive, la sĂ©lection des roches est un exercice difficile. Il n'est pas facile de distinguer les couleurs et les textures et les astronautes tendent Ă  utiliser des termes non scientifiques pour dĂ©crire ce qu'ils voient, sans doute pour Ă©viter d'employer des termes gĂ©ologiques Ă  mauvais escient. ArrivĂ© au niveau d'un cratère baptisĂ© Head, Conrad, Ă  la demande du centre de contrĂ´le Ă  Houston, dĂ©loge une roche de taille moyenne et la pousse dans la pente du cratère. Cette opĂ©ration permet de vĂ©rifier que le sismomètre (un des instruments de l'ALSEP), installĂ© Ă  70 mètres de lĂ , dĂ©tecte ce dĂ©placement. Près des cratères Bench et Sharp, plusieurs roches sont collectĂ©es parce qu'il pourrait s'agir de fragments de socle rocheux Ă©jectĂ©s par l'impact Ă  l'origine de ces cratères[7].

Deux heures après le début de la sortie, les astronautes se trouvent au bord du cratère dans lequel repose Surveyor 3. La pente est beaucoup moins raide qu'ils ne l'avaient estimé la veille car les ombres plus longues tendaient alors à accentuer les reliefs. Ils descendent au fond du cratère puis, après s'être approchés de la sonde, prennent des photographies des traces laissées par le souffle des moteurs-fusées et des tranchées creusées par la petite pelleteuse de Surveyor 3. Ces images seront plus tard comparées à celles prises par Surveyor 3 durant sa phase d'activité. Surveyor 3 est le premier et restera le seul objet d'origine humaine examiné par un équipage durant les missions Apollo, et son étude constitue le point d'orgue de la mission de Bean et Conrad. Les deux astronautes constatent d'emblée que la sonde spatiale, blanche à l'origine, est désormais de couleur marron. Toutefois, ayant passé la main sur sa surface, ils constatent qu'il s'agit simplement d'un dépôt de poussière lunaire. Ils démontent la caméra de télévision de Surveyor 3, découpent quelques segments de câble électrique et de la structure tubulaire ainsi que la petite pelle. Ces pièces seront ramenées sur Terre pour analyse au Jet Propulsion Laboratory. Ils se déplacent ensuite vers un autre petit cratère et prélèvent quelques échantillons de roche supplémentaires avant de revenir vers le module lunaire. Les deux hommes réintègrent l'habitacle après la sortie qui a duré 3 heures 59[7].

Bean et Conrad ne se sentent pas fatiguĂ©s. Il reste 40 % d'oxygène dans leur rĂ©servoir individuel et ils ont dĂ©pensĂ© 10 % d'Ă©nergie de moins que prĂ©vu. Bean suggère qu'il aurait aimĂ© pouvoir boire un peu d'eau durant la sortie. Les deux hommes sont couverts de poussière et Conrad annonce en plaisantant au centre de contrĂ´le de Houston qu'ils ressemblent Ă  deux mineurs de retour de la mine de charbon mais qu'ils sont heureux. Il reste environ 6 heures avant le dĂ©collage. L'habitacle est dĂ©pressurisĂ© une dernière fois pour Ă©vacuer sur le sol lunaire les Ă©quipements dĂ©sormais inutiles afin d'allĂ©ger au maximum l'Ă©tage de remontĂ©e. Les astronautes rangent soigneusement les 34 kg de roches lunaires collectĂ©s ainsi que la camĂ©ra de tĂ©lĂ©vision dĂ©fectueuse[7].

Retour en orbite lunaire

Le module lunaire Apollo Intrepid décolle sans encombre, abandonnant au sol l'étage de descente. Sur celui-ci, une plaque fixée au train d'atterrissage et représentant la Terre, porte (en acier poli inoxydable sur acier brossé) les inscriptions : APOLLO 12, 1969, ainsi que les noms et signatures des astronautes. Une heure et demie plus tard le module lunaire est en vue du module de commande et de service Apollo avec lequel il a rendez-vous. Lorsque le LM se retrouve en apesanteur à l'issue de la phase propulsée, la poussière lunaire dont les deux hommes n'ont pu se débarrasser se met à flotter dans la cabine. Après l'amarrage des deux vaisseaux, les deux hommes tentent, sans grand succès, d'enlever la poussière qui souille leurs vêtements et les affaires à ramener dans le module de commande pour éviter de contaminer ce dernier. Malgré tous leurs efforts, une quantité notable de poussière lunaire pénètre dans le module de commande et les filtres du système de purification d'air n'en viendront pas à bout[7].

Les Ă©coutilles entre le module lunaire Apollo Intrepid et le module de commande et de service Apollo sont refermĂ©es et le module lunaire larguĂ©. Pour recueillir des informations sur la structure interne de la Lune grâce au sismomètre, le centre de contrĂ´le tĂ©lĂ©commande les propulseurs du module lunaire, dĂ©sormais vide, pour le faire dĂ©crocher de son orbite et s'Ă©craser sur le sol lunaire. Intrepid s'Ă©crase sur la Lune Ă  la vitesse de 1,67 km/s Ă  environ 76 kilomètres Ă  l'est-sud-est du sismomètre installĂ© par l'Ă©quipage d'Apollo 12 (le Ă  3° 56′ N, 21° 12′ O). Ă€ la grande surprise des gĂ©ologues, qui n'avaient jamais observĂ© un tel phĂ©nomène sur Terre, le sismomètre enregistre durant près d'une heure les ondes sismiques produites par l'impact. Yankee Clipper boucle encore onze orbites autour de la Lune, durant lesquelles sont prises des photographies des futurs sites d'atterrissage d'Apollo 14 et 15, avant d'allumer la propulsion pour quitter l'orbite lunaire et entamer le voyage de retour vers la Terre qui doit durer trois jours[7].

Retour sur Terre

Amerrissage d'Apollo 12.

Le Yankee Clipper amerrit dans l'ocĂ©an Pacifique le , Ă  20 h 58 min UTC Ă  environ 800 km des Samoa amĂ©ricaines, 600 kilomètres Ă  l'est de l'Ă®le Pago Pago et Ă  3,5 kilomètres du porte-avions USS Hornet chargĂ© de rĂ©cupĂ©rer Ă  la fois l'Ă©quipage et la capsule. L'amerrissage est particulièrement brutal et, sous le choc, une camĂ©ra de 16 millimètres est dĂ©logĂ©e de son support et frappe violemment Bean, lui ouvrant le front sur 2,5 cm. La blessure, bĂ©nigne, lui valut tout de mĂŞme six points de suture. L'Ă©quipage, puis le module, sont rĂ©cupĂ©rĂ©s par les marins de USS Hornet Ă  l'aide d'hĂ©licoptères[7].

Conclusion

Dès le retour sur Terre de l'Ă©quipage, il est Ă©vident que la mission est une rĂ©ussite complète. Les modifications apportĂ©es Ă  la procĂ©dure de descente du LM vers la surface de la Lune ont parfaitement fonctionnĂ© puisque le module lunaire s'est posĂ© exactement Ă  l'endroit souhaitĂ©, c'est-Ă -dire Ă  proximitĂ© immĂ©diate de Surveyor 3. L'Ă©quipage n'a rencontrĂ© aucune difficultĂ© durant les sorties extravĂ©hiculaires sur le sol lunaire. Toutefois, Bean et Conrad ont tous deux peinĂ© Ă  appliquer les connaissances acquises Ă  l'entrainement dans le domaine de la prospection gĂ©ologique car ils ont Ă©prouvĂ© des difficultĂ©s pour identifier la nature des roches observĂ©es. Ils ont nĂ©anmoins rĂ©ussi Ă  ramener 34 kilogrammes d'Ă©chantillons de roche lunaire, la plupart du temps avec une description du contexte. Les expĂ©riences scientifiques installĂ©es sur le sol lunaire sont toutes opĂ©rationnelles et transmettent des donnĂ©es exploitables sur Terre. Apollo 12 a dĂ©montrĂ© qu'on peut s'attendre Ă  tirer d'importants bĂ©nĂ©fices scientifiques des prochaines missions.

Le Yankee Clipper est aujourd'hui exposé au Virginia Air and Space Center de Hampton. L'USS Hornet est depuis transformé en musée, accessible au public, à Alameda. La caméra de Surveyor 3, récupérée par Apollo 12, réside désormais au National Air and Space Museum[10].

Chronologie de la mission

Chronologie de l'ensemble de la mission[11].
Temps écoulé Date/heure (UTC) Événement Remarques
0 h 0 14/11 Ă  16 h 22DĂ©collage du Centre spatial Kennedy
0 h 0 min 36 sLe lanceur est frappé par un premier éclair
0 h 0 min 52 sLe lanceur est frappé par un deuxième éclair
0 h 11 min 34 sInjection sur une orbite de parking autour de la TerreapogĂ©e : 189,8 km - pĂ©rigĂ©e : 185 km - inclinaison orbitale 32,54°
2 h 47Injection en orbite de transit vers la LuneRallumage du 3e Ă©tage de Saturn V durant six minutes - Delta-V : 3,2 km/s
3 h 18Début du largage du troisième étageManœuvre de retournement et amarrage au module lunaire
30 h 53 23 h 15Correction de trajectoireDelta-V : 19 m/s
83 h 25 3 h 47Insertion en orbite lunairePropulseur principal utilisé durant six minutes
Delta-V : 107 m/s - Orbite 315 x 114 km
87 h 49Abaissement de l'orbite lunaireDelta-V : 32 m/s - Orbite 120 x 101 km
107 h 54SĂ©paration du LEM et du CSM
109 h 23Le module lunaire abaisse son orbiteDelta-V : 22 m/s - Orbite 113 x 16 km
110 h 20Début de descente propulsée vers le sol lunaire
110 h 10 6 h 54Atterrissage du LEM sur la Lune
115 h 32 11 h 32Première sortie extravéhiculaireDurée 3h56
131 h 33 3 h 54 minDeuxième sortie extravéhiculaireDurée 3h49
142 h 4DĂ©collage du LEM de la LunePhase propulsĂ©e 7 minutes. Delta-V : 1,846 km/s - Orbite : 96 x 17 km
145 h 36Amarrage du LEM et du CSM
147 h 59Largage du LEM
172 h 27 20 h 49 minInsertion sur une orbite de retour vers la TerreDelta-V : 921 m/s
244 h 7Largage du module de service
244 h 36 20h58Amerrissage de la capsule Apollo

Données détaillées

Insigne de la mission

L'insigne de la mission Apollo 12 évoque l'origine des membres d'équipage : l'US Navy. On y voit un bateau à voile se posant sur la Lune, formant une traînée de feu et portant le drapeau des États-Unis en guise de pavillon. Le nom de la mission, « APOLLO XII » et celui des membres sont inscrits en bleu sur une large bordure dorée, avec un liseré bleu. Le bleu et l'or sont les couleurs traditionnelles de l'US Navy. On peut distinguer quatre étoiles dans l'arrière-plan, une pour chaque astronaute, et une en l'honneur de Clifton Williams, qui décéda le après une défaillance de son T-38. Il faisait partie de l'équipage suppléant d'Apollo 9 et aurait probablement été aux commandes du module lunaire pour Apollo 12.

Anecdotes

  • Alan Bean avait acquis dans le commerce un retardateur pour l'appareil photographique utilisĂ© durant la sortie extravĂ©hiculaire sur le sol lunaire afin de pouvoir se prendre en photo avec Conrad devant la sonde spatiale Surveyor 3. Ce retardateur avait Ă©tĂ© embarquĂ© de manière clandestine dans le vaisseau : Bean craignait que la photographie rĂ©alisĂ©e soit dĂ©truite Ă  la suite du dĂ©briefing par les analystes Ă  cause de la mĂ©thode mise en Ĺ“uvre. Mais, une fois sur la Lune, Bean oublia qu'il avait rangĂ© le retardateur dans un sac destinĂ© Ă  recevoir les Ă©chantillons de roches lunaires. Lorsqu'il voulut l'utiliser durant la sortie extravĂ©hiculaire, il ne le trouva pas. Il dĂ©couvrit le retardateur enfoui sous les Ă©chantillons de roches Ă  la fin de la sortie en vidant celui-ci dans le conteneur destinĂ© au stockage des roches lunaires[12].
  • L'Ă©quipage supplĂ©ant d'Apollo 12 avait insĂ©rĂ©, dans les check-lists des astronautes attachĂ©es aux poignets de leur combinaison durant les sorties extravĂ©hiculaires, des photos extraites du magazine Playboy, ce qui en fit les premières images Ă©rotiques sur la Lune[13] Les checklists contenaient Ă©galement, Ă  la fin, des termes de topographie complexes, afin de rĂ©aliser un rapport aussi ampoulĂ© que possible et de jeter la confusion dans les Ă©quipes au sol chargĂ©es d'assister l'Ă©quipage durant sa sortie extravĂ©hiculaire. Des petits dessins, mettant en scène les astronautes et leur vaisseau (celui-ci porte le sigle « USA », avec un « S » retournĂ©, par analogie avec la lettre cyrillique « ĐŻ ») ont Ă©galement Ă©tĂ© introduits[13].

Les tribulations du troisième étage du lanceur Saturn V

Après avoir injecté le vaisseau spatial Apollo 12 sur sa trajectoire vers la Lune, il est prévu que l'étage S-IVB utilise le carburant restant pour modifier sa trajectoire et se placer sur une orbite héliocentrique afin de ne pas interférer avec la mission. Mais il ne reste plus suffisamment d'ergols dans les réservoirs pour effectuer une manœuvre qui l'écarte définitivement du système Terre-Lune. Après avoir bouclé une orbite autour de la Terre, il passe près de la Lune le , puis se retrouve sur une orbite héliocentrique en 1971. Mais celle-ci n'est pas stable et il se retrouve brièvement sur une orbite terrestre haute trente et un ans plus tard en 2002 : il est découvert par l'astronome amateur Bill Yeung qui, croyant avoir identifié un nouvel astéroïde, lui donne la dénomination temporaire J002E3. On découvre par la suite qu'il s'agit de l'étage S-IVB. Celui-ci quitte peu après l'orbite terrestre pour une orbite héliocentrique, mais il devrait à nouveau être capturé par la Terre vers 2040.

Notes et références

Notes

  1. Pete Conrad avait proposé de le baptiser « Pete's Parking Lot (place de parking de Pete) ».
  2. Yankee Clipper et Intrepid sont deux bateaux de l'US Navy.

Références

  1. W. David Compton, op. cit., FIRST PHASE OF LUNAR EXPLORATION COMPLETED:Personnel and Program Changes
  2. (en) W. David Compton, Where No Man Has Gone Before : A History of Apollo Lunar Exploration Missions, (lire en ligne), chap. 10-3 (« Lunar expeditions begins : Selecting Sites for Exploration »)
  3. (en) W. David Compton, Where No Man Has Gone Before : A History of Apollo Lunar Exploration Missions, (lire en ligne), chap. 10-5 (« Lunar expeditions begins : Target : Surveyor III »)
  4. (en) W. David Compton, Where No Man Has Gone Before : A History of Apollo Lunar Exploration Missions, (lire en ligne), chap. 10-6 (« Lunar expeditions begins : Firming Up Plans for Apollo 12 »)
  5. (en) W. David Compton, Where No Man Has Gone Before : A History of Apollo Lunar Exploration Missions, (lire en ligne), chap. 10-4 (« Lunar expeditions begins : Preparations for the Second Mission : »)
  6. (en) W. David Compton, Where No Man Has Gone Before : A History of Apollo Lunar Exploration Missions, (lire en ligne), chap. 10-8 (« Lunar expeditions begins : Preparations for the Next Mission »)
  7. (en) W. David Compton, Where No Man Has Gone Before : A History of Apollo Lunar Exploration Missions, (lire en ligne), chap. 11-2 (« First phase of lunar exploration completed : Intrepid Seeks Out Surveyor III »)
  8. (en) ApolloSaturn.com.
  9. (en) NASA : Flight control in the Apollo program.
  10. Air and Space Museum
  11. Apollo The definitive Sourcebook, p. 327-360 op. cit.
  12. (en) « Surveyor Crater and Surveyor III », sur Apollo 12 Lunar Surface Journal, NASA (consulté le )
  13. (en) NASA : Lunar Surface Journal.

Voir aussi

Bibliographie

Documents de la NASA
  • (en) NASA, Apollo 12 press kit, (lire en ligne)
    Dossier de présentation à la presse de la mission Apollo 12 .
  • (en) NASA - Centre spatial Johnson, Apollo 12 mission report, (lire en ligne)
    Rapport officiel de la mission Apollo 12.
  • (en) NASA - Centre spatial Johnson, Apollo 12 Preliminary Science Report, (lire en ligne)
    Rapport scientifique préliminaire de la mission Apollo 17 (document NASA n° SP-330).
Ouvrages de la NASA
  • (en) Eric M. Jones et Ken Glover, « Apollo 12 surface journal », sur Apollo Surface Journal, NASA
    Portail regroupant l'ensemble des documents officiels disponibles sur le déroulement de la mission Apollo 12 à la surface de la Lune ainsi que la transcription des échanges radios.
  • (en) David Woods et Lennox J. Waugh, « The Apollo 12 Flight Journal », sur Apollo Flight Journal, NASA,
    Déroulement de la mission Apollo 12 durant les phases de vol : transcription des échanges radios associée à des explications de spécialistes.
  • (en) W. David Compton, Where No Man Has Gone Before : A History of Apollo Lunar Exploration Missions, (lire en ligne)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Histoire du projet scientifique associé au programme Apollo (document NASA n° Special Publication-4214).
Autres ouvrages
  • (en) W David Woods, How Apollo flew to the Moon, New York Chichester, U.K, Springer Verlag Published in association with Praxis Pub, , 412 p. (ISBN 978-0-387-71675-6, OCLC 154711858, BNF 41068536, LCCN 2007932412)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
    Déroulement détaillé d'une mission lunaire Apollo.
  • (en) David M Harland, Exploring the moon The Apollo Expeditions, Chichester, Springer Praxis, coll. « space exploration », , 2e Ă©d., 403 p. (ISBN 978-0-387-74638-8 et 978-0-387-74641-8, OCLC 233971448, BNF 41150292, LCCN 2007939116, prĂ©sentation en ligne)
    Déroulement détaillé des séjours lunaires des missions Apollo avec nombreuses illustrations, contexte géologique détaillé et quelques développements sur les missions robotiques de cette période.
  • (en) David M Harland et Richard W. Orloff, Apollo : The Definitive Sourcebook, Springer Praxis, , 633 p. (ISBN 978-0-387-30043-6, LCCN 2005936334)
    Ouvrage de référence des principaux faits et dates des missions Apollo.
  • (en) Richard W. Orloff (NASA), Apollo by the numbers : A Statistical Reference, Washington, National Aeronautics and Space Administration, 2000-2004 (ISBN 978-0-16-050631-4, OCLC 44775012, LCCN 00061677, lire en ligne).
    Un grand nombre de statistiques sur le programme Apollo, mesures anglo-saxonnes (NASA SP-2000-4029)

Articles connexes

Liens externes

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