Antoine Redier (Ă©crivain)
Antoine Redier, né le à Meudon et mort le à Hauteville-sur-Mer[1], est un écrivain, essayiste, romancier et journaliste français et catholique.
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DĂ©cĂšs |
(Ă 82 ans) Hauteville-sur-Mer |
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Antoine Jean Louis Redier |
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Marie LĂ©onie Vanhoutte (en) (de Ă ) |
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Distinctions |
Prix Montyon ( et ) Prix Jules-Davaine () |
On lui doit de nombreux romans tels que MĂ©ditations dans la tranchĂ©e ou la Guerre des femmes, tous deux couronnĂ©s par l'AcadĂ©mie française. Il fit partie du monde de l'Ă©dition, Ă©diteur dans la petite maison d'Ă©dition d'Alexis Redier, et dirigea longtemps une revue littĂ©raire hebdomadaire parisienne, La Revue française, de 1908 Ă sa disparition vers 1933. Il eut une activitĂ© politique dans les annĂ©es 1900 et 1920 : il milita pour la droite catholique avant la PremiĂšre Guerre mondiale puis au sein de l'extrĂȘme droite nationaliste aprĂšs.
Biographie
Antoine-Jean-Louis Redier est né à Meudon en 1873. Il est l'aßné de huit enfants, fruits de l'union de Jean Redier (fils de l'horloger et inventeur Antoine Redier) et de son épouse Anna Thubert.
Redier s'engage tout d'abord Ă l'Action libĂ©rale populaire (ALP), un parti rĂ©publicain mais clĂ©rical, vouĂ© Ă la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts et des valeurs de lâĂglise catholique. En 1906, alors qu'il dirige Ă GuĂ©ret Le Messager de la Creuse tout en collaborant au Correspondant[2], il se prĂ©sente aux Ă©lections lĂ©gislatives : avec 2 380 voix, il arrive en troisiĂšme position derriĂšre les radicaux rivaux Berton (2 911 voix) et Defumade (17.057)[3]. En , il est Ă©lu conseiller municipal de GuĂ©ret. InvalidĂ©, il est rĂ©Ă©lu au mois de septembre suivant[4].
De retour à Paris en 1908, il prend la direction d'une revue littéraire, La Revue française. C'est une revue de droite s'adressant à la bourgeoisie catholique, fondée trois ans plus tÎt par Louis Dausset, ancien secrétaire général de la Ligue de la patrie française[5].
Ayant pris part à la PremiÚre Guerre mondiale comme lieutenant d'infanterie de réserve affecté au service d'information rattaché au Grand quartier général, il est décoré de la Légion d'honneur en 1919[6] et de la croix de guerre[7].
La Revue française qu'il dirige reparait aprÚs la PremiÚre Guerre mondiale, en 1921. Il y publie une chronique, intitulée Courrier de Paris[8].
Membre du comité de l'Association des écrivains combattants[9] et du comité directeur de la Ligue des chefs de section de Binet-Valmer[10], président d'une section parisienne de la Ligue des patriotes[11], il tente de créer avec Pierre Fournier une autre association de vétérans en 1922. Intitulée « Légion des combattants français », elle est conçue comme un « organe de représentation » des anciens combattants, notamment auprÚs de ses homologues de l'American Legion et de la British Legion. Cette « Légion française », qui prétend regrouper l'ensemble des organisations d'anciens combattants, dont l'Union nationale des combattants (UNC) et l'Union fédérale des mutilés (UF), est cependant ùprement critiquée par le dirigeant de cette derniÚre fédération, Henri Pichot, qui y voit plutÎt une nouvelle cause de divisions[12].
Catholique et conservateur, Redier manifeste des opinions antimaçonniques. Selon Roger MennevĂ©e, il aurait notamment fait partie d'un « comitĂ© d'Ă©tudes des questions maçonniques » actif Ă la veille des Ă©lections lĂ©gislatives de 1924, aux cĂŽtĂ©s de personnalitĂ©s de droite telles que l'abbĂ© Bergey, le gĂ©nĂ©ral de Castelnau, Louis Guibal, le comte Jean de Leusse, Jacques Marcellot, le docteur Oberkirch, Henry Reverdy et le comte Ădouard de Warren[13].
Au lendemain de la victoire du Cartel des gauches, il fonde en juillet[14] ou août 1924[15] - [16] avec d'autres anciens combattants et dirige une ligue politique nationaliste, anticommuniste et antiparlementaire, La Légion, que des historiens notamment anglo-saxons, considÚrent comme la premiÚre organisation fasciste française. Son petit mouvement fusionne le premier juillet 1925 avec les Jeunesses patriotes[17]. Il devient vice-président de cette ligue dirigée par le député Pierre Taittinger mais il rejoint Le Faisceau de Georges Valois, du fait notamment de son antiparlementarisme intransigeant et quitte les JP au bout de quelques mois[18].
Des membres de la Jeune Droite maurrassienne collaborent à La Revue française dans ses derniÚres années, au début des années 1930. Jean Maxence est alors le rédacteur en chef[19] depuis 1930. Thierry Maulnier et Robert Brasillach y collaborent[20]. La revue est possédée par l'éditeur Alexis Redier, fils d'Antoine (éditions de la Librairie de la revue française)[21].
En 1934, Antoine Redier épouse sa seconde femme - la premiÚre est morte en 1932 à 49 ans[22] - , Marie-Léonie Vanhoutte, héroïne de guerre décorée de la Légion d'honneur qu'il avait évoquée dix ans plus tÎt, aux cÎtés de Louise de Bettignies, dans La Guerre des femmes[7] - [23].
La LĂ©gion
OpposĂ©e au Cartel, son objet est de « rassembler pour une action politique, sous la direction d'anciens combattants de la guerre de 1914, toux ceux qui veulent que la France recueille les fruits de sa victoire »[24]. Visant ouvertement la conquĂȘte du pouvoir, elle prĂŽne la « fermetĂ© Ă l'extĂ©rieur », une « politique d'Ă©conomies et de prĂ©voyance [...] sans doute incompatible avec nos mĆurs parlementaires », le rĂ©tablissement de la religion « au rang qui lui revient dans une sociĂ©tĂ© ordonnĂ©e » ainsi qu'une « rĂ©novation familiale » sous l'autoritĂ© des chefs de famille[24].
Patriarcale, nationaliste, antiparlementaire et conservatrice, la LĂ©gion se situe ainsi clairement Ă l'extrĂȘme droite, mais sa rĂ©fĂ©rence au fascisme italien est ambiguĂ«. En effet, si Redier avoue vouloir « faire le faisceau des nationaux », il nuance aussitĂŽt cette expression : « Nous sommes [...] en France, pas en Italie »[24].
Cette nouvelle ligue, dont l'organisation est entourée de mystÚre, est surtout présente en Savoie, en Bretagne et dans la région lyonnaise[25], ses effectifs étant estimés à 10 000 adhérents[15]. Son journal, édité par Redier, est une feuille hebdomadaire intitulée Le Rassemblement[15].
Le , à la suite de la fusillade de la rue Damrémont au cours de laquelle plusieurs ligueurs nationalistes ont été tués par des militants communistes, la Légion fusionne avec une organisation mieux implantée à Paris, les Jeunesses patriotes (JP). Le délégué général des JP, André de Neufville-Gounelle, devient également celui de la Légion[26].
Redier est Ă la fois le principal orateur de la LĂ©gion et, de lâĂ©tĂ© Ă lâhiver 1925, un des principaux orateurs des JP, prenant la parole dans plusieurs rĂ©unions politiques Ă Paris et en province[27].
Mais le vice-prĂ©sident Redier et plusieurs de ses partisans (comme GuĂ©guen, de Rouen, ou Auguste LajonchĂšre, de Lyon)[15] entrent bientĂŽt en dĂ©saccord avec le prĂ©sident, Taittinger, qu'ils jugent trop modĂ©rĂ©. En dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, ils quittent donc les JP pour rejoindre le Faisceau de Georges Valois[25]. Redier met en avant le fait que Taittinger est un parlementaire pour expliquer sa dĂ©mission. Il a en fait Ă©tĂ© expulsĂ© des JP car il voulait rapprocher les JP du Faisceau de Valois. Cela s'inscrit dans un contexte de lutte entre les ligues nationalistes pour attirer les militants les plus activistes. Le 15 dĂ©cembre 1925, Taittinger officialise lâexclusion de Redier[28] - [29].
Principaux Ă©crits
- Méditations dans la tranchée Couronné du prix Montyon par l'Académie française, 1916
- Pierrette, Roman, 1917
- Le Mariage de Lison, Roman, 1918
- Le Capitaine, Dialogue sur le commandement, 1919
- LĂ©one, Roman, 1920
- La Guerre des femmes, Histoire de Louise de Bettignies et de LĂ©onie Vanhoutte Ă©pouse d'Antoine RĂ©dier[30], couronnĂ© du prix Jules-Davaine par l'AcadĂ©mie Française en 1926 et dont sera tirĂ© le film SĆurs d'armes de LĂ©on Poirier en 1937
- Comme disait M. de Tocqueville, essai, 1925 [lire en ligne]
- La Vraie Vie de St Vincent de Paul, Grasset, 1926
- Mes garçons et vos filles, discussion sur l'éducation, 1927 chez Grasset
- Zita, Princesse de la Paix L'histoire de Zita de Bourbon Parme, librairie de la Revue Française, 1931
- Ce que l'on appelle le monde, essai sur les mĆurs du temps prĂ©sent, 1932
- L'ĂvĂȘque des Anthropophages Vie de Mgr Augouard, 1933
- La Tragédie du Danube, 1935
- L'Angoisse des filles, roman, Plon, 1935
- HélÚne Boucher, jeune fille française, éd. Flammarion, 1935, préface du général Victor Denain, ministre de l'Air, 246 p.
- Les Allemands dans nos maisons, 1937, Flammarion
- Les AumĂŽniers militaires français. Les prĂȘtres chez les soldats depuis Tolbiac. Flammarion, 1940
- Les Cadets de Saumur Ă©diteur Emmanuel Vitte
Bibliographie
- Jean Philippet, Le temps des ligues. Pierre Taittinger et les Jeunesses patriotes 1919-1944, thĂšse de doctorat de lâIEP de Paris, 1999
- Cheryl Koos, Fascism, fatherhood, and the family in interwar France: The case of Antoine Redier and the Legion, Journal of Family History, 24, no 3 (1999), p. 317-329
Notes et références
- Acte de naissance à Meudon, no 102, vue 46/91, avec mentions marginales de eux mariages à Paris 7e en 1909 et à Paris 16e en 1934, et du décÚs à Hauteville-sur-Mer en 1955.
- Le Correspondant, 1907, p. 382.
- Jean El Gammal et Pascal Plas (dir.), Dictionnaire des parlementaires du Limousin sous la TroisiĂšme RĂ©publique, t. I (Creuse), Presses universitaires de Limoges, 2001, p. 39.
- « La Franc-maçonnerie battue », La Croix, 11 septembre 1908, p. 2.
- Jean Philippet, Le temps des ligues. Pierre Taittinger et les Jeunesses patriotes 1919-1944, Ă©ditions du Septentrion, 2001, p. 227-228
- Dossier de la LĂ©gion d'honneur d'Antoine Redier dans la base LĂ©onore
- Le Matin, 20 juillet 1934, p. 2.
- L'Action française, 25 avril 1921
- ComĆdia, 23 juin 1922
- Journal des mutilés et réformés, 19 novembre 1921, p. 1.
- La Liberté, 17 juin 1920, Le Drapeau, 25 novembre 1920
- Henri Pichot, « La Légion française », La France mutilée, bulletin de l'Union fédérale des associations françaises, 30 juillet 1922, p. 2.
- Roger Mennevée, « L'organisation anti-maçonnique en France » (4e article), Documents politiques, diplomatiques et financiers, octobre 1927, p. 382.
- Jean Philippet, op. cit., p. 227
- Allen Douglas, From Fascism to Libertarian Communism : Georges Valois Against the Third Republic, University of California Press, 1992, p. 101-102.
- Jean-Ătienne Dubois, Leçon dâhistoire pour une droite dans lâopposition ? : les mobilisations de droite contre le Cartel des gauches dans la France des annĂ©es Vingt, thĂšse de doctorat, UniversitĂ© Blaise Pascal - Clermont-Ferrand II, 2013, p. 197
- Jean-Ătienne Dubois, op. cit., p. 203
- Jean-Ătienne Dubois, op. cit., p. 259
- Annuaire général des lettres, Paris, 1932, p. 267.
- Ludovic Morel. Thierry Maulnier: de la Jeune Droite rĂ©volutionnaire Ă lâordre Ă©tabli ?, thĂšse de doctorat, UniversitĂ© de Lorraine, 2013, p. 71-74
- Ătienne de Montety, Thierry Maulnier, Perrin, 2013
- Le Figaro, 16 mai 1932, ComĆdia, 18 mai 1932
- Excelsior, 20 juillet 1934
- Antoine Redier, « Lettre ouverte à Louis Latzarus », La Revue hebdomadaire, 18 octobre 1924, p. 365.
- « Le programme politique et social des J.P. », Le Populaire, 26 décembre 1934, p. 1.
- « Un appel des "Jeunesses patriotes" et de "La Légion" », Le Gaulois, 2 juillet 1925, p. 1.
- Jean-Ătienne Dubois, op. cit., p. 586
- Jean-Ătienne Dubois, op. cit., p. 260
- La LibertĂ©, 17 dĂ©cembre 1925, Aux Ă©coutes, 20 dĂ©cembre 1925, LâĂre nouvelle, 22 dĂ©cembre 1925
- La Voix du Nord, .