Anik
Anik (de l'inuktitut ááá, « petit frĂšre »[1]) est le nom d'une sĂ©rie de satellites canadiens de communications intĂ©rieures Ă usage commercial.
Programme
Les satellites sont lancĂ©s afin d'offrir aux canadiens, mĂȘme en rĂ©gion Ă©loignĂ©e, des services de tĂ©lĂ©phonie, de radio et de tĂ©lĂ©vision. Ils succĂšdent aux anciennes sĂ©ries Alouette et ISIS et sont mis en place par TĂ©lĂ©sat Canada[2].
Le premier volet du programme lors de sa création dans les années 1970 est de minimiser les coûts et frais d'exploitation des compagnies pétroliÚres installées dans le grand nord canadien. Le second volet est d'offrir des moyens de communication aux communautés présentes dans le grand nord.
Lors de son lancement, plusieurs craintes de perte d'identité culturelle chez les Autochtones du Canada se font sentir. Si on reproche au programme son risque de « noyer » les peuples autochtones dans une culture plus propre aux grandes villes telles que Toronto ou Montréal, les responsables voient davantage en Anik un moyen permettant aux différentes communautés de « participer pleinement à la propre détermination de leur identité culturelle[3] » en facilitant notamment les échanges entre chaque communauté.
SĂ©ries
Anik A
La sĂ©rie Anik A est la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de satellites Anik. Conçus et construits par l'entreprise Hughes Aircraft en Californie (Ătats-Unis), la sĂ©rie A est devenue la premiĂšre sĂ©rie de satellites domestiques nationaux[4]. Il s'agit aussi du premier satellite non militaire Ă ĂȘtre placĂ© en orbite gĂ©ostationnaire[5].
Les trois satellites Anik A sont munis de 12 voies de communication (répéteur) sur une bande de 6-4 GHz. Les signaux sont transmis à environ une centaine de stations terrestres au Canada[5] qui font la rediffusion locale.
Anik A1
LancĂ© le Ă la base de lancement de Cap Canaveral (alors sous le nom de Cape Kennedy) en Floride (Ătats-Unis), Anik A1 de TĂ©lĂ©sat Canada fait partie de la gĂ©nĂ©ration Hughes 333[6]. D'une durĂ©e de vie estimĂ©e de 7 ans[4], Anik A1 restera en fonction prĂšs de 10 ans. Anik A1 viendra apporter pour plusieurs communautĂ©s du Nord du Canada leurs premiĂšres Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es en direct[5]. Du fait qu'il s'agisse du satellite en orbite gĂ©ostationnaire, il demeure stationnaire au-dessus d'un point du globe et la communication est possible en pointant une antenne parabolique dans la bonne direction.
AprÚs le lancement, des régions éloignées canadiennes telles que les Territoires du Nord-Ouest ont développé des systÚmes de rediffusion locale en installant notamment des antennes parabolique dans les villes. Six ans plus tard aprÚs sa mise en orbite, soit en 1978, la ville de Yellowknife verra d'ailleurs l'ouverture des premiÚres installations de production télévisée.
Anik A2
Anik A3
Anik B
Anik B1
Anik B1 (ou Anik B) vient augmenter la puissance de rĂ©pĂ©teurs de 6-4 GHz Ă 14-12 GHz. Cette innovation est rĂ©alisĂ©e Ă la suite des expĂ©riences effectuĂ©es avec le satellite HermĂšs en 1976[2]. Ces nouveaux rĂ©pĂ©teurs, en plus d'ĂȘtre miniaturisĂ©s, permettent aux rĂ©cepteurs terrestres plus petits de capter le signal.
Il s'agit du premier satellite hybride (qui émet sur deux bandes de fréquences différentes) au monde puisqu'il conserve également des répéteurs 6-4 GHz. La bande 6-4 est réservée à des fins commerciales, alors que la bande 14-12 est louée a MinistÚre des communications du Canada. Les essais de ce dernier concluent qu'il est possible d'obtenir un signal en direct dans une région éloignée avec un antenne parabolique de petit diamÚtre (environ la taille d'un parapluie).
Des expériences de télé-enseignement sont réalisées au Québec et en Alberta. L'université Memorial de Saint-Jean continue ses expériences de télémédecine d'abord testées avec le satellite HermÚs, cette fois jusqu'aux plates-formes de forage situées au large des cÎtes de l'ßle de Terre-Neuve.
Lors de sa mise hors service, le trafic commercial d'Anik B1 est transfĂ©rĂ© sur Anik D2, lancĂ© deux ans auparavant et en attente. Lors du transfert, 84 stations terrestres doivent rĂ©orienter leur antenne vers Anik D2. Le mĂȘme transfert est rĂ©alisĂ© vers Anik C3 pour le seul canal rĂ©servĂ© aux Ă©missions francophones.
Anik C
durant STS-7 le 18 juin 1983
La sĂ©rie Anik C est composĂ©e de trois satellites lancĂ©s entre et . Chaque satellite de cette sĂ©rie est muni de 16 voies de communication sur une bande 16-14 GHz puisque les anciennes expĂ©riences ont su dĂ©montrer l'efficacitĂ© de cette technologie. Comme cette technologie permet aux plus petites antennes de recevoir le signal, on lance alors « le premier systĂšme commercial de tĂ©lĂ©diffusion directe par satellites au monde[2] » lors de la mise en Ćuvre de la sĂ©rie Anik C.
Anik C1 | Anik C2 | Anik C3 | |
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Masse au lancement (kg) | 1 160 | 1 160 | 1 160 |
Lancement | 13:59:05 UTC | 21:01:00 UTC | 20:24:00 UTC |
Lanceur | Navette spatiale Discovery STS-51-D | Navette spatiale Challenger STS-7 | Navette spatiale Columbia STS-5 |
Fin de mission | |||
Orbite géostationnaire | |||
Index NSSDC | 1985-028B | 1983-059B | 1982-110C |
Anik C1
Anik C2
Anik C2 est le « premier satellite canadien consacré aux services commerciaux de liaison directe[7] ».
Anik C3
Anik D
La sĂ©rie Anik D, lancĂ©e dans les mĂȘmes annĂ©es que la sĂ©rie Anik C est plutĂŽt Ă©quipĂ©e de voies de communication sur une bande de 6-4 GHz. Cette sĂ©rie est donc destinĂ©e Ă transmettre le signal aux stations terrestres permanents et non directement aux utilisateurs.
Leurs principales fonctions sont[2] :
- Retransmettre en direct des évÚnements spéciaux;
- Permettre une réalisation centralisée des bulletins de nouvelles à l'échelle nationale;
- Retransmettre lesdits bulletins à chaque heure et dans toutes les régions;
- Retransmettre des émissions et reportages locaux ou régionaux aux autres régions.
La retransmission des émissions et reportages locaux et régionaux se fait grùce à un systÚme de stations terrestres mobiles qui a été mis au point par le MinistÚre des communications du Canada. Ce systÚme permet aux journalistes d'émettre en moins de 20 minutes aprÚs leur arrivée sur les lieux.
Les satellites assurent également la télédiffusion des émissions de la société Cancom (aujourd'hui Services de Radiodiffusion Shaw (en)) qui est alors spécialisée dans les services offerts aux Canadiens vivant en région éloignée. Les émissions de Cancom sont alors destinées à des entreprises privées ou communautaires de télédistribution et de rediffusion ainsi que quelques individus.
Anik D1
Anik D2
Initialement prévu pour assurer le service de télédiffusion jusqu'en 1990[2], Anik D2 restera en service jusqu'en 1995.
Anik E
Anik E1
Anik E2
Anik F
Anik F1 | Anik F2 | Anik F1R | Anik F3 | |
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Masse au lancement (kg) | 4 700 | 5 950 | 4 100 | 4 639 |
Lancement | 23:56:00 UTC | 00:44 UTC | 21:53:00 UTC | 22:54:00 UTC |
Lanceur | Ariane 4 | Ariane 5 G+ | Proton, Briz M | Proton, Briz M |
Fin de mission | ||||
Orbite géostationnaire | 107,3 °W | 111,1 °W | 107,3 °W | 118,7 °W |
Index NSSDC | 2000-076A | 2004-027A | 2005-036A | 2007-009A |
Anik F1
Anik F1 débute la sixiÚme génération de satellites de Télésat. C'est en que Télésat commande une plate-forme Boeing 702 (en) de Boeing Satellite Systems (en). Anik F1 est lancé sur une fusée Ariane 4 le . Il est équipé de 84 transpondeurs actifs, 36 dans la bande C et 48 dans la bande Ku[8]. Il entre en service le
Le coût total de fabrication et de lancement d'Anik F1 est estimé à environ 400 M$. à son lancement, on le qualifie du plus puissant satellite commercial jamais lancé[9] - [10]. Il s'agit du premier satellite à couvrir l'ensemble de l'Amérique en télécommunications, services internet et télédiffusion. Star Choice migre la majorité de son signal anglophone sur Anik F1[11].
En , Boeing Satellite Systems avise ses clients qu'un défaut des panneaux solaires vient réduire la capacité du satellite à long terme[12]. La formation de buée sur les miroirs concentrateurs sur les panneaux solaires conduit à une diminution de la puissance disponible[13]. En 2011, le satellite dessert uniquement l'Amérique du Sud avec 12 transpondeurs dans la bande C et 16 dans la bande Ku[14].
Anik F2
Anik F2 fut aprÚs son lancement le plus gros satellite de communication du monde. Il est canadien et a été lancé dans la nuit du 17 au par le lanceur Ariane 5 G+[15].
Il s'agit d'une plate-forme Boeing 702 (en) appartenant Ă TĂ©lĂ©sat Canada qui assurera la premiĂšre commercialisation dâun accĂšs Internet haut dĂ©bit aller-retour sur la bande Ka destinĂ© principalement aux zones rurales d'AmĂ©rique du Nord. Il est Ă©quipĂ© de 94 transpondeurs actifs.
80 M$ ont été investis par l'Agence spatiale canadienne dans ce projet sur un budget total d'environ 360 millions.
Le , à la suite d'une mise à jour du logiciel, le satellite est tombé en panne à 6 h 36 causant des pannes de téléavertisseurs, de téléphonie, d'internet et de télévision. Dans le Grand Nord, 48 vols ont été annulés en raison de la panne[16] - [17]. Les services sont rétablis le lendemain matin[18].
Anik F1R
Anik F1R est lancé le 9 septembre 2005 pour remplacer Anik F1 qui présente un défaut des panneaux solaires. Il est prévu pour une durée de vie de 15 ans. En 2023, alors en fin de vie mais toujours opérationnel et maintenu à poste (pas encore déplacé sur une orbite de rebut), il est piraté par Karl Koscher et son équipe pour prouver la vulnérabilité des satellites abandonnés[19].
Anik F3
Anik G
La série Anik G a été annoncée pour la seconde moitié de l'an 2012 puis reportée pour début 2013[20]. Anik G1, est situé à une orbite géostationnaire de 107,3 °W. Le lancement officiel a été fait le et la mise en service en mai. Le satellite a été fabriqué par la compagnie Loral Space and Communications de New York et a une masse de 4 905 kg[21] - [22].
Notes et références
- « anik - Inuktitut Romain - ááá », sur Inuktitut Dictionnaire vivant (consultĂ© le )
- Michel Veyron, Dictionnaire canadien des noms propres, Louiseville (Québec), Larousse, , 764 p. (ISBN 978-2-920318-06-9), p. 33-34
- Actualités 24, « Répercussions financiÚres et sociales d'Anik », sur Télévision de Radio-Canada,
- (en) « Anik A - The world's first national synchronous communications satellite », sur Boeing - Defense, space & security
- « 1972 Anik A1 », sur Chronologie historique des Territoires du Nord-Ouest
- « Satellites commerciaux canadiens », sur Agence spatiale canadienne
- « Renouveau technologique à Shirleys Bay : Les grandes réalisations du campus », sur Centre de recherches sur les communications Canada,
- (en) « Anik F1 : Powerhouse Coverage for Western Hemisphere », sur Boeing (consulté le )
- (en) Norman Hermant, « The digital universe grows with Anik F1 », The National (CBC),â (lire en ligne)
- « TĂ©lĂ©sat met sur orbite le satellite de communications le plus puissant au monde », Canada Newswire,â
- Michel Truchon, « Un grand pas », Le Soleil,â
- (en) « Boeing 702 Solar Arrays », sur Satellite News Digest (consulté le )
- (en) « Anik F1 », sur Gunter's Space Page (consulté le )
- (en) « Anik F1 107.3° WL : Strong South American coverage in C & Ku-band », sur Telesat, (consulté le )
- « Lancement réussi du satellite Anik F2 de Télésat Canada », sur Agence spatiale canadienne,
- Luc Fournier, « Anik F2 Ă l'origine de plusieurs pannes », Le Soleil,â (lire en ligne)
- Ross Marowits, « Une panne de satellite cause bien des problĂšmes », La Presse Canadienne,â (lire en ligne)
- « Les services dâAnik F2 sont rĂ©tablis », Agence QMI,â (lire en ligne)
- (en-US) Lily Hay Newman, « Researchers Used a Decommissioned Satellite to Broadcast Hacker TV », Wired,â (ISSN 1059-1028, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Anik G1 » [PDF], sur Telesat,
- (en) Peter B. de Selding, « Telesat Canada Taps Loral To Build Anik G1 Satellite », Space News,â (lire en ligne)
- « Anik G1 », sur Telesat (consulté le )
Voir aussi
Article connexe
- Nimiq, autre série de satellites de télécommunication
Liens externes
- (fr) https://air-cosmos.com/article/il-y-a-50-ans-anik-le-premier-satellite-canadien-de-telecommunication-62907
- (fr), (en) Satellites commerciaux canadiens, Agence spatiale canadienne
- (fr) Comment Radio-Canada utilise Anik sur la télévision de Radio-Canada,
- (fr) La révolution Anik sur la télévision de Radio-Canada,
- (en)Anik sur l'Encyclopedia Astronautica