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Anna Heilman

Anna Heilman, née Hana Wajcblum le à Varsovie, morte le à Ottawa, appelée par certaines sources Hanka ou Chana Weissman, est une prisonnière d'Auschwitz qui a participé à un complot de la résistance interne au camp, pour en détruire les fours crématoires.

Anna Heilman
Photo monochrome de la tête d'une femme souriante
Anna Heilman en 1947.
Biographie
Naissance
Décès
(à 82 ans)
Ottawa
Nom de naissance
Hana Wajcblum
Nationalité
Activité
Autres informations
Lieux de détention

Biographie

Jeunesse

Anna Wajcblum est née le dans une famille juive assimilée de la classe moyenne à Varsovie, en Pologne. Ses parents, Jakub Wajcblum et Rebeka Wajcblum, sont tous les deux sourds[1]. Elle a deux sœurs aînées, Sabina et Estusia[2]. Jakub, le père, est né en 1887 à Varsovie où il possédait une usine employant des travailleurs sourds pour fabriquer des objets artisanaux en bois. Il expose les pièces de l'usine à l'Exposition universelle de 1937 à Paris et en 1939 à l'Exposition universelle de New York. Sa mère, Rebeka, est née en 1898 à Pruzany, en Pologne, dans une famille aisée.

Seconde Guerre mondiale

Anna, Estusia et leurs parents vivent dans une zone qui devient une partie du ghetto de Varsovie. Ils habitent au 38, rue Mila, juste en bas de la rue du siège de la ŻOB (Żydowska Organizacja Bojowa, l'Organisation juive de combat), dirigée par Mordecai Anielewicz. La sœur aînée, Sabina, a réussi à échapper à la Shoah avec son ancien tuteur et futur mari, Mietek : ils sont allés en Union soviétique puis se sont installés en Suède.

Anna Wajcblum fait partie du mouvement de jeunesse Hashomer Hatzair. Au début du soulèvement du ghetto de Varsovie, elle ne sait pas si elle doit se battre ou rester avec ses parents ; elle choisit finalement de rester avec ses parents. Anna, Estusia et leurs parents sont parmi les derniers déportés du ghetto de Varsovie lorsqu'ils sont emmenés au camp de concentration de Majdanek en . Les parents d'Anna sont immédiatement tués en arrivant à Maidanek[2]. Estusia et Anna sont transférées au camp d'Auschwitz en [1].

Complot à Auschwitz

Anna Heilman affirme qu'elle est la première à avoir eu l'idée de faire passer la poudre en contrebande au Sonderkommando. Elle écrit : « De cette amitié ont émergé des idées de résistance. Je ne peux pas vous dire qui l'a initié. L'idée était que pouvons-nous faire, chacun de nous, pour résister ? J'ai pensé : « Vous travaillez dans le Pulverraum. Et si on prenait de la poudre à canon ? » Nous avons commencé à parler de l'idée. La poudre était à notre portée. Nous avons pensé : « Nous pouvons l'utiliser ! » L'un de nous savait que le Sonderkommando préparait la résistance. Nous avons dit : « Donnons-leur de la poudre à canon ! »[1] ».

Elle participe ainsi à un complot pour faire sauter les fours crématoires. Elle, sa sœur Estusia et d'autres femmes font sortir de la poudre à canon de l'usine de munitions Union. Elles se la transmettent l'une à l'autre jusqu'à ce que la poudre atteigne le Sonderkommando. Les femmes impliquées dans cette chaîne de poudre à canon comptaient Roza Robota (qui avait un contact direct avec les hommes du Sonderkommando), Ala Gertner, Regina Safirsztajn, Rose Grunapfel Meth, Hadassa Zlotnicka, Marta Bindiger, Genia Fischer, Inge Frank, Ilse et Antichka[1].

Elles ont trouvé de nombreuses façons de faire sortir de la poudre en contrebande. Elles fabriquent notamment des « grenades » en remplissant des boîtes de cirage[1]. Elles utilisent aussi des poches fabriquées à l'intérieur de leurs robes, des nœuds dans leurs foulards et parfois même de la poudre sous leurs ongles. Elles sont régulièrement fouillés ; Anna Heilman raconte que lorsqu'elles voient de loin qu'elles seront fouillées, elles laissent tomber la poudre sur le sol et la mélangeaient à la terre pour qu'elle ne soit pas vue.

La révolte éclate le . Elle est rapidement maîtrisée, et tous les membres du Sonderkommando sont tués, mais ils ont réussi à endommager gravement le crématorium IV avec leurs bombes artisanales[1].

Sa sœur Estusia est trahie par Ala Gertner qui déclare à un officier SS qu'elle s'est liée d'amitié avec des membres du complot. Avec Roza Robota, Regina Stafirstajn et Ala Gertner, elles sont emmenées toutes les quatre dans le « Bunker » à l'intérieur du camp principal, où elles sont torturées pendant plusieurs mois. Mais pendant tout ce temps, elles n'ont jamais donné le nom d'Anna. Elles n'ont donné que les noms des membres du Sonderkommando qui étaient déjà morts[1].

Estusia, Regina, Ala et Roza sont pendues le [3], deux semaines seulement avant que l'Armée rouge soviétique n'atteigne Auschwitz. L'ensemble des femmes du camp sont obligées à assister aux exécutions. Sous les ordres directs de Berlin, les femmes sont exécutées comme combattantes de la résistance juive.

Auschwitz est évacué brutalement le , pendant que l'armée rouge poursuit sa progression vers l'Allemagne. Anna est emmenée avec les autres dans une marche forcée vers Ravensbrück où elles restent jusqu'en , puis à Neustadt-Glewe où elles sont libérées par les troupes soviétiques le [1].

Après la guerre

Après un bref séjour en Belgique, Anna Wajcblum émigre en en Palestine sous mandat britannique. Elle y retrouve sa sœur Sabina, rencontre sa famille élargie et termine ses études secondaires. Elle épouse le Joshua Heilman, qui avait quitté la Pologne pour la Palestine mandataire une semaine avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, afin de poursuivre ses études universitaires. Toute sa famille a été assassinée pendant la guerre, à l'exception de sa sœur cadette, Rose. Elle a été internée à Auschwitz et a également survécu à la guerre.

Une fois en Israël, Anna Heilman obtient un diplôme de travailleuse sociale ; elle a deux filles avec Joshua[2]. Joshua déménage aux États-Unis pour y être professeur d'hébreu et finalement fait venir le reste de la famille à Boston en 1958. Puis, en 1960, ils émigrent à Ottawa, au Canada, pour que Joshua puisse devenir directeur d'une école juive. Anna Heilman travaille avec la Société d'aide à l'enfance à Ottawa comme travailleuse sociale bilingue (anglais-français). Elle est devenue la superviseure de l'unité anglo-française et a finalement pris sa retraite en 1990. Joshua Heilman meurt en .

Anne Heilman a mis longtemps à écrire ses mémoires. En 1991, après une cérémonie à Yad Vashem pour dédier un mémorial à Estusia, Regina, Ala et Roza, Anna a dit à son gendre, Sheldon Schwartz, qu'elle avait tenu un journal polonais à Auschwitz. Il a été confisqué et détruit lors d'une perquisition à un moment donné ; et elle a recréé l'intégralité du journal de mémoire dans un camp de personnes déplacées en 1945[4]. Sheldon Schwartz persuade Anna Heilman de traduire le journal en anglais ; ils y travaillent ensemble pendant 10 ans, elle pour l'écriture et son gendre pour l'édition. Ses mémoires, Never Far Away : The Auschwitz Chronicles of Anna Heilman, sont publiées en 2001. Le livre remporte le Prix du livre de la Ville d'Ottawa en 2002[5].

Notoriété

Anna Heilman est l'une des personnalités présentées dans les Unlikely Heroes (Héros improbables), un film de 2003 sur la résistance juive pendant la Seconde Guerre mondiale[6]. Elle figure aussi parmi les cinquante résistantes présentées dans le livre de Stephan D. Yada-Mc Neal sur les femmes résistantes[7].

Ouvrages

  • (en) Anna Heilman et Sheldon Schwartz, Never far away : the Auschwitz chronicles of Anna Heilman, Calgary, Alta, University of Calgary Press, , 159 p. (ISBN 978-1-552-38040-6, OCLC 722814732, lire en ligne)

Références

  1. « Anna Heilman », Jewish Virtual Library (consulté le ).
  2. « Never Far Away » [archive du ], University of Calgary Press (consulté le )
  3. « Mothers, Sisters, Resisters: Oral Histories of Women Who Survived the Holocaust », Yad Vashem (consulté le )
  4. « Speech », Annaheilman.net (consulté le )
  5. Sandra Martin, « Auschwitz saboteur, resistance hero became Ottawa social worker », The Globe and Mail (consulté le )
  6. « Unlikely Heroes », IMDB (consulté le )
  7. (en) « Anna Heilman », dans Stephan D. Yada-Mc Neal, 50 Women against Hitler: Female resistance fighters in World War II, BoD, (ISBN 3752825715 et 9783752825718) [extraits en ligne].
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Anna Heilman » (voir la liste des auteurs).

Bibliographie

  • (en) « Anna Heilman », dans Stephan D. Yada-Mc Neal, 50 Women against Hitler: Female resistance fighters in World War II, BoD, (ISBN 3752825715 et 9783752825718) [extraits en ligne].
  • (en) « Anna Heilman », dans James Deem, Auschwitz: Voices From the Death Camp, Enslow Publishing, LLC, (ISBN 0766033228 et 9780766033221), p. 86-95 [extraits en ligne].

Liens externes

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