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Anne-Catherine de Ligniville Helvétius

Anne-Catherine de Ligniville d'Autricourt épouse Helvétius, née le à Nancy et morte le à Auteuil, surnommée « Minette » par Turgot[1], est une salonnière française. Elle fut l'épouse du célèbre philosophe Claude-Adrien Helvétius.

Anne-Catherine de Ligniville Helvétius
Portrait d’Anne-Catherine de Ligniville Helvétius par Louis-Michel van Loo.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  78 ans)
Auteuil
SĂ©pulture
Nom de naissance
Anne-Catherine de Ligniville d'Autricourt
Nationalité
Activités
Famille
Conjoint
Enfants
Élisabeth Charlotte Helvétius (d)
Adélaïde Helvétius (d)

Biographie

Anne-Catherine de Ligniville appartenait Ă  l’une des plus illustres maisons de Lorraine (de celles baptisĂ©es « grands chevaux de Lorraine Â»). Elle est fille de Jean-Jacques de Ligniville, chambellan du duc de Lorraine LĂ©opold Ier et de Charlotte Élisabeth de Soreau[2] d'Houdemont (1700-1762), nièce du peintre Jacques Callot et filleule de la duchesse de Lorraine, nĂ©e Élisabeth-Charlotte d'OrlĂ©ans, nièce du roi de France Louis XIV. Elle est aussi la petite-cousine de Françoise de Graffigny, qui offrit de prendre soin d’elle, la mena, avec son aĂ®nĂ©e, Ă  Paris, oĂą elle lui fit rencontrer Turgot et HelvĂ©tius[3], le philosophe et fermier gĂ©nĂ©ral.

Le , elle épousa Helvétius à Paris, par contrat de mariage ; il renonce pour elle à sa charge de fermier général.

Le couple a plusieurs enfants, dont Élisabeth-Charlotte (1752-1799), qui épouse en 1772 le comte de Mun, et Geneviève-Adélaïde (1754-1847), qui épouse en 1772 le comte d'Andlau (1736-1818). Ce dernier, élu député de la noblesse aux états généraux de 1789 prendra le parti du Tiers-état.

Le salon

Madame Helvétius a tenu un salon où ont figuré, sur près de cinq décennies, de grandes figures des Lumières.

Pendant onze ans, elle a animĂ© le salon, ouvert par son mari rue Sainte-Anne en 1760, oĂą se rĂ©unissaient, tous les mardis, pendant quatre mois de l'annĂ©e, de nombreuses amis dans des « dĂ©jeuners philosophiques Â»[3].

Veuve en 1772 , elle s'installa en son hĂ´tel du 59, rue d'Auteuil, oĂą elle tint un cĂ©nacle appelĂ© « sociĂ©tĂ© d'Auteuil Â», qui comprenait, parmi les habituĂ©s, des femmes telles que Julie de Lespinasse ou Suzanne Necker, qui y voisinèrent avec des Ă©crivains comme Fontenelle, Diderot, Chamfort, Duclos, Saint-Lambert, Marmontel, Roucher, Saurin, AndrĂ© ChĂ©nier ou encore Volney.

Des penseurs brillants et hardis causeurs[4] comme Condorcet, d’Holbach, Turgot, l’abbé Sieyès, l’abbé Galiani, Destutt de Tracy, l’abbé Beccaria, l’abbé Morellet, Buffon, Condillac ou l’abbé Raynal y figurèrent, aux côtés de scientifiques comme d’Alembert, Lavoisier, Cuvier ou Cabanis, à qui elle léguera sa maison[5].

On y vit également des artistes comme le sculpteur Houdon, le baron Gérard et des personnalités de l’édition comme Charles-Joseph Panckoucke ou François-Ambroise Didot.

Parmi les personnalités politiques qui fréquentèrent le salon d’Anne-Catherine Helvétius, on trouve Malesherbes, Talleyrand, Manon Roland et son mari Roland de la Platière, Thomas Jefferson, Thomas Paine, Mirabeau, Pierre Daunou, Garat, Nicolas Bergasse, François Andrieux ou Napoléon Bonaparte et Franklin, qui la surnomma « Notre-Dame d'Auteuil » et la demanda en mariage.

Madame Helvétius était aussi renommée pour son amour des animaux. À ses 18 chats angoras tenaient compagnie des chiens, des canaris et autres oiseaux.

L'altercation

Le salon fut, en , sous la Révolution, le lieu de la dispute survenue entre Cabanis et l’abbé Morellet, qui avait pris parti pour les propriétaires nobles de la région de Tulle dans un conflit qui les opposait au nouveau conseil municipal de la ville voisine de Brive. Le Mémoire des députés de la ville de Tulles rencontra l’opposition de Cabanis, qui était originaire de la région de Brive. Rejeté par La Roche et Cabanis, Morellet avait quitté le salon d’Anne-Catherine Helvétius, à qui il ne rendait plus visite que le matin[6]. « C’est ainsi que s'est fermé pour moi un asile que je m’étais préparé pour ma vieillesse par des soins, une assiduité, un attachement, qui méritaient peut-être une autre récompense »[7].

Morte en 1800 à l'âge de 78 ans, elle est d'abord inhumée dans son jardin puis sa dépouille est transférée au cimetière d'Auteuil en 1817[8].

Notes et références

  1. Car on la disait rusée comme une jeune chatte.
  2. Noté parfois Saureau.
  3. Guy de La Prade (préf. Guy Chaussinand-Nogaret), L’Illustre Société d'Auteuil 1772-1830 : ou, La fascination de la liberté, Paris, Fernand Lanore, , 381 p. (ISBN 978-2-85157-065-9, présentation en ligne), p. 101.
  4. Jean Paul de Lagrave, David Warner Smith et Marie-Thérèse Inguenaud, Madame Helvétius et la Société d’Auteuil, Oxford, Voltaire Foundation, , xviii, 142, 24 cm (ISBN 978-0-7294-0647-5, OCLC 1014854263, lire en ligne), p. 74.
  5. Félix-Sébastien Feuillet de Conches, Les Salons de conversation au dix-huitième siècle, Paris, Charavay frères, , xiv-227, in-16 (lire en ligne), p. 10.
  6. Lucien Picqué, Louis Dubousquet, « L’Incident du salon de Madame Helvétius (Cabanis et l’abbé Morellet) », Bulletin de la société française d’histoire de la médecine, t. 17, 1914, p. 181-96.
  7. André Morellet, Mémoires, t. I, p. 388.
  8. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 1 (« A-K »), « Rue Claude-Lorrain », p. 352.

Bibliographie

  • Peter Allan, Une Ă©dition critique de la correspondance de Madame HelvĂ©tius : avec introduction biographique, Toronto, University of Toronto, 1975.
  • Jules Bertaut, ÉgĂ©ries du XVIIIe siècle : madame Suard, madame Delille, madame HelvĂ©tius, madame Diderot, mademoiselle Quinault, Paris, Plon 1928, 257 p.
  • Benjamin Franklin, M. F—n [Franklin] Ă  Madame H—s [HelvĂ©tius], Passy, imp. par Benjamin Franklin, 1779.
  • Simone Gougeaud-Arnaudeau, Madame HelvĂ©tius (1722-1800) : une femme au temps des Lumières, Paris, Ed. l'Harmattan, coll. Biographies, 2020.
  • Antoine Guillois, Le Salon de madame HelvĂ©tius ; Cabanis et les idĂ©ologues, New York, B. Franklin, 1971.
  • Claude-Adrien HelvĂ©tius, Correspondance gĂ©nĂ©rale d’HelvĂ©tius, Éd. Peter Allan, Alan Dainard et al., Toronto, University of Toronto Press, 1981-2004 (ISBN 978-0-80205-517-0).
  • Arsène Houssaye, Histoire du 41e fauteuil de l’AcadĂ©mie Française, Paris, L. Hachette et cie, 1856.
  • Guy de La Prade (prĂ©f. Guy Chaussinand-Nogaret), L’Illustre SociĂ©tĂ© d'Auteuil 1772-1830 : ou, La fascination de la libertĂ©, Paris, Fernand Lanore, , 381 p. (ISBN 978-2-85157-065-9, prĂ©sentation en ligne).
  • Jean Paul de Lagrave, David Warner Smith et Marie-ThĂ©rèse Inguenaud, Madame HelvĂ©tius et la SociĂ©tĂ© d’Auteuil, Oxford, Voltaire Foundation, , xviii, 142, 24 cm (ISBN 978-0-7294-0647-5, OCLC 1014854263, lire en ligne)
  • Lucien PicquĂ©, Louis Dubousquet, « L’Incident du salon de Madame HelvĂ©tius (Cabanis et l’abbĂ© Morellet) », Bulletin de la sociĂ©tĂ© française d’histoire de la mĂ©decine, t. 17, p. 281-296, 1914.
  • Jules Auguste Troubat, Essais critiques, Madame HelvĂ©tius, Paris, Calmann-LĂ©vy, 1902.

Article connexe

Liens externes

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