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Albert Clément

Albert Clément, né le à Paris et mort le à Saint-Martin-en-Campagne, est un pilote automobile français.

Albert Clément
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait d'Albert Clément au volant.
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris 17e
Date de décès
Lieu de décès Saint-Martin-en-Campagne
Nationalité Drapeau de la France Français
Carrière
Années d'activité 1904-1907
Qualité Pilote automobile
Parcours
AnnéesÉcurie0C.0(V.)
Clément-Bayard

Fils du fortuné constructeur automobile Adolphe Clément-Bayard, ce passionné d'automobiles est l'un des pionniers de la compétition automobile. Il commence sa carrière de pilote en 1904, aidé par son père. Désigné comme le « benjamin » des coureurs, il s'illustre à plusieurs reprises, terminant même sur le podium du premier Grand Prix de l'Automobile Club de France. L'année suivante, il meurt au volant de la Bayard no 13 lors des entraînements du Grand Prix de l'Automobile Club de France 1907.

Biographie

Jeunesse

Albert Clément naît le au 20 rue Brunel à Paris, dans l'appartement au-dessus de la boutique de vélocipèdes[1]. Il est le troisième enfant et le fils aîné du grand constructeur automobile Adolphe Clément-Bayard[1] - [2]. À cinq ans, c'est un habile cycliste[1]. Jeune, il suit de nombreuses courses au vélodrome de Bécon-les-Bruyères puis au vélodrome Buffalo[1].

Afin qu'il fasse de brillantes études, son père, qui souhaite faire de lui un ingénieur, l'envoie en Suisse et en Angleterre avant qu'il revienne en France à l'école Duvignan de Lanneau où il prépare l'École centrale[1] - [2]. À l'occasion de ces voyages, il découvre de nouvelles activités physiques : le ski et le toboggan en Suisse, le cricket, le golf, la natation et le football en Angleterre, puis le football rugby à Lanneau dans une équipe avec laquelle il gagne le championnat inter-scolaire[1].

Albert Clément préfère l'usine du quai Michelet aux études[1]. Il s'oriente vers la mécanique pratique en travaillant avec les ouvriers sur les voitures et se met dès que possible au volant d'un véhicule[1] - [2]. Il devient un excellent manieur de volant en multipliant les trajets entre Paris et Compiègne chaque samedi[1].

Carrière de pilote

Sous l'impulsion de son père, décidé à poursuivre l'éducation de son fils par la conduite de rapides automobiles[1], Albert Clément participe en aux éliminatoires françaises de la coupe automobile Gordon Bennett[3]. Les observateurs crient à la folie de laisser un volant à un jeune homme âgé de seulement dix-neuf ans mais Albert fait ses preuves[3]. Il termine dixième, après avoir gagné le Mile départ arrêté du Meeting d'Arras[4].

Publicité textuelle évoquant les succès des voitures Bayard-Clément en compétitions automobiles.
Publicité de Bayart-Clément dans L'Auto en 1904.

Le , Albert ClĂ©ment remporte le Circuit des Ardennes des Voiturettes Ă  Bastogne sur une ClĂ©ment 18 HP[5]. Il est le seul des deux engagĂ©s Ă  conclure la course, disputĂ©e sur cinq tours ; son seul adversaire, Edmond, arrive trop tard pour le pesage et abandonne au troisième tour[5]. Le journaliste de L'Auto Georges Prade note nĂ©anmoins les qualitĂ©s du jeune pilote : « Albert ClĂ©ment a Ă©tĂ© courageux, il a crevĂ© je ne sais combien de fois sur des clous ; il a rĂ©parĂ©, est reparti, et finalement, a terminĂ© en un temps relativement excellent. C'est un courageux et un tenace que ce jeune homme silencieux et modeste, adroit et hardi, de la bonne Ă©cole en un mot »[5]. Le lendemain, il se classe troisième de la course principale, sur une distance plus que doublĂ©e, Ă  quatre minutes du vainqueur George Heath[1] - [6]. L'entreprise familiale utilise ces belles performances dans les publicitĂ©s qu'elle effectue dans les journaux[7] - [8]. Elle Ă©voque mĂŞme un record du monde des 500 kilomètres Ă  près de 93 km/h de moyenne[7] - [8] bien que les rĂ©sultats publiĂ©s dans L'Auto indiquent que Georges Teste a Ă©tĂ© plus rapide sur cette distance[6]. Un mois plus tard, fin , il brise sa roue au premier virage du meeting de cĂ´te du Ventoux[9] - [10] - [11].

Photographie en noir et blanc d'une voiture automobile des années 1900 fumante devant la foule.
Albert Clément au volant de la Clément-Bayard 80HP no 12 lors de la Coupe Vanderbilt 1904.

Toujours au volant de cette longue automobile bleue, Clément dispute en octobre de la même année la coupe Vanderbilt, nouvelle épreuve disputée aux États-Unis[12] - [13]. Le jeune pilote stupéfie les Américains lors des essais au volant de sa Bayard-Clément de 80 ch[14]. Bénéficiant des nombreux abandons, il livre un duel avec le parisien d'adoption George Heath pour la victoire[1] - [15] - [16]. Après la crevaison de son principal adversaire, Albert Clément mène la course aux huitième et neuvième des dix tours de compétition[15]. Il bénéficie d'une voiture allégée et n'emmène qu'une seule roue de secours contre deux pour ses adversaires[12]. Le moteur de sa voiture émet néanmoins un nuage de fumée et une puissante odeur d'essence[12]. Avec une superbe conduite dans le dernier tour, Heath s'adjuge la victoire avec une avance d'une minute et vingt-huit secondes[16]. Après la course, Albert Clément approche l'arbitre, William Kissam Vanderbilt II, et proteste avoir été retenu injustement à un contrôle près de deux minutes[13] - [15]. La commission de la course étudie sa requête dans la soirée et la rejette[15].

En 1905, il est moins heureux et ne termine pas les Ă©liminatoires françaises de la Coupe Gordon-Bennett sur le Circuit d'Auvergne[17] - [18]. Sa voiture de course Bayard-ClĂ©ment, qui pèse 985 kg, possède un moteur Ă  quatre cylindres donnant 120 ch Ă  1 400 tr/min, un châssis en tĂ´le d'acier emboutie, une transmission par cardan, quatre vitesses et un embrayage mĂ©tallique Ă  plateaux, tombe en panne dès le premier tour[19]. ClĂ©ment abandonne et retourne Ă  la ligne de dĂ©part Ă  pied[18] - [20].

Photographie en noir et blanc d'une automobile numérotée 13A sur laquelle se tient deux hommes, l'un au volant, l'autre assis.
Albert Clément au volant de sa Bayard lors du Grand Prix de l'Automobile Club de France 1906.

Albert ClĂ©ment confirme ses talents de pilote en 1906. En , il termine troisième du premier Grand Prix de l'Automobile Club de France au volant d'une Bayard de 125 ch[21]. Deuxième au terme du premier jour sur les deux que compte l'Ă©preuve, le benjamin de la course livre un duel avec Felice Nazzaro au cours des 1 238 kilomètres de course, avant de s'incliner Ă  cause d'une Ă©nième crevaison de roue[21]. Dans sa course, ClĂ©ment est aidĂ© par VĂ©nus, un ancien jardinier devenu mĂ©canicien de course[21], mais ils ne peuvent lutter face aux jantes amovibles de ses concurrents[2] - [22] - [23]. Au dĂ©part de la course du circuit des Ardennes en , il termine Ă  la sixième place derrière trois voitures de l'Ă©curie Lorraine-Dietrich après avoir menacĂ© la première place d'Arthur Duray au milieu de la course[24] - [25]. Il traverse ensuite de nouveau l'OcĂ©an Atlantique en pour disputer la Coupe Vanderbilt qu'il finit au pied du podium[2] - [26].

Photographie d'un homme fumant une cigarette assis sur une table.
Albert Clément au service militaire.

Appelé pour effectuer son service militaire, il est en garnison au 5e régiment du génie à Versailles selon Le Figaro[27] et à la 1re compagnie d'ouvriers d'artillerie à Vincennes pour La Vie au grand air[3]. Les deux journaux s'accordent sur le fait qu'il demande et obtient trois jours de permission en pour essayer la voiture qu'il doit conduire au départ du Grand Prix de l'Automobile Club de France quelques semaines plus tard[3] - [27].

Photo des restes d'une voiture accidenté posée sur un plateau roulant.
Les débris de sa voiture, après l'accident mortel du 17 mai 1907.

Lors de ces entraĂ®nements, organisĂ©s sur le circuit de la Seine-InfĂ©rieure, Albert ClĂ©ment prend le volant de la Bayard-ClĂ©ment 6 cylindres de 200 ch portant le numĂ©ro 13 de son mĂ©canicien Pierre Gaudermen[27]. Ce dernier est assis Ă  ses cĂ´tĂ©s[27]. Après avoir conclu un premier tour de circuit, ClĂ©ment perd le contrĂ´le de son automobile dans le virage de Martin-en-Campagne, Ă  Saint-Martin-en-Campagne, sur la route d'Eu, Ă  15 kilomètres de Dieppe[2]. GĂŞnĂ© par la poussière soulevĂ©e par la voiture de Fernand Gabriel qui le prĂ©cède ou lancĂ© Ă  une trop grande vitesse, il glisse vers l'extĂ©rieur du virage[27] - [28]. La roue avant-gauche de son vĂ©hicule heurte un tas de sable[3] - [27]. Le vĂ©hicule bondit et se brise sur la route[3] - [27]. Lorsque les premiers tĂ©moins arrivent sur la scène de l'accident, Albert ClĂ©ment est Ă©tendu au milieu de la route, mort sur le coup[3] - [27]. Sa tĂŞte a Ă©tĂ© dĂ©foncĂ©e par la colonne du volant de direction, perçant sa gorge et fracturant son crâne[27]. BlessĂ© et Ă©vanoui, Gaudermen reprend ses esprits quelques minutes plus tard, transporte son ami dans l'auberge de Saint-Martin-en-Campagne puis tĂ©lĂ©graphie aux usines ClĂ©ment la nouvelle de l'accident sans oser annoncer sa mort[2]. Son père apprend la nouvelle tard dans la journĂ©e, une fois qu'il atterrit de son voyage en ballon avec Jacques Faure[27]. En son souvenir, une stèle a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e Ă  proximitĂ© des lieux de l'accident, en bordure de la route dĂ©partementale 925, rue de la LibĂ©ration, Ă  Saint-Martin-en-Campagne, sur l'actuelle commune de Petit-Caux (49° 57′ 13″ N, 1° 13′ 29″ E). On peut y lire "il Ă©tait du monde oĂą les plus belles choses ont le pire destin".

Ce drame mortel rappelle celui de Marcel Renault survenu lors de la course Paris-Madrid quatre ans plus tôt[27]. C'est l'une des tragédies qui amènent l'Automobile Club de France à bannir le no 13 en compétition automobile dans les années 1920[29]. La triskaïdékaphobie est depuis très présente dans le monde automobile[29]. Les trois voitures de l'écurie Clément-Bayard participeront au Grand Prix de l'Automobile Club de France 1907. Pierre Garcet termine septième de la course, Elliott Shepard huitième et « Alezy », au volant de la voiture d'Albert Clément, abandonne dans le cinquième tour[30].

RĂ©sultats en Grands Prix

Tableau synthétique des résultats d'Albert Clément en Grands Prix hors-championnat
Année Grand Prix Écurie Résultat
1904 Éliminatoires françaises de la Coupe Gordon-Bennett Bayard-Clément 10e
Circuit des Ardennes Bayard-Clément 4e
Coupe Vanderbilt Bayard-Clément 2e
1905 Éliminatoires françaises de la Coupe Gordon-Bennett Bayard-Clément Abandon
1906 Grand Prix automobile de France Bayard-Clément 3e
Circuit des Ardennes Bayard-Clément 6e
Coupe Vanderbilt Bayard-Clément 4e

Notes et références

  1. Charles Faroux, « Au volant, Albert Clément : Le plus jeune conducteur français est aussi l'un des meilleurs. Son calme, son sang froid, son exacte appréciation des distances en font un des concurrents les plus redoutables dans les Grandes Épreuves de 1906 », La Vie au grand air,‎ , p. 326 (lire en ligne).
  2. « Terrible accident d'automobile : Mort tragique d'Albert Clément », Le Journal, no 5343,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  3. Georges Le Roy, « La Mort d'Albert Clément : Une terrible nouvelle s'est abattue vendredi dernier sur le monde automobile. Albert Clément, le Benjamin des conducteurs et certes, l'un des plus sympathiques, venait de mourir, renversé avec sa voiture dans un virage, sur la route d'Eu à Dieppe », La Vie au grand air, no 453,‎ , p. 348-349 (lire en ligne).
  4. Georges Prade, « Après le meeting d'Arras », La Vie au grand air, no 299,‎ , p. 441-444 (lire en ligne).
  5. Georges Prade, « Le Circuit des Ardennes - La Première Journée : Les engins légers - Motocyclettes, motocycles et voiturettes - Belges et Français - Veille de bataille », L'Auto, no 1382,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  6. Henri Desgrange et Georges Prade, « Le 3e Circuit des Ardennes : Une journée magnifique - Victoire des Panhard-Levassor - La Bayard A. Clément - Le Blon fait 104 de moyenne - Heath remporte la victoire - La guigne de Teste - Un route dure. Course difficile. - Un grand succès. », L'Auto, no 1383,‎ , p. 1 et 3 (lire en ligne).
  7. « Quelques succès des Automobiles Bayards - A. Clément, constructeur », L'Auto, no 1424,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  8. « Quelques succès des Automobiles Bayards - A. Clément, constructeur », L'Auto, no 1442,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  9. « Le meeting de cote du Ventoux : Troisième année - Organisé par l'Automobile Club Vauclusien, avec le concours de l'Auto », L'Auto, no 1415,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  10. Georges Prade, « Le meeting de cote du Ventoux : La seconde journée - les véhicules de vitesse », L'Auto, no 1417,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  11. « Le meeting du Ventoux », La Presse, no 4475,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  12. (en) Robert Dick, Auto Racing Comes of Age : A Transatlantic View of the Cars, Drivers and Speedways, 1900–1925, McFarland, , 312 p. (ISBN 9780786466702), p. 45.
  13. « Petits instantanés », Le Journal, no 4393,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  14. Georges Prade, « La Coupe W. K. Vanderbilt », L'Auto, no 1458,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  15. (en) Howard Kroplick, Vanderbilt Cup Races of Long Island, Arcadia Publishing, , 127 p. (ISBN 9780738557519), p. 34-37.
  16. P. B., « M. Albert Clément », L'Auto, no 1543,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  17. L.-Lucien Faure, « Les éliminatoires françaises : Sur le Circuit d'Auvergne - 600.000 francs de palissades, de files de fer et de goudron », La Vie au grand air,‎ , p. 515-523 (lire en ligne).
  18. P. B., « La Coupe Gordon-Bennett : Les éliminatoires françaises », La Croix, no 6811,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  19. « Les Éliminatoires françaises : Description des voitures », La Presse, no 15431,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  20. Rodolphe Darzens, « La Coupe Gordon-Bennett : Théry, sur Richard-Brasier, gagne l’Éliminatoire française. Caillois deuxième, Duray troisième. - Pas d'accident grave. », Le Journal, no 15431,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  21. « Echos du Grand Prix : Les détails du duel Nazzro-Albert Clément - Les paris aux tribunes - Le tour le plus vite du Circuit fait efficieusement par Szisz », L'Auto, no 2086,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  22. « Le Grand Prix de l'A.C.F. », La Vie au grand air, no 406,‎ , p. 487 (lire en ligne).
  23. Albert Clément, « La course d'Albert Clément : Albert Clément raconte aux lecteurs de la Vie au Grand Air les efforts qu'il fit pour triompher et combien il regrette que la malchance l'ait empêché de remporter une victoire qui eût grandement réjoui son père », La Vie au grand air, no 407,‎ , p. 498 (lire en ligne).
  24. « Le Circuit des Ardennes », La Vie au grand air, no 413,‎ , p. 609-612 (lire en ligne).
  25. Charles Faroux, « Le circuit des Ardennes belges : Cette importante épreuve, qui vient de se courir pour la cinquième fois, a remporté un succès extraordinaire et a fourni aux monstres de vitesse l'occasion de culbuter tous les records existants », La Vie au grand air, no 414,‎ , p. 622 (lire en ligne).
  26. Henri Desgrange, « La Coupe Vanderbilt : Victoire de Wagner sur Darracq », L'Auto, no 2182,‎ , p. 1 et 3 (lire en ligne).
  27. Frantz Reichel, « Un accident d'automobile : Mort d'Albert Clément », Le Figaro, no 138,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  28. « Le Tournant de la Mort : Fin tragique de M. Albert Clément », Le Matin, no 8481,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  29. Sébastien Templier, « Le numéro 13 boudé depuis plus de 60 ans en F1 », La Presse, (consulté le ).
  30. (es) « Albert Clément », sur pilotos-muertos.com (consulté le ).

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