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Alexandre Cammas

Alexandre Cammas, né le à Paris, est un journaliste, auteur, critique gastronomique et entrepreneur français. Il est le créateur du guide Fooding.

Biographie

Jeunesse et Ă©tudes

Alexandre Cammas est né à Paris le . Après son bac, ce fils et petit-fils de cafetiers aveyronnais poursuit ses études à l'école hôtelière de Strasbourg.

Journaliste et auteur

De retour Ă  Paris en 1995, il commence une carrière de journaliste et critique gastronomique dans de nombreux guides (Gault et Millau, Guide du routard) et titres de presse (LibĂ©ration, Vogue Homme, Max, Nova…). En 1998 il publie Recettes parisiennes[1], prĂ©facĂ© par Alain Rey et prĂ©sentĂ© par Le Parisien comme « le premier livre sur les recettes gastronomiques de la capitale Â»[2]. C’est grâce Ă  sa chronique gastronomique hebdomadaire « Repaire Â» dans LibĂ©ration (1997-1998)[3] qu’il est remarquĂ© par Jean-François Bizot, fondateur et propriĂ©taire de Nova Press[4].

Auteur de Nuits blanches Ă  Paris[5], il s’interroge dans Nova Magazine sur l’avenir de la nuit parisienne (« Et si l’avenir de la nuit, c’était le jour ? Â») et thĂ©orise le « dayclubbing Â», concept repris par les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot dans leur ouvrage Paris mosaĂŻque[6].

PrĂ©sentĂ© comme « traqueur de tendances Â» par Arnaud Malherbe dans L’Express , il est qualifiĂ© par Kriss, dans Portraits sensibles, de « journaliste branchĂ© qui nous dit oĂą ça se passe et mĂŞme oĂą ça va se passer Â»[7]. RemarquĂ© par Renaud Le Van Kim sur iTĂ©lĂ©, il intègre la première Ă©quipe du Grand Journal en 2004. MalgrĂ© une brève collaboration, Michel Denisot le prĂ©sente comme « co-fondateur du Grand Journal, il Ă©tait lĂ  au tout dĂ©but Â»[8].

En 2019, Alexandre Cammas signe avec Marine Bidaud et Charles Gillibert un projet de série[9] pour Canal +.

En 2022, il signe avec Lamia Ziade un livre jeunesse : Le Doudou fondant.

Créateur du Fooding

En 1999, Alexandre Cammas publie un article dans Nova Magazine, où il écrit pour la première fois le mot « fooding »[4] - [10], néologisme formé à partir des mots anglais food (nourriture) et feeling (ressenti, sentiment)[11].

En 2000, après avoir déposé la marque Fooding à l’INPI[12], Alexandre Cammas publie le premier des quatre guides Fooding hors-série de Nova Magazine (2001, 2002, 2003, 2004) sous la direction de Jean-François Bizot[13].

La mĂŞme annĂ©e, avec le critique gastronomique Emmanuel Rubin, l’animatrice Julie Andrieu et l’éditeur Jean-Christophe Napias, il « bricole une « semaine du Fooding Â» Â»[14], en programmant exposition, performances culinaires, dĂ©bats et remise de prix[15].

En 2001 il crĂ©e la sociĂ©tĂ© MMM[16] ! et ouvre en 2002 le Bureau du Fooding avec Julia Sammut[17]. La mĂŞme annĂ©e, interviewĂ© par François-RĂ©gis Gaudry, il lui propose de se lancer dans la critique gastronomique en devenant contributeur du guide Fooding[18]. En 2003 il remarque KĂ©da Black Ă  l’occasion d’un concours[19] et Danièle Gerkens, alors assistante d’Alain Passard et les invite Ă  collaborer au guide. En 2004, il accueille Marine Bidaud en tant que stagiaire et lui propose six mois après de devenir associĂ©e[20]. La mĂŞme annĂ©e il crĂ©e l’expression « cave Ă  manger Â» pour les besoins du livre Fooding, le dico, co-signĂ© avec Emmanuel Rubin[21] - [22]. D’autres expressions et mots-valise inventĂ©s[23] suivront, comme « cuisine faubourgeoise Â»[24] ou « bistrattoria Â»[23].

Après deux éditions du guide Fooding en supplément de Libération (2005, 2006), et deux éditions en hors-séries du Nouvel Obs (2007, 2008) sous la direction de Louis Dreyfus[25], Alexandre Cammas décide de publier de manière autonome le guide Fooding dès 2009[4].

Après un premier événement Fooding à New-York au MoMa P.S.1 en 2009 (le Fooding d’Amour)[26], le journaliste américain Adam Gopnik compare dans The New Yorker le Fooding à la Nouvelle Vague et Alexandre Cammas à André Bazin[27].

En 2010, Alexandre Cammas est le directeur de la publication du guide Fooding, décliné en version papier, web (depuis 2006)[28] et application mobile[29], devenue gratuite en 2017[30].

Organisateur de nombreux événements éditorialisés (Violences en cuisine[31], La Revanche des Faubourgs[32], Plat de Résistance[33] ! Le Clan des Madones[34]…), Alexandre Cammas déclare en 2015 dans Télérama : « Les grands journaux ont tardé à le comprendre mais l’événementiel est un média au même titre que le web et le print »[14].

En 2017, Alexandre Cammas apparaît sous les traits de Stéphane Combas dans le roman La Louve de Paul-Henry Bizon[35].

La même année, le groupe Michelin Experience entre au capital du Fooding[36]. Alexandre Cammas ainsi que son associée historique Marine Bidaud conservent la majorité des parts et la direction de la société MMM !

En 2020, trois ans après le début de leur collaboration, Michelin acquiert le Fooding à 100 %. Cette acquisition est la finalisation d’un accord établi en 2017, après la prise de participation de 40 % par Michelin dans le capital et prévoyant à terme, un achat à 100 %[37]. Le , dans l’édito du guide Fooding 2021, Alexandre Cammas annonce son départ pour [38] - [39]. Frédéric Radigué lui succède à la présidence de MMM[40] !

Ă€ la direction du Fooding pendant vingt ans, Alexandre Cammas est prĂ©sentĂ© par le magazine Elle comme « une rĂ©fĂ©rence internationale en matière de crĂ©ativitĂ© associĂ©e Ă  l'univers bien souvent compassĂ© de la gastronomie et plus gĂ©nĂ©ralement des arts de la table Â»[41].

Prises de position dans les médias

Journaliste et critique décrit comme le « Danton du mouvement Fooding »[27], un « observateur des mœurs culinaires »[42] « iconoclaste »[43] aux « idées révolutionnaires, ulcéré par la hiérarchie, le décorum, les fausses valeurs de la tradition »[43], Alexandre Cammas prend régulièrement position sur l’actualité gastronomique et culturelle.

Le , dans Libération, Alexandre Cammas et les journalistes gastronomiques Guillaume Crouzet et Emmanuel Rubin signent une tribune « Du ronron dans les macarons »[44]. Ils y déplorent « l’immobilisme du Bibendum »[45].

Le , dans l’éditorial, « Le Meilleur guide du monde ! » (guide Fooding France 2006 publié en supplément de Libération), Alexandre Cammas questionne la légitimité du classement 50 Best Restaurants of the world qui vient de décerner le titre de meilleur chef du monde à Ferran Adria : « Sur quelles bases un restaurant est-il meilleur qu’un autre ? […] Alors [qu’]en cuisine […] on ne joue qu’à domicile ? ».

Le , après que le président Nicolas Sarkozy a déclaré que la France avait « la meilleure gastronomie du monde »[46], Alexandre Cammas publie une tribune dans Libération, titrée « La culture à sa juste saveur »[47], dans laquelle il critique les fondements d’une telle assertion : « En cuisine, le meilleur n'existe pas. Il n'y a que des préférences »[47].

Le , Ă  l’occasion de la sortie du film de Christophe HonorĂ© La Belle Personne, Alexandre Cammas signe une tribune, « La Blanche Personne »[48], dans LibĂ©ration, oĂą il reproche au rĂ©alisateur que, dans son nouveau film, « tout le monde [soit] blanc. […] « blanchement Â» beau. » Avant de conclure : « Mais le pire, dans tout ça, c’est que […] la prochaine Ă©dition des CĂ©sars sera dĂ©sespĂ©rĂ©ment blanche. Et pourtant, toute l’AcadĂ©mie aura votĂ© Obama »[48].

Le , dans Le Monde, Alexandre Cammas signe une tribune « Le Salon de l’agriculture n’a plus la frite »[49], dans laquelle il critique le format actuel du Salon qui « fait endosser au monde agricole un total look plouc absolument dĂ©sespĂ©rant. […] Abandonne les petits agriculteurs Ă  la merci de ceux que « la vie moins chère Â» enrichit. » Selon Alexandre Cammas, le Salon de l'agriculture doit faire sa rĂ©volution et tirer parti de « cette nouvelle conscience du bon, affĂ»tĂ©e par des questions aussi actuelles et universelles que le bio, le dĂ©veloppement durable, l'empreinte carbone, la qualitĂ© de vie, la santĂ©, le goĂ»t, la saisonnalitĂ©, les Ă©nergies, le tourisme vert, la prĂ©servation des espèces et des races » et « mettre en scène toutes ces tendances […] dans un foirail des temps modernes. Au Champ-de-Mars ? Pourquoi pas, le concours gĂ©nĂ©ral y avait bien eu lieu en 1923 et 1924… »[49].

Le , Alexandre Cammas signe une tribune dans Le Monde, « Le guide Michelin doit se libĂ©rer de l'influence des grands chefs »[50], dans laquelle on apprend que, Ă  la suite des critiques de plusieurs grands chefs, dont Alain Ducasse et JoĂ«l Robuchon[51], le guide Michelin ne cesse d'ajourner le lancement de son nouveau site, qui prĂ©voit d’inclure des avis d'internautes sur les adresses du guide.  « La connivence est poussĂ©e trop loin et menace l'honneur du mĂ©tier »[50], Ă©crit Alexandre Cammas. Quelques heures après la publication de cette tribune, Michelin lance finalement son site internet[52].

Le , dans une tribune au Huffington Post intitulĂ©e « French food bashing : on n'avale pas ! »[53], Alexandre Cammas rĂ©pond au journaliste gastronomique amĂ©ricain Michael Steinberger, auteur d'une tribune très critique sur les chefs français et la cuisine française[54] : « Oserais-tu prĂ©tendre, toi l'AmĂ©ricain, qu'en 2014, la race d'une cuisine est dĂ©finie par le passeport du chef qui la fait ? […] Car qu'est-ce que la cuisine française au XXIe siècle sinon une cuisine « made in France ? Â» »[53].

Le , dans l’émission Le Nouveau Rendez-Vous, sur France Inter, consacrée à la cuisine française et enregistrée en présence de François Régis Gaudry, auteur de On va déguster la France[55], Alexandre Cammas déclare : « Personne n’est capable de définir la cuisine française. En fait ça n’existe plus ; ça a existé, c’était un élément du soft power français qui a été créé pour faire de la propagande française. […] La cuisine folklorique française, c’est une cuisine qui est en train de disparaître. » Mais il précise : « Il y a un truc qui est hyper important et qui est ultra-vivant en France […], c’est les produits, c’est le terroir, c’est les régions[56] ! »

Le 1er octobre 2020, après le suicide du chef star du guide Fooding, Taku Sekine, accusĂ© de viol et d'agression sexuelle par Atabula[57], Alexandre Cammas dĂ©plore, dans une tribune publiĂ©e par Vanity Fair[58] et lefooding.com  (« Suicide de Taku Sekine, un drame pour rien ? »), l’immense gâchis provoquĂ© par ces rĂ©vĂ©lations, alors qu’une enquĂŞte Ă©tait en cours chez Mediapart[59] : « Dans cette affaire dramatique et consternante Ă  tout Ă©gard, tout le monde aura perdu demain si, en plus, elle n’a servi Ă  rien. »

Ouvrages d'Alexandre Cammas

  • Alexandre Cammas, Recettes parisiennes, Paris, Ă©d. Subervie, 1998.
  • Alexandre Cammas, Nuits blanches Ă  Paris, Paris, Ă©d. Parigramme, 2005.
  • Alexandre Cammas et Emmanuel Rubin, Fooding, le dico, Paris, Ă©d. Albin Michel, 2004.
  • Alexandre Cammas et Lamia ZiadĂ©, Le Doudou fondant, Robert Laffont, 2022.

Notes et références

  1. Alexandre Cammas, Recettes parisiennes, Subervie, (ISBN 2-911381-24-6 et 978-2-911381-24-9, OCLC 41521590, lire en ligne)
  2. Brendan Kemmetle, « Mettez tout Paris dans votre assiette », sur leparisien.fr, (consulté le )
  3. « Alexandre Cammas », sur Libération.fr (consulté le )
  4. « Le Guide du Fooding, un agitateur devenu incontournable », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
  5. Alexandre Cammas, Nuits blanches Ă  Paris, Parigramme, (ISBN 2-84096-129-6 et 978-2-84096-129-1, OCLC 43165169, lire en ligne)
  6. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, « Les Nuits de Paris », Les Annales de la Recherche Urbaine, vol. 87, no 1,‎ , p. 15–24 (DOI 10.3406/aru.2000.2330, lire en ligne, consulté le )
  7. Kriss, Portraits sensibles, France Inter, 13 septembre 2000
  8. Michel Denisot, Le Grand Journal, Canal +, 17 novembre 2010
  9. Vanity Fair et Condé Nast Digital France, « Le Fooding, 20 ans après », sur Vanity Fair, (consulté le )
  10. Popcorn, Faith., Dictionary of the future : the words, terms, and trends that define the way we'll live, work, and talk, Hyperion, (ISBN 0-7868-6657-8 et 978-0-7868-6657-1, OCLC 46321194, lire en ligne)
  11. Pascale Hébel, « Influence de la communication sur l’alimentation », Communication & langages, vol. 2010, no 164,‎ , p. 41 (ISSN 0336-1500, DOI 10.4074/s0336150010012044, lire en ligne, consulté le )
  12. « Nicolas Santolaria », sur Langue sauce piquante (consulté le )
  13. « Tout sur le Fooding », sur LExpress.fr, (consulté le )
  14. « « Le guide Michelin est l’ennemi de la cuisine vivante française Â», Alexandre Cammas, fondateur du Fooding », sur TĂ©lĂ©rama (consultĂ© le )
  15. Les Echos, « Le Fooding prend l'air », sur lesechos.fr, (consulté le )
  16. « MMM ! (Paris 2) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur societe.com - 439898636 », sur www.societe.com (consulté le )
  17. « Fooding, Alexandre Cammas et Emmanuel Rubin en chat », sur www.linternaute.com (consulté le )
  18. Gaudry, François-Régis., Paris cool, Parigramme, (ISBN 2-84096-279-9 et 978-2-84096-279-3, OCLC 85891407, lire en ligne)
  19. « Kéda Black - Sa bio et toute son actualité - Elle », sur elle.fr (consulté le )
  20. « La vie en clics de Marine Bidaud, la reine de la tribu connectée du Fooding - Elle Active », sur elle.fr, (consulté le )
  21. Cammas, Alexandre et Rubin, Emmanuel, Fooding, le dico, Albin Michel, (ISBN 2-226-15543-0 et 978-2-226-15543-6, OCLC 470331967, lire en ligne)
  22. « 15 ans de Fooding, retour sur leurs meilleurs coups - Elle à Table », sur elle.fr, (consulté le )
  23. « Le guide Fooding a 20 ans : la fête est-elle finie ? », sur Télérama (consulté le )
  24. « Le guide Fooding cĂ©lèbre la cuisine « faubourgeoise Â» », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  25. « Le Fooding, quinze ans de cuisine interne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. (en-US) Florence Fabricant, « Le Fooding Is Coming to New York », sur Diner’s Journal Blog, (consulté le )
  27. (en-US) Adam Gopnik, « No Rules! », sur The New Yorker (consulté le )
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  31. Franck Pinay-Rabaroust, « Violences en cuisine : levons le voile », sur Atabula - Edition générale, (consulté le )
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  57. Franck Pinay-Rabaroust, « Ils ont fait ou vont faire l’actu : Taku Sekine, Guy Martin, Alain Passard, Alain Ducasse, Gault&Millau, Jacky Ribault, The Fork et quelques autres », sur ATABULA - Edition générale, (consulté le )
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  59. Lénaïg Bredoux, « Gastronomie: à propos d'une enquête de Mediapart », sur Club de Mediapart (consulté le )
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