Andrés Caicedo
Luis Andrés Caicedo Estela (Santiago de Cali, Colombie, – id., ) est un écrivain colombien né à Cali, ville dans laquelle il passa la plus grande partie de sa vie. Bien qu'il mourût très jeune, son œuvre littéraire est considérée comme une des plus originales de la littérature colombienne. Caicedo anima plusieurs mouvements culturels dans sa ville dont le cercle littéraire des Dialogantes, le ciné-club de Cali et la revue Ojo al Cine. En 1970, il remporta le premier concours littéraire de contes de Caracas avec Los dientes de caperucita, ce qui lui conféra une première reconnaissance du milieu intellectuel.
Nom de naissance | Luis Andrés Caicedo Estela |
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Naissance |
Cali, Colombie |
Décès |
Cali, Colombie |
Activité principale |
Langue d’écriture | espagnol (Colombie) |
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Il a écrit que vivre plus de 25 ans est une honte, ce qui est perçu par beaucoup comme la principale raison de son suicide alors qu'il n'a que 25 ans, et qu'il vient de recevoir un exemplaire de son livre, publié par une maison d'édition argentine[1] - [2] - [3].
L'Ĺ“uvre de Caicedo est consacrĂ©e Ă la sociĂ©tĂ© urbaine et Ă ses problèmes sociaux, en particulier le rapport avec le monde actuel. Contrairement au courant du rĂ©alisme magique, l'Ĺ“uvre de Caicedo s'inspire exclusivement de la rĂ©alitĂ© sociale. Ainsi, certains spĂ©cialistes le considèrent comme l'antithèse de grandes figures de la littĂ©rature latino-amĂ©ricaine comme Gabriel GarcĂa Márquez. En particulier, le journaliste, Ă©crivain et cinĂ©aste chilien Alberto Fuguet soutient l'Ĺ“uvre de Caicedo, en qui il voit « le premier ennemi de Macondo ».
Bien qu'il soit célèbre en Colombie, Caicedo n'est pas encore connu du public dans le reste du monde, sûrement à cause de sa mort prématurée. Cependant, grâce à l'influence qu'il a auprès d'écrivains de la nouvelle génération comme Rafael Chaparro, Efraim Medina Reyes, Octavio Escobar ou encore Ricardo Abdahllah, son œuvre est de plus en plus reconnue.
Biographie
Premières années
Fils de Carlos Alberto Caicedo et de Nellie Estela, AndrĂ©s fut le cadet d'une fratrie de quatre enfants, et le seul garçon. En 1958, naquit son frère Fransisco JosĂ©, qui mourra trois annĂ©es plus tard. Ă€ ce moment, AndrĂ©s Ă©tudiait au collège du Pilar, institution dans lequel il rentra après son passage au collège Pie XII, « un grand Ă©tablissement franciscain » commenta-t-il plus tard. Ă€ cause de son mauvais comportement Ă l'Ă©cole – Caicedo raconta qu'il mentait beaucoup Ă ses amis, s'inventant une cĂ©lĂ©britĂ© et un succès qu'il n'avait pas, ce qui lui causa plusieurs problèmes – il fut transfĂ©rĂ© en 1964 dans une autre institution Ă©ducative, le collège Calasanz, dans la ville de MedellĂn. Cette mĂŞme annĂ©e, il Ă©crivit son premier conte, El Silencio. Sa scolaritĂ©, avant de revenir Ă Cali, continua d'ĂŞtre turbulente et Ă©pisodique : du collège Calasanz, il alla au collège Berchmans (institution qui influença beaucoup son univers littĂ©raire) d'oĂą il fut expulsĂ© pour aller Ă celui de San Luis en 1966. Il y fut expulsĂ© en 1968 pour mauvaise conduite, il passa son bachillerato (Ă©quivalent du baccalaurĂ©at en France) au collège Camacho Perea.
Entre les lettres, le théâtre et le cinéma
À côté de son intérêt pour la littérature, Andrés montra un grand intérêt pour le théâtre et le cinéma. En 1966, il écrivit sa première pièce de théâtre, Las curiosas conciencas, et le récit Infección. Un an plus tard, il mit en scène La Cantatrice chauve, de Eugène Ionesco, et il écrivit les pièces El fin de las vacaciones, Recibiendo al nuevo alumno, El Mar, Los imbéciles también son testigos, et La piel del otro héroe. Avec cette dernière il gagna le Premier Festival de Théâtre Étudiant de Cali. En 1968, il entra au Département de Théâtre de l'Université de Valle, qu'il abandonnera trois ans plus tard. En 1969, il entra comme acteur au Théâtre Expérimental de Cali, où il rencontra Enrique Buenaventura.
Cette annĂ©e fut l'annĂ©e la plus prolifique d'AndrĂ©s Caicedo. Ses dĂ©buts dans les rangs de la critique cinĂ©matographiques dans les journaux tels qu'El PaĂs, Occidente et El Pueblo coĂŻncidèrent avec plusieurs prix littĂ©raires. Son rĂ©cit Berenice fut rĂ©compensĂ© dans le concours de contes de l'UniversitĂ© de Valle, alors que Los Dientes de Caperucita occupa la deuxième place au concours latino-amĂ©ricain de conte, organisĂ© par la revue vĂ©nĂ©zuĂ©lienne Imagen. Il adapta et mis en scène une autre Ĺ“uvre d'Eugène Ionesco : Les Chaises. Il Ă©crivit les rĂ©cits Por eso yo regreso a mi cuidad, VacĂos, Los mensajeros, Besacalles, De arriba a abajo de izquierda a derecha, El espectador, Felices amistades, Lulita, Âżque no quiere abrir la puerta?.
Le ciné-club de Cali
Son goût pour le cinéma l'amena à fonder en 1969, avec ses amis Ramiro Arbaláez, Hernando Guerrero, Carlos Mayolo et Luis Ospina, le Ciné-club de Cali, dans un espace culturel appelé Cuidad Solar, propriété de Guerrero. Le ciné-club déménagea ensuite à la salle du TEC (Teatro Experimental de Cali), puis au Théâtre Alameda et enfin au Théâtre San Fernando. Le ciné-club attira un ensemble de personnes très diverses, dans lequel on pouvait trouver étudiants, intellectuels et cinéphiles, qui voyaient, interprétaient et critiquaient ce qu'Andrés, alors directeur du ciné-club, choisissait de diffuser.
En 1970, il adapta et mit en scène La noche de los asesinos, de José Triana. Cette même année, il écrit Antigone. Un an plus tard, il écrivit Patricialinda, Calibanismo, Destinitos fatales, Angelita y Miguel ángel, et El atravesado. Il écrivit aussi l'essai Los héroes al principio portant sur le roman de Mario Vargas Llosa La Ville et les Chiens, et El Mar, à propos de l'œuvre de Harold Pinter.
Avec son ami Carlos Mayolo il essaya de porter Ă l'Ă©cran, sans succès, le scĂ©nario de Angelita y Miguel ángel, en 1972. Cette mĂŞme annĂ©e, il Ă©crivit le scĂ©nario Un hombre bueno es difĂcil de encontrar et les rĂ©cits El pretendiente et El tiempo de la ciĂ©naga. Ce dernier fut primĂ© par le concours national de conte de l'UniversitĂ© ExtĂ©rieure de Colombie.
Le voyage aux États-Unis
En 1973, AndrĂ©s alla Ă Los Angeles et ensuite Ă New York avec l'espoir de pouvoir vendre Ă Roger Corman quatre scĂ©narios de long-mĂ©trage qu'il avait rĂ©digĂ©s, et que sa sĹ“ur avait traduits avec soin. Sa dĂ©marche n'aboutit pas, et Corman n'eut jamais les textes entre ses mains. « […] c'est un milieu bien difficile et inextricable, et ceux qui sont introduits Ă Hollywood ne font rien pour t'aider, par crainte de la concurrence […] » Ă©crivit sa mère dans une lettre Ă propos de son Ă©chec. Dans ce pays, AndrĂ©s commence Ă Ă©crire ce que la critique considĂ©rera comme son meilleur roman, ¡Que viva la mĂşsica!, (le seul qu'il ait eu le temps de terminer), et il commence un journal, qu'il comptait transformer en roman, Pronto : memorias de una CinesĂfilis. Il a aussi eu l'occasion d'interviewer le rĂ©alisateur de cinĂ©ma Sergio Leone. Son sĂ©jour aux États-Unis a Ă©tĂ© la pĂ©riode de sa vie dans laquelle le cinĂ©ma a Ă©tĂ© le plus important.
Dernières années
Maternidad, conte écrit en 1974, est selon lui son meilleur récit. Dans cette même année paraît le premier numéro de Ojo al cine, revue spécialisée qui deviendra la plus importante de Colombie. Il voyage de nouveau aux États-Unis, cette fois pour aller assister à l'Exposition internationale du cinéma. Un an plus tard, les éditions Pirata de Cualidad publie, grâce à l'aide financière de sa mère, son récit El atravesado, qui obtient un certain succès au niveau local. À partir de ce moment, il a plusieurs expériences homosexuelles[4].
Le suicide
Fidèle à son idée que la vie doit raisonnablement se terminer à 25 ans, Andrés essaye par deux fois de se suicider en 1976. Malgré cela, il écrit deux récits de plus dont Pronto et Noche sin fortuna. Les numéros 3, 4 et 5 de Ojo al cine paraissent. Il fait parvenir le manuscrit final de ¡Que viva la música! à Colcultura, de qui il recevra un exemplaire édité le . Ce même jour, il décide de mettre fin à ses jours en ingérant intentionnellement 60 pastilles de Sécobarbital (un somnifère).
Analysant sa mort, Alberto dit :
- « Caicedo est le chaĂ®non manquant du dernier boom. Il est l'ennemi numĂ©ro un de Macondo. Je ne sais pas Ă quel point on peut considĂ©rer son geste comme un suicide, peut-ĂŞtre a-t-il Ă©tĂ© assassinĂ© par GarcĂa Márquez et la culture dominante de cette Ă©poque. Il tenait moins du rockeur que les Colombiens voyaient en lui et plus de l'intellectuel. Un nerd tourmentĂ©. Il avait des dĂ©sĂ©quilibres, une angoisse de vivre. Il n'Ă©tait pas très Ă l'aise dans sa vie. Il avait des difficultĂ©s pour rester debout. Il avait besoin d'Ă©crire pour se maintenir. Il s'est tuĂ© parce qu'il en avait trop vu[5]. »
Influences
L'avant-dernier auteur dans la succession de Caicedo a Ă©tĂ© l'Ibaguereño Manuel Giraldo Magil dans son Ĺ“uvre Conciertos del Desconcierto. Dans les annĂ©es 1990, Opio en las nubes, de Rafael Chaparro Madiedo, a Ă©tĂ© vu comme une version revisitĂ©e de plusieurs histoires de Caicedo. L'influence de l'auteur caleño se fait encore ressentir de nos jours avec des auteurs comme Octavio Escobar Giraldo, dans son livre De mĂşsica lĂgera ; ou encore EfraĂm Medina, qui reprend Ă son compte l'humour noir de Caicedo dans son roman Érase una vez el amor pero tuve que matarlo. Ricardo Abdahllah a aussi, dans son premier recueil de contes Noche de Quema, fait allusion Ă plusieurs rĂ©cits de Caicedo revisitĂ© dans les annĂ©es 1990. La compagnie théâtrale de MedellĂn a jouĂ©, pendant une dizaine d'annĂ©es, Angelitos empantanados, basĂ© sur le travail de l'auteur.
Ĺ’uvre
La majorité de ses écrits furent publiés après sa mort. Grâce au travail de certains de ses amis, ses contes et ses manuscrits pour le théâtre ont pu être diffusés au grand public, tout comme ses essais critiques sur le cinéma. Certaines lettres qu'il a envoyées à sa mère, ses sœurs ou ses amis ont aussi été publiées, ce qui a permis de confirmer ses troubles émotionnels. Les recueils les plus célèbres sont :
- El libro negro de Andres Caicedo (2008). Bogota: Norma
- El cuento de mi vida (2007). Bogota: Norma (ISBN 978-958-04-9982-4)
- Noche sin fortuna / AntĂgona (2002). Bogota: Norma
- Ojo al cine (1999). Bogotá: Norma
- Angelitos empantanados o historias para jovencitos / A propósito de Andrés Caicedo y su obra (1995). Bogota: Norma (ISBN 958-04-3201-5)
- Recibiendo al nuevo alumno (1995). Cali: Editorial de la Facultad de Humanidades de la Universidad del Valle
- Destinitos fatales (1984). Bogota: Oveja Negra (ISBN 84-8280-413-8)
- Berenice / El atravesado / Maternidad / El Tiempo de la ciénaga (1978). Cali: Editorial Andes
Romans
- ¡Que viva la música! (1977)
- Noche sin fortuna (inconclusa) (1976)
- La estatua del soldadito de plomo (inconclusa) (1967)
- La Vida de Jose Vicente Diaz Lopez (inconclusa) (1975)
Contes
- Pronto (1976)
- En las garras del crimen (1975)
- Maternidad (1974)
- El pretendiente (1972)
- El tiempo de la ciénaga (1972)
- El atravesado (1971)
- Destinitos fatales (1971)
- Calibanismo (1971)
- Patricialinda (1971)
- AntĂgona (1970)
- Berenice (1969)
- Lulita, ¿qué no quiere abrir la puerta? (1969)
- Felices amistades (1969)
- El espectador (1969)
- De arriba a abajo de izquierda a derecha (1969)
- Besacalles (1969)
- VacĂos (1969)
- Por eso yo regreso a mi ciudad (1969)
- Los mensajeros (1969)
- Los dientes de Caperucita (1969)
- InfecciĂłn (1966)
- Calicalabozo[6] (1966)
- El silencio (1964)
Scénarios de cinéma et de théâtre
- Un hombre bueno es difĂcil de encontrar (1972)
- El fin de las vacaciones (1967)
- Recibiendo al nuevo alumno (1967)
- El mar (1967)
- Los imbéciles están de testigos (1967)
- La piel del otro héroe (1967)
- Las curiosas conciencias (1966)
Œuvres traduites en français
- Que viva la mĂşsica! (2012), Belfond (ISBN 9782714451255)
Notes et références
Source
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Andrés Caicedo » (voir la liste des auteurs).
Notes
- MEDELLÍN BECERRA, Jorge Alejandro et Diana Fajardo Rivera, Dictionnaire de la Colombie, Ed. Norma, Bogotá, 2005-2006, p. 149 (ISBN 958-04-8561-5).
- D'autres sources affirment que Caicedo a dit : « Vivre plus de 25 ans est pour moi insensé », comme cette biographie du Centre Virtuel Isaacs de l'université de Valle.
- ¡¡Qué viva la música!, résumé par es.shvoong.com.
- revistaarcadia.com.
- CAREAGA, Roberto, « Fuguet prépare une anthologie de Caicedo, le pire ennemi de Macondo », La Tercera, Santiago du Chili, 22 février 2008.
- Composé de 15 récits parmi lesquels se distingue Infección.
Liens externes
- (es) page sur Andrés Caicedo
- (es) Andrés Caicedo page créée par le centre virtuel Isaac, de l'Université de Valle
- (es) Andrés Caicedo, par Luis Carlos Molina. Bibliothèque virtuelle de la Banque de la République (Biblioteca Virtual del Banco de la República).
- (es) ¡Que viva la música! : l'écriture vu d'en bas Interprétation psychanalytique par Adriana Hernández.
- (es) La démence comme résultat de la rigueur Analyse critique de Juan Gustavo Cobo Borda.
- (es) Andrés Caicedo (I Parte en YouTube): Extrait du documentaire avec interviews de certains de ses proches. Vidéo publiée en 2006.