Roza Robota
Roza Robota (née en 1921 à Ciechanów, Pologne, morte le [1] à Auschwitz) ou Róża Robota en polonais[2], (d'autres sources la nomment Rojza, Rozia ou Rosa), était le chef d'un groupe de quatre femmes résistantes pendues dans le camp de concentration d'Auschwitz pour le rôle qu'elles ont joué dans la révolte du Sonderkommando le .
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Auschwitz (depuis ) |
Le début de sa vie
Née à Ciechanów en Pologne, dans une famille de la classe moyenne, Róża avait un frère et une sœur. Elle adhère à l'Hashomer Hatzair (la jeune garde), mouvement de jeunesse sioniste-socialiste, à l'âge de douze ans[3] et rejoint le mouvement clandestin lors de l'occupation nazie. Róża utilisait souvent son prénom hébreu, Shohanah.
À Auschwitz
Elle est transportée par train à Auschwitz avec sa famille lors de la liquidation du ghetto de Ciechanów en [2]. Sa famille est immédiatement gazée[3]. Personne d'autre de sa famille, en Europe, n'a survécu. Elle survit à la « sélection » et est affectée à Auschwitz-Birkenau II au commando pour femmes appelé « le canada »[3] qui est adjacent au crématorium III de Birkenau. Elle organise un groupe de résistance qui se destine à transmettre les informations captées par des postes radio fabriqués secrètement[3]. En , elle est contactée par un membre de l'organisation clandestine du camp, Noah Zabladowicz, originaire également de Ciechanów, qui lui confie que l'organisation a l'intention de faire sauter les chambres à gaz et les fours crématoires ; il s'agit de provoquer une révolte des déportés en comptant sur l'aide des partisans polonais à l'extérieur du camp. Il lui demande de fournir clandestinement de la Schwarzpulver (de la poudre noire), recueillie par les femmes à l'usine de munitions Weichsel-Union-Metalwerke, au Sonderkommando Wróbel[4], qui appartient à l'organisation de la résistance du camp. Roza, avec l'aide d'Hadassa Zlotnicka et d'Asir-Godel Zilber, toutes deux également de Ciechanów, contacte une vingtaine de filles de l'usine de munitions et notamment neuf d'entre elles qui ont accès à la poudrière, la Pulverraum[3]. La poudre sort en très petites quantités, sous les ongles, dans des pochettes dissimulées sous les robes et qu'un cordon permet de vider rapidement en cas de contrôle par les autorités du camp ; ce groupe de femmes réussit à obtenir, cacher, et remettre aux hommes de l'organisation guère plus de une à trois cuillères à café de poudre par jour, et encore pas tous les jours.
Cette poudre sert à des prisonniers russes dirigés par Timofei Borodine, expert en explosifs, à confectionner des rouleaux de dynamite et des grenades à main. Au bout d'un an, ils ont fabriqué suffisamment de matériel pour envisager une action[5]. L'organisation de la résistance du camp envisageait une révolte concertée de tous les camps d'Auschwitz ( I, II-Birkenau, III-Monowitz-Buna) le premier dimanche de ; elle devait être déclenchée par les 600 ouvriers des Sonderkommando et de certains de leurs kapos. La rumeur courait selon laquelle les hommes du Sonderkommando devaient être transférés et ceux-ci déclenchent la révolte le samedi sans prévenir la direction de l'organisation de la résistance du camp[5].
Roza Robota et trois autres femmes - Ala Gertner, Estusia Wajcblum, et Regina Safirsztain - sont arrêtées par la Gestapo et torturées dans le tristement célèbre Bloc 23, mais elles refusent de révéler les noms des autres personnes qui ont participé à l'opération. Quatorze responsables de la révolte sont également arrêtés dont Yankl Handelsman, le principal[6]. De sa prison elle parvient à faire transmettre un message d'encouragement à la résistance du camp : « Hazak V'Amatz » (yiddish) soit « soyez forts et courageux »[6], la phrase biblique que Dieu utilise pour encourager Josué après la mort de Moïse. Les quatre femmes sont pendues le – deux femmes à l'appel du matin, les deux autres à celui du soir. Robota avait 23 ans. Selon certains témoignages, elle et ses camarades ont crié Nekamah (Vengeance!).
La révolte du Sonderkommando est la cause de 70 morts parmi les SS et les kapos, et de la destruction du toit d'un crématorium. Les nazis savaient que l'avancée de l'armée russe rendait possible dans un avenir très proche la libération du camp. Il était clair pour les nazis que toutes les preuves des atrocités en temps de guerre devaient être cachées, aussi les Allemands ont tenté de détruire eux-mêmes les quatre autres crématoires.
L'héritage de Roza Robota
La Roza Robota Gates à Montefiore Randwick (Sydney, Australie) a été nommée ainsi en mémoire de Roza Robota, à l'initiative de Sam Spitzer, un combattant de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, résident à Sydney. Il a nommé les portes en l'honneur de son héros en temps de guerre, Robota, et sa défunte épouse, Margaret. La sœur de Spitzer était à Auschwitz avec Robota.
À Yad Vashem, à Jérusalem, un monument a été construit pour honorer Robota et les trois autres femmes exécutées. Il se trouve dans un emplacement privilégié dans le jardin.
Bibliographie
- Roger Faligot, La rose et l'édelweiss, ces ados qui combattaient le nazisme (1933-1945), Paris, Éditions de La Découverte, , 381 p. (ISBN 978-2-7071-5420-0).
Références
- Yad Vashem - Robota, Rosa
- Roza Robota a décidé de se battre jusqu 'au bout « Tygodnik Powszechny », sur Tygodnik Powszechny, Mémoire d'Auschwitz (consulté le )
- Faligot, p. 242
- Patterson, David (2002). "Salmen Lewental". In David Patterson, et al. (Eds.), Encyclopedia of Holocaust Literature, p. 112. Greenwood Publishing Group.
- Faligot, p. 244
- Faligot, p. 245
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Roza Robota » (voir la liste des auteurs).
Pour en savoir plus
- (en)Gurewitsch, Brana. Mothers, Sisters, Resisters: Oral Histories of Women Who Survived the Holocaust, The University of Alabama Press, 1998. (ISBN 0-8173-0952-7)
- (en)Shelley, Lore. The Union Kommando in Auschwitz: The Auschwitz Munition Factory Through the Eyes of Its Former Slave Laborers, University Press of America, 1996. (ISBN 0-7618-0194-4)