Achot Ier d'Arménie
Achot Ier (en armĂ©nien Ô±Ő·ŐžŐż Ô± ; nĂ© vers 820, mort en 890), Achot Medz ou AĆĄot Meç (Ô±Ő·ŐžŐż ŐŐ„Őź, « Achot le Grand ») est un roi d'ArmĂ©nie, membre de la famille armĂ©nienne des Bagratouni.
Achot Ier Medz | |
Titre | |
---|---|
Sparapet | |
â | |
Prédécesseur | Smbat VIII |
Successeur | Abas |
Prince des princes dâArmĂ©nie | |
â c.â885 | |
Prédécesseur | Bagrat II |
Roi dâArmĂ©nie | |
c.â885 â | |
Successeur | Smbat Ier |
Biographie | |
Dynastie | Bagratides |
Date de naissance | c.â820 |
Date de décÚs | |
PĂšre | Smbat VIII |
MĂšre | Hripsime |
Conjoint | Katranide |
Enfants | Smbat Ier, Sahak, Sapouh, David, Sophie, Mariam, une fille inconnue |
Liste des rois dâArmĂ©nie | |
Neveu du prince dâArmĂ©nie Bagrat II Bagratouni et fils du sparapet (« gĂ©nĂ©ralissime ») Smbat VIII Bagratouni, il succĂšde Ă son pĂšre dans cette fonction sous le nom dâAchot V aprĂšs la reprise en main de lâArmĂ©nie par le Calife al-Mutawakkil et lâexil des princes armĂ©niens dans les annĂ©es 850. Combinant sa propre intelligence Ă lâaffaiblissement des dynastes armĂ©niens et Ă la division des Ă©mirs arabes, et Ă©quilibrant le pouvoir dĂ©clinant des Abbassides par la puissance renaissante de lâEmpire byzantin, il devient prince des princes dâArmĂ©nie en 862, puis roi dâArmĂ©nie vers 885. Ce faisant, il contribue au rĂ©tablissement de la royautĂ© armĂ©nienne, quatre siĂšcles aprĂšs son abolition par les Sassanides.
Ce souverain, vĂ©ritable chef de famille des Bagratides armĂ©niens et ibĂšres, conclut diverses alliances matrimoniales et sâallie ainsi le Vaspourakan et la Siounie. En parallĂšle, il rĂ©duit le pouvoir des Ă©mirs arabes dâArmĂ©nie. Sous son rĂšgne, le pays connaĂźt la croissance Ă©conomique, une renaissance artistique et lâaffirmation de son orthodoxie religieuse.
Contexte
Depuis la fin du VIIe siĂšcle, lâArmĂ©nie est une province sous domination arabe, dirigĂ©e par un ostikan (« gouverneur ») arabe reprĂ©sentant le Calife omeyyade puis abbasside[1], et est un champ de bataille entre celui-ci et lâEmpire byzantin jusquâau dĂ©but du IXe siĂšcle[2]. Afin de renforcer leur autoritĂ©, ces ostikans implantent dans les diverses contrĂ©es armĂ©niennes des Ă©mirs[3]. Les territoires des Bagratouni, situĂ©s au nord-ouest du pays et adossĂ©s Ă lâEmpire byzantin et Ă lâIbĂ©rie, sont toutefois relativement prĂ©servĂ©s du fait de cette situation pĂ©riphĂ©rique, ce qui permet lâessor de cette famille au dĂ©but du IXe siĂšcle, et notamment sous le rĂšgne dâAchot IV le Carnivore, ichkhan (« prince ») dâArmĂ©nie en 804[4]. La reprise en main de lâArmĂ©nie par le gĂ©nĂ©ral turc Bougha au nom du Calife al-Mutawakkil dans les annĂ©es 850 affecte cependant de nombreux nakharark dont les Bagratouni[5].
Biographie
Jeunesse
Achot naĂźt vers 820 et est le premier enfant issu de lâunion de Smbat VIII le Confesseur, fils cadet dâAchot IV et sparapet (« gĂ©nĂ©ralissime ») dâArmĂ©nie, et dâune certaine Hripsime[6]. Les annĂ©es de sa jeunesse sont marquĂ©es par des rĂ©voltes armĂ©niennes et suivies par la reprise en main du pays ; malgrĂ© sa loyautĂ© envers le Calife et une certaine collaboration avec les armĂ©es califales, quâAchot est chargĂ© dâinformer[7], Smbat est envoyĂ© en exil Ă Samarra avec de nombreux autres nakharark[8] (dont notamment son frĂšre, lâichkhan Bagrat II, et les deux fils de ce dernier[9]) et y meurt en captivitĂ©[10].
Achot est toutefois maintenu Ă la tĂȘte des domaines largement prĂ©servĂ©s de son pĂšre[11], situĂ©s autour de la ville de Bagaran[4] (cantons de Shirak et d'Arsharounik de la province dâAyrarat[12]). Son titre de sparapet, prĂ©cĂ©demment portĂ© par son pĂšre, est en outre confirmĂ© par le Calife en 856[13]. Dans les annĂ©es qui suivent, Achot profite de circonstances intĂ©rieures et extĂ©rieures pour sâimposer au premier plan de la noblesse armĂ©nienne[11].
Prince des princes
LâannĂ©e 860 voit la reprise des guerres arabo-byzantines[11]. Conscient du danger que pourrait reprĂ©senter Achot, dont les territoires sont situĂ©s Ă la frontiĂšre byzantine, le calife Al-Musta`in se dĂ©cide alors Ă se lâattacher et lui confĂšre en 862 le titre dâichkhanats ichkhan (« prince des princes », Batrik al-batarika selon les sources arabes[14])[15] - [Note 1]. Le Calife, dont le pouvoir est alors en dĂ©clin, y voit en outre un moyen de faire contrepoids aux Ă©mirs locaux[16]. Avec ce titre, Achot reçoit les pouvoirs dâun ostikan sur les nakharark (qui ne tardent pas Ă le considĂ©rer de facto comme roi, ce dont tĂ©moignent les inscriptions remontant au milieu des annĂ©es 870[17]) et sur les Ă©mirs dâArmĂ©nie[15]. Lâostikan arabe est toutefois maintenu[15], et le titre ne confĂšre Ă Achot quâune prĂ©Ă©minence administrative et honorifique[18]. Jouant lâĂ©quilibre entre Bagdad et Byzance, le Bagratide parvient en outre Ă faire reconnaĂźtre ce titre par cette derniĂšre[15], via lâĂ©quivalent « archonte des archontes » (ArchĂŽn tĂŽn archontĂŽn)[14].
Achot profite par ailleurs du vide crĂ©Ă© au sein de la noblesse armĂ©nienne dans les annĂ©es 850 : il procĂšde ainsi Ă lâannexion du BagrĂ©vand, derniĂšre possession des Mamikonian, Ă la mort de Grigor Mamikonian en 862[11], avec confirmation du Calife[19]. La mĂȘme annĂ©e, Achot intervient dans les affaires du Vaspourakan et de ses princes, les Arçrouni : il tente avec succĂšs une mĂ©diation entre le jeune prince Grigor-DĂ©rĂ©nik Arçrouni et son cousin Gourgen[11], qui lâa capturĂ© ; soucieux de la montĂ©e en puissance vasprakanienne, Achot se retourne peu aprĂšs contre Grigor-DĂ©rĂ©nik, le fait prisonnier[19] et rĂ©duit son domaine aux cantons environnant Van[20]. Cette action rĂ©veille la fibre familiale de Gourgen, qui force Achot Ă relĂącher Grigor-DĂ©rĂ©nik ; la rĂ©conciliation est assurĂ©e par lâunion de ce dernier avec Sophie, fille dâAchot[21]. Enfin, Achot sâattache une autre importante maison armĂ©nienne, les Siouni, par un autre mariage, celui de sa seconde fille, Mariam, avec Vasak IV Gabour, prince de Siounie occidentale[22], tout en maintenant d'excellentes relations avec la branche orientale de la famille[Note 2]. Ces deux mariages lui assurent ainsi lâappui de ses gendres, qui semble ne lui avoir que rarement fait dĂ©faut[Note 3] - [Note 4].
Fort de ces soutiens, Achot peut alors se retourner contre les Ă©mirs, et en particulier contre lâĂ©mir kaysite de Manazkert, quâil neutralise en 863[23] avec lâaide de son frĂšre Abas, devenu sparapet[11]. En 877, il apporte son aide Ă lâostikan afin de mater la rĂ©bellion de lâĂ©mir de Barda ; la rĂ©sistance de ce dernier provoque cependant le remplacement de lâostikan[24]. Son successeur se rĂ©concilie alors en secret avec lâĂ©mir et complote avec lui contre Achot, qui lâapprend et dĂ©joue le complot : il envoie son frĂšre Abas dĂ©sarmer lâostikan Ă Dvin et le raccompagner Ă la frontiĂšre, avec Ă©gard afin de prĂ©venir dâĂ©ventuelles reprĂ©sailles califales[25]. Les alliĂ©s de lâostikan Ă©loignĂ© connaissent un sort diffĂ©rent : Achot dĂ©fait les Ă©mirs de Barda et de Manazkert, et assiĂšge cette citĂ© vers 884 ; le siĂšge est cependant levĂ© en raison de lâaffaire de la succession du Taron, dans laquelle lâentraĂźne son gendre Grigor-DĂ©rĂ©nik Arçrouni[26]. Ce dernier est en effet entrĂ© en conflit avec un autre Achot, prince bagratouni du Taron, quâil cherche Ă remplacer par le frĂšre de ce dernier, Davith Bagratouni, qui a lâavantage dâĂȘtre le beau-frĂšre du prince Arçrouni ; il y parvient en 878[25], mais Achot rĂ©ussit Ă sâĂ©chapper grĂące Ă la complicitĂ© de son geĂŽlier, un certain Hasan, neveu de Grigor-DĂ©rĂ©nik quâil finit par ailleurs par capturer[27] avant de le libĂ©rer Ă la suite de lâintervention du prince des princes[26].
Toujours sur le plan intĂ©rieur, Achot obtient en outre dans les mĂȘmes annĂ©es (peut-ĂȘtre mĂȘme dĂšs les annĂ©es 860[28]) la soumission des clans du Gougark et de lâOutik[29].
Lâaction dâAchot ne se limite toutefois pas Ă lâArmĂ©nie et sâĂ©tend Ă lâIbĂ©rie voisine, oĂč une branche cadette des Bagratouni sâest implantĂ©e Ă la fin du VIIIe siĂšcle : il sâallie ainsi vers 875 Ă son beau-frĂšre[30] Bagrat Ier d'IbĂ©rie contre son frĂšre Gouaram V (qui est Ă©galement le beau-frĂšre dâAchot[30]), quâils dĂ©font. Achot y gagne le canton frontalier dâAshotz (province de Gougark) ainsi que celui de Gardman (province dâOutik) et place Bagrat dans sa sphĂšre dâinfluence[31]. De mĂȘme, il apporte en 881 son appui au fils et successeur de Bagrat, David Ier, puis Ă son petit-fils AdarnassĂ© IV, contre le fils de Gouaram, NarsĂšs[31].
Roi d'Arménie
Les historiens armĂ©niens HovhannĂšs Draskhanakerttsi, Samvel Anetsi et StĂ©panos OrbĂ©lian Ă©crivent quâen raison de ces rĂ©alisations, les princes et nakharark armĂ©niens, au premier rang desquels se retrouvent Grigor-DĂ©rĂ©nik du Vaspourakan, Vasak-Ichkhanik de Siounie orientale et Grigor-Soupan II de Siounie occidentale[32], ont demandĂ© au Calife al-Mutamid dâĂ©lever Achot Ă la dignitĂ© de roi[33], lequel accĂšde Ă leur demande vers 885[Note 5] - [15], probablement afin de flatter les ArmĂ©niens quâil nâa pas rĂ©ussi Ă mater ; il fait en outre apporter par lâostikan une couronne Ă Achot, qui est sacrĂ© roi en sa capitale de Bagaran par le Catholicos GĂ©vorg II[34]. Le titre est par ailleurs immĂ©diatement reconnu par lâempereur byzantin Basile Ier, qui qualifie Achot de « fils bien-aimĂ© »[14] et qui, selon les historiens Vardan Areveltsi et Kirakos Gandzaketsi, lui aurait Ă©galement envoyĂ© une couronne ; cet envoi, non relatĂ© par HovhannĂšs Draskhanakerttsi et absent des sources byzantines, ne serait cependant quâune fabrication littĂ©raire[35].
Ce rĂ©tablissement de la monarchie armĂ©nienne, plus de quatre siĂšcles aprĂšs la dĂ©position de la monarchie arsacide par les Sassanides de Perse, signifie « lâĂ©chec des Perses, des Byzantins et en dernier lieu des Arabes dans leurs tentatives successives dâassimilation du pays » ; dĂ©finitivement dĂ©barrassĂ© de lâostikan arabe mais soumis Ă la supervision des Ă©mirs dâAzerbaĂŻdjan, Achot reste nĂ©anmoins vassal du Calife[36], auquel il verse un tribut, tout en se dĂ©clarant Ă©galement vassal de Byzance[14]. En tant que reprĂ©sentant effectif du Calife, son autoritĂ© sâĂ©tend Ă tous les princes armĂ©niens (mĂȘme sâil nâest selon toute vraisemblance qu'un primus inter pares[37]) ainsi quâĂ Dvin et aux Ă©mirats de Manazkert et de Karin (voire, selon Constantin PorphyrogĂ©nĂšte, Ă ceux de Her et de Salmast)[38], mĂȘme si ces derniers ont du mal Ă lâaccepter[36]. LâĂ©mir de Manazkert est ainsi dĂ©fait et contraint de se soumettre Ă lâautoritĂ© royale en 885[39].
Lâinfluence du nouveau roi continue de sâexercer tant en ArmĂ©nie quâen IbĂ©rie. En 887, Ă la mort de son beau-fils Grigor-DĂ©rĂ©nik Arçrouni, il rĂšgle la succession du Vaspourakan en plaçant son petit-fils Achot-Sargis sous la rĂ©gence dâun autre Arçrouni, Gagik Aboumerwan[40]. En 887/888, il soutient avec succĂšs son neveu AdarnassĂ© IV d'IbĂ©rie contre Bagrat Ier d'Abkhazie[38]. Ăgalement en 888, il envoie son frĂšre le sparapet Abas mater lâinsurrection du prince Sahak-Mleh de Vanand (rĂ©gion de Kars) ; la rĂ©gion est alors incorporĂ©e Ă ses territoires, la citadelle de Kars revenant Ă Abas[38]. Achot doit cependant faire face au mĂȘme moment Ă une rĂ©bellion en Gougark et y envoie son fils aĂźnĂ© et hĂ©ritier Smbat ; victorieux, ce dernier sây trouve toujours lorsque survient la mort du roi : victime dâune chute, le roi, cette « personnalitĂ© dâĂ©lite Ă la poigne solide doublĂ©e dâun esprit magnanime »[38], sâĂ©teint en 890 (voire 891[41]) dans les bras de son ami le Catholicos GĂ©vorg II et est enterrĂ© Ă Bagaran, « avec des robes dorĂ©es et un cercueil tout brillant d'or »[42]. GĂ©vorg II est son exĂ©cuteur testamentaire[43].
Lâhistorien contemporain HovhannĂšs Draskhanakerttsi a ultĂ©rieurement brossĂ© le portrait suivant du souverain :
« De belle taille, fort, avec des Ă©paules larges, le visage agrĂ©able, il avait les sourcils noirs, une marque ou tache de sang dans les yeux, comme un point rouge au milieu dâune grosse perle, une belle et magnifique barbe. Il ne sâoubliait pas avec les gens riches dans les festins. Il ne mĂ©prisait pas les faibles, mais il Ă©tendait sur eux tous la robe de sa misĂ©ricorde et il sâoccupait dâadoucir leurs maux. On lâentendit dire un jour quâil ne faut jamais cesser dâagir pour le bien de lâhumanitĂ©. »
â HovhannĂšs Draskhanakerttsi, Histoire d'ArmĂ©nie, XVIII[44].
Famille
Descendance
Achot a eu sept enfants de son union avec une certaine Katranide[45] ou Kotramide (née en 825[46])[6] :
- Smbat Ier Nahadak (nĂ© vers 850, mort en 912), roi dâArmĂ©nie ;
- Isaac ou Sahak ;
- Schapouh, sparapet (mort en 912) ;
- David (mort en 902) ;
- Sophie, mariée en 863 à Grigor-Dérénik Arçrouni, prince de Vaspourakan ;
- Mariam (morte en 914), mariée à Vasak IV Gabour, prince de Gelarkounik ;
- une fille au prénom inconnu, épouse de Vahan, prince Arçrouni.
Ses descendants en ligne directe se maintiennent Ă la tĂȘte du royaume jusquâen 1045, annĂ©e de son annexion Ă lâEmpire byzantin[47].
ParentÚle simplifiée
ConsidĂ©rĂ© comme le tanuter (« aĂźnĂ© de la famille », « chef de famille »), tant par les Bagratides armĂ©niens que par les Bagratides ibĂšres[48] - [14], Achot a une parentĂšle relativement complexe. Ses principaux liens familiaux peuvent se rĂ©sumer au moyen de lâarbre suivant :
Achot IV Prince dâArmĂ©nie | â | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bagrat II Prince dâArmĂ©nie Prince de Taron | Smbat VIII Sparapet | Hripsime | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Achot Prince de Taron | Davith Prince de Taron | Achot Ier Sparapet Prince des Princes Roi dâArmĂ©nie | Katranide | â â Bagrat Ier Prince dâIbĂ©rie | â â Gouaram V Prince dâIbĂ©rie | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Smbat Ier Roi dâArmĂ©nie | Sophie â Grigor-DĂ©rĂ©nik Prince de Vaspourakan | Mariam â Vasak IV Gabour Prince de Gelarkounik | David Ier Prince dâIbĂ©rie | NarsĂšs Ier Prince d'IbĂ©rie | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Achot-Sargis Prince de Vaspourakan | Grigor-Soupan II Prince de Gelarkounik | AdarnassĂ© IV Prince dâIbĂ©rie | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Essor arménien sous Achot Ier
Le rĂšgne dâAchot est marquĂ© par un rĂ©el dĂ©veloppement matĂ©riel du pays[37], et le retour de la monarchie est souvent dĂ©crit comme sâaccompagnant dâune croissance Ă©conomique, dâune renaissance artistique et de lâaffirmation de lâorthodoxie religieuse armĂ©nienne (cf. infra)[49]. Les Ă©difices sont rĂ©novĂ©s : mĂȘme si aucune de ses rĂ©alisations nâa survĂ©cu, on sait notamment grĂące Ă StĂ©panos Taronetsi quâil embellit les Ă©glises dâArmĂ©nie[50] ; câest par ailleurs sous son rĂšgne quâapparaĂźt le premier khatchkar (« pierre Ă croix »[51]), dĂ©diĂ© Ă son Ă©pouse Katranide (Garni, 879)[45]. Les villes et villages recommencent Ă se dĂ©velopper[44] ; le roi sâintĂ©resse en outre au dĂ©veloppement des cultures, et aux vignobles en particulier[42].
Si royautĂ© et prospĂ©ritĂ© semblent ici aller de pair, les transformations en cours Ă lâĂ©poque doivent toutefois encore faire lâobjet de recherches afin de pouvoir prĂ©ciser une Ă©ventuelle relation de cause Ă effet[37]. Le domaine monĂ©taire illustre notamment la complexitĂ© de la question, en ce que la vassalitĂ© politique maintenue du roi y trouve un reflet : Achot nâa jamais frappĂ© de monnaies propres, une prĂ©rogative pourtant traditionnellement rĂ©galienne ; on ne lui connaĂźt par ailleurs quâun seul sceau, portant lâinscription suivante en arabe : Ashut ibn Sinbat[52], « Achot, fils de Smbat »[53] - [Note 6].
Affaires religieuses
Tout au long de son rĂšgne, Achot fournit un appui constant Ă lâĂglise armĂ©nienne[55]. Ce souverain rigoureux dans le domaine religieux perçoit en outre le danger dâun rapprochement avec lâorthodoxie byzantine, vu les prĂ©tentions toujours vives de lâempire sur lâArmĂ©nie[15], tout comme lâavantage quâil peut en retirer en termes de reconnaissance byzantine de sa propre position[56]. Ainsi, lorsque le Patriarche de Constantinople Photios Ier tente en 862 de rallier lâĂglise armĂ©nienne en adressant deux lettres au Catholicos Zakaria de Tzak et Ă Achot, ces deux derniers convoquent un concile Ă Shirakavan ou Ć irakawan (autre rĂ©sidence bagratide[48], Ă©galement connue Ă lâĂ©poque sous le nom dâErazgavors)[57]. La rĂ©ponse ambiguĂ«[17] qui y est rĂ©digĂ©e est dictĂ©e par Achot[15]. Les Ă©changes Ă©pistolaires avec Photios se poursuivent (Achot reçoit ainsi en 882 une lettre[Note 7] accompagnĂ©e dâune relique de la Vraie Croix, remise Ă Machtots de Sevanavank, ami dâAchot[58], et aujourdâhui perdue[59]), sans progrĂšs notable[56].
Il soutient Ă©galement lâĂglise armĂ©nienne face aux vellĂ©itĂ©s dâindĂ©pendance du catholicossat albanien[14], dont il obtient la soumission Ă Dvin en 877[29]. En parallĂšle, Achot est connu pour ses rĂ©novations dâĂ©glises et pour ses dons : HovhannĂšs Draskhanakerttsi prĂ©cise ainsi quâil a remis au Catholicos armĂ©nien « dâabondantes rĂ©serves de trĂ©sors Ă distribuer aux Ă©glises »[60] ; le monastĂšre de Sevanavank reçoit par exemple des terrains et des villages[58]. Il conserve par ces diffĂ©rentes actions lâattachement et le soutien de lâĂglise armĂ©nienne durant tout son rĂšgne[15].
En mĂȘme temps, si celle-ci prĂ©serve son autonomie par rapport au pouvoir politique, elle nâen subit pas moins son influence : Achot fait ainsi Ă©lire les Catholicos Zakaria de Tzak (855)[61] et GĂ©vorg II de Garni (877)[55].
Notes et références
Notes
- Soit quelques mois aprĂšs le concile de Shirakavan (cf. infra), dont la rĂ©ussite semble avoir convaincu le Calife de lâautoritĂ© d'Achot. Dorfman-Lazarev 2004, p. 64.
- « Par sagesse et esprit de paix et dâamitiĂ©, le grand-ichkhan de Sisakan, nommĂ© Vasak-Ichkhanik, obĂ©issait Ă Achot, prĂȘtait lâoreille Ă ses conseils et sâĂ©tait mis sous sa protection. Il resta toujours fidĂšle Ă la religion ; aussi par lâaide dâAchot sa principautĂ© fut-elle augmentĂ©e de plusieurs territoires dont celui-ci lui fit prĂ©sent. » HovhannĂšs Draskhanakerttsi, Histoire dâArmĂ©nie, XVII, citĂ© par Grousset 1947, p. 376.
- « LiĂ© par mariage avec Achot, Grigor-DĂ©rĂ©nik dĂ©sirait sa protection paternelle, ses bons conseils, son amitiĂ©. Il reconnaissait sa grande expĂ©rience et tĂ©moignait toujours de la dĂ©fĂ©rence Ă son Ă©gard. Dans le commencement tout au moins, il agit prudemment en lui montrant une entiĂšre soumission. Il mit Ă ses pieds tous les ennemis quâil attaqua, il entretint constamment avec lui une bonne harmonie, il resta tranquille dans sa demeure, dans la propriĂ©tĂ© quâil tenait de ses pĂšres. » HovhannĂšs Draskhanakerttsi, Ibid., citĂ© par Grousset 1947, p. 375.
- « Durant le rĂšgne dâAchot, Vasak lui fut fort uni, dâaction et dâintention, comme Ă un beau-pĂšre qui soignait trĂšs affectueusement ses intĂ©rĂȘts, en sorte que, grĂące Ă cette alliance, il tint glorieusement la principautĂ©. » StĂ©panos OrbĂ©lian, Histoire de Siounie, I, 37, citĂ© par Grousset 1947, p. 376.
- Le selon HovhannÚs Draskhanakerttsi (confirmé par Hakobyan 1965, p. 282), en 884/885 selon Stépanos Orbélian, en 885/886 selon Samvel Anetsi ; cf. Grousset 1947, p. 394, et Garsoïan 2004, p. 148.
- Pour une reproduction de ce sceau, cf. Akopyan 2008, p. 6.
- Pour le texte de cette lettre, ainsi que celui de la rĂ©ponse dâAchot rĂ©digĂ©e par le vardapet Sahak Mrut, cf. Dorfman-Lazarev 2004, p. 25-53.
Références
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Voir aussi
Articles connexes
Auteurs anciens
- YovhannÄs Drasxanakertc'i (trad. Patricia Boisson-Chenorhokian), Histoire dâArmĂ©nie, Peeters Publishers, (ISBN 904291369X).
- Tovma Artsrouni, Histoire de la maison des Arçrouni.
- Stépanos Taronetsi, Histoire universelle.
- Samvel Anetsi, Chronique universelle.
- Vardan Areveltsi, Histoire universelle.
- Kirakos Gandzaketsi, Histoire des Arméniens.
- Stépanos Orbélian, Histoire de Siounie.
Auteurs modernes
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Liens externes
- (en) Charles Cawley, « Armenia », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2016 (consulté le ).