Anatoli Dobrynine
Anatoli Fiodorovitch Dobrynine (en russe : Анатолий Фёдорович Добрынин) né le à Krasnaïa Gorka, dans le gouvernement de Moscou (RSFS de Russie), et décédé le à Moscou (Russie), est un homme politique et diplomate soviétique. Il fut l'ambassadeur de l'Union soviétique à Washington de à , puis membre du secrétariat du Parti communiste soviétique jusqu'en 1988.
Ambassadeur de l'Union soviétique aux États-Unis (d) | |
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(à 90 ans) Moscou |
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Distinctions | Liste détaillée Ordre de Lénine Honored Worker of the Diplomatic Service of the Russian Federation (d) Ordre de l'Honneur Ordre du Drapeau rouge du Travail Héros du travail socialiste |
Début de carrière
Fils d'un plombier[1] et d'une mère qu'il qualifiait de « quasiment illettrée »[2], il étudie à l'Institut Aéronautique de Moscou et se spécialise en aéronautique[1] en travaillant tout d'abord pour le constructeur Yakovlev[2]. Il se rend aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale dans le cadre de la coopération soviéto-américaine. Il étudie ensuite à l'Ecole Diplomatique et intègre en 1946 le service diplomatique[1] pour suppléer au manque de diplomates professionnels soviétiques[2], et obtient en 1952 son premier poste à l'Organisation des Nations unies, à New York, en 1957[1]. Il fut notamment sous-secrétaire de Dag Hammarskjöld, chargé des affaires politiques et de sécurité du Conseil de l'ONU [2], assistant au sommet de Genève de 1955 et à la réunion entre John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev à Vienne en 1961[1].
Dobrynine est ensuite nommé ambassadeur à Washington[2].
Ambassadeur à Washington (1962-1986)
En mars 1962, il est nommé ambassadeur à Washington sous Khrouchtchev et le restera 24 ans, auprès de six présidents américains successifs, de Kennedy à Reagan. Son principal titre de gloire est d'avoir joué un rôle déterminant pendant la crise des missiles de Cuba en en activant tous ses réseaux personnels pour rencontrer discrètement Robert Kennedy et lui proposer secrètement un compromis acceptable par les deux parties : en plus de la promesse publique acceptée par Kennedy de ne pas envahir Cuba, un retrait des missiles soviétiques de Cuba, conditionné pour l'OTAN par un démantèlement discret de ses missiles PGM-19 Jupiter en Turquie[2].
Selon le directeur de la rédaction du Monde Alain Frachon, interrogé par les Américains sur la nature des missiles installés à Cuba, Dobrynine aurait affirmé qu'il ne s'agissait que de missiles de défense[1]. Le secrétaire d'État Dean Rusk lui aurait alors présenté des preuves photographiques qu'il s'agissait de missiles SS-4, à portée intermédiaire (2.000 km), ce à quoi il aurait répondu « la vérité » : il ne savait pas, Moscou ne l'en avait pas informé[1]. Les Américains le crurent, ce qui augmenta sa crédibilité à leurs yeux[1]. Mais Frachon ne mentionne pas le retrait des missiles de l'OTAN en Turquie, souligné par le Telegraph.
Alors que Moscou s'apprête à financer la campagne d'Hubert Humphrey afin d'éviter l'élection en novembre 1968 de Nixon, Dobrynine, craignant que ce plan finisse par jouer contre le Parti démocrate, met son grain de sel pour tenter de suggérer à Humphrey de ne pas accepter cette aide inhabituelle[2]. Humphrey refusa en effet cette aide[2].
Sous Nixon, il bénéficie d'une ligne directe avec Henry Kissinger[1]. Il sert alors souvent « de courroie de transmission entre Washington et le Kremlin »[1].
En 1972, il négocie avec Henry Kissinger le traité ABM[2], puis assiste avec Brejnev à tous les entretiens de celui-ci avec Nixon, en remplaçant parfois l'interprète.
Au Comité central du PCUS (1986-1988)
En février 1986, après la fin de la crise des euromissiles, Gorbatchev le nomme secrétaire du Comité central du PCUS, chargé des affaires internationales[1]. Il quitte ce poste deux ans plus tard pour raisons de santé[1].
Il assiste néanmoins au sommet de Malte, en décembre 1989, entre Mikhaïl Gorbatchev et George Bush qui marque la fin de la Guerre froide.
Dans ses Mémoires, il qualifia la guerre froide de « tragédie pour l'humanité »[1]. Il considère cependant la chute de l'URSS comme une erreur due à « nos chefs incompétents mais très ambitieux »[2].
Anecdote
En 1967, Dobrynine fut invité à une cérémonie officielle pour le centième anniversaire de la cession de l'Alaska par la Russie aux États-Unis. Questionné par des journalistes sur les regrets qu'il pouvait éprouver sur cette cession, il leur répondit : « Cela prouve bien combien les tsars étaient stupides ! ».
Dobrynine et Brzeziński, le conseiller à la sécurité nationale du président Carter, jouèrent plusieurs fois aux échecs ensemble.
Notes et références
- Alain Frachon, Anatoli Dobrynine, nécrologie du Monde, 10 avril 2010
- Anatoly Dobrynin, nécrologie du Telegraph, 8 avril 2010
Bibliographie
- (en) Anatoly Dobrynin, In Confidence : Moscow's Ambassador to Six Cold War Presidents, New York, Times Books, , 672 p. (ISBN 0-8129-2894-6)