Affaire Karine Torchi
L'affaire Karine Torchi est une affaire criminelle française dans laquelle Karine Torchi (née en 1973) a tué en 2009 et tenté de tuer auparavant des enfants dont elle avait la garde.
Karine Torchi | ||
Meurtrière | ||
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Information | ||
Nom de naissance | Karine Torchi | |
Naissance | |
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Nationalité | Française | |
Surnom | La tueuse d'enfants | |
Condamnation | ||
Sentence | 30 ans de réclusion criminelle | |
Actions criminelles | Meurtre | |
Victimes | 1 | |
PĂ©riode | ||
Pays | France | |
RĂ©gions | Auvergne-RhĂ´ne-Alpes | |
Ville | Belley | |
Arrestation | ||
Affaire Torchi | |
Titre | Affaire Karine Torchi |
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Fait reproché | Homicide |
Chefs d'accusation | Assassinat |
Pays | France |
Date | |
Jugement | |
Statut | Affaire jugée |
Date du jugement | |
Biographie
Karine Torchi est née le . Elle est issue d'un milieu modeste et est mère de trois enfants, âgés de 9 à 12 ans.
Elle est surnommée la « tueuse d'enfants » car elle a tué en 2009 une enfant de 2 ans, Samya, et blessé volontairement trois autres dont le bébé de sa sœur cadette, empoisonné par une injection d'insuline, en 2004[1].
À l'âge de 38 ans, elle est condamnée à trente ans de réclusion criminelle pour maltraitance et meurtre aggravé d'enfants[2].
Enfance
Née d'une mère femme au foyer et d'un père conducteur d'engins, Karine Torchi est l'aînée de quatre enfants et a 7 ans d'écart avec Brigitte, la plus jeune de la fratrie.
Elle décrit une enfance particulièrement difficile du fait de l'alcoolisme et de la violence de son père envers sa mère. Son père était beaucoup plus sévère avec elle qu'avec ses frères et sœurs. De plus, elle devait effectuer les tâches ménagères à la maison.
À chaque problème, le père ne cherchait pas à savoir qui était responsable et s'en prenait toujours à Karine. Quand elle a 18 ans, ses parents divorcent et pour elle, c'est le drame. Sa mère part vivre à la Réunion et de ce fait, Karine se sent abandonnée. À la suite de ce divorce, elle développe un diabète.
Mais ses frères et sœurs donnent une tout autre version de la situation et disent seulement que le père était alcoolique et qu'il battait la mère et non Karine. Brigitte évoque le fait que le père faisait tout pour que la vie de ses enfants se passe au mieux. Ses frères et sœurs ont également indiqué que leur sœur Karine les frappait.
Karine est qualifiée d'enfant rejetant toujours la faute sur les autres[3].
Ă‚ge adulte
À l'âge adulte, elle a un parcours professionnel très instable. Tout d'abord, elle travaille comme agent hospitalier avant d'enchaîner les petits boulots en maison de retraite, en école maternelle ou en centre de loisirs. Ses relations sont en général désastreuses.
Elle a des difficultés à conserver des relations amicales, mais également à gérer ses trois propres enfants. Elle les gronde beaucoup et leur donne des coups. Les services sociaux lui reprochent de ne pas savoir éduquer ses enfants.
Son principal mal-être porte sur la perte de son bébé à six mois de grossesse, en 2000[4]. Selon certains médecins, elle aurait un trouble de la personnalité. Elle est jalouse de la naissance d'un nouveau-né, comme cela a été le cas à chaque naissance chez ses frères et sœurs[3]. Elle est aussi kleptomane[5].
Faits
Dans l'enfance
En 1987, Karine Torchi alors 14 ans, joue seule dans une pièce avec Matthieu, le jeune enfant des voisins, âgé de 6 ans et souffrant de handicaps. L'enfant est retrouvé par sa mère quelques instants après avec des brûlures au troisième degré au niveau du dos, qui semblent infligées par un fer à repasser. Il est transporté en urgence à l'hôpital Edouard Herriot à Lyon. Karine prétend que ce n'est qu'un accident domestique, et l'affaire en reste là .
Aucune procédure n’est engagée mais la mère du garçonnet ne peut croire que son fils se soit brûlé tout seul surtout dans le dos.
En 1989, à 16 ans, Karine défenestre un enfant, Alexandre Santos, alors qu'elle assistait la mère de celui-ci dans les travaux ménagers. Elle invente un prétexte pour pousser l'enfant à s'approcher de la fenêtre, puis le bouscule violemment, le faisant basculer du premier étage. Alexandre a une fracture du col du fémur et passe deux mois à l'hôpital. Il accuse immédiatement Karine de l'avoir sciemment bousculé, mais elle affirme encore que ce n'est qu'un accident. Les parents d'Alexandre ne déposent aucune plainte contre Karine qu'ils ont crue à l'époque car leur fils était souvent agité.
Karine Torchi ne peut être jugée pour ces faits, ceux-ci étant prescrits.
Ă‚ge adulte
Le , à Belley (Ain), dans le quartier du Clos-Morcel, Samya, 27 mois, meurt après une chute du 6e étage alors que Karine Torchi est hébergée pour la semaine chez Vanessa, sa « meilleure amie » et Machdi, les parents de la petite fille[6]. Dans un premier temps, cette mort est considérée par la gendarmerie comme un accident domestique.
Mais le témoignage d'une voisine de la famille de Samya remet en cause la thèse de l'accident domestique. En effet, elle affirme avoir entendu un bruit et vu l'enfant tomber de la fenêtre. Elle précise que l'accident s'est déroulé au niveau de la chambre des parents et qu'une couette se trouvait sur le rebord de la fenêtre, alors que les gendarmes pensaient que l'accident s'était produit dans le salon, puisqu'une chaise était placée sous la fenêtre. Or, cette chaise était trop lourde pour qu'une enfant de l’âge de Samya ait pu la déplacer sans que personne l'entende.
Selon les parents de l'enfant, Karine a affiché un comportement étrange après la mort de Samya, en restant prostrée dans un coin[5]. De plus, seul le témoignage de Karine était différent de celui de la famille présente dans l'appartement au moment des faits. Karine assiste à la veillée funéraire et à l'inhumation de l'enfant, réconfortant les parents, dort dans la chambre de l'enfant, avant de regagner son domicile à Auxerre (Yonne), deux jours plus tard.
Après la médiatisation de la mort de Samya, la sœur cadette de Karine, Brigitte, témoigne d'un autre accident passé en 2004 : Karine s'était proposée pour garder ses enfants durant son absence. Lors de son retour, Brigitte constate que son bébé Yanis, âgé de 11 mois, a un comportement étrange et refuse de se nourrir comme à l’accoutumée. Le lendemain, le nourrisson tombe dans le coma mais est sauvé in extremis par les médecins. Les résultats d'analyses révèlent que le bébé a été empoisonné par une injection d'insuline artificielle[6].
Brigitte rappelle que Karine est diabétique et doit s'injecter trois fois par jour de l'insuline qu'elle préparait d'avance et conservait au réfrigérateur. Karine accuse son propre fils, âgé de 5 ans, d'avoir subtilisé le stylo d'insuline et « les gendarmes n’ont pas voulu prendre la plainte »[6] - [5].
Procès
L'instruction
Karine Torchi est interpellée à Auxerre et mise en garde à vue le , pour le meurtre de Samya. Lors de son audition, elle accuse le père de Samya d'avoir tué l'enfant et de l'avoir obligée à s'accuser du meurtre en la menaçant, mais elle finit par avouer avoir défenestré Samya, en la saisissant à la tailla, la portant jusqu'à la fenêtre et la pousser, sans pouvoir expliquer son geste[6].
Cependant, elle nie tout au long de l'instruction, avoir injecté de l'insuline à son neveu en 2004.
Les deux premières expertises psychiatriques se contredisant, une contre-expertise à la demande de l'avocat de la défense est demandée mais sera rejetée par le tribunal[7].
L'instruction se clôture en janvier 2011. Karine Torchi est renvoyée devant la Cour d'assises et écrouée à la maison d'arrêt de Lyon-Corbas.
Elle est poursuivie pour le meurtre aggravé de Samya, et l'empoisonnement sur mineur de moins de 15 ans pour son neveu. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Le jugement
Le procès Torchi s'ouvre le devant la Cour d'Assises de Bourg-en-Bresse (Ain) et le président Bréjoux[4]. Au premier rang, se tient une rangée de dix femmes vêtues de tee-shirts blancs imprimés de la photographie de la petite Samya[6].
Les experts-psychiatres et les témoins (famille et amis) brossent le portrait d'une femme menteuse, kleptomane et manipulatrice, rejetant sans cesse la faute sur les autres. Elle est décrite comme « l'incarnation du mal ». Cependant, elle reconnaît avoir défenestré la petite Samya en 2009 et avoue finalement à l'audience avoir injecté de l'insuline à son neveu en mai 2004. Pour son avocat, la place de sa cliente est à l'asile, bien que les psychiatres l'aient déclarée responsable de ses actes[6].
Le , conformément aux réquisitions de l'avocat général Aurélien Bailly-Salins[4], Karine Torchi, 38 ans, est condamnée à 30 ans de réclusion criminelle[6].
Sur les conseils de son avocat, elle fait appel de la décision, mais se désiste quelques jours plus tard[3].
Notes et références
- « Justice. Assises : une tueuse d’enfant à la santé mentale controversée », sur www.leprogres.fr (consulté le )
- « Karine Torchi. Repères », sur Libération.fr, (consulté le )
- « Faites entrer l'accusé : retour sur l'affaire Karine Torchi, « la tueuse d'enfants » », sur www.terrafemina.com (consulté le )
- Frédéric Boudouresque, « Justice. Meurtre et empoisonnement d’enfants : 30 ans de réclusion pour Karine Torchi », sur www.leprogres.fr, (consulté le )
- « Cette femme a détruit ma vie », sur leparisien.fr, (consulté le )
- Ondine Millot, « Les énigmes de la tueuse d’enfant », sur Libération (consulté le )
- « Petite fille défenestrée : 30 ans de réclusion criminelle », sur lavoixdelain.fr (consulté le )
Documentaires
- «Karine Torchi, Les démons de la baby-sitter» le dans Faites entrer l'accusé présenté par Frédérique Lantieri sur France 2.
- Christophe Hondelatte raconte: " l'affaire Karine Torchi, la femme qui jetait les enfants par les fenĂŞtres"