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AnnobĂłn

Annobón, appelée « Pagalú » pendant quelques années par Francisco Macías Nguema sous sa présidence du pays, est une île de l'État côtier africain de Guinée équatoriale dont elle constitue l'une des sept provinces. C'est l'une des septs principales subdivisions de la Guinée équatoriale, la moins peuplée d'entre elles mais la plus dense en raison de sa superficie. La capitale locale est San Antonio de Palé.

AnnobĂłn
Carte d'AnnobĂłn.
Carte d'AnnobĂłn.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la Guinée équatoriale Guinée équatoriale
Localisation Golfe de Guinée (océan Atlantique)
CoordonnĂ©es 1° 25′ 00″ S, 5° 38′ 00″ E
Superficie 17 km2
Point culminant Quioveo (598 m)
Géologie île volcanique (ligne du Cameroun)
Administration
Province AnnobĂłn
DĂ©mographie
Population 5 232 hab. (2015)
DensitĂ© 307,76 hab./km2
Plus grande ville San Antonio de Palé
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+1
Géolocalisation sur la carte : Guinée équatoriale
(Voir situation sur carte : Guinée équatoriale)
AnnobĂłn
AnnobĂłn
Îles au large de la Guinée équatoriale continentale et d'États voisins directs : du sud-ouest au nord-est Annobón, Sao Tomé, Principe, Bioko

De petite taille (17 km2) elle est très isolĂ©e du reste des territoires Ă©quatoguinĂ©ens et l'Ă®le voisine de SĂŁo TomĂ© (État insulaire voisin, Sao TomĂ©-et-Principe) en est la terre la plus proche plus au nord. C'est la seule Ă®le du pays se trouvant dans l' hĂ©misphère sud ,voisine de Sao TomĂ©-et-Principe Ă  110 km au nord-est et des cĂ´tes africaines continentales du Gabon Ă  350 km Ă  l'est (cap Lopez).

AnnobĂłn demeure nĂ©anmoins assez peuplĂ©e (de l'ordre de 1 700 habitants en 2001) malgrĂ© son relief montagneux. Mais du fait d'un manque de perspectives professionnelles, Ă©conomiques et sociales, beaucoup de ses hommes en âge de travailler partent davantage vivre plus souvent Ă  la capitale Malabo sur Bioko l’île principale, plus septentrionale, du pays (au nord de Principe), au Rio Muni, sa partie continentale, ou Ă  l'Ă©tranger, et la population de l'Ă®le est constituĂ©e la plupart de temps d'une majoritĂ© de femmes, d'enfants et d'anciens.

GĂ©ographie

Relief et criques d'une cĂ´te d'AnnobĂłn.

SituĂ©e Ă  un peu plus d'un degrĂ© seulement de l'Ă©quateur terrestre mais dĂ©jĂ  dans l'hĂ©misphère sud du globe, Ă  363 kilomètres Ă  l'ouest du cap Lopez au Gabon sur le continent africain stricto sensu (coordonnĂ©es gĂ©odĂ©siques ci-contre et plus haut en infobox), AnnobĂłn est une Ă®le allongĂ©e et un peu ovale de km de long pour 3 de large et donc d'une superficie d'environ 18 km2.

D'origine volcanique très ancienne elle s'est formĂ©e il y a environ 4,8 millions d'annĂ©es. Son volcan est le dernier Ă©mergĂ© de la chaĂ®ne qui commence sur le continent plus au nord avec le mont Cameroun et se prolonge du nord au sud avec les Ă®les de Bioko (toujours en GuinĂ©e Ă©quatoriale avec mĂŞme la capitale Ă©tatique), Principe puis Sao TomĂ© (les deux principales Ă®les de l'archipel-État politiquement indĂ©pendant de Sao-TomĂ©-e-Principe / Saint-Thomas et l'Ă®le du prince en portugais). La dernière activitĂ© volcanique sur AnnobĂłn a lieu il y a moins de 100 000 ans, pendant l'ère tertiaire. L'Ă®le a trois sommets qui culminent Ă  plus de 400 m : le pic Quioveo (598 m), le pic Lago (525 m) et le pic Do Fogo (pic du Feu) (435 m).

Annobón n’a pas de port naturel. Elle est desservie par un aéroport et un port qui ont été bâtis récemment par le gouvernement de l'État équatoguinéen.

L'Ă®le est traversĂ©e par des ruisseaux appelĂ©s Aguas Claras qui, comme leur nom hispanophone hĂ©ritĂ© de la colonisation l’indique, ont des eaux claires et mĂŞme potables. Un ancien cratère situĂ© au nord de l’île s’est transformĂ© en lac, le Lago a pot d'une superficie de 2,4 km2.

À cause de faibles précipitations, le nord de l’île présente un paysage semi–aride avec un sol recouvert de graminées pendant la saison des pluies.

Le sud de l’île, où soufflent des vents humides, renferme une forêt équatoriale particulièrement épaisse dans les zones montagneuses près des sommets Quioveo et Sainte-Mina, ainsi que des plantations caféières et de cocotiers qui recouvrent 75 % de la surface.

Climat

La température oscille toute l’année entre environ 18 et 30 degrés celsius, avec surtout deux saisons manifestes :

  • l’hiver / tendaua, d’octobre Ă  avril, plus humide ;
  • l’étĂ© / jalma, d'approximativement mai Ă  juillet.

On peut éventuellement considérer comme une 3è période, vers août et septembre, celle intermédiaire appelée sasá propice à des ouragans.

Histoire

Annobón est découverte entre 1469 et 1472 probablement par les Portugais Joao de Santarem et Pedro de Escobar, le jour de l'an d'où son nom lusophone d'Ano Bom (en français Année bonne [ou Bonne avec également l'initiale en lettre b majuscule] voire Bonne année, bien qu'à l'époque l'année dite aujourd'hui civile ne commençait pas encore nécessairement les 1er janvier, mais par exemple vers les 1er mars ou les Pâques voire les 24 / 25 mars, etc.). En 1470, un certain Diego Ramirez de la Diaz aperçoit l’île et la nomme d'abord San Antonio de Palé. En 1473, découverte plus exploratoire par les Portugais y accostant. L'île sera également appelée Pagalu voire Pigalu durant les dernières années du premier gouvernement équato(-)guinéen indépendant de Francisco Macías Nguema. En 1474, la première colonie est créé à majorité africaine venant de l'Angola d'alors, par les Portugais de Sao Tomé. Ces esclaves sont considérés comme les pionniers de la société annobonaise.

Comme ses voisines insulaires septentrionales Principe et, un peu moins au nord, Sao Tomé, l'île est vide d'êtres humains lors de cette découverte[1].

En 1503 le roi Manuel Ier de Portugal nomme du titre nobiliaire de donataire son premier capitaine[2].

Annobón ne se peuple que vers la moitié du XVIe siècle, du fait d'un écuyer de la cour dudit roi qui vit alors dans l'île voisine également portugaise de Sao Tomé, où il a épousé la riche héritière métisse Dona Simoa Godinho[3]. Il s'agit de Luis de Almeida, neveu d'un négrier connu sous le nom "Balthasar de Almeida".

En 1565 il achète l'île et son titre à la famille de son propriétaire légal Jorge de Melo[4].

Ce territoire insulaire demeure une colonie portugaise jusqu'à la fin du XVIIe siècle.

Les Annobonais et le commis représentant le capitaine donataire sur place vont connaître, compte tenu d'invasions hollandaises dans tous les territoires de l'empire lusitanien d'outremer, des épisodes assez violents, tout au long dudit siècle. Les Hollandais vont parvenir par exemple à occuper une partie nord de l'île entre 1661 et 1664, non sans défiance voire résistance de la part de la population déjà présente désormais[5], en particulier après l'assassinat du commis par les nouveaux conquérants[6].

Après cet épisode un nouveau commis revient auprès des habitants, mais dès le début du XVIIIe siècle les habitants vivent en autonomie[7].

En 1756, l'île réintègre officiellement le domaine royal du Portugal[8]. Dans les faits néanmoins les Portugais ne parviendront plus à s'imposer auprès des Annobonais[9].

À la mort du roi Joseph Ier de Portugal en 1777 puis du Lisboète Sebastião José de Carvalho e Melo, comte d'Oeiras et marquis de Pombal, en 1782, les rapports s'améliorent entre Portugal et Espagne.

Ne sachant que faire de cette terre inexploitable, et le souverain espagnol Charles III souhaitant que son pays puisse lui aussi commercer avec l'Afrique et pratiquer la traite négrière, la reine Marie Ire de Portugal l'échange, ainsi que l'île de Fernando Poo (actuelle île Bioko équatoguinéenne) et les accès à une partie continentale à leurs abords, contre des territoires espagnols en Amérique du Sud. Cet échange se déroule à travers deux traités, le celui de San Ildefonso de 1777 et celui du Pardo l'année suivante[10]. Le monarque espagnol fait alors monter une expédition par un certain comte d'Argelejos, se soldant par un échec : les Annobonais disent clairement qu'ils ne reconnaissent aucune souveraineté et se rebellent[11]. Les Espagnols sont obligés de se retirer à leur tour.

En 1801, les Britanniques érigent un fort à San Antonio. En 1827, le dit fort est légalisé par un bail accordé par le gouvernement espagnol, servant comme l'une des bases de suppression de la traite négrière par ses locataires britanniques.

La colonisation par ces derniers dans le golfe de Guinée ne prend effet qu'à partir de l'expédition d'un capitaine Juan José Lerena y Barry (es) en 1843[12].

À Annobón elle n'est même effective qu'en 1885 à l'arrivée de missionnaires clarétins[13]. C'est grâce à l'installation permanente de cette mission dans l'île que celle-ci résiste en 1886 à une tentative de conquête allemande[14].

La présence espagnole dure jusqu'en 1968, année de l'indépendance de la Guinée équatoriale ex-Guinée espagnole à laquelle l'île est rattachée.

En 1975, alors qu'une épidémie de choléra sévit sur l'île d'Annobón, les embarcations venues de l'étranger avec des médicaments et des vaccins n'ont pas le droit de débarquer.

Un autre dissensus vient assombrir la vie des habitants, celui de fûts contenant des déchets radioactifs qui auraient été, toujours sous la présidence Macias Nguema, envoyés par le fond aux abords de l'île. Force est alors de constater que des maladies apparaissent, le poisson se fait plus rare, les cocotiers, piliers de la cuisine traditionnelle annobonaise, se mettent à dépérir les uns après les autres, tout cela incitant à la nécessité d'études voire d'enquête(s).

[réf. nécessaire]

Organisation territoriale

La province d'Annobón n'est pas divisée en districts mais comprend deux municipalités :

Économie

Les principales industries de l'île sont la pêche et le sylviculture.

L'aéroport international d'Annobon a été inauguré en 2013.

DĂ©mographie

Évolution démographique depuis 1994[15]
1994 2001 2015
2 8205 0085 232

Langues

L'espagnol et le français sont devenues langues officielles d'Annobón comme de toute la Guinée équatoriale, mais sur l'île on parle aussi le fá d’Ambô, une langue créole à base lexicale lusophone (portugaise).

Notes et références

  1. Gérard L. Chouin et al., chap. 10 « Igbo-Ukwu, Ifé et les régions du golfe de Guinée », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afrique ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes anciens », , 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1), p. 289-290.
  2. Arquivo nacional Torre do Tombo (IANTT) Ă  Lisbonne, Livro das Ilhas, fl. 126.
  3. IANTT, Cav., X-11-6, publié dans Antonio Brasio, M.M.A., Volume XV, 1986, "Alavara sobre o foral a guardar na ilha de Ano Bom (16/04/1543)», p. 139 à 142.
  4. IANTT, Chancelaria de D. SebastiĂŁo, Livro 20, fol.265-268v.
  5. "Arquivo histórico ultramarino" (A.H.U.), Fonds "Rio de Janeiro, Sao Paolo, Consecho Ultramarino", Codice 16, fol.140 v° « Carta do Governador de S. Tomé R. Silva do 23 agosto 1664 ».
  6. Antonio Brasio, Monumenta Missionaria Africana, vol. XII, 1981, document no 143, p. 358, consultable Ă  l'AHU Ă  Lisbonne, fonds "Angola", Cx 7 - Cod.16, fl. 32.
  7. Archives nationales de France en Île-de-France, Marine, B/3/212, fol. 234 à 236 : « colonies d'Annobón ». Lettre écrite à Nantes le 29 juillet 1713, à l'attention de M. Luzancay, commissaire-ordonnateur – Nantes, par Mancay et Jacint Creus Boixaderas, Jean-Marc Lefebvre, Gustau Nerin, Ernst Pijning, Valérie de Wulf, La Guinée équatoriale aux Archives nationales (XVIIIe-début XXe siècles), Paris, "L'Harmattan", Association France-Guinée équatoriale, 2015.
  8. AHU, Fonds "São Tomé", Cx 9, doc.43, « Decreto de D. José recompensando o senhorio e alcaide-mor de Ano Bom, Antonio Couceiro de Abreu e Castro, em virtude da incorporação da referida ilha nos bens da Coroa (Lisbonne, 24/03/1755) ».
  9. AHU, Fonds "São Tomé", Cx 13, doc.15, « Declaração feita por alguns moradores (16/02/1771) ».
  10. Archives générales de Simancas, Estado 7411 bis, folio 6 (p. 4): « Tratado de Amistad, Garantía y Comercio ... (24/03/1778) ».
  11. (Archives de la Marine, Madrid), MS 469, José Varela y Ulloa, « Rapport du 12/03/1779 ».
  12. Communiqué au Ministre d'État du 22 mai 1843, cité par Jeronimo Mariano Usera dans Memoria de la Isla de Fernando Póo, s.l., s. Imp., 1852, p. 9 à 12, et Abelardo de Unzueta y Yuste, 1945, p. 174 à 175.
  13. Cristobal Fernandez, Misiones y misioneros en La Guinea española (1883-1912), Madrid, Ed. Co-cul, 1962, p. 180.
  14. Segunda Memoria d'Armengol, Coll., Madrid, Imp. Ibéricas, 1911, 2e éd., p. 157.
  15. https://web.archive.org/web/20170131212833/http://www.geohive.com/cntry/eqguinea.aspx

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacint Creus Boixaderas, Jean-Marc Lefebvre, Gustau Nerin, Ernst Pijning, ValĂ©rie de Wulf, La GuinĂ©e Ă©quatoriale aux Archives nationales (XVIIIe-dĂ©but XXe siècle(s)), Paris, L'Harmattan, Association France-GuinĂ©e Ă©quatoriale, 2015, 170 p. (ISBN 978-2-343-08099-4).
  • Pedro Bodipo Lisso, AnnobĂłn : su(s) tradiciĂłn, usos y costumbres, Paris, L'Harmattan, Association France-GuinĂ©e Ă©quatoriale, 2015, 154 p. (ISBN 978-2-343-06437-6).
  • ValĂ©rie de Wulf, Tome 1 - Histoire de l’île d’AnnobĂłn (GuinĂ©e Équatoriale) et de ses habitants du XVe au XIXe siècle(s), Paris, L'Harmattan, Association France-GuinĂ©e Ă©quatoriale, 2013, 348 p. (ISBN 978-2-343-03397-6).
  • ValĂ©rie de Wulf, Tome 2 - Les Annobonais, un peuple africain original, Paris, L'Harmattan, Association France-GuinĂ©e Ă©quatoriale, 2013, 234 p. (ISBN 978-2-343-03399-0).
  • (en) Elliot Arthy, A description of the island of Anno-Bona : shewing its eligibility and importance as an occasional place of resort for our Guinea-men, East-Indiamen, Botany-Bay-men, and ships carrying passengers to the Cape of Good Hope; also, as a naval and military station, to foster and protect our increasing commerce to the western coast of Africa. With a map and fine views of the island; and an appendix; containing a letter addressed to William Wilberforce M.P. on the causes and prevention of sickness and mortality among seamen employed in the African trade, Printed for the author, by Carpenter and Son, London ; and sold by [...] J. Gore, Liverpool, 1820, 47 p.
  • (en) Peter Jones et Alan Tye, The birds of SĂŁo TomĂ© & PrĂ­ncipe, with AnnobĂłn, islands of the Gulf of Guinea : an annotated checklist, British Ornithologists' Union, British Ornithologists' Club, Oxford, 2006, 172 p. (ISBN 0907446272).
  • (es) Aurelio Basilio, Caza y pesca en AnnobĂłn : aves de la isla, la pesca de la ballena, Instituto de Estudios Africanos, Consejo Superior de Investigaciones CientĂ­ficas, Madrid, 1972, 108 p.
  • (es) Cuentos annoboneses de Guinea Ecuatorial (compil. Jacint Creus et Maria Antònia Brunat), Centro Cultural Hispano-Guineano, Malabo, 1992, 197 p. (ISBN 8460432149).
  • (es) Miguel Zamora Loboch, Noticia de Annobon (su(s) geografia, historia y costumbres), Papeleria Madrileña Mayor, Madrid, 1962, 89 p.
  • (fr) Sorela (Lieut.), Les possessions espagnoles du golfe de GuinĂ©e : leur prĂ©sent et leur avenir, A. Lahure, Paris, 1884, 46 p.

Articles connexes

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