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Abou Mohammed al-Adnani

Taha Sobhi Falaha (en arabe : Ű·Ù‡ Ű”ŰšŰ­ÙŠ ÙÙ„Ű§Ű­Ű©), dit Abou Mohammed al-Adnani al-Chami (en arabe : ŰŁŰšÙˆ Ù…Ű­Ù…ŰŻ Ű§Ù„ŰčŰŻÙ†Ű§Ù†ÙŠ), nĂ© en 1977 Ă  Binnish et mort le prĂšs d'Al-Bab, en Syrie, est un djihadiste syrien. Il fut Ă  la fois porte-parole, chef militaire et responsable des opĂ©rations terroristes extĂ©rieures de l'État islamique.

Abou Mohammed al-Adnani
Nom de naissance Taha Subhi Falaha
Naissance
Binnish (Syrie)
DĂ©cĂšs (Ă  39 ans)
Al-Bab (Syrie)
Mort au combat
Origine Syrien
Allégeance Jama'at al-Tawhid wal-Jihad (2003)
Al-QaĂŻda en Irak
(2004-2005)
État islamique d'Irak
(2010-2013)
État islamique en Irak et au Levant
(2013-2014)
État islamique
(2014-2016)
Grade Émir
Conflits Guerre d'Irak
Guerre civile syrienne
Seconde guerre civile irakienne

Biographie

Jeunesse

Taha Sobhi Falaha naßt en 1977 dans la ville de Binnish, dans le gouvernorat d'Idleb, en Syrie. Issu d'une famille modeste, il est le dernier né d'une fratrie de six enfants. Calme, renfermé et mauvais élÚve, il quitte rapidement le collÚge et travaille un temps comme ouvrier en maçonnerie. Selon un ancien ami d'un frÚre aßné de Taha Sobhi Falaha, ce dernier se serait tourné vers la religion aprÚs la mort d'un de ses rares et proches amis dans un accident de voiture. Il disparaßt peu aprÚs en 1998 et pendant plusieurs années, sa famille reste sans nouvelle de lui[1].

Irak

Abou Mohammed al-Adnani s'engage dans le djihad en Irak dĂšs 2003 et prĂȘte allĂ©geance Ă  Abou Moussab al-Zarqaoui, le chef d'Al-QaĂŻda en Irak.

En 2005, il est arrĂȘtĂ© dans la province d'Al-Anbar sous le faux nom de Khalaf Nazal al-Rawi. Il est emprisonnĂ© pendant cinq ans Ă  Camp Bucca, oĂč il rencontre Abou Bakr al-Baghdadi[2] - [3] - [4] - [5] - [6].

Syrie

À la fin de l'annĂ©e 2011, Abou Mohammed al-Adnani regagne la Syrie alors que le pays est en proie Ă  la guerre civile. Il participe avec Abou Mohammed al-Joulani Ă  la crĂ©ation du Front al-Nosra. Il regagne notamment sa ville natale de Binnish oĂč il nomme le fils d’une des plus grandes familles de la localitĂ© comme chef local et Ă©pouse la sƓur de celui-ci, ĂągĂ©e de 15 ans[1]. Il rallie l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) Ă  sa fondation, en 2013[7]. Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'EIIL, l'aurait alors placĂ© Ă  la tĂȘte de ses forces en Syrie[7].

En , la guerre Ă©clate entre les rebelles syriens et l'État islamique en Irak et au Levant. Abou Mohammed al-Adnani appelle alors ses hommes Ă  anĂ©antir les rebelles et dĂ©clare Ă  ces derniers : « Aucun de vous ne survivra, et nous ferons de vous un exemple pour tous ceux qui pensent suivre le mĂȘme chemin ». L'EIIL se considĂšre dĂ©sormais Ă©galement en guerre contre le Conseil national syrien : « Chaque membre de cette entitĂ© est une cible lĂ©gitime pour nous, Ă  moins qu'il ne dĂ©clare publiquement son refus de [
] combattre les moudjahidines »[8].

En mars 2014, aprĂšs qu'Abou Abdallah al-Chami (le chef du Harakat Fajr al-Cham al-Islamiyya) ait affirmĂ© que l'EIIL Ă©tait plus extrĂ©miste que les premiers Kharidjites, il appelle, le « Front Joulani » Ă  procĂ©der Ă  la mubĂąhala, une exĂ©cration rĂ©ciproque dans laquelle deux parties invoque chacune la malĂ©diction d'Allah sur la partie qui ment. Un mois aprĂšs, il rĂ©itĂšre son appel Ă  la mubĂąhala dans ces termes : « Ô Allah, si cet État est un État de kharidjites dĂ©truit le, tue son leader, brise ses rangs, abat sa banniĂšre et guide ses soldats Ă  la vĂ©ritĂ©. Ô Allah, et si c’est un État d’Islam qui gouverne par ton livre et la tradition de ton prophĂšte, et qui effectue le djihad contre tes ennemis, maintiens-le fermement, renforce-le, soutiens-le, accorde-lui une autoritĂ© sur la terre et fait de lui un califat sur la mĂ©thodologie prophĂ©tique. »[9]. Ces dĂ©clarations ont lieu dans un contexte d'affrontement gĂ©nĂ©ralisĂ© entre les diffĂ©rentes factions rebelles en Syrie et notamment le Front al-Nosra qui dispute Ă  l'EIIL, le leadership du djihadisme dans le pays.

Le , c'est lui qui annonce la « restauration du califat » proclamĂ©e par l'État islamique, et la dĂ©signation d'Abou Bakr al-Baghdadi comme « calife »[2]. Le mĂȘme jour, il apparaĂźt dans une vidĂ©o au cĂŽtĂ© d'Abou Omar al-Chichani, le chef militaire de l'organisation, supervisant la destruction symbolique de la frontiĂšre syrio-irakienne[1].

Le « Ministre des attentats »

Le , date du dĂ©but des frappes aĂ©riennes occidentales, marque un changement de stratĂ©gie de la part de l'État islamique vis-Ă -vis de l'Occident. Le groupe passe Ă  une logique de « djihad rĂ©gional » — focalisĂ© Ă  la lutte contre les États de la rĂ©gion — Ă  une logique de « djihad global », en se dĂ©clarant en lutte contre le reste du Monde et en particulier contre l'Occident[10] - [11]. Dans un message publiĂ© le , Abou Mohammed al-Adnani appelle au meurtre des citoyens des pays de la Coalition :

« Si vous pouvez tuer un incroyant amĂ©ricain ou europĂ©en — en particulier les mĂ©chants et sales Français — ou un Australien ou un Canadien, ou tout [...] citoyen des pays qui sont entrĂ©s dans une coalition contre l'État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n'importe quelle maniĂšre. Si vous ne pouvez pas trouver d'engin explosif ou de munitions, alors isolez l'AmĂ©ricain infidĂšle, le Français infidĂšle, ou n'importe lequel de ses alliĂ©s. Écrasez-lui la tĂȘte Ă  coups de pierres, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, Ă©touffez-le ou empoisonnez-le[12] - [13] - [14]. »

Porte-parole et chef militaire, al-Adnani devient Ă©galement le « Ministre des attentats » de l'État islamique selon les services de renseignement occidentaux. D'aprĂšs une enquĂȘte du New York Times, Ă  partir de 2014 il est Ă  la tĂȘte d'une cellule secrĂšte, appelĂ©e l'Amniyat, ou l'Emni, chargĂ©e de planifier des attentats partout dans le monde. Cette cellule serait divisĂ©e en trois branches ; une pour les opĂ©rations europĂ©ennes, une pour les opĂ©rations asiatiques et une pour les opĂ©rations au Moyen-Orient[4]. DĂ©but 2015, il rencontre plusieurs terroristes de l'État islamique Ă  l'issue d'une formation spĂ©ciale qui leur a Ă©tĂ© dispensĂ©e dans un camp d'entraĂźnement Ă  proximitĂ© du barrage de Tabqa. Les terroristes, destinĂ©s aux attentats Ă  l'Ă©tranger, lui jurent fidĂ©litĂ©[15].

En , à la suite de l'intervention militaire russe en Syrie, Abou Mohamed al-Adnani appelle : « Les musulmans en tous lieux à lancer le djihad contre les Russes et les Américains »[16].

Il pourrait ĂȘtre l'organisateur des attentats du 13 novembre 2015 Ă  Paris[17]. Il pourrait Ă©galement avoir inspirĂ© l'attentat du 14 juillet 2016 Ă  Nice

Mort

En 2014, le DĂ©partement d'État des États-Unis Ă  travers son programme Rewards for Justice offre 5 millions de dollars pour toute information permettant sa capture[18] - [19].

Le , l'État islamique annonce via Amaq la mort d'Abou Mohammed al-Adnani, tuĂ© dans le gouvernorat d'Alep en « inspectant les opĂ©rations militaires »[2] - [20]. Selon Le Monde, il aurait Ă©tĂ© tuĂ© le jour mĂȘme Ă  3 heures du matin, Ă  la sortie d'al-Bab[6].

Peu aprĂšs l'annonce faite par l'État islamique, les États-Unis affirment que le vĂ©hicule d'al-Adnani a Ă©tĂ© la cible d'un tir de missile Hellfire menĂ© par un drone MQ-1 Predator prĂšs d'al-Bab, mais indiquent ne pas ĂȘtre encore en mesure de confirmer sa mort. L'opĂ©ration a Ă©tĂ© menĂ©e par les forces spĂ©ciales amĂ©ricaines et la CIA[21] - [22]. Mais le lendemain, la mort d'Al-Adnani est revendiquĂ©e par le ministĂšre russe de la DĂ©fense qui dĂ©clare que le chef djihadiste et une quarantaine de ses hommes ont Ă©tĂ© tuĂ©s par un SoukhoĂŻ Su-24 lors d'un bombardement sur le village de Oum Hoch[23]. Le , le porte parole du Pentagone Peter Cook confirme qu'Al Adnani a Ă©tĂ© tuĂ© par les troupes amĂ©ricaines[24].

Selon le chercheur Charles R. Lister, la mort d'al-Adnani est « un grand coup » portĂ© Ă  l'EI. Pour Romain Caillet, il Ă©tait « sans doute le leader le plus charismatique » de l'organisation djihadiste. Selon le journaliste Wassim Nasr : « C’était un personnage primordial, qui avait le titre de porte-parole de l’EI, mais beaucoup plus important que cela, il avait le rĂŽle de superviseur de plusieurs actions de l’EI, dont les opĂ©rations extĂ©rieures »[4].

Il est remplacĂ© dĂšs le par un militant rĂ©pondant au nom de guerre d'Abou Hassan Al-Mouhajir[25] - [26]. Celui-ci finit par ĂȘtre tuĂ© Ă  son tour (Ă©galement par des tirs de missiles Hellfire) avec 4 de ses hommes, le , lors d'un raid aĂ©rien de la CIA sur le village d'AĂŻn al-Bayda (en)[27], Ă  quelques dizaines de kilomĂštres au nord-est de l'endroit oĂč al-Adnani avait rendu l'Ăąme. À noter que sa mort intervient le lendemain de celle d'Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'organisation, tuĂ© dans un autre raid amĂ©ricain[27], Ă  Baricha.

Al-QaĂŻda en Irak

Selon une biographie rédigée par Turki al-Binali, abu Mohammed al-Adnani s'est personnellement impliqué dans le militantisme islamique dÚs l'an 2000. Son professeur était Abu Anas al-Shami, un haut dirigeant du Jama'at al-Tawhid wal Jihad[28]

Il jure allégeance à Abu Musab al-Zarqawi avec trente-cinq autres personnes alors qu'il était encore en Syrie, avec pour plan de combattre le regime de Bachar al-Assad. Cependant, les Américains envahissent l'Irak en 2003, Adnani devient l'un des premiers combattants étrangers à s'opposer a de la coalition americaine en Irak[28].

Il est convoquĂ© Ă  plusieurs reprises pour ĂȘtre interrogĂ© par les services de renseignements syriens, il Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© notamment Ă  trois reprises. L'une des fois oĂč il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, il passait par al-Bukamal pour se rendre en Irak pour la premiĂšre fois. Il passe des mois en dĂ©tention mais il est finalement libĂ©rĂ© aprĂšs avoir refusĂ© de divulguer des informations, malgrĂ© d'intenses sĂ©ances de tortures[28].

Al-Adnani, aux cÎtés d'Abou Hamza al-Muhajir, est l'un des derniers à évacuer la ville de Falloujah aprÚs la deuxiÚme bataille de Falloujah en 2004[28].

Arrestation en mai 2005

En mai 2005, Al-Adnani est arrĂȘtĂ© par les americains dans le gouvernorat d'Al Anbar en Irak sous le faux nom de "Yasser Khalaf Hussein Nazal al-Rawi", il est libĂ©rĂ© en 2010. En dĂ©cembre 2012, les services de renseignements irakien dĂ©clare qu'il utilisait un certain nombre d'alias, notamment "Abu Mohamed al-Adnani, "Taha al-Banshi", "Jaber Taha Falah", "Abu Baker al-Khatab" ou encore "Abu Sadek al-Rawi".

Références

  1. Hala Kodmani, «Il ne savait pas dire deux phrases dans une rĂ©union d’amis», LibĂ©ration, 31 aoĂ»t 2016.
  2. Le porte-parole de l'EI, Abou Mohammed al-Adnani, tué en Syrie, Libération, 30 août 2016.
  3. « Le groupe EI annonce la mort de son porte-parole Abou Mohammad al-Adnani », RFI, 30 août 2016.
  4. Mort d'Adnani, porte-parole mais surtout instigateur et superviseur des attentats de l'EI, France 24 avec AFP et Reuters, 30 août 2016.
  5. Qui était Al-Adnani, le "ministre des attentats" de Daech ?, Le Point, 31 août 2016.
  6. Soren Seelow et Madjid Zerrouky, Qui Ă©tait Adnani, le « ministre des attentats » de l’EI tuĂ© en Syrie ?, Le Monde, 31 aoĂ»t 2016.
  7. HĂ©lĂšne Sallon, L'Etat islamique en Irak et au Levant, l'avenir du djihadisme mondial, Le Monde, 10 juin 2014.
  8. Syrie: un groupe lié à Al-Qaïda appelle à "anéantir" les rebelles, AFP, 7 janvier 2014.
  9. (en) Haroro J. Ingram, « An analysis of Islamic State’s Dabiq magazine », Australian Journal of Political Science, vol. 51, no 3,‎ , p. 458–477 (ISSN 1036-1146 et 1363-030X, DOI 10.1080/10361146.2016.1174188, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. Émission spĂ©ciale : attentats Ă  Paris, RFI, 16 novembre 2015.
  11. HĂ©lĂšne Sallon, « Le but premier de l’État islamique est de cibler des Français, pas un mode de vie », Le Monde, 17 novembre 2015.
  12. Comment l'Etat islamique menace la France aprÚs les frappes françaises en Irak, Francetv info avec AFP et Reuters, 22 septembre 2014.
  13. Menace jihadiste : «La France n'a pas peur», assure Cazeneuve, Libération avec AFP, 22 septembre 2014.
  14. Suc, Matthieu., Les espions de la terreur, Harper Collins France, (ISBN 9791033902652, OCLC 1078657837, lire en ligne), p. 154
  15. Matthieu Suc, « Une date a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e, ce sera le 13 novembre », sur Mediapart (consultĂ© le )
  16. « L'État islamique appelle au djihad contre la Russie et les États-Unis », JDD, 14 octobre 2015
  17. « Abou Mohammed al-Adnani, un chef de Daech, possible cerveau des attentats du 13 novembre », sur huffingtonpost.fr, 30 novembre 2015
  18. (en) « Wanted », Rewards for Justice, (consulté le )
  19. (en) « Rewards for Justice - Reward Offers for Information on Islamic State of Iraq and the Levant (ISIL) Terrorists », State.gov (consulté le )
  20. Anne-Laure Frémont, « Daech annonce la mort d'un de ses plus hauts dirigeants », Le Figaro, 30 août 2016.
  21. Romain Brunet, Quelles consĂ©quences pour l’EI aprĂšs la mort de son porte-parole Adnani ?, France 24, 31 aoĂ»t 2016.
  22. La revendication de la mort d'Al-Adnani par Moscou est une "blague" (responsable américain), AFP, 31 août 2016.
  23. Russie ou États-Unis : mais qui a tuĂ© Adnani ?, France 24 avec AFP, 31 aoĂ»t 2016.
  24. « Les Etats-Unis confirment avoir tué Al-Adnani, le numéro 2 de Daesh », (consulté le )
  25. Son «califat» disparu, l’Etat islamique reste actif et dangereux LibĂ©ration.fr, 13 mai 2018
  26. L'EI dit avoir un nouveau porte-parole Le Figaro, 5 décembre 2016
  27. (en) James LaPorta et Tom O'Connor, « U.S. Strikes Kill ISIS Spokesperson One Day After Baghdadi's Death in Syria Raid », sur Newsweek.com, (consulté le )
  28. « Terrorist Designation of Abu Mohammed al-Adnani », US State Department, (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

Vidéographie

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